Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/741

Cette page n’a pas encore été corrigée
1423
1424
ANTIOCHE, PATR. LATIN


d’Antioche, tout en conservant l’évêché de Pavie, Jean XXII le dépouilla de toutes ses dignités. En 1325, ce pontife l’éleva de nouveau à l’archevêché de Thèhes et l’envoya comme légat en Orient, sans lui accorder pourtant le titre de patriarche. Isnard mourut en 1329, et le siège d’Antioche continua à rester vacant jusqu’en 1342. Gérard d’Aquitaine, général des frères mineurs, fut promu au rang de patriarche par le pape Clément VI et conserva sa dignité jusqu’en 1348. On lui donna en même temps l’administration de l’évêché de Catane, parce que son patriarcat était dépouillé de tous ses revenus. Les successeurs de Gérard, qui ne gardaient plus aucune espérance de récupérer leur siège patriarcal, furent de simples titulaires, comme l’est encore de nos jours le patriarche latin d’Antioche, qui réside à Rome et ne possède pas la moindre juridiction en Orient.

La Notitia Cœlestini dit au sujet des suffragants du patriarcat d’Antioche : « Dans ce patriarcat, il y avait 153 églises cathédrales, conformément au texte évangélique : le filet fut rempli de 153 gros poissons, » interprétation évangélique souvent citée mais peu conforme à la réalité. Le patriarche latin avait sous sa juridiction les évêchés de Laodicée, Gahala, Antaradus ou Tortose, Tripoli, Byblos et Séleucie, la métropole de Tarse avec les évêchés suffragants de Corycos et de Mamistra, la métropole d’Édesse, la métropole d’Apamée avec les évêchés de Balanée, Artésia, Albaria, Larissa et Mariâmes, la métropole de Hiérapolis avec les évêchés de Cyr et de Venecomponensis, la métropole de Nicosie dans l’île de Chypre avec les évêchés de Paphos, Famagouste et Limassol. Le Quien, Oriens christianus, t. iii, col. 1165-1232. Le Quien cite, de plus, dans l’île de Chypre l’évêché latin de Cérines qui n’a jamais existé. De Mas-Latrie, Trésor de chronologie, Paris, 1889, col. 1864, apporte un texte du xive siècle qui mentionne l’archevêché latin de Tulupe au nord de Hiérapolis : Archiépiscopal us Dulupensis, qui aliter dicitur Eliosopolitanus. Voir aussi Du Cange, Familles d’outre-mer, p. 775. Les historiens arméniens citent dans la même province de l’Euphratensis deux autres sièges latins : Germanicia ou Marach et Keçoun ou Crasson. Dulaurier, Historiens arméniens, t. I, p. 576.

Actuellement, le patriarche latin qui réside à Rome et ne jouit d’aucune juridiction effective en Orient aurait comme suffragants titulaires les évêchés d’Almira, Derbe, Epiphanie, Gahala et Roséa. Les métropoles également titulaires seraient Apamée, Adana, Tarse, Anazarbe, Séleucie, Irénopolis, Cyr, Hiérapolis, Édesse, Amida, Nisihe, Émèse, Héliopolis, Palmyre, Damas, Philadelphie et Bostra.

Le Quien, Oriens christianus, t. iii, col. 1153-1164 ; Boschius, Tractatus historico-cltronologicus de palriarchis antiochenis tain grxcis et tatinis imo et jacobitis usque ad sedem a Sarracenis eversam, Venise, 1748, Acta sanct., t. iv jul., p. 1-145 ; Garas, Séries episcoporum, 1873, p. 433 ; L. de Mas-Latrie, Les patriarches latins d’Antioche, dans la Revue de l’Orient chrétien, Paris, 1894, p. 192-2(15 ; E. Rey, Résumé chronologique des princes d’Antioche, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1896, p. 321-408 ; C. Schlumbergor, Renaud de Chàtitlon, prince d’Antioche, Paris, 1898, p. 1-169 ; Antiochien, dans le Kirehenleœikon, Fribourg, 1882, t. i, col. 948-951. Voir la bibliographie plus complète dans U. Chevalier, Répertoire des sources lii*toriijues du moyen âge (Topo-bibltugraphie), Montbéliard, 1894, fasc. 1, col. 170.

III. Vicariat apostolique d’Alep ou de Syrie. — Ce vicariat fut constitué en 1762 avec les provinces de Syrie, Chypre, Egypte et Arabie, détachées du vicariat de Constantinople et confiées au lazariste Arm. Bassu. Cependant, en vertu de privilèges particuliers, la Custodie franciscaine de Terre-Sainte gardait une juridiction indépendante sur la plupart des catholiques latins ; peuti Ire même est-ce pour ce motif qu’un successeur ne fui donné à Mu’Bassu qu’en 1817 dans la personne de Gandolfi, autre prêtre de la Mission. En 1827, ce dernier eut

pour remplaçant P. Losanna, évêque titulaire d’Abydos. Depuis lors, jusqu’en 1896, les vicaires apostoliques ont appartenu généralement à l’ordre des franciscains, comme A. Fazio (1836-1838), Fr. Fillardell (1839), qui fut tué en 1852, P. Brunoni depuis 1853, transféré à Constantinople en 1857, S. Milani (1874-1876), L. Piavi nommé, en 1889, patriarche latin de Jérusalem, et G. Bonfigli depuis 1890, transféré, en 1896, au vicariat apostolique d’Egypte. Ce dernier transporta la résidence du vicaire apostolique de la ville d’Alep à Beyrouth, qui devient de plus en plus la vraie métropole religieuse de la Syrie ; il a eu pour successeur, en 1896, le dominicain français Ch. Duval, archevêque titulaire de Pétra.

Durant le cours du xixe siècle, le vicariat apostolique de Syrie a reçu plusieurs amoindrissements. En 1838, l’Egypte et l’Arabie en furent détachées ; en 1848, Jérusalem fut élevée au rang de patriarcat latin avec juridiction sur la Palestine, la Phénicie méridionale et l’île de Chypre. Par contre, le vicaire apostolique de Syrie obtenait pleine juridiction sur tous les latins de son vicariat, prérogative enlevée définitivement à la custodie de TerreSainte. Le vicariat apostolique de Syrie a pour limites : au nord, une ligne qui partant du golfe d’Adalia et s’appuyant sur les contreforts méridionaux du Taurus se dirige vers l’Euphrate en faisant un coude sur Hama ; à l’est, le désert de Palmyre ; au sud, la Palestine ; à l’ouest, la Méditerranée. Depuis leur institution, les vicaires de Syrie ont joui du titre de vicaires apostoliques du saintsiège pour les catholiques non latins qui vivent dans le ressort de leur province. Leur pouvoir de délégué n’a pas subi les mêmes restrictions que leur autorité de vicaire apostolique, et aujourd’hui encore les catholiques des rites orientaux qui demeurent dans le patriarcat latin de Jérusalem sont soumis à la délégation de Syrie.

Les communautés latines, surtout françaises, se sont particulièrement développées en ce siècle dans le vicariat apostolique de Syrie ; elles sont, à l’heure présente, la meilleure sauvegarde contre les empiétements croissants des missions protestantes et orthodoxes qui séduisent, à force d’or et de promesses, les populations laborieuses mais pauvres de la Syrie. Les capucins, fixés en Syrie depuis 1627, desservent les paroisses d’Antioche, Baabdath, Beyrouth et Mersine ; ils ont aussi des résidences à Alep, Abey, Ghazir, Koderbek et Salima. Ils ne sont qu’un petit nombre de religieux. Les franciscains ont 12 couvents à Aïntab, Alep, Beyrouth, Damas, Harissa, Ienigé-Kalé, Kenaye, Latakié, Marach, Saïda, Sour et Tripoli ; ils desservent une dizaine de paroisses et sont environ 56 religieux. Leur collège d’Alep est très florissant et compte 110 élèves. Les trappistes possèdent une maison à Cheiklé par Akbès, près d’Alexandrette. Les lazaristes, établis en Syrie depuis 1781, ont 5 maisons : Akbès, paroisse et missions ; Antoura, Beyrouth, missions ; Damas et Tripoli, missions. Leurs collèges de Damas et d’Antoura réunis comptent près de 500 élèves. Ils sont environ 37 religieux et possèdent dans les villages du Liban de nombreuses écoles primaires qui sont visitées et entretenues par eux. Les carmes, fixés en Syrie depuis 1650, ont 5 résidences à Alexandrette, qui est une paroisse, Beilan, Biscerri, Kobbayat et Tripoli. Ils ne sont guère plus de 8 religieux. Les frères des écoles chrétiennes ont 4 écoles primaires à Beyrouth, Latakié, Tripoli et Tripoli maritime ; ils sont 16 religieux.

Les jésuites, établis d’abord en 1595, puis revenus en 1831 sur les instances de Mo>’Mazloum et par ordre de Grégoire XVI, ont 10 maisons : Adana, Bekfaya, Beyrouth, Damas, Ghazir, Iloins, Saïda, Saiydé, Tanaïl et Zahlé. La mission compte 174 membres, dont 66 prêtres, 47 scolasliques et 61 frères coadjuleurs. Après s’être fixés à Zeilah, puis en Mésopotamie, les jésuites fonderont à Ghazir, en 1846, le séminaire oriental, transféré à Beyrouth en 1875, et qui compte actuellement 50 élèves ; il