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ANTONIN

A partir de ce moment, il n’eut plus qu’une pensée, se dévouer sans réserve à son Église et à son peuple. Il devint l’homme de tous et le modèle des pasteurs, en un temps où l’exemple ne descendait pas toujours suffisamment d’en haut.

Antonin remplit pour le gouvernement florentin diverses ambassades. Retenu par l’état de sa santé, il récusa de se rendre, en 1451, auprès de l’empereur Frédéric. Par contre, il fut le chef des ambassades envoyées par la République florentine près de Calixte III, en 1455, et de Pie II, en 1458. Les souverains pontifes se prévalurent souvent de ses services, et Eugène IV voulut l’avoir près de lui pour l’assister à ses derniers moments (23 février 1447), tandis que son successeur, Nicolas V, lui demanda des conseils pour gouverner l’Église.

Mais c’est surtout à l’administration intérieure de son diocèse que s’adonna, avec un zèle sans pareil, le saint archevêque de Florence. Assistance des pauvres jusqu’au dépouillement de lui-même, conseils à tous dans les affaires difficiles, visites des églises et des monastères, réforme du clergé, prédication et défense de la foi, direction des âmes pieuses, composition d’ouvrages destinés à l’instruction religieuse de ses prêtres et de ses fidèles, tels furent les devoirs multiples qui absorbèrent les treize années d’épiscopat de celui que ses contemporains appelèrent, à cause de son incomparable prudence, Antonin des Conseils, et que la mort enleva le 2 mai 1459. Pie II assista aux funérailles, qu’il avait lui-même organisées. Saint Antonin fut canonisé par Adrien VI, le 31 mai 1523.

II. Œuvres. — L’activité littéraire de saint Antonin s’est particulièrement confinée dans le domaine des sciences positives et morales, son but étant d’aider, avant tout, à l’instruction et à la sanctification du clergé et des fidèles.

1° Saint Antonin a composé une histoire générale, allant du commencement du monde jusqu’aux dernières années de sa vie. Elle a été publiée sous les titres de Chronicon, Chronicorum opus, Historiarum opus. On la divise d’ordinaire en trois parties, mais son auteur n’a pas marqué ces divisions. L’Histoire, comme la Somme théologique d’Antonin, est divisée par titres, et elle en compte vingt-quatre. Cet ouvrage, de grande étendue, renferme de nombreux et précieux matériaux, son auteur ayant eu à sa disposition l’importante bibliothèque de Saint-Marc, déjà riche de son temps. Mais il est encore conçu a la façon des chroniques générales du moyen âge, c’est-à-dire qu’il est une compilation d’extraits ou de résumés des meilleurs ouvrages que l’auteur avait à sa disposition. C’est la partie relative aux événements contemporains du saint, qui offre le plus d’intérêt. Ses jugements sur la politique ecclésiastique et les hommes d’église de son temps ont une grande autorité, Antonin ayant été en contact très intime avec un grand nombre d’entre eux. Les chroniques ont été éditées à Venise, 1474-1479, dans les 4 vol. in-fol. des Opera omnia ; Venise, 1480 ; Nuremberg, 1484 ; Bâle, 1491 ; Lyon, 1517, 1525, 1527, 1585, 1586, 1587. Toutes ces éditions sont en 3 vol. in-fol. Les trois dernières de Lyon sont vraisemblablement une seule édition portant des dates différentes. Elle a été donnée par le P. Maturi, S. J., qui y a joint des notes et a dédié son œuvre à Sixte Fabri, général des dominicains.

2° La Summa theologica de saint Antonin est le premier ouvrage qui ait embrassé l’étude de la théologie morale sur un plan aussi étendu. Elle se divise en quatre parties. La première traite, en xx titres, de l’âme et de ses facultés, des passions, du péché et de la loi ; la seconde, en xii titres, des péchés capitaux, de la restitution, des vœux et de l’infidélité ; la troisième, en xxxii titres, des différents états sociaux, religieux et ecclésiastiques, de l’excommunication et des censures, de Dieu, du Christ, des saints et du purgatoire ; la quatrième, en xvi titres, des vertus morales et cardinales, de la grâce et des dons du Saint-Esprit. Le titre xv, De dono pietatis, est rempli par une intéressante marialogie.

La Somme d’Antonin s’inspire fréquemment des parties correspondantes de celle de Thomas d’Aquin. Mais elle n’a rien de la précision, de l’ordre et de l’équilibre des parties de cette dernière, ce qui s’explique par le but poursuivi par l’archevêque de Florence, qui voulait offrir au clergé une œuvre abordable à tous. Par contre, elle est d’une grande richesse de matériaux, et offre des ressources considérables aux historiens de l’Église et de la civilisation au xve siècle. Les éléments juridiques sont très développés dans cette Somme, et l’on a pu en donner, sans trop d’invraisemblance, des éditions sous le titre de Juris pontificii et cæsarei summa. Jean Molitor, O. P., du couvent de Cologne, a composé des tables détaillées de la Somme souvent publiées au xve siècle, soit avec l’ouvrage lui-même, soit séparément. La Summa theologica de saint Antonin a eu de nombreuses éditions au xve et au xvie siècle. Nous n’en indiquerons que quelques-unes : Venise, 1477, 1479, 1480, 1481, 1487 ; Spire, 1477 ; Nuremberg, 1478, 1486 ; Strasbourg, 1496 ; Lyon, 1516, 1520, 1521, 1529, 1542 ; Bâle, 1502, 1511 ; Venise, 1571, 1582 ; Vérone, 1740, édit. P. Ballerini, 4 vol. in-fol. ; Florence, 1741, édit. Mamachi et Remedelli, O. P., 2 vol. in-fol.

Certains traités particuliers de la Somme théologique ont été imprimés séparément, ou ajoutés aux éditions des autres ouvrages : De excommunicationibus et censuris, — De sponsalibus et matrimonio, — Decisio suyer dubio de indulgentiis, — Summula de omnibus viciis tam virorum quam mulierum conjugatorum.

Divers traités relatifs à la confession, et formant des sortes de manuels pour les confesseurs et les pénitents, ont été publiés sous le nom de saint Antonin. Ils procèdent tous de la Somme théologique dont ils sont, en maints endroits, l’abrégé, la reproduction ou la traduction. F. Palermo a cherché à établir que les traités en langue vulgaire ne sont pas l’œuvre d’Antonin lui-même. Mais son argumentation est très faible. Il se pourrait effectivement qu’Antonin ait commis à d’autres le soin de la publication de l’un ou l’autre des traités en langue vulgaire, mais il n’est pas douteux qu’il soit le rédacteur immédiat au moins de l’un d’entre eux. Les traités d’Antonin relatifs à la confession sont au nombre de quatre, un en latin, et trois en langue italienne. Nous allons donner quelques indications sommaires pour fournir une orientation au lecteur, la question étant rendue fort obscure à cause de la multiplicité des éditions et des variations qu’on a fait subir aux titres des ouvrages.

Summa confessionis = Summa confessionalis = Summula confessionum = Confessionale = Libellus de audientia confessionum = Tractatus de institutione confessorum. C’est un traité latin divisé en trois parties. I. Du pouvoir du confesseur. Traité des excommunications. II. Du mode d’interroger sur les dix préceptes du décalogue, sur les sept péchés capitaux et suivant les divers états des pénitents. III. Court traité sur la restitution. Cet ouvrage porte aussi dans certaines éditions le titre de Defecerunt qui est le premier mot du prologue qu’Antonin fait commencer par ce texte scripturaire : Defecerunt scrutantes scrutinio. Parmi les nombreuses éditions, dont un bon nombre, du temps de l’invention de l’imprimerie, sont sans nom de lieu ni dates, nous citerons : Florence, 1473 ; Venise, 1473, 1474, 1476 ; Naples, 1478 ; Cologne, 1480 ; Strasbourg, 1488, 1490 ; Rome, 1493 ; Paris, 1516 ; Lyon, 1555, 1564. Nous devons mentionner spécialement l’édition de Lyon, 1502, à cause de son titre et de son contenu : Confessorum refugium atque in naufragio portus tutissimus. Defecerunt Rmi archiepiscopi Florentini cum nonnullis additionibus novis simul ac quibusdam quæstionibus