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APOCALYPSES APOCRYPHES


de temps, mais une éternité où tous les justes seront réunis pour vivre toujours heureux dans un paradis incorruptible. On a joint aux secrets d’Hénoch une légende de Melchisédech, remarquable par son étrangeté et rédigée par une main chrétienne.

A. Hamack, Geschichte der altchristlichen Literatur bis EuseUius, Leipzig, 1893, t. i, p. 913-914 ; A. Loisy, Un nouveau livre d’Hénoch, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1896, t. i, p. 29-57 ; Schurer, Geschichte des judischen Wolkes, 3e édit., t. iii, p. 209-213 ; A. Ehrliard, Die altchristliche Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1900, p. 177.

II. Assomption de moïse. — Un fragment considérable de cet apocryphe a été découvert en version latine et publié par Ceriani, Monumenta sacra et profana, Milan, 1861, t. i, fasc. 1, p. 55-64, et réédité par Charles, The Assumption of Moses, Londres, 1897, avec une traduction anglaise, une introduction et un commentaire. Ce fragment, qui est comme le testament de Moïse, a probablement constitué d’abord un livre à part et a été joint de très bonne heure à l’assomption proprement dite, c’est-à-dire au récit de la sépulture du législateur d’Israël. La version latine a été faite sur le grec ; mais certains indices font supposer un original sémitique, hébreu plutôt qu’araméen. Le livre a dû être écrit en Palestine par un pharisien, qui attendait de Dieu seul la délivrance d’Israël et condamnait toute révolte contre l’autorité romaine, au sentiment de M. Charles, ou par un zélote qui parle des pharisiens comme l’Evangile. Il est de très peu postérieur à la mort d’Hérode, 4 avant J.-C. C’est une apocalypse où l’histoire d’Israël est passée en revue depuis le temps de Josué jusqu'à la mort d’Hérode. Le discours est mis sur les lèvres de Moïse. Le monde a été créé pour Israël. L’histoire de ce peuple prédestiné est sommairement résumée jusqu’au règne d’Hérode. Ce roi arrogant et cruel châtiera les Juifs à cause de leurs crimes et de leurs divisions. Ses fils régneront quelque temps ; mais les cohortes romaines détruiront une partie du temple. Aussitôt après surviendra la fin des temps. Des hommes funestes et impies, qui se disent justes, mais sont trompeurs, amateurs de festins et cupides, domineront en Israël. La vengeance et la colère de Dieu se manifesteront contre « ux. Les traits des châtiments des derniers temps sont empruntés à la persécution d’Antiochus Épiphane. Un roi des rois mettra en croix les circoncis et les forcera à porter en public des idoles et à prononcer des paroles blasphématoires. Un homme de la tribu de Lévi conseillera à ses sept fils de jeûner pendant trois jours, puis de se réfugier dans une caverne pour y mourir plutôt que de transgresser les ordres de Dieu. Alors le royaume de Dieu s'établira dans le monde entier ; Satan disparaîtra et avec lui l’angoisse et la souffrance. Le roi du ciel se lèvera de dessus son trône. La terre tremblera, le soleil ne répandra plus sa lumière et les cornes de la lune seront brisées. Le Très-Haut jugera les peuples, Israël sera, heureux et glorifié, et ses ennemis seront confondus.

Schurer, Geschichte des judischen Volkes, t. iii, p. 213-222 ; Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1898, t. iii, p. 470471 ; Hilgenfeld, Messias Judseorum, Leipzig, 1869, p. 437-468 ; Fritzsche, Libri V. T. pseudepigraphi selecti, Leipzig, 1871 ; Rosenthal, Vier apokryphysche Bûcher aus der Zeit und Schule R. Akiba’s, Leipzig, 1885 ; Deane, Pseudepigrapha, Londres, 1891, p. 95-130 ; Kautzsch, Die Apocryphen und Pseudepigraphen des A. T., Tubingue, 1900, t. ii, p. 311-331.

/II. quatrième LIVRE d’esdras. — Ce remarquable apocryphe était primitivement écrit en grec ; mais le texte original est perdu. Une ancienne version latine, rééditée par Bensly et James, The fourth Book of Ezra, tlte Latin version edited from the manuscripls, Cambridge, 1895, comblant la lacune des anciennes éditions, cf. Bensly, The missing Fragment of the Latin translation of tlie fourth book of Ezra, Cambridge, 1875, et

S. Berger, Notice sur quelques textes latins inédits de l’A. T., Paris, 1893, p. 29-31 (tiré des Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxxiv, {{rom-maj|II)e part., p. 143-145) ; une version syriaque, publiée et traduite par Ceriani, Monumenta sacra et profana, Milan, 1866, 1. 1, fasc. 2, p. 99-124 ; 1868, t. v, fasc. 1 « ', p. 41111 ; une traduction éthiopienne, éditée par Laurence, Quarli Ezrx libri versio œthiopica, Oxford, 1820 ; une version arabe, publiée par Gildemeister, Esdrx liber quarlus arabice, Bonn, 1877 ; une traduction arménienne, rendue en latin par Petermann et reproduite par Hilgenfeld, Messias Judxorum, Leipzig, 1869, p. 378-433 ; une ancienne version allemande, éditée par Walther, Die deutsche Bibelùbersetzung des Miltelalters, Brunswick, 1889, nous ont conservé cette intéressante apocalypse. Les deux chapitres premiers et les deux derniers ont été ajoutés plus tard par des mains chrétiennes. L’ouvrage primitif, que les critiques datent du règne de Domitien (81-96), ou de celui de Néron (96-98), comprend sept visions qu’Esdras aurait eues trente ans après la ruine de Jérusalem par Nabuchodonosor. Leur récit a ordinairement la forme d’un dialogue entre Esdras et l’ange Uriel. Si on ne considérait que la substance du livre, on pourrait le définir « un traité du jugement dernier considéré tant en lui-même que dans les circonstances qui doivent le précéder, l’accompagner et le suivre ». Le Hir, qui donne cette définition, la justifie en ces termes : « Annoncer la proximité du jugement divin et y préparer la terre, tel est l’objet principal et le but essentiel de cette composition. Dans ce dessein l’auteur embrasse et traite avec une certaine étendue toutes les questions qui se peuvent soulever à propos de ce grand acte de la justice suprême. Le jugement divin est nécessaire, inévitable ; quelles sont les causes qui le diffèrent ? Exposer ces causes, c’est dévoiler l'énigme de la providence dans le gouvernement des choses humaines, et cette matière occupe ici une grande place. Le jugement de Dieu est proche, et le monde touche à son terme ; à quels signes pourra-t-on reconnaître qu’il s’avance ? Ce jugement enveloppera dans une commune condamnation presque toute la masse du genre humain ; comment concilier les attributs divins avec ce dogme du petit nombre des élus ? Ce jugement sera sans appel ; pourquoi l’intercession des amis de Dieu, aujourd’hui si puissante, sera-t-elle alors sans effet ? Dans quel état sont les âmes des morts qui attendent ce jour suprême ? Enfin par qui s’exercera le jugement de Dieu et quelles en seront les suites pour les bons et pour les méchants ? » Éludes bibliques, Paris, 1869, t. i, p. 155156.

La première vision débute par une prière d’Esdras, par une plainte vive sur l’abandon dans lequel gémit son peuple. Israël, objet de la prédilection divine, est au pouvoir des païens ; il est coupable, sans doute ; néanmoins n’est-il pas meilleur que les païens, malgré ses fautes ? L’ange Uriel répond que les desseins de Dieu sont insondables. Esdras insistant, l’ange dit qu’il faut attendre que le mal soit arrivé à son comble et que le nombre des élus soit complet. Les âmes des justes n’ont pas encore reçu la récompense de leurs bonnes œuvres. L’ange ignore le temps de leur rétribution ; il en indique à Esdras les signes précurseurs : la foi amoindrie, l’iniquité déchaînée, les éléments bouleversés, le règne de l’Antéchrist. La deuxième vision commence aussi par une fervente prière d’Esdras : Si Dieu voulait châtier les Juifs, pourquoi les livrer aux impies et ne pas les punir de sa propre main ? L’ange affirme au prophète que l’amour de Dieu pour son peuple persévère et qu’il se manifestera un jour avec éclat. D’ailleurs, l’heure est proche. Esdras demande par qui s’exercera le jugement de Dieu sur le monde. Dieu répond : « Je visiterai le monde par le fils de l’homme d’abord, et enfin par moimême. » Le siècle futur, qui sera le règne du Messie,