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ANTIOCHE, PATR. GRËC-MELKITE

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Phanar, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, s’est d -eidé à ne pas inquiéter le nouvel élu pour n’avoir pas en perspective un schisme analogue à celui des Bulgares. Mfl r Mélèce lui en a témoigné sa reconnaissance en déposant les rares prélats, favorables à la cause hellénique ; aujourd’hui on peut affirmer que l’élément grec est pour longtemps évincé de la Syrie. Si j’ai insisté sur ces événements politiques, c’est qu’ils résument, à peu de chose près, toute l’activité intellectuelle et.morale du patriarcat syrien pendant les deux derniers siècles.

XII. Situation actuelle et statistique. — Le patriarche grec d’Anlioche, qui s’appelle Béatitude, porte le titre de « patriarche de la grande Théoupolis ou Anlioche et de tout l’Orient ». Il est le troisième dans l’ordre hiérarchique et passe toujours après Constantinople et Alexandrie ; il réside à Damas. Sa juridiction effective — pour ne pas mentionner une sorte de protectorat religieux sur la Perse et l’Ibérie — s’exerçait jadis sur les provinces de Phénicie, Arabie, Syrie, Cilicie, Isaurie, Osrhoène et Mésopotamie ; elle a depuis quelque peu perdu de son ampleur et ne s’étend plus que sur certains territoires des vilayets de Beyrouth, Uamas, Alep, Adana, Diarbékir, Erzéroum et Mamouret el-Aziz. Antioche a cédé au patriarcat de Jérusalem la Phénicie méridionale, avec le diocèse de Saint-Jean-d’Acre, et presque toute l’Arabie, avec les évèchés de Philadelphie et de Hiérapolis ; enfin ses frontières orientales ont été fortement réduites par les patriarcats syrien, jacobite, nestorien, chaldéen et même arménien. Tel qu’il existe cependant, ce patriarcat est le plus considérable après celui de Constantinople. La population est presque exclusivement syrienne de race et arabe de langue ; elle se sert de l’arabe en conversation et dans la plus grande partie de la liturgie. Il n’y a pas encore d’école théologique au sens propre du mot ; les curés sont choisis parmi le peuple, ils vaquent aux travaux de la campagne et se distinguent très peu de leurs fidèles. Les dignitaires ecclésiastiques reçoivent une meilleure instruction dans quelques monastères.

D’après un rapport officiel des Grecs, publié par les Busses et reproduit dans les Échos d’Orient, t. m (1900), p. 143-147, le patriarcat grec d’Antioche comprendrait 13 éparchies, 71050 familles et 356000 habitants. En dehors des 13 métropolites, le patriarche s’entoure ordinairement de deux évoques, qui ont les titres d’Irénoupolis et d’Édesse. Voici la statistique officielle par éparchies avec les remarques des Busses : 1° Éparchie d’Anlioche, patriarche résidant à Damas ; à Antioche (j00 familles, à Damas 1 000, dans 4 villages suburbains de Damas 300, dans 7 villages loin de Damas 1 000. Total 2 villes, 11 villages, 2900 familles ; — 2 » Éparchie de Ti/r et Sidon, résidence à Saïda ; à Hasbaïa 300 familles, à Bacheïa 400, dans 15 villages 1100. Total 1 800 familles ; — 3° Éparchie de Séleucie, résidence à Zahlé ; à Zahlé 1000 familles, à Malakié 1000, dans 10 villages 3000. Total 5000 familles ; — 4° Éparchie d’Émise ou Hiidis, résidence à Homs ; à Homs 1 000 familles, dans 10 villages 1500. Total 2500 familles ; - 5° Éparchie d’Epiphanie, ou Ilamah, résidence à Hamah ; à Hamah 800 familles, dans 8 villages 2000. Total 2800 familles ; — 6° Éparchie d’Alep, l’ancienne Bérée, résidence à Alep ; à Alep 200 familles, à Alexandrette 350, dans 3 villages 250 Total 800 familles ; — 7° Éparchie d’Amid ou Diarbékir, résidence à Diarbékir ; à Diarbékir 200 familles, dans 4 villages 800. Total 1000 familles ; — 8° Eparchie de Théodosioupolis ou Erzéroum, résidence à Erzéroum ; à Erzéroum 300 familles, dans 4 villages 900. Total 1200 familles ; — 9° Éparchie de Tarse et Adana, résidence à Mersine ; à Tarse 200 familles, à Adana 400, à Mersine 500, dans 12 ou 13 villages 940. Total 2 050 familles ; — 10° Éparchie de Laodicée, résidence à Latakié ; à Latakié 2000 familles, dans 12 villages 3000. Total 5000 familles ; - 11 » Éparchie

d’Arcadie, résidence à Akkar ; dans 70 villages 10000 familles ; — 12° Eparchie de Tripoli, résidence à Taraboulos ; à Tripoli 6000 familles, dans 12 villages 10000. Total 16000 familles ; — 13° Éparchie de Beyrouth, résidence à Beyrouth ; à Bevrouth 10000 familles, dans 12 villages 10000. Total 20000 familles.

Le rapport russe que nous traduisons ajoute que les grecs ont considérablement grossi le nombre des orthodoxes et qu’il fallait s’y attendre, vu le caractère officiel du document. Les renseignements privés de la société russe lui permettent de corriger ainsi les chiffres dans les cinq éparchies suivantes : 1° Eparchie d’Antioche, à Antioche 400 familles au lieu de 600 ; à Damas 840 au lieu de 1000 ; dans les 4 villages suburbains 530 au lieu de 300 ; dans les 7 villages éloignés 800 au lieu de 1 000 ; mais il faut ajouter 150 familles du Hauran. Total 2720 familles au lieu de 2900 ; — 2° Éparchie de Laodicée, 400 familles au lieu de 2000 ; — 3° Éparchie d’Arcadie, 95 villages au lieu de 70, et 6760 familles au lieu de 10000 ; — 4 » Éparchie de Tripoli, 1000 familles au lieu de 6000 ; — 5° Éparchie de Beyrouth, Q000 familles au lieu de 10000 en ville. Total 16880 familles au lieu de 30900 pour ces 5 éparchies. Les autres diocèses demanderaient de semblables et peut-être de plus grandes rectifications. L’ensemble des orthodoxes ne s’élève pas en conséquence au delà de 250000, et peut-être ce chiffre est-il encore forcé.

Nous n’avons pas de statistique officielle qui puisse nous donner un aperçu des écoles tenues par les indigènes dans le patriarcat d’Antioche, mais les Échos d’Orient ont publié récemment (1900), t. iii, p. 177-181, sous le titre de : Les écoles russes de Palestine et de Syrie, le compte rendu officiel, imprimé à Saint-Pétersbourg, des écoles ouvertes en ces dernières années par la Société russe de Palestine. Cette statistique, accompagnée de cartes, explique la marche croissante des Busses en Syrie, l’influence prépondérante qu’ils ont acquise sur les Gréco-Arabes qui vient d’être couronnée par l’expulsion définitive des Grecs. On peut diviser ces établissements scolaires en trois groupes principaux pour la seule province de Syrie.

1° La ville de Beyrouth possède 5 écoles d’instruction primaire pour filles ; 4 quartiers en sont pourvus, celui de Haï-Bouméli en a même deux. Le nombre des élèves est de 810, elles sont confiées aux soins de 23 institutrices. Jusqu’ici, les Busses n’ont pas ouvert d’école pour les garçons, mais on n’ignore pas en Turquie les pourparlers engagés avec le gouvernement ottoman dans le but de créer une université russe de médecine, qui s’efforcerait de battre en brèche l’université française des jésuites et l’université protestante américaine.

2° La Syrie, c’est-à-dire Damas et les environs, possède 24 écoles primaires, dont 16 pour les garçons, 3 pour les filles et 5 mixtes. Le nombre des élèves est de 2215 répartis ainsi : 705 dans les écoles de garçons, 560 dans les écoles de filles, et 950 dans les écoles mixtes. Il y a 60 instituteurs ou institutrices, un inspecteur assisté d’un secrétaire et d’un agent qui réside à Beyrouth.

3° La haute Syrie possède 12 écoles primaires, dont 9 de garçons, 2 de filles, 1 mixte, qui comptent 1 800 élèves pour les écoles de garçons, 500 pour les écoles de filles et 100 pour l’école mixte, soit un total de 2 400 élèves suivant les leçons de 65 maîtres ou maîtresses, sous la garde d’un inspecteur.

Voir les ouvrages indiqués dans l’article et J. Neale, A liistorij of the flrstly easlern Church : the patriarcal of Antioch, togetlicr with memoirs of the patriarchs of Antioch, Londres, 1873, in-8°, 229 p. Pour le xviu siècle, The travcls of Macarius patriarch of Antioch, traduit de l’arabe par C. Belfour, 2 vol. in4% Londres, 1830.

S. Vailhé.

II. ANTIOCHE, patriarcat grec-melkite. — I. Histoire du patriarcat. II. Situation actuelle et statistique.