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.ANTIOCHE PATR. JACOBITE

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a déjà fourni plus de 130 prêtres. A ces séminaristes appartenant à tous les rites se joignent pour les cours de philosophie et de théologie les jeunes religieux des antonins, du rite maronite, et des basiliens, du rite grec. En 1848, ils établirent à Ghazir encore un collège qui fut transporté à Beyrouth en 1875 et est devenu le célèbre collège Saint-Joseph. En 1883, l’université de médecine y fut adjointe, elle compte aujourd’hui une centaine d’élèves, le collège en possède 500 ; 80 maîtres religieux et 6 docteurs français se partagent l’enseignement de cette jeunesse ; dirigent la meilleure imprimerie de l’Orient, rédigent un journal hebdomadaire en arabe le Béchir et la revue arabe bi-mensuelle El-Maqrik. En 1896, le P. Barnier a créé à Saiydé, dans la région d’Akkar, une école normale qui comprend 40 élèves ; un orphelinat agricole fonctionne à Tanaïl dans la plaine de la Célésyrie. En outre, les Pères jésuites sont chargés de 88 écoles primaires de garçons et de 55 écoles de filles dont 27 sont conliées aux soins des sœurs, mariamètes. Ces écoles sont disséminées dans les vilayets d’Alep, Beyrouth et Damas et dans le district autonome du Liban ; elles possèdent un personnel enseignant de 311 maîtres ou maîtresses et une population scolaire de 13377 élèves. Voir Ch. Égremont, L’année de l’Eglise, 1899, Paris, p. 551-556, et M. Jullien, S. J., La nouvelle mission de la Compagnie de Jésus en Syrie (18311895), 2 vol. in-8°, Paris 1899.

Les religieuses ne sont pas en retard sur les hommes en fait de dévouement et d’apostolat. Les sœurs de charité, établies depuis 1816, ont 9 maisons et sont environ 120. Elles tiennent 3 pensionnats à Beyrouth, Damas et Tripoli, qui comptent près de 450 élèves. Les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition, fixées aussi depuis 1816, ont 8 maisons et sont de 60 à 70. Elles ont 3 pensionnats à Alep, Beyrouth et Saïda, qui comptent 170 élèves. Les sœurs de Nazareth ont depuis 1871 un pensionnat à Beyrouth avec 90 élèves. Les sœurs de Saint-Joseph de Lyon ont une maison à Adana. Enfin, la congrégation des sœurs indigènes des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, vulgairement appelées mariamùtes, a été fondée il y a 40 ans et est placée sous la direction des Pères jésuites. Elle compte 110 religieuses et dirige 27 écoles, principalement à Beyrouth, Damas, Alep et Homs. Ses efforts se portent de préférence sur les villages du Liban, de la Célésyrie et de la Galilée supérieure ; les 27 écoles sont fréquentées par près de 4000 élèves. La statistique des écoles latines de Syrie donne les résultats suivants : 1 séminaire oriental avec 50 élèves ; 1 école de médecine avec 100 élèves ; 1 école normale de garçons avec 40 élèves ; 1 orphelinat agricole ; 4 collèges avec 1 140 élèves ; 7 pensionnats avec 710 élèves ; 300 écoles primaires de garçons ou de filles. S. Vailhé.

IV. ANTIOCHE, patriarcat jacobite. — I. Origines du patriarcat jacobite. IL Histoire du patriarcat. III. Situation actuelle et statistique.

I. Origines du patriarcat jacobite.

Les décisions du concile de Chalcédoine furent très mal accueillies dans le patriarcat d’Antioche, parce qu’on y vit la condamnation de saint Cyrille et la réhabilitation de Nestorius. Les moines, qui fournissaient déjà la plupart des dignitaires ecclésiastiques, opposèrent une résistance opiniâtre à tous les essais de pacification. Durant la seconde moitié du e siècle, Antioche reçut tour à tour des prélats chalcédoniens ou antichalcédoniens, selon que les empereurs de Byzance favorisèrent ou combattirent les décrets du quatrième concile. Pierre le Foulon, Jean Codonat, Palladius et surtout Sévère donnèrent une impulsion des plus vives au mouvement syrien national et, grâce à leur active propagande, les couvents et le peuple s’éloignèrent de plus en plus des catholiques auxquels ils appliquaient le sobriquet de melkites ou impérialistes. Cette situation se prolongea jusqu’à la

mort d’Anastase I er (518) ; elle durait depuis 451. A parlir de ce moment, le parti catholique reprit la supériorité et régna à Constantinople dans la personne de Justin et de son neveu Justinien. Un des premiers actes de Justin fut de renouer les relations avec Rome interrompues par le schisme d’Acace et de bannir en Egypte (519) Sévère d’Antioche qui, du lieu de son exil, continua de diriger son Église jusqu’à l’époque de sa mort (543). Quant à Justinien, fort soucieux de la tranquillité de son empire, il voulut briser d’un seul coup les résistances des monophysites syriens ou égyptiens. Il fit donc arrêter et enfermer dans les couvents de Constantinople et de l’Egypte tous les évéques suspects des deux patriarcats ; mesure brutale, mais politique : sans évéque point de prêtre, et sans prêtre point de fidèles.

Le peuple n’aurait pas tardé à confesser les deux natures en J.-C, si l’impératrice Théodora ne s’était avisée de seconder les vues de Harith ibn-Djabalah, roi des Arabes ghassanides au service de l’empire byzantin. Ce dernier, monophysite fervent, sollicita de l’impératrice l’envoi d’évêques de son culte pour les provinces qui relevaient de son administration. Deux moines, Théodore et Jacques Zanzalus ou Baradaï, furent choisis pour assurer le bien spirituel de leur communauté. Ils reçurent la consécration épiscopale, dans les cachots de Constantinople, de trois évéques monophysites et prirent les titres : Théodore, de Bostra avec juridiction sur l’Arabie et la Palestine ; Jacques, d’Édesse avec juridiction sur la Syrie, la Mésopotamie et l’Asie Mineure. Si Théodore ne semble pas être arrivé à sa destination, Baradaï, lui, réussit au delà de toutes ses espérances. Caché sous des déguisements variés, il se mit à parcourir les vallées de l’Euphrate et de la Syrie, les plaines de la Cappadoce et de la Cilicie, ordonnant des prêtres, consolant les simples fidèles, traqué partout par les agents de Justinien et toujours insaisissable. C’est de Jacques Baradaï que les monophysites syriens ont reçu le nom de jacobiles, et c’est de son ordination (513) qu’ils datent la fondation de leur Église. Si le nombre de prêtres était suffisant, il manquait encore des évéques et Jacques se sentait impuissant à en créer, puisque les canons ecclésiastiques exigeaient trois prélats consécrateurs. En conséquence, il prit avec lui deux moines zélés et se rendit à Constantinople auprès du patriarche emprisonné, Théodose d’Alexandrie. La police impériale les ayant dépistés, ils passèrent en Egypte et finirent par découvrir dans un monastère deux évéques eutychiens. Les deux moines furent consacrés immédiatement, puis en compagnie de Jacques, ils communiquèrent la plénitude du sacerdoce à bon nombre de leurs compagnons et, parmi eux, au célèbre historien Jean, évéque d’Éphèse. Ils se distribuèrent entre eux les titres épiscopaux des provinces syriennes et constituèrent une nouvelle Église d’Antioche sur le patron de celle qui existait déjà. Sergius, ami de Baradaï, en fut le premier patriarche ; il occupa ce poste très peu de temps. Après une vacance de trois années, Paul de Beit-Oukamé fut consacré en 551 par Baradaï ; on le déposa en 578, parce qu’il communiquait avec les dyophysites de Byzance et on lui donna pour successeur Pierre de Calliniké. Toutefois, bon nombre de jacobites regardaient Paul comme le patriarche légitime et, plutôt que de reconnaître son rival, ils passèrent dans le camp des acéphales ou même des catholiques. Ces divisions à propos de personnes, des divergences dogmatiques défendues avec obstination par les intéressés amenèrent entre les deux patriarcats hérétiques d’Antioche et d’Alexandrie une scission qui se continua plus de vingt ans. Athanase le chamelier, patriarche d’Antioche († 631), rétablit, en 616, la concorde entre les deux sièges, et depuis lors, chaque patriarche, jacobite ou copte, prit l’habitude d’envoyer, le lendemain de son élection, sa lettre synodale à son collègue. Le même Athanase paraît aussi, dans l’entre-