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ABRAHAM SEIN (D’) — ABRAHAM ECCHELLENSIS

compassion. P. Schanz, Commentar ûber das Evange-Hiim des heiligen Lucas, Tubingue, 1883, p. 122. Cf. S. Bruno d’Asti, Comment, in Luc, ii, 38, P. L., t. CLXV, col. 424.

II. Le sein d’Abraham désignant le paradis.

L’expression « sein d’Abraham » a passé de l’Évangile dans la langue des Pères et des écrivains ecclésiastiques, dans la liturgie, Fépigraphie et la théologie catholique, et même dans l’art chrétien pour désigner le ciel proprement dit, le séjour où les saints voient Dieu dans la gloire. —

Saints Pères. —

Souvent les Pères et les écrivains ecclésiastiques ont employé l’expression « sein d’Abraham », qui signifiait proprement les limbes des patriarches, pour parler du séjour céleste dans lequel Jésus-Christ avait introduit les âmes justes qui attendaient sa venue. Tertullien cependant, Adversus Marcion. , iv, 31, P.L., t. il, col. 444-44-5, en réfutant Marcion qui plaçait dans les enfers pour y être tourmentés ceux qui avaient cru à la loi et aux prophètes et dans le sein d’Abraham pour y être heureux ceux qui avaient obéi à Dieu et à Jésus-Christ, prétend que cette dernière région est destinée à servir de lieu de rafraîchissement à toutes les âmes justes, même à celles des païens convertis au christianisme, en attendant la consommation des siècles et la résurrection de la chair. Seuls, les martyrs vont directement au paradis pour jouir aussitôt de la récompense méritée par leurs combats. De resurrectione carnis, 17, t. ii, col. 817-818. Cf. L. Atzberger, Gesehichte der christlichen Eschatologie innerhalb der vornicânischen Zeit, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 303314, Origène, InNum., homil. xxvi, n. 4, P. G., t. xii, col. 776, assure que l’autre siècle est appelé sein d’Abraham ou bien paradis. Saint Ambroise, De obitu Valentiniani, 72, P. L., t. xvi, col. 580 ; saint Augustin, Confess., ix, 3, t. xxxii, col. 765 ; saint Grégoire de Nazianze, In laitdem Cœsarii fratns, 17, P. G., t. xxxv, col. 776, ont espéré que les âmes de leurs parents ou de leurs amis reposaient dans le sein d’Abraham. Ce dernier a désiré pour lui le même bonheur, Poemala de seipso, P. G., t. xxxvii, col. 1013, 1445. Saint Augustin, Qusest. evang., ii, 38, P. L., t. xxxv, col. 1350, a défini le sein d’Abraham « le lieu de repos des bienheureux pauvres en esprit à qui appartient le royaume des cieux dans lequel ils sont reçus après cette vie ». Cette définition a été reproduite par le vénérable Bède, In Lucas Ev. erposit., vi, P. L., t. xcii, col. 535 (cf. Ilom., i, t. xciv, col. 270), parSmaragde, Collectiones inEpist., et Ev., t. en, col. 250, par Raban Maur, Hom.in Ev.et Epist., liomil.i.xxvii, P.L., t. cx, col.295, etparIIaymond’Halbers-Uiûl, IJom.de le » ipure, homi. CX, P.L., t. CXVUl, col.592.

Liturgies.

Toutes les liturgies contiennent au nombre des prières que l’Église adresse à Dieu pour les défunts celle par laquelle elle demande que les animes emportent l’âme dans le sein d’Abraham, c’est-à-dire au céleste séjour. Pour la liturgie de saint Basile, voir Renaudol, Lilurg. orient, collect., Paris, 1716, t. I, p. 72, et pour la liturgie grecque, Goar, Eù-/oXo-pov sive Rituale Grœcorum, Paris, 1647, p. 532, 538, 540. La liturgie romaine comprend la même demande dans les prières de la recommandation de l’âme et des obsèques ; elle applique la parabole du pauvre Lazare à saint Martin, évêque de Tours, à la cinquième antienne des Laudes de son office, au Il novembre.

Épigraphie.

Les épitaphes chrétiennes des premiers siècles reproduisent de nombreuses formules par lesquelles les survivants souhaitent à leurs chers défunts le bonheurduciel.Parmielles, Martigny, Dict.des antiq. chrétiennes, 1877, p. 577, en rapporte deux qui parlent du repos dans le seind’Abraham et des patriarches. Dict. d’archéologie chrétienne, l. I, col. 1521-1542.

L’art chrétien a employé, pendant tout le moyen âge, mais surtout au XIH 8 siècle, l’image du sein d’Abraham pour représenter le lieu de la paix et du repos dans l’autre vie. On la voit dans les sculptures des cathédsales de Paris, de Chartres, d’Amiens et de Beims, dans les vitraux de Bourges. Grimouard de Saint-Laurent, Guide de l’art chrétien. Paris, 1874. t. iv, p. 254-255, 507-508 : Ch. Cerf, Histoire et description de Notre-Dame de Reims, t. ii, p. 49.

Théologiens. —

C’est donc avec raison que les théologiens catholiques ont conservé l’expression « sein d’Abraham » pour désigner le ciel. Saint Thomas, Sum. I licol., Suppl., q. lxix, a. 4, in corp. etad2um, a justifié cet emploi. Bien que, dit-il en substance, le sein d’Abraham ait signifié les limbes avant l’avènement de Jésus-Christ, rien n’empêche qu’après cet avènement, il ne désigne le ciel. En effet, le sein d’Abraham, qui indique le repos des justes, n’était uni aux limbes des patriarches, où ils jouissaient d’un repos incomplet, qu’accidentellement. Or les objets qui ne sont unis qu’accidentellement peuvent être séparés. Ainsi le sein d’Abraham a pu passer de l’enfer au ciel, où les saints voient Dieu et sont parvenus au terme complet de leurs désirs. E. Manwenot.

2. ABRAHAM BARD-SHANDAD, surnommé « le boiteux », auteur nestorien du viiie siècle, a écrit une Catéchèse (martyânûtâ), une Dispute contre les Juifs, le Livre de la voie royale, des discours, des lettres, une traduction de l’abbé Marcos, auteur ascétique. Jesu bar-Nun et Abu-Nuh, peut-être aussi le patriarche Timothée, furent ses élèves. Une partie de ses œuvres ont été conservées, dans un manuscrit du British Museum (Add. 17270).

Voir Assémani, Bibl. or., t. iii a, p. 501 ; cf. p. 179, 194, 190, 212 ; Badger, The nestorians and their rituals, Londres, 1852, t. ii, p. 375.

J. Parisot.

3. ABRAHAM DE BASRA, évêque nestorien de Shahruz, puis métropolite de Basra après 987, est mentionné par Abdiésu pour avoir donné une interprétation (pusâqâ, version ou commentaire) de Théodore de Mopsueste. Il écrivit aussi de nombreuses lettres sur divers sujets. Voir Abdiésu, Catalog. dans Assémani, Bibl. or., t. iii, a, p. 175.  J. Parisot.

4. ABRAHAM DE BASRA est l’auteur d’un Dialogue avec un moine du Sinaï sur l’Institution monastique. La traduction arabe de cet ouvrage est contenue dans un manuscrit arabe du xv. Cod. vat. arab., 127. Assémani, Bibl. or., t. iii a, p. 610.  J. Parisot.

5. ABRAHAM DE CRÈTE Barthélémy, évêque grec, a traduit en latin l’Histoire du concile de Florence jusqu’au départ des Grecs, composée probablement par Dorothée, archevêque de Mytilène. Cette traduction, entreprise à la demande de l’archevêque de Ravenne, Benoit de Accolitis, parut à Borne en 1521 ; elle est souvent défectueuse ; on lui préfère la version de Jean-Matthieu Caryopoulos. Par une singulière aberration, Abraham de Crète donne à l’assemblée de Florence le nom de huitième concile œcuménique, comme si les conciles généraux célébrés depuis 787 (deuxième concile de Nicée) ne comptaient pas. Baronius l’en a repris avec une extrême vivacité. Annales ecclesiastici, année 869.

Bini, Concilia generalia et provincialia græca et latina, Paris, 1636, t. viii ; Notæ in concilium Florentinum ; Hergenröther, Histoire de l’Église, trad. Belet, Paris, 1888, t. iv.

V. Oblet.

6. ABRAHAM ECCHELLENSIS, ainsi surnommé du nom de Hékel, village du mont Liban, où il naquit, fit ses études au collège maronite de Rome et publia dans cette ville en 1628. une grammaire en langue syriaque à l’usage de ses nationaux, qui se servent de celle langue dans leurs offices liturgiques. Il enseigna les langues orientales, c’est-à-dire le syriaque et l’arabe, à la Propa-