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ANTOINE DE FANTIS — ANTOINE DE PADOUE

œuvres de Scot, sans appartenir néanmoins à l’ordre séraphique, comme on l’a pensé généralement. Il vécut au xvie siècle et fit paraître à Lyon, en 1530, une défense très détaillée du Docteur subtil. Elle avait pour titre, Tabula generalis scoticæ subtilitatis. A cette œuvre de polémique d’école, on doit encore ajouter son Speculum spirituale rationale, in-fol., Venise, 1546 ; finalement un Commentarium in Ium et IIum Sententiarum, in-4°, Lyon, 1530.

Jean de Saint-Antoine, Bibliotheca universa franciscana, Madrid, 1732, t. i, p. 102 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, Paris, 1822, t. ii, p. 363 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1892 sq., t. iv, col. 1030.

C. Toussaint.

8. ANTOINE DE LA CONCEPTION. Voy. Antoine de Sienne, col. 1417.

9. ANTOINE DE LA MÈRE DE DIEU, de l’ordre des carmes, naquit à Léon, dans la Vieille-Castille, et mourut en 1641. Au temps où l’université d’Alcala de Hénarès, Complutum, rivalisait avec Salamanque, le docte carme professait les matières que les programmes du temps réunissaient sous le nom de cours des arts, et qui comprenaient la dialectique et la philosophie naturelle d’Aristote. Avec la collaboration de ses collègues, il entreprend, à la même époque, la rédaction d’une encyclopédie destinée plus spécialement aux classes d’humanité et de philosophie. Cet ouvrage, très estimé des thomistes, était d’abord intitulé Collegium complutense philosophicum, Alcala, 1624. Il subit, dans la suite, diverses transformations, et, par suite d’additions successives, devint comme une introduction au grand cours de théologie dogmatique des Salmanticenses.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1892, t. i, p. 376 ; Collegii Salmanticensis cursus theologicus, Paris, 1870, t. ii, p. 1, 57.

C. Toussaint.

10. ANTOINE DE L’ANNONCIATION, carme espagnol, né à Escalona, près de Tolède et mort en 1714, acquit une égale renommée en mystique et en théologie scolastique. Confesseurs et directeurs d’âmes utiliseront avec le plus grand profit sa Disceptatio mystica de oratione et contemplatione, Alcala, 1683, mais surtout ses Quodlibeta theologiæ, in-4°, Madrid, 1712, pleins de doctrine et d’érudition.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1892, t. i, p. 953.

C. Toussaint.

11. ANTOINE DELUCQUES, de l’ordre des frères mineurs, et neveu du pape Clément XI, est connu par l’in-folio qu’il publia à l’occasion des décrets pontificaux d’Alexandre VII, d’Innocent XI et d’Alexandre VIII, sous ce titre : Cautelæ confessarii, Rome, 1704.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1892 sq., t. ii, col. 933.

C. Toussaint.

12. ANTOINE DE PADOUE (Saint), une des gloires les plus éclatantes et les plus populaires de l’ordre séraphique, naquit à Lisbonne, en 1195, d’une noble famille de Portugal, unie, dit-on, par une étroite parenté, au chef de la première croisade, Godefroy de Bouillon. Son premier nom était Fernandez : il ne l’échangea contre celui du grand ermite que lorsqu’il revêtit l’habit de saint François, au couvent de Saint-Antoine. Auparavant, il avait passé près de dix ans chez les chanoines réguliers de Saint-Augustin, à Lisbonne d’abord, puis à Coimbre, au monastère de Sainte-Croix. Un grand amour de retraite, d’austérité et d’étude, secondé par la perspective d’aller rejoindre au martyre les premiers missionnaires du Maroc, le firent émigrer vers l’ordre naissant du pauvre d’Assise. Il partit en effet pour l’Afrique, mais ayant dû bientôt se rembarquer pour retourner en Espagne, une tempête providentielle le jeta sur les eûtes de Sicile et l’amena, par étapes longues et difficiles, jusqu’au cœur de l’Ombrie où, par suite de sa grande simplicité d’esprit et de manières, Antoine se vit d’abord repoussé de tous ; il fut admis par grâce dans un couvent de la Romagne. Il ne laissa entrevoir le rayonnement de ses richesses intellectuelles qu’à la veille d’une ordination sacerdotale, dans une vibrante allocution qu’il adressa à ses confrères. Signalé à saint François, il en reçut l’ordre de se rendre à Verceil, pour y suivre les leçons de théologie mystique du célèbre Thomas Gallo qui venait de traduire du grec les livres de Denys l’Aréopagite et en donnait un commentaire fort admiré de ses contemporains. Les progrès du nouveau disciple dans les sciences sacrées, suivant le témoignage de son vénérable maître, paraissaient être plutôt le fruit de l’ardeur de son âme que celui d’un développement intellectuel ordinaire, quia enim amore ardebat interius, lucebat exterius. Son stage scolaire terminé, il fut chargé d’enseigner à son tour la théologie dans les couvents de son ordre qui le considèrent comme leur premier lecteur. On se plaît à citer la lettre d’obédience qui l’en informa. Carissimo meo Fratri Antonio, Frater Franciscus salutem in Christo. Placet mihi quod sacram theologiam legas fratribus, dummodo per hujusmodi studium spiritum non extinguas, sicut in Regula continetur. Vale. Parallèlement à l’enseignement théologique de ses confrères à Montpellier, à Bologne, à Padoue et à Toulouse, Antoine donnait une grande part à la prédication à laquelle il se consacra exclusivement dans les dernières années de sa vie. Il parcourut successivement les provinces de France et d’Italie convertissant les foules par l’ardeur de ses discours, l’ascendant de ses vertus apostoliques et surtout par cette gracieuse prodigalité de miracles qui l’ont toujours fait considérer comme un thaumaturge souverain et d’une infatigable condescendance. Ses derniers jours furent attristés par les agissements de l’astucieux frère Élie qui voyait dans notre saint un adversaire à ses projets de relâchement. Antoine mourut à Padoue, le 13 juin 1231, et, l’année suivante, Grégoire IX lui conféra les honneurs de la canonisation.

Par ses écrits, celui que le souverain pontife appelait l’Arche du testament, à cause de sa vaste connaissance des saintes Écritures, appartient surtout à l’histoire de l’exégèse. Voir Vigoureux, Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 709. Cependant il se rattache à la théologie par ses Sermons, qui sont au nombre de 178, et davantage encore par ses cinq livres des Concordantiæ morales S. S. Bibliorum, sorte de théologie mystique basée sur des textes d’Écriture sainte. Le premier livre considère l’homme dépravé par le péché ; le second, sa conversion ; le troisième, ses luttes spirituelles ; le quatrième, son perfectionnement par les vertus ; le cinquième, ses différentes conditions. Les prédicateurs peuvent y puiser le programme d’une retraite spirituelle. Quant à l’exégète, il ne doit pas y chercher une interprétation scripturaire rigoureusement scientifique, mais se souvenir du goût prédominant de l’époque pour les allégories mystiques et les pieuses accommodations. On a édité, à diverses reprises et de différentes manières, les écrits de saint Antoine de Padoue. Jean de la Haye a publié, à Paris, ses œuvres complètes : Opera omnia S. Antonii Paduani, in-fol., 1641. Wadding a fait paraître à part Concordantias morales S. S. Bibliorum cum annotationibus, in-4°, Rome, 1623. Les Sermons ont été imprimés en 2 vol. in-4°, en 1757, à Bologne, par les soins du P. Antoine-Marie Azzoguido, sous le titre de S. Antonii Ulyssiponensis, cognomento Patavini, Sermones in Psalmos, etc.

Bollandistes, Acta sanctorum, junii t. iii, p. 196 sq., Paris, Palmé, 1867 ; Lepitre, Saint Antoine de Padoue, Paris, 1901 ; de Kerval, S. Antonii de Padua vitæ suæ, Paris, 1904 ; Id., L’évolution et le développement du merveilleux dans les légendes de S. Antoine de Padoue, Paris, 1906 ; K. Wilk, Antonius von Padua, Breslau, 1907.

C. Toussaint.