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ANTIOCHE, PATRIARCAT GREC

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Jérusalem restèrent à l’avenir paisibles possesseurs d’un patriarcat, qui comprenait trois prpvinceset soixante évêchés. Voir L’érection du patriarcat de Jérusalem (451), dans la Revue de l’Orient chrétien, 1899, p. 44-57.

L’Église de Perse était une fille spirituelle de l’Église de Syrie. Le primat de Séleucie-Ctésiphon devait recevoir la consécration épiscopale du patriarche d’Antioche, dont il était le représentant officiel et le légat ou catholicos. Les auteurs syriens s’accordent à reconnaître que les successeurs de saint Maris jusqu’à Ahadaboui furent ordonnés par le primat de Syrie. Schahloupa, mort à la fin du m e siècle, serait le premier qu’on aurait consacré à Séleucie-Ctésiphon. Les princes sassanides auraient alors exigé la modification de l’ancien règlement ecclésiastique, et depuis le concile de Nicée environ les évêques de Séleucie n’allèrent plus en Syrie chercher la consécration épiscopale. Toutefois les liens de vassalité n’étaient pas rompus et la Perse dépendait encore’d’Antioche. Nous avons vu que les partisans de Nestorius se réfugièrent à l’école théologique d’Édesse, qui admit le nestorianisme parmi les articles fondamentaux de son enseignement. En raison même de sa situation privilégiée sur la frontière des deux empires, romain et perse, cette ville voyait affluer à ses écoles les étudiants des deux pays ; elle devenait par là le centre et le refuge du nestorianisme qui s’infiltrait ensuite dans les villes de la Chaldée et de la Mésopotamie. En 489, l’empereur Zenon ferma l’école d’Édesse afin de sauvegarder la foi de ses sujets ; aussitôt professeurs et élèves passèrent en Perse où ils furent accueillis comme des libérateurs. Sous l’impulsion de Barsumas, évêque nestorien de Nisibe, tout un plan de réformes fut conçu en vue de soustraire l’Église de Séleucie à la juridiction d’Antioche et de lui assurer une vie dogmatique et disciplinaire tout à fait distincte. Dès lors, l’Église perse se constitua en chrétienté autonome et la métropole de Séleucie fut élevée au rang de siège patriarcal. Acace en fut le premier titulaire. Dès lors aussi, les provinces ecclésiastiques situées au delà du Tigre, dans le Turkestan et l’Extrême-Orient, furent perdues sans retour pour Antioche.

VIL DU CONCILE DE ClIALCÉDOINE A LA CONQUÊTE

arabe (451-638). — Le fameux abbé Barsumas, Syrien d’origine et de langue, avait appuyé de ses coups de_ bâton plus que de son éloquence le brigandage d’Éphèse en 449 ; il mourut neuf ans après, adversaire obstiné de la foi de Chalcédoine, laissant à de nombreux disciples une foi à défendre et sa mémoire à venger. Mais Marcien et Léon gouvernèrent longtemps l’Empire ; ils avaient l’âme catholique, le sens très net de leur responsabilité, ils avaient, en outre, la main assez ferme pour imposer leur vouloir aux récalcitrants. L’opposition le savait, elle resta dans l’ombre sous les patriarches Maxime (f 456), Basile (f 458), Acace (f 460) et Martyrius. Vers l’an 468 arrivait dans Antioche le moine Pierre, surnommé le Foulon, à cause du métier qu’il avait jadis exercé au couvent des acémètes dans le diocèse de Chalcédoine. Alexandre le Moine, Laudatio in apost. Barnabam, P. G., t. lxxxvii, col. 4099. Il était audacieux, brouillon, monophysite et surtout ami du gouverneur de la Syrie, le futur empereur Zenon, qui lui promettait de l’avancement. En quelques mois Martyrius se voyait contraint de céder la place au nouvel arrivant (470). Cette première usurpation dura peu ; l’année suivante, le Foulon se réfugiait chez ses frères les acémètes. En 476, le vent de la fortune le portait encore aux honneurs, d’où une nouvelle catastrophe le renvoyait en exil deux ans après pour l’appui qu’il avait prêté au tyran Basilisque. L’hérétique Jean Codonat lui succéda, il fut déposé au bout de trois mois ; mais les monophysites ne courbèrent pas la tête et, en 479, ils jetaient dans l’Oronte le cadavre mutilé d’Etienne II, patriarche orthodoxe. Acace de Constantinople profita de ces dissensions intestines pour consacrer, en dépit des

canons, Etienne III et Calendion (482). Ce dernier fut banni en 485 pour des motifs politiques, et forcé de se retirer devant le vieil hérésiarque, Pierre le Foulon, qui occupa le siège d’Antioche jusqu’à sa mort (488). Palladius qui le remplaça jusqu’en 498 partageait toutes ses erreurs.

Un modéré, saint Flavien, vint ensuite. Dès son élection, il vit se révolter contre lui presque toute la province de Syrie, soulevée par deux révolutionnaires de génie, Xénaïas ou Philoxène et Sévère, originaire de Sozopolis en Pisidie et moine au couvent de Pierre l’Ibère près de Gaza. Flavien, comme Élie de Jérusalem, était très conciliant sur la question des personnes, difficile sinon inflexible sur celle des principes. Il voulait bien recevoir la communion des nombreux prélats que les caprices de l’empereur nommaient au poste de Constantinople ; il se refusait, en retour, à condamner les deux natures en Jésus-Christ. Enfin, aux conciles de Sidon (512), et de Tyr (513), acculé à prendre une position franche, il se déclara pour le maintien de la foi de Chalcédoine et s’en alla expier à Pétra (513), certaines de ses complaisances. Th. Nôldeke, Die Synoden von Sidon und Tyrus, dans la Byzantinische Zeitschrift, 1892, p. 332-335, et Josua Stylites und die damaligen kirchlichen Parteien des Ostens, dans Byz. Zeitschrift, 1892, p. 31-49. Le chef du parti monophysite pour l’audace et l’étendue des connaissances, le moine Sévère, monta aussitôt à l’assaut des honneurs, d’où l’arrivée de Justin au pouvoir le contraignit à descendre (519). Nous verrons plus loin comment il organisa avec ses amis l’Église jacobite. Paul II, qui dut abdiquer, et le faible Euphrasius ne purent ramener la victoire dans le camp catholique ; les monophysites augmentaient en nombre et en valeur, constituaient un patriarcat indépendant calqué sur celui d’Antioche et se subdivisaient dans une prodigieuse fécondité en une multitude de sectes rivales. Sous le pontificat d’Euphrasius, Antioche, si souvent démolie par les tremblements de terre et toujours reconstruite avec plus de luxe et de richesse, fut complètement changée en un monceau de ruines et perdit environ 250 000 personnes, écrasées sous les débris des maisons (526-528). Justinien la fit relever à grands frais et, sur le conseil de saint Syméon Stylite le jeune, lui donna le nom de Théoupolis. Dix ans après, les Perses réduisaient en cendres la vieille cité et traînaient en captivité presque tous ses habitants. Justinien ne recula pas devant une seconde reconstruction, accomplie, il est vrai, sur un nouveau plan et dans des proportions plus réduites. Une partie des remparts, qui datent de ce temps, subsiste encore de nos jours. L’ancien comte d’Orient, saint Éphrem (529-515), apporta à la vieille métropole beaucoup de science et de vertu ; il lutta avec zèle contre les origénistes palestiniens et réfuta leurs erreurs dans une lettre synodale. Domnus III, mort en 559, assista au V e concile œcuménique ; saint Anastase fut banni à Jérusalem par Justin II en 570, et remplacé par Grégoire, higoumène du mont Sinaï ; à la mort de ce dernier (593), Maurice rétablit saint Anastase sur son siège qu’il occupa jusqu’en 599. Son successeur, nommé aussi Anastase, trouva la mort en 607 dans une émeute organisée par les Juifs qui mutilèrent son cadavre. Le trône patriarcal était vacant quand les hordes de Chosroés couvrirent la Syrie de sang et de ruines (614) ; il avait un titulaire jacobite et monothélite, quand les fougueux enfants du désert arborèrent sur les remparts d’Antioche le drapeau du Prophète, août 638.

Sur les querelles monophysites, on peut consulter, outre les sources déjà connues de Cyrille de Scythopolis, Vita sancti Euthymii, dans Cotelier, Monum. Ecclesix grxca, Paris, 1677 sq., t. il, et Vita sancti Sabse, ibid., t. m ; d’Évagre, Hist. eccles., P. G., t. lxxxvi, des chroniqueurs byzantins, entre autres Théophane, P. G., t. cvm, les ouvrages monophysites récemment édités par M. R. Raabe, Petrus der Iberer, in-8% Leipzig, 18’JD,