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APOCALYPSES APOCRYPHES

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terre. Un olivier distille perpétuellement une huile merveilleuse, l’huile d’immortalité. Trois cents anges gardent le jardin et louent Dieu sans cesse. Ce lieu est le séjour réservé aux justes. Dans un endroit ténébreux et obscur, tout rempli d’un feu sombre qui brûle et glace en même temps, des anges terribles tourmentent sans pitié des prisonniers au visage farouche. C’est la place préparée pour ceux qui n’ont pas honoré Dieu et ont fait le mal sur la terre, en particulier ceux qui ont opprimé les pauvres ou ne les ont pas secourus. Les idolâtres sont aussi damnés. Le paradis et l’enfer sont donc ainsi placés l’un en face de l’autre. Au quatrième ciel, sont le soleil, la lune et les étoiles. Quinze myriades d’anges sortent avec le soleil et l’accompagnent pendant le jour, et mille pendant la nuit. Cent anges veillent à l’entretien de sa chaleur et de sa lumière. Quand l’astre arrive à une des portes de l’occident, quatre cents anges lui ôtent sa couronne et la portent devant le Seigneur ; ils la lui remettent quand il arrive à une des portes de l’orient. Au milieu du ciel, sont des anges armés qui louent le Seigneur avec accompagnement de cymbales et d’orgues. Au cinquième ciel, llénoch voit les troupes innombrables des Gregoris, qui sont tout tristes, silencieux et inactifs. Les anges révoltés contre Dieu, qui sont rélégués au second ciel, les trois d’entre eux qui descendirent sur le mont llermon, s’unirent à des femmes, donnèrent naissance aux géants et furent condamnés à rester sous terre jusqu'à la fin du monde, habitaient avant leur chute au cinquième ciel. Depuis lors, leurs frères, demeurés fidèles, sont dans la douleur. Hénoch a vu les anges enfermés sous terre et a vainement intercédé auprès de Dieu en leur faveur. Il blâme les anges du cinquième ciel, de ce qu’ils ne louent plus le Seigneur. Aussitôt ils se forment en quatre groupes et se mettent à chanter au son des trompettes ; mais leurs voix montaient vers Dieu avec un accent triste et doux. Les sept groupes des archanges occupent le sixième ciel. Tous sont parfaitement semblables. Leurs fonctions consistent à surveiller la marche des astres et le gouvernement de l’univers. Ils sont supérieurs aux anges et tiennent en sujétion tous les êtres qui vivent au ciel et sur la terre. Ils ont en main les registres où sont écrites les actions des hommes. Au milieu d’eux, sont sept phénix, sept chérubins, sept créatures à six ailes (séraphins), louant Dieu d’une seule voix. Au septième ciel, le plus brillant de tous, sont les armées des grands archanges, des puissances spirituelles, des dominations, des principautés, des vertus, des chérubins et des séraphins, des trônes et des vigilances aux yeux nombreux. Tous ces esprits se tiennent perpétuellement devant le trône de Dieu pour accomplir sa volonté. Les créatures à six ailes, sont rapprochées du trône et l’ombragent en chantant : « Saint, saint, saint est le Seigneur ! » Hénoch est enlevé par l’archange Gabriel et déposé devant Dieu qui rassure le patriarche effrayé. Il ordonne à l’archange Michel de lui ôter sa robe terrestre, de l’oindre de l’huile sainte et de lui mettre un vêtement de gloire. Hénoch ressemble alors aux êtres célestes. Puis, il écrit sous la dictée d’un archange, pendant trente jours et trente nuits, trois cent soixante-six livres, extraits des livres divins, qui contiennent tout ce qui regarde le gouvernement du monde et des hommes.

La seconde partie comprend un long discours, dans lequel Dieu lui-même explique à llénoch l'œuvre de la création. Cette révélation n’a pas été faite aux anges. Avant l’existence des choses visibles, Dieu seul suivait sa course parmi les choses invisibles, il créait tout et méditait la fondation du monde. Les créatures parurent successivement en six jours sur des ordres de Dieu. La création des esprits célestes est rapportée au second jour ; leur nature est de feu. Un archange détourna de l’obéissance les anges dont il était le chef ; il voulait

mettre son trône au-dessus des nuées et égaler Dieu en puissance. Il fut précipité des hauteurs avec ses anges et il vole continuellement dans les airs au-dessus de l’abîme. Le paradis terrestre fut planté le troisième jour. Le sixième, l’homme seul fut créé. Dieu ordonna à sa sagesse de le former de sept substances ; le septième, son esprit, vient de l’esprit de Dieu et du vent. L’homme a une double nature, spirituelle et matérielle, qui explique sa mort, sa vie et tout ce qu’il est. Il fut placé sur la terre comme un second ange. Dieu lui donna sa sagesse et la liberté ; il lui montra deux chemins, celui de la lumière et celui des ténèbres, le bien et le mal. Le créateur voulait savoir si l’homme l’aimerait ou non. Il connaissait la nature de l’homme, mais l’homme lui-même ne la connaissait pas. Cette ignorance fit son malheur, car de là vint qu’il pécha, et Dieu lui infligea la mort comme punition du péché. Les âmes ont été créées de toute éternité, avant la création du monde. C’est par la femme, formée d’une côte de l’homme, que la mort entra dans le monde. Dans le jardin d’Eden, Adam devait suivre la loi du Seigneur et garder ses instructions. Les cieux étaient ouverts audessus du jardin et Adam pouvait entendre les chants des anges. Le diable, le mauvais esprit des régions inférieures, voulut déranger l’ordre établi par Dieu, parce qu’il voyait que tout sur la terre était soumis à l’homme. Bien qu’il ait changé de nature, après avoir quitté les cieux, il conservait l’intelligence du bien et du mal. Satan dont le serpent semble avoir été la forme naturelle, trompa Eve, mais ne toucha pas Adam. Dieu maudit Satan ; il ne maudit pas l’homme, la terre, les créatures, qu’il avait bénis, mais le mauvais fruit de l’homme et ses œuvres. L’homme ne sera pas détruit ; il retournera à la terre, de laquelle il a été tiré et où Dieu pourra le prendre lors de sa seconde visite, au jour du jugement. La durée du monde sera de sept jours de mille années ; six précéderont le jugement, puis, il y aura un jour ou mille ans de repos ; après quoi, viendra un temps où il n’y aura aucune computation. Hénoch, redescendu sur terre, devra mettre par écrit le discours du Seigneur pour l’instruction de ses enfants.

Dans la troisième partie, Hénoch décrit à sa famille ce qu’il a vu dans les cieux, la face de Dieu, le monde, les astres, les phénomènes atmosphériques. Il a mesuré la hauteur du septième ciel et la profondeur de l’enfer ; il a copié le jugement de chaque homme sur le registre de l'Éternel. Il a vu ses ancêtres avec Adam et Eve dans l’enfer et il a été touché de leurs souffrances ; il a vu ceux qui tiennent les clefs et gardent les portes de l’enfer, et à cette occasion, il s'écrie : « Faut-il, pour avoir un peu péché en cette vie, souffrir toujours dans l'éternité? » Il a visité l'Éden, qui est ouvert sur le troisième ciel et fermé du côté de ce monde. Des anges de flamme, qui chantent des cantiques de triomphe, gardent les portes de l’orient par lesquelles passeront Adam et les patriarches, à l'époque du dernier avènement. Dieu les enverra chercher pour les introduire en paradis. A la fin du monde, Dieu viendra pour le jugement. Les âmes des justes entreront dans le paradis. Le discours se continue en longues recommandations morales en rapport avec celles de l’Ecclésiastique. Hénoch fait un nouveau discours, dans lequel il dit qu’aucune des âmes que Dieu a faites ne doit périr avant le jugement et que l'âme de la bête déposera contre l’homme qui l’aura mal soignée. Il est permis et louable d’offrir en sacrifice des animaux purs ; mais c’est un crime de tuer, en l'étouffant, une bête qu’on doit manger. Il faul faire toutes choses en son temps, car il n’y a pas de place après la mort pour le repentir. Enfin, avant d'être enlevé par les anges, llénoch répète le but de Dieu, en créant l’homme ; il conseille de garder les commandements divins. Tout homme comparaîtra pour le grand jugement devant le Seigneur. Ensuite, il n’y aura plus