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ANTIOCHE, PATR. LATIN

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la future pépinière de prêtres pour l’Église melkite. La désignation de son successeur a présenté quelques difficultés, la Porte ayant fait observer qu’elle considérerait comme nulle et non avenue une élection qui aurait lieu en présence d’un étranger, c’est-à-dire du délégué du Saint-Siège. Finalement, sur les réclamations de l’ambassade de France, rien n’a été changé au mode traditionnel, et le 25 février 1898, le synode des évêques élisait en présence de Mo’Duval, délégué apostolique, Ma r Géraïgiry, évêque de Panéas ou Césarée de Philippe. Le nouveau patriarche a reçu l’année suivante le lirman d’investiture de la Sublime-Porte.

L’Église melkite a tenu dans ce siècle trois synodes importants afin d’établir et d’organiser le règlement de sa vie intime. Le premier, célébré en 1806 au couvent de Karkafé, à deux lieues de Beyrouth, a eu ses actes imprimés quatre ans plus tard en arabe, sans l’autorisation du saint-siège. Les actes de ce synode et le catéchisme contenaient plusieurs erreurs dues à M9 r Germanos Adam, archevêque d’Alep, et qui occasionnèrent de grands troubles. Le 3 juin 1835, Grégoire XVI se décida à casser les actes et les décrets du synode et à en interdire l’usage dans n’importe quel idiome. Mo r Mazloum, qui s’était soumis d’avance à la décision de Rome, y adhéra formellement et tint ensuite un autre synode à Aïn-Traz, dont les actes furent approuvés par le pape et servent encore de règle à l’Église melkite. Un dernier concile fut célébré à Jérusalem en 1849 par Ma r Mazloum ; mais, sur la demande des évêques qui y avaient assisté, les décisions en furent annulées par le Saint-Siège.

IL Situation actuelle et statistique. — On ne saurait établir une statistique fidèle des grecs melkites, car l’Orient est par nature adversaire irréconciliable des chiffres et de la précision. Je vais donner celle qui a paru dans les Missiones catholicse de 1898 pour l’année courante et qui n’a pas été renouvelée depuis. Le chiffre total des melkites serait de 116700 répartis entre 4 archidiocèses et 8 diocèses ; le gain depuis 1895 serait de 7900. Les melkites des deux vicariats patriarcaux de Jérusalem et d’Alexandrie ne sont pas compris dans ce nombre. 1° Archidiocèse d’Alep : fidèles 10000 ; églises et chapelles 6. Il y a des missionnaires latins (franciscains, capucins et jésuites), 5 écoles et 1 collège avec 150 élèves environ. Résidence à Alep.

2° Archidiocèse de Bostra et Hauran : fidèles 12000 ; 4 églises et 8 chapelles, 15 prêtres, 4 écoles.

3° Archidiocèse de Honis et Hama : fidèles 8 000 ; 20 églises ou chapelles, 20 prêtres et 18 écoles pour les garçons et les filles. Résidence à Homs.

4° Archidiocèse de Tyr : fidèles 6 200, 11 églises ou chapelles, 20 prêtres dont 15 basiliens, 13 écoles pour les garçons et les filles. Résidence à Sour.

5° Diocèse de Beyrouth et Djebaïl : fidèles 15 000 ; séminaire melkite à Aïn-Traz, 150 paroisses de tout rite, 195 églises et chapelles de tout rite, 19 écoles primaires. Résidence à Beyrouth.

6° Diocèse de Césarée de Philippe ou Banéas, rétabli en 1886 : fidèles 4 500, 15 paroisses, 9 églises ou chapelles, 17 prêtres, 19 écoles primaires. Résidence à Gedaidat-Mardjyoun.

7° Diocèse de Damas. Le patriarche est évêque de ce diocèse ; il a, d’ordinaire, un évêque titulaire pour l’assister, actuellement Mu r Homsy, ancien curé de SaintJulien-le-Pauvre, à Paris, archevêque titulaire de Tarse. Fidèles 12 000, 9 paroisses, 9 églises ou chapelles.

8° Diocèse à’Héliopolis ou Baalbcck : fidèles 5 000, 9 paroisses, 10 églises ou chapelles, 15 prêtres, 8 écoles primaires. Résidence à Raalbcck.’.(" I liocèse de l’loiémaïs ou Saint-Jean-d’Acre : fidèles 9000, 24 stations, 25 églises ou chapelles, 34 prêtres, 8 écoles primaires. Résidence à Akka.

10" Diocèse de Sidon : fidèles 1X000, 38 églises ou chapelles, 41 prêtres, 34 écoles primaires. Résidence à Saïda.

11° Diocèse de Tripoli, érigé en 1897. Les Missiones catholicse ne donnent pas encore de chiffre officiel pour ce diocèse.

12° Diocèse de Zahlé et Forzoul : fidèles 17000,

30 églises ou chapelles, 35 prêtres, 12 écoles. Résidence à Zahlé.

Le vicariat patriarcal de Jérusalem comprend une dizaine de paroisses, et celui d’Alexandrie quatre ou cinq. Les melkites ont encore une paroisse à Marseille, une église à Paris depuis 1889 et plusieurs églises dans les États-Unis ; ils ont aussi un représentant à Rome et un autre à Constantinople. Le clergé séculier se forme surtout au séminaire Sainte-Anne, à Jérusalem, ouvert en 1882 par le cardinal Lavigerie et dirigé par les Pères blancs. Ce séminaire comptait, en 1898, 142 élèves, dont

31 pour le grand séminaire et 111 pour le petit. Les élèves melkites sont admis également au collège grec Saint— Athanase, fondé à Rome par Grégoire XIII, le 13 janvier 1577 pour les Ruthènes et réorganisé par un nwtu proprio de Léon XIII, le 15 décembre 1897. Il y a, de plus, un petit séminaire à Beyrouth ; le grand séminaire d’Aïn-Traz, dans le Liban, ancien collège fondé en 1812 par Ma r Matar, vient d’être fermé par M9 r Géraïgiry. Les religieux du rite grec —melkite sont divisés en trois congrégations, qui suivent la règle de saint Basile ou de saint Georges : les alépins, 40 moines et 18 religieuses ; les baladites ou religieux de Saint-Jean, 96 moines et 42 religieuses ; les salvatoriens ou mohalessi, 200 moines et 25 religieuses. Le patriarche des grecs-melkites porte, depuis Grégoire XVI, le titre de patriarche d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Il désirait aussi obtenir la juridiction effective, tant religieuse que civile, sur tous les catholiques du rite grec de l’empire ottoman ; Rome la lui a refusée pour les grecs purs ou hellénophones.

Le Quien, Oriens christianus, Paris, 1740, t. ii, col. 669-1036, où il est question des grecs orthodoxes et des catholiques ; Silbernagl, Verfassung der Kirchen des Orients, Landshut, 1865, p. 281-287 ; Kœhler, Die katholischen Kirchen des Morgent andes, in-8’. Parmstadt, 1896, p. 124-128 ; Neher, KirchenleXikon, t. VIII, col.l216-1221 ; Verner, Orbisterarumcat / « ; (icus, Fribourg, 1890, p. 153 ; Pisani, A travers l’Orient, Paris, p. 240-250 ; A. d’Avril, Les grecs melchites, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1898, p. 1-30, 265-281 ; Franco, L’Église grecque melchite et l’hcllrnisme, dans La Terre-Sainte, 1898, p. 353, 373 ; 1899, p. 65, 84.

S. VailhÉ.

III. ANTIOCHE, patriarcat latin. — I. Histoire du patriarcat (1098-1268). IL Les patriarches titulaires d’Antioche ; sièges suffragants. III. Vicariat apostolique d’Alep ou de Syrie.

I. Histoire du patriarcat latin (1098-1268). — Les Grecs avaient gardé jusqu’en 1084 la principauté d’Antioche conquise sur les Arabes en 969 ; quand les croisés s’en emparèrent à leur tour, le 3 juin 1098, la ville était encore grecque en majorité. Les vainqueurs annoncèrent aussitôt au pape Urbain II que le Christ avait donné à la religion romaine toute la contrée de la Syrie en possession. Toutefois, comme le patriarche grec, Jean, résidait toujours à Antioche, on ne désigna pas de titulaire latin, afin qu’il n’y eût pas, selon les apparences, deux patriarches à occuper le même siège, au mépris des saints canons. Lorsque Jean, ne pouvant se plier à la domination et aux usages des latins, prit le parti, malgré les déférences qu’on lui témoignait, d’aller terminer ses jours à Constantinople, les Francs lui donnèrent un successeur dans la personne de Bernard, né à Valence, en Dauphiné, et précédemment évêque d’Artésia, près d’Antioche. La date de sa nomination est discutée, les bénédictins et Le Quien se prononcent pour l’an 1100, de Mas-Latrie pour l’an 1098 ; il mourut probablement en 1132. Raoul, originaire de Domfront, en Normandie, et déjà évêque de Mopsuèste, en Cilicie, fut promu par acclamation populaire. Il voulut prendre lui-même le palliurn sur l’autel, comme le faisaient ses prédéces