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APOCALYPSES APOCRYPHES


succédera immédiatement au siècle présent. De nouveaux signes de la fin des temps sont donnés. Ce sont des épreuves extraordinaires. Ceux qui y survivront seront sauvés et verront le salut de Dieu. Hénoch et Elie paraîtront sur la terre d’où le mal aura disparu et où fleuriront la foi et la vérité. Au début de la troisième vision, Esdras demande pourquoi les nations oppriment le peuple de Dieu et pourquoi ce peuple, qui a reçu le inonde en héritage, n’en a pas la possession. L’ange répond que, depuis la faute d’Adam, les hommes n’arrivent que par un étroit sentier, entre le feu et l’eau, au séjour large, spacieux et tranquille de la vie future. La patience est nécessaire aux justes. Leur afiliction sera courte. L'Épouse paraîtra comme une cité. Le Messie viendra combler de délices, pendant quatre cent trente ans, ses fidèles serviteurs. Après cette période, le Messie, fils de Dieu, mourra et tous les hommes avec lui. Le monde restera désert pendant sept jours. Mais alors la terre rendra les corps qu’elle a reçus, les morts ressusciteront et le siècle de l’incorruptibilité commencera. Le temps de la miséricorde sera passé, et la justice seule présidera à la distribution des châtiments et des récompenses. Le juge suprême siégera sur son tribunal. Le jour du jugement durera une semaine d’années. Le paradis et l’enfer sont l’un en face de l’autre : ici, la joie et le bonheur ; là, le feu et les tourments. L’auteur expose, dans la suite de l’entretien, la doctrine du petit nombre des élus, dont la sainteté compensera l’innombrable multitude des damnés. Pendant sept jours après la mort, les âmes peuvent visiter les régions éthérées, le séjour du bonheur et des supplices. Cet intervalle écoulé, les âmes des bons sont admises dans un lieu de paix et de joie ; celles des méchants errent sans asile et endurent sept genres de tourments. L’intercession des saints en faveur des damnés est sans efficacité ; le sort des hommes est irrévocablement fixé. Dans la quatrième vision, Esdras voit une femme en deuil qui se métamorphose en ville et qui représente Jérusalem. La scène se passe dans une plaine déserte pour signifier qu’aucun élément humain, qu’aucun mélange de mal n’entrera dans la nouvelle Jérusalem. La cinquième vision est celle de l’aigle, symbole de l’empire romain, dont l’orgueil sera abaissé. Dans la sixième vision, Esdras voit le Fils de Dieu combattre contre tous ses ennemis et les dévorer, ramener de l’exil les dix tribus d’Israël et les établir aux confins de la terre, où elles vivront dans la fidélité à Dieu et l’exacte observation de sa loi. Dans le dernier acte, Esdras écrit, avant de mourir, la loi de Moïse et les livres des prophètes qui avaient été livrés aux flammes, et d’autres livres, remplis d’une doctrine plus profonde et plus cachée.

Gfrdrer, Prophète veteres pseudepigraphi, Stuttgart, 1840 ; Migne, Dictionnaire des apocryphes, Paris, 1856, t. i, col. 569648 ; Le Hir, Du IV' livre d’Esdras, dans les Études bibliques, Paris, 1869, t. I, p. 139-250 ; Hilgenfeld, Messias Judseorum, Leipzig, 1869, p. 36-433 ; Fritzsche, Libri V. T. pseudepigraphi, Leipzig, 1871 ; Penan, Les Évangiles et la seconde génération chrétienne, Paris, 1877, p. 348-373 ; Kabisch, Dos IV Buch Esra auf seine Quellen untersucht, Gœttingue, 1889 ; Schiirer, Geschiclde des jUdischen Volkes, t. iii, p. 232-250 ; Bévue d’histoire et de littérature religieuses, 1896, t. i, p. 193-194 ; F. Rosenthal, Vier apokryphysclie Bûcher aus der Zeit und Schule B. Akiba’s, Leipzig, 1885 ; Kautzsch, Die Apocryphen und Pseudepigraphen des A. T., Tubingue, 1900, t. il, p. 331-401.

iv. apocalypse du barucu. — 1° Version syriaque. — Une première apocalypse de Baruch, qui a dû être composée en grec, n’existe plus qu’en syriaque. Ceriani, Monumenta sacra et profana, Milan, 1866, t. i, fasc. 2. p. 73-98 ; 1871, t. v, fasc. 2, p. 113-180, en a publié le texte complet, qui a été' traduit en anglais par Charles, The Apocalypse of Baruch, Londres, 1896. Elle est postérieure à la ruine de Jérusalem, et on l’attribue à la dernière période du régne de Trajan († 117). Baruch, qui parle toujours à la première personne, raconte ce

qui lui est arrivé avant et après la destruction de Jérusalem par les Chaldéens, et quelles révélations il a reçues. Pour répondre à la pensée de Baruch qui s'étonne de la ruine du peuple choisi, Dieu annonce que les païens seront punis. Quant aux justes, si le siècle présent ne leur apporte que des soull’rances et des angoisses, le siècle à venir leur réserve une couronne de gloire. Dieu détermine la durée du siècle présent. Quand elle sera écoulée, le Messie paraîtra et établira sur terre une ère de joie et de magnificence. Le temps de la manifestation du Messie est fixé dans la belle vision de la forêt et de la vigne, à la disparition du quatrième empire. Le Messie lui-même condamnera, et mettra à mort le dernier chef de cet empire, et son, règne durera jusqu'à la lin du monde. Dans une nouvelle révélation, Baruch connut les souffrances des derniers temps et les signes précurseurs de la fin. Le feu dévorera ceux qui ont méprisé les ordonnances de Dieu. La résurrection des morts précédera immédiatement le jugement dernier. Les morts ressusciteront tels qu’ils étaient durant leur vie et on pourra ainsi lesreconnaître. Mais après le jugement, ils changeront. Les méchants deviendront laids et repoussants ; les bons seront beaux et revêtiront la splendeur des anges, et ils verront le monde invisible. Dans une dernière vision, Baruch voit une nuée qui laisse pleuvoir douze fois alternativement des eaux obscures, puis des eaux claires. Cette succession de phénomènes symbolise l’histoire du monde présent. Les dernières eaux obscures représentent les calamités et les catastrophes des derniersjours. L’anarchie et la confusion existeront ici-bas ; il y aura des guerres, puis des fléaux naturels, qui feront périr beaucoup d’hommes. Les survivants seront livrés aux mains du Messie. Sa manifestation est figurée par la chute des dernières eaux claires. Il jugera les nations et exterminera celles qui ont opprimé son peuple. Son règne sera éternel ; il existera sur terre et répandra partout la paix et la félicité.

Fritzsche, Libri V. T. pseudepigraphi, Leipzig, 1871, p. 654099 ; Langen, De apocalypsi Baruch, Fribourg-en-Biïsgau, 1867 ; r.enan, L’Apocalypse de Baruch, dans le Journal des savants r avril 1877, p. 222-231 ; Schiirer, Geschichte des jùdischen Volkes, t. iii, p. 223-232 ; Rosenthal, Vier apokryphysche Bûcher, Leipzig, 1885 ; Deane, Pseudepigrapha, p. 130-162 ; Kautzsch, Die Apocryphen and Pseudepigraphen des A. T., Tubingue, 1900, t. il, p. 404-446 ; R. Duval, La littérature syriaque. Corrections : et additions à la première édition, Paris, 1900, p. 18-19 ; M. Kmusko, dans Patrologia syriaca, de M « ' GralTin, Paris, 1907, t. ii, col. 1057-1207.

2° Texte grec. — Une seconde apocalypse de Baruch s’est conservée dans le texte original grec, publié par James, Apocrypha anecdota II, dans Texts and Studies, Cambridge, 1899, t. v, n. 1, et dans une version slavonne de basse époque. L'éditeur la présente comme une apocalypse chrétienne du {{rom-maj|II)e siècle ; mais elle pourrait bien avoir été écrite dans un milieu juif hellénistique, épris de romanesque et de merveilleux sentimental. Au chapitre iv, il y a une interpolation chrétienne dans laquelle Dieu encourage Noé à planter la vigne, parce que la vigne, dont le fruit a fait chasser Adam du paradis, sera bénie et son fruit deviendra « sang de Dieu » et « par Jésus-Christ Emmanuel les hommes y participeront à la vocation d’en haut ». Un ange conduit Baruch à travers les cieux et lui montre les mystères de Dieu. Dans une immense plaine, qui est le premier ciel, se trouvent les hommes qui ont bâti la tour de Babel ; ils ont des têtes de bœufs. Au second ciel, ceux qui ont fait bâtir cette tour ont des têtes de chiens. Au troisième, il y a le dragon, dont le ventre est l’enfer ; le lieu de l’aurore, d’où sort le soleil, et le lieu du couchant. Au quatrième, il y a un lac, des oiseaux, la source de la rosée, le séjour des justes. L’arcbistratège Michel vient ouvrir la porte du cinquième ciel. Des anges y apparaissent qui portent des corbeilles de fleurs, c’est-à-dire les vertus des justes ;