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APHRAATE

furent reçues des jacobites, on ne peut le donner pour un ancêtre de cette secte.

3. Le Saint-Esprit est, pour Aphraate, une personne distincte du Père, xxiii, 60 [t. ii, p. 123], et du Fils, vi, 13, 14, p. 291-298. Il est le temple des fidèles et il habite en eux par la grâce, vi, 14, 17, p. 294, 302, 303. Il plane sur les eaux du baptême, vi, 14 ; et les baptisés le revêtent comme un vêtement. Ibid. Cette sentence : que « l’homme doit aimer Dieu comme son père et le Saint-Esprit comme sa mère », xviii, 10, p. 839, s’explique par le fait grammatical du genre féminin du mot , « esprit. »

4. La sainte Vierge. — Bien qu’Aphraate, comme les anciens écrivains ecclésiastiques, parle peu de la Vierge, il donne cependant de précieux témoignages. Il confesse sa virginité perpétuelle et sa maternité divine, spécialement dans ce passage de la dernière démonstration, ou il termine la nomenclature de la généalogie d’après saint Matthieu, dans les mêmes termes que l’évangile syrien de Cureton : « Joseph est appelé le père de Jésus-Christ, mais Jésus naquit de la vierge Marie, de la race et de la maison de David, [par l’opération] du Saint-Esprit, comme il est écrit (Luc, ii, 4, 5), » xxiii, 20, 21 [t. ii, p. 66, 67]. La rédemption s’accomplit par Marie ; et si la malédiction et l’inimitié sont entrées dans le monde par la femme, « maintenant, par la venue du Fils de la bienheureuse Marie, les épines ont été déracinées, … la malédiction fixée à la croix et la pointe du glaive écartée de l’arbre de vie, » vi, 6, p. 266. Par le jeune et la prière, la vierge Marie plut à Dieu entre tous les justes, iii, 14, p. 131. Aphraate exalte aussi son humilité, ix, 5, p. 418.

5. Les anges. — Les anges, les vigilants, les messagers louent Dieu, le servent, lui présentent les prières des hommes, gardent les individus et les peuples, et conduiront les hommes au jugement. Nous avons donné ailleurs les textes d’Aphraate sur ce sujet. Voir Ange V. Angélologie chez les syriens, col. 1253 sq.

6. L’Église. — Formée de tous les peuples et devenue l’héritière des promesses, l’Église a été fondée par le Christ, sur Pierre, que Dieu a établi le fondement de l’édifice, vii, 15, p. 335. Pierre est aussi le « témoin fidèle posé au milieu des nations », xi, 12, p. 502 ; le « prince des pasteurs » auxquels il a laissé la garde du troupeau, x, 4, p. 454. Les apôtres Jean et Jacques sont les « colonnes très fortes de l’Église », mais Pierre en est le fondement, xxiii, 12 [t. ii, p. 35].

7. Les sacrements. — Aphraate ne traite nulle part ex professo des sacrements. Cependant, au cours de ses démonstrations, il en mentionne six, et plusieurs textes apportent des preuves considérables à la tradition ecclésiastique.

Le baptême, figuré par le puits de Jacob, iv, 7 ; p. 147-148 ; par le pressoir de la vigne, v, 22, p. 227 ; par le Jourdain, xi, 11, p. 502 ; par la mer Rouge, xii, 10, p. 527 ; et surtout par l’action de Gédéon, vii, 19-21, p. 343-350, fut institué par le Christ, lavant les pieds à ses apôtres, xii, 10, p. 527 ; et il leur en découvrit le mystère avant son ascension, i, 17, p. 42. Le baptême est la vraie circoncision, xii, 9, p. 527 ; la régénération, vi, 14, p. 294 ; le signe de vie, xxiii, 62 [t. ii, p. 134]. Il a pour effet de laver les péchés, iv, 19, p. 182 ; xi, 12, p. 502. On l’administre aux adultes, et il est conféré la nuit de Pâques, xii, 13, p. 538, par le ministère des prêtres, à l’invocation expresse des trois personnes de la Trinité, xxiii, 63 [t. ii, p. 134]. A l’heure où les prêtres invoquent l’Esprit, il ouvre les cieux et descend, plane sur les eaux et le baptisé le revêt comme un vêtement, vi, 14, p. 291-294.

La confirmation ou consignation, « imposition du signe, » se donne avec le baptême, xii, 13, p. 538. Aphraate témoigne que la matière de ce sacrement est l’huile. « L’huile… contient le signe du sacrement de vie, par lequel les chrétiens deviennent parfaits, » xxiii, 4 [t. ii, p. 10]. En énumérant les divers usages de l’huile sainte, qui, dit-il, servit à l’onction des prêtres, des rois et des prophètes, Aphraate dit expressément qu’on en oint les malades et les pénitents. Ibid. Les syriens ont conservé l’usage de l’onction pénitentielle, comme équivalent des cendres de l’Église latine. Le témoignage de notre auteur est particulièrement précieux en faveur du sacrement de l’extrême-onction.

Il reconnaît dans l’eucharistie le corps et le sang de Jésus-Christ, et il en raconte l’institution en se servant vraisemblablement d’une formule liturgique, xii, 6, p. 515. L’élément de ce sacrement est le pain « torréfié, et non la pâte crue ou [la farine] bouillie », xii, 9, p. 526. Aphraate ne parle ni du ferment ni de l’azyme, qui n’étaient pas alors en discussion. Les azymes dont il traite à propos de la pâque, xii, 9, p. 527, ne paraissent pas être un élément liturgique. La réception de l’eucharistie suivait le baptême, xii, 9, p. 527. On la recevait debout, et l’on prenait le corps du Christ dans la main ; on le portait aux lèvres pour le baiser, on se l’imposait sur les yeux. Tel est le sens exact des textes d’Aphraate : vii, 21, p. 350 ; xx, 8, p. 906. Cf. ix, 10, p. 431. Ces actes de dévotion exprimés par notre auteur sont indiqués par Cyrille de Jérusalem, Cateches. mystagogica, v, 21-22, P. G., t. xxxiii, col. 1123-1126, et Jean Damascène, De fide orthodoxa, iv, 13, P. G., t. xciv, col. 1149.

Le sacrement de pénitence est décrit, en lui donnant la plus grande importance, dans la démonstration vii, Des pénitents. Les prêtres sont comparés à des médecins chargés de guérir des blessés. Le pécheur doit leur faire voir ses plaies pour en trouver la guérison, c’est-à-dire qu’il ne doit pas hésiter à avouer ses fautes et à en demander la pénitence. Le prêtre doit l’avertir de son état, le réconforter, mais ne jamais révéler les aveux faits dans la confession, non plus que dénier au pécheur le remède de la pénitence, vii, p. 313-360.

L’ordre est mentionné incidemment, xiv, 25, p. 631 ; cf. xxi, 10, p. 959, comme se recevant des évêques par l’imposition des mains. Il n’y a pas, dans Aphraate, d’énumération hiérarchique. La démonstration xiv est adressée « aux évêques, prêtres, diacres » de Séleucie-Ctésiphon, ainsi qu’à « tous les enfants de l’Église et à tout le peuple de Dieu », xiv, 1, p. 574. Ces « enfants de l’Église » semblent être les mêmes que les « voués », bnay qyâmâ. Ceux-ci apparaissent, dans Aphraate, comme adjoints au clergé, liés par une sorte de vœu, d’engagement à la vie pénitente, astreints au célibat et formant parfois des communautés religieuses. Démonstration vi, passim.

8. L’âme. — L’âme, créée par Dieu, vi, 14, p. 214, est immortelle. Elle anime le corps, xxiii, 10 [t. ii, p. 27]. On aura lu ci-dessus, voir Ame chez les syriens, col. 1018, les passages d’Aphraate conformes à la théorie de la division de l’âme et de l’esprit ou à celle du sommeil des âmes après la mort. S’il en résulte des erreurs dans son enseignement, notamment dans la thèse de la remise au jugement dernier de la rétribution finale, viii, 22, 23, p. 402, 403, il faut observer que ces opinions étaient alors généralement admises dans l’enseignement des écoles orientales, et que l’autorité de l’Église n’intervint que postérieurement pour affirmer la doctrine orthodoxe. Jusque-là, ceux des écrivains ecclésiastiques qui s’adonnèrent les premiers à l’explication des passages difficiles de l’Écriture ne doivent pas être blâmés de ce qu’ils n’en ont pas pénétré tout le sens. Au contraire, dit à ce sujet Photius, on doit reconnaître leur zèle, quelque peu de succès que l’on constate dans la tentative qu’ils ont les premiers essayée. Biblioth., cod. ccii, P. G., t. ciii, col. 673, 674. Pour le reste, Aphraate énonce d’une manière orthodoxe le dogme de la résurrection des morts, l’immutabilité de la sentence finale, le sort des justes dans le paradis et des impies dans l’enfer. Démonstrations viii, xxii.