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APOCALYPSE

18 ; xiv, 10, 19 ; xv, 1 ; xvi, 1. D’ailleurs, il est le maître, vi, 10 ; le roi des siècles, xv, 3 ; le roi des rois et le seigneur des seigneurs, xix, 16 ; il régnera à jamais, xix, 6 ; et il jugera les princes de ce monde, vi, 15-17, la terre, xvi, la grande prostituée, xvii-xix. Il siège au ciel dans l’appareil de la majesté, comme un roi au milieu de sa cour et il y reçoit les hommages rendus à sa sainteté et à sa toute-puissance, iv, 2-11 ; v, 1, 13 ; xi, 17. Il est digne de respect et mérite l’adoration des hommes, xv, 4, et à la fin des temps, il jugera le genre humain, xx, 12-15. Rien n’arrive que parce qu’il le veut, et ses châtiments se produisent à l’heure qu’il a fixée, vii, 3.

II. JÉSUS-CHRIST.

L’Apocalypse, que Bossuet a appelée « l’Évangile de Jésus-Christ ressuscité », met en pleine lumière le dogme de la divinité du Sauveur. Elle nous fait connaître la personne et l’œuvre de Jésus.

1. Sa personne.

C’est lui-même qui se révèle à saint Jean en même temps qu’il lui manifeste l’avenir, i, 1. Or il se montre à la fois comme homme et comme Dieu. Il est le Fils de l’homme, i, 13 ; xiv, 14 ; le Messie prédit sous ce nom par les prophètes et attendu des Juifs ; il est le lion de la tribu de Juda, de la race de David, v, 5 ; xxii, 16. Mais il est aussi le Fils de Dieu, ii, 18. Le Seigneur n’est donc pas seulement son Dieu, ii, 7 ; iii. 2, 12 ; il est encore son Père, ii, 27 ; xiv, 1 ; il est à la fois son Dieu et son Père, i, 6. Ressuscité d’entre les morts, i, 5, 18 ; ii, 8, Jésus est monté au ciel, où il siège avec son Père, iii, 21 ; vii, 17. Il a les clefs de la mort et de l’enfer, i, 18, comme de la maison de David, iii, 7. Il est le Seigneur des fidèles, xi, 8, qui sont ses serviteurs, i, 1 ; ii, 20 ; xxii, 6. Il a reçu de son Père la puissance sur les païens, et il l’exerce, en les gouvernant avec une verge de fer, ii, 26, 27 ; xii, 5 ; xix, 5. Il est le prince des rois de la terre, i, 5, le roi des rois et le seigneur des seigneurs, xvii, 14 ; xix, 16, comme Dieu dans l’Ancien Testament. D’ailleurs, saint Jean lui attribue les perfections divines. Il est éternel, le premier et le dernier, l’alpha et l’oméga, le principe et la fin de toutes choses, i, 17 ; ii, 8 ; xxii, 13. Voir plus haut col. 901. Il est le vivant, i, 18, aussi bien que Dieu, iv, 9, 10 ; x, 6. Il a l’omniscience divine et ses yeux, comme ceux de Dieu, ressemblent à une flamme brillante, i, 14 ; ii, 18 ; xix, 12 ; il scrute les reins et les cœurs, ii, 23. Comme Dieu lui-même, xxii, 6, il est le Dieu des esprits, i, 4 ; iv, 5 ; il a les sept esprits de Dieu, iii, 1 ; v, 6. Il reçoit les mêmes hommages que Dieu, i, 6 ; iv, 8, 11 ; v, 12, 13 ; vii, 9 ; xv, 3, 4 ; il a droit à l’adoration, vii, 11, qui n’est due qu’à Dieu, xix, 10 ; xxii, 9. Il sera servi avec Dieu pendant mille ans, xx, 6. A tous ces titres, il est donc Dieu et fils de Dieu. Enfin, il est le Verbe de Dieu, xix, 13 ; c’est son nom distinctif, celui qui le caractérise comme la seconde personne de la sainte Trinité.

2. Son œuvre.

Cette œuvre, c’est la rédemption des hommes. Il l’accomplit au titre d’agneau de Dieu. Cette désignation métaphorique, employée vingt-neuf fois dans l’Apocalypse, signifierait à elle seule la satisfaction rendue par Jésus-Christ à la justice divine pour les péchés des hommes, en raison de ses rapports avec l’agneau, prédit par Isaïe, et avec l’agneau pascal, figure du Messie. Mais saint Jean affirme explicitement que cet agneau immolé a racheté dans son sang les hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, v, 9. Pour ce motif, il est digne de louange éternelle, v, 12-14. Au ciel, il porte encore les glorieuses cicatrices de ses blessures et des coups qui l’ont fait mourir, v, 9. L’efficacité de son sang rédempteur se fait sentir sur terre, où il rend les justes victorieux des méchants, xii, 11, et au ciel, où les bons reçoivent la récompense qu’ils ont méritée par leurs combats terrestres, xix, 7-9. Voir plus haut col. 577-578. Le Christ nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang, i, 5. Il a vaincu Satan et il récompense ceux qui l’ont vaincu comme lui et avec lui, iii, 21. Du reste, il a fondé ici-bas son Eglise pour appliquer aux hommes les fruits de sa rédemption. Cf. Holtzmann, Lehrbuch der neuteslamentlichen Théologie, Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1897, t. i, p. 467-475.

III. ÉGLISE.

Tout le livre de l’Apocalypse a pour but Je décrire les luttes de l’Église contre le paganisme et ses autres adversaires, avec son triomphe final. Elle apparaît partout comme l’objet de la providence la plus bienveillante et la plus attentive de la part de Dieu et de Jésus-Christ, son fondateur. Dans les trois premiers chapitres, on la voit constituée en églises particulières, ayant à leur tête un ange visible, c’est-à-dire un évêque, qui a charge de les garantir contre l’invasion des hérésies naissantes. Saint Jean nous la présente comme militante ici-bas et triomphante au ciel. A ce double titre, elle est le temple de Dieu, la cité de Dieu, une nouvelle Jérusalem, descendue du ciel d’auprès de Dieu sur terre, iii, 12 ; xxi, 2, 3, 10, et l’épouse de l’Agneau, c’est-à-dire de Jésus-Christ, xix, 7, 9 ; xxi, 2, 9. Elle a pour fondements les douze apôtres de l’Agneau, xxi, 14, et elle remplace l’ancienne Jérusalem. Les juifs qui n’habitent pas en elle sont maintenant de la synagogue de Satan, ii, 9 ; iii, 9. Elle comprend dans son sein le véritable Israël, avec des représentants de ses douze tribus, vii, 4-8 ; xiv, 1, et une foule innombrable de païens de toute nation, de toute race et de toute langue, vii, 9 ; xxi, 24, 26 ; xxii, 2. Elle est ainsi universelle et catholique. Après la consommation de toutes choses, elle remontera au ciel, d’où elle est descendue. Rien de souillé n’y entrera, et les élus y seront illuminés de la clarté de Dieu et y jouiront d’un éternel bonheur, xxi, 22-xxii, 5.

IV. ANGES.

L’Apocalypse parle souvent des anges, bons et mauvais, de leur nature, de leur nombre et de leurs fonctions. Elle les appelle des esprits, i, 4 ; iii, 1 ; iv, 5 ; v, 6, qui sont au service de Dieu. Ils sont inférieurs à Dieu, car celui qui avait servi de ministre pour communiquer à saint Jean la révélation divine, i, 1 ; xxii, 6, 8, refuse l’adoration qui n’est due qu’à Dieu, xxii, 9. Les sept esprits principaux et des milliers d’anges entourent le trône de Dieu, i, 4 ; iv, 5 ; v, 6, 11, et célèbrent les louanges du Seigneur, vii, 11-12, et de l’Agneau, v, 12. Ils brûlent de l’encens devant le trône de Dieu : métaphore qui signifie qu’ils présentent à Dieu les prières des saints et servent ainsi d’intermédiaires entre la terre et le ciel, viii, 3-5. Ils vont aussi sans cesse du ciel à la terre. Non seulement ils sont les organes des communications prophétiques faites au voyant de Patmos, v, 2 ; viii, 6-x, 19 ; xiv, 6-12, mais ils portent encore, interprètent et exécutent les ordres de Dieu, pour le salut comme pour le châtiment. Ils impriment le signe du salut sur le front des élus, vii, 3. Sous la conduite de Michel, ils combattent contre Satan et ses anges, xii, 7-9. Ils ont puissance sur les éléments, xiv, 18, et ils sont les ministres des vengeances divines, xv, 1-xviii, 24. Voir plus haut col. 1189-1192. D’autre part, Satan et les mauvais anges attaquent l’Église, xii, 1-18 ; cet antique serpent se fait adorer sur terre, xiii, 1-10 ; mais, à la fin des temps, son règne sera détruit pour toujours, xx, 1-10.

V. FIN DES TEMPS.

Les enseignements relatifs à la consommation finale sont plus ou moins complets et plus ou moins détaillés, selon que l’on applique l’Apocalypse aux derniers temps, à partir du chapitre iv, du chapitre xiii ou du chapitre xx seulement. Voir Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 751-753, Paris, 1892. Mais il n’est pas certain que la Bête, prédite, xiii, 1-10, soit l’Antéchrist. Voir ce nom, col. 1362. Cet ennemi de l’Église n’est pas nommé dans l’Apocalypse, et Satan, Apoc, xx, 7, est plutôt son inspirateur qu’il ne le désigne lui-même. Nous rapporterons donc seulement à la fin du monde les derniers chapitres de l’Apocalypse. Saint Jean nous y apprend qu’il y aura une résurrection