Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/734

Cette page n’a pas encore été corrigée

1409

ANTIOCHE, PATRIARCAT GREC

1410

l’Église, qui mettent en mouvement les églises particulières. Le seul chef de l’Église est donc le Christ ; théorie qui est en contradiction ahsolue avec celle de Rome et avec la théologie catholique. Cependant Pierre ne jugeait pas le schisme nécessaire et conservait l’illusion qu’entre Rome et Constantinople un accommodement était possible. Il ne vit pas qu’en prenant parti pour Cérulaire dans la question des azymes, l’addition du Filioque au symbole, le mariage des prêtres, etc., il se rangeait, sans le savoir, contre l’Église romaine et contribuait de la sorte à affermir un schisme qu’il détestait. Le successeur de Pierre, Théodose, n’eut pas les mêmes scrupules. En 1057, on trouve ce personnage à Byzance dans la suite du patriarche révolté contre le pape ; c’est lui qui proclame devant le peuple Isaac Comnène empereur. L’adhésion finale du patriarche d’Antioche à la cause du schisme est donc un fait établi ; elle entraîna celle de tous les métropolitains et de tous les évêques qui étaient soumis à sa juridiction. Voir L. Bréhier, Le schisme oriental du XIe siècle, Paris, 1899, passim. Sur l’administration byzantine d’Antioche avant’les croisades, voir G. Schlumberger, Sigillographie de l’empire byzantin, Paris, 1881, p. 306-318.

IX. Sièges suffragants d’Antioche. — Sous Dioclétien, l’empire d’Orient comprenait les quatre diocèses d’Orient, de Pont, d’Asie et de Thrace, ayant pour métropoles les villes d’Antioche, Césarée, Éphèse et Héraclée. L’Egypte était encore placée sous l’obédience du comte d’Orient au point de vue administratif, elle n’obtint son autonomie que sous Théodose le Grand. Cette situation des quatre divisions civiles et de la province égyptienne fut reconnue et confirmée par le 6e canon de Nicée en 325 : « L’ancienne coutume, disent les Pères, en usage en Egypte, etc., doit continuer à subsister, c’est-à-dire que l’évêque d’Alexandrie a ura juridiction sur toutes ces provinces… On doit de même conserver aux Églises d’Antioche et des autres Éparchies les droits qu’elles avaient auparavant. » Il n’est pas aisé de reconnaître les droits dont parle l’assemblée ; néanmoins il semble évident que les Pères veulent conserver à Antioche sur les provinces du diocèse d’Orient les droits de juridiction, que possédaient Alexandrie sur l’Egypte, et Rome sur les provinces occidentales. On a publié récemment les listes épiscopales du concile de Nicée : Patrum nicœnorum nomina latine, grrecc, coptice, syriace, arabice, armeniace, sociata opéra ediderunt H. Gelzer, H. Hilgenfeld, O. Cuntz, Leipzig, 1898. On voit que le diocèse d’Antioche comprenait alors les provinces de Palestine, d’Arabie, de Phénicie, de Célésyrie, de Mésopotamie, de Cilicie, d’Isaurie, peut-être aussi l’île de Chypre. Si l’on jette les yeux sur les pages lx et lxi de l’Introduction, on trouvera l’index restitutus des évêques de nos provinces qui assistèrent au concile. J’ai déjà raconté comment Chypre et Jérusalem emportèrent de haute lutte leur indépendance ; en 451, c’était un fait accompli. La subdivision de plusieurs des provinces nommées plus haut était aussi entrée en usage. L’ancienne province impériale de Cilicie, divisée en deux : la Cilicie et l’Isaurie, fut, sous Arcadius, scindée en trois provinces : la Cilicie première, la Cilicie seconde et l’Isaurie. L’Arabie avait succédé au royaume nabaléen de Pétra que Trajan avait aboli en l’an 105 ; elle possédait les mêmes provinces, à l’exception de la Batanée, de la Trachonite et de l’Auranite rattachées à la Syrie jusqu’en 295. A ce moment, les trois provinces du nord revenaient à l’Arabie, tandis qu’elle perdait un peu plus tard la partie méridionale de son territoire dont on formait la Palestine troisième. La Syrie avait été divisée, vers l’an 194, par Septime Sévère en Syria magna ou Célésyrie et en Phénicie, division qui subsistait encore en 325. A la suite de la réorganisation de l’empire opérée par Théodose et Arcadius, la Syria magna ou Célésyrie se fractionna en Syrie première,

DICT. DE TI1ÉOL. CATIIOL.

Syrie seconde et Syrie de l’Euphrate ; la Phénicie en Phénicie maritime et Phénicie libanaise. Restait la Mésopotamie, cédée en partie aux Perses en 363, après la défaite de Julien, et qui constituait deux provinces : l’Osrhoëne, formée avec le territoire d’une dynastie locale, et la Mésopotamie. J. Marquard, Organisation de l’empire romain, Paris, 1892, t. ii passim, et Kuhn, Ueber das Verzeichniss der romischen Provinzen, aufgesetzt uni 297, dans les Jahrbucher fur classische Philologie, 1877, p. 697.

Nous connaissons la plupart des sièges de l’Église antiochienne, ils dépendaient de onze provinces ecclésiastiques qui avaient d’ordinaire les mêmes limites que les circonscriptions civiles. A cette époque, chaque ville en Orient possédait son évêque, et dans les provinces où l’élément nomade était plus réfractaire à la vie urbaine comme l’Arabie, chaque chef-lieu de district ou métrocomie en était également pourvu. On trouvera la liste des évêchés dans Le Quien, Oriens christianus, Paris, 1740, t. ii col. 7774036. Je me borne à donner ici le nom des provinces avec leur métropole respective et le nombre des sièges épiscopaux soumis à leur juridiction. Le patriarcat d’Antioche comprenait les onze provinces suivantes : 1° la Syrie première, métropole Antioche, 9 évêchés ; 2° la Phénicie première ou maritime, métropole Tyr, 12 évêchés ; 3° la Phénicie seconde ou libanaise, métropole Damas, 13 évêchés ; 4° l’Arabie, métropole Bostra, 14 évêchés ; 5° la Cilicie première, métropole Tarse, 7 évêchés ; 6° la Cilicie seconde, métropole Anazarbe, 9 évêchés ; 7° la Syrie seconde, métropole Apamée, 7 évêchés ; 8 u l’Euphratensis, métropole Maboug ou Hiérapolis, 13 évêchés ; 9° YOsrhoène, métropole Édesse, 12 évêchés ; 10" la Mésopotamie, métropole Amida ou Diarbékir, 13 évêchés ; 11° l’Isaurie, métropole Séleucie, 29 évêchés.

Le travail de Le Quien, excellent pour le xvin siècle, aurait besoin d’être rectifié et surtout complété à l’aide des nombreuses listes parues depuis et tirées des manuscrits ou des recueils d’inscriptions. Bien des villes épiscopales, qui ne figurent pas dans son catalogue, devraient y être ajoutées ; d’autres, qui y sont déjà inscrites, verraient le nombre de leurs évêques augmenter considérablement ; la plupart enfin pourraient être identifiées d’une manière à peu près sûre avec des villes ou des ruines modernes. Je ne saurais tenter ici une entreprise aussi laborieuse et aussi ingrate. Je l’ai essayé ailleurs pour une province de ce patriarcat : La province ecclésiastique d’Arabie, dans les Echos d’Orient, 1899, p. 166-179. Les évêchés d’Arabie, de 14 selon Le Quien, passent au nombre de 20, et presque tous les sièges épiscopaux reçoivent une identification certaine. On peut consulter pour l’organisation civile de l’empire d’Orient, fondement de la hiérarchie ecclésiastique, la Notilia dignitatum et adminislrationum omnium lam civilium quam militarium in partibus Orientis et Occidentis, édit. Bocking, Bonn, 1839, sorte d’annuaire impérial composé dans les premières années du Ve siècle ; le Hieroclis Synecdemus, édit. Aug. Burckhardt, Leipzig, 1893, document purement civil de l’an 535 sous l’empereur Justinien ; la Georgii Cyprii descriplio orbis romani, édit. H. Gelzer, Leipzig, 1890, statistique purement civile de l’an 605 ou 606, et le Hieroclis Synecdemus et Nolilise græcse episcopatuum, de G. Parthey, Berlin, 1866. La conquête arabe amena peu de modifications, au moins dans les premières années, à cette distribution des provinces ; toutefois Léon l’Isaurien (717-741) détacha du patriarcat d’Orient Séleucie d’Isaurie et 21 de ses évêchés suffragants pour les donner au patriarcat de Constantinople. La raison de ce changement était toute politique, Antioche appartenait au calife, tandis que cette partie de l’Isaurie relevait encore de l’empire byzantin. G. Parthey, Hieroclis Synecdemus, p. 7’t : Leonis Sapientis et Photii ordo palriarcharum.

I. - 45