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AXTIOCHE, PATRIARCAT GREC

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V. Schisme d’Antioche (330— 115). — Quand saint Eustathe fut déposé en 330 par les ariens, ses partisans formèrent une communauté à part, qui n’entretenait aucune relation avec les hérétiques. En 300, l’arien Eudoxe ayant échangé le trône primatial d’Antioche pour le simple évêché de Constantinople, ses amis élurent à sa place Mélèce, évêque de Sébaste en Arménie (361). Celui-ci passait, à tort ou à raison, pour être de leur parti ; à tort, semhle-t-il, puisque, dès son premier discours, il défendit la consubstantialité du Verbe, sans pourtant se servir de ce mot ; ce qui lui valut d’être exilé par Constance moins de trente jours après sa nomination. Euzoïus, un arien pur, lui succéda. Le retour de Mélèce coïncida avec le règne de Julien (362) ; toutefois, l’auréole de son bannissement ne pouvait, aux veux des eustathiens, dissiper la souillure contractée par son élection arienne ; ils restèrent donc à l’écart. En conséquence, il y eut trois partis dans la capitale de l’Orient : les eustathiens, minorité inlime soutenue par l’Egypte et l’Occident, les méléciens qu’appuyaient tous les catholiques d’Orient, et les ariens. Des saints, des évêques et autres personnages marquants du catholicisme s’employèrent tour à tour à réunir les deux fractions orthodoxes qui se boudaient pour une simple question de personnes, ils échouèrent totalement. Il est vrai que Lucifer de Cagliari, chargé de terminer cette affaire, était le plus impropre à mener une négociation. Son humeur batailleuse le poussa à consacrer évêque le prêtre Paulin, chef de la communauté eustathienne, et la division ne lit ainsi que s’accroître.

Après deux nouveaux exils subis en 361 et 370, Mélèce offrit une transaction à Paulin qui crut de sa dignité de la refuser ; alors chacun nomma des évêques de son parti à tous les sièges qui en manquaient, parfois même aux sièges qui en possédaient déjà, et l’affreuse lèpre du schisme s’étendit encore. Un accord survint ensuite entre Paulin et Mélèce pour que, à la mort de l’un des deux, le survivant fût reconnu comme le seul évêque catholique. Et pourtant, à la mort de Mélèce, durant le concile de Constantinople (381), un successeur lui fut donné dans la personne de Flavien, au grand désespoir de saint Grégoire de Nazianze qui voulait mettre un terme à ce schisme. De leur côté, les amis de Paulin le remplacèrent par Évagre, en 388. Lorsque Évagre succomba (392), Flavien obtint qu’on remit à plus tard l’élection de son successeur et, en 398, il se fit reconnaître du saint-siège par l’intermédiaire de saint Jean Chrysostome et de Théophile d’Alexandrie. Une partie des eustathiens persistait toujours dans son isolement ; l’élection de Porphyre (404) n’était pas faite pour la ramener. Les persécutions de ce dernier contre tous ceux qui manifestaient la moindre sympathie envers l’exilé de Gueuse lui aliénèrent même une partie de la population mélécienne. Enfin, en 415, Alexandre assista à un office célébré par la Petite-Église ; ses avances inespérées entraînèrent la réconciliation générale et le baiser de paix lit oublier une division qui avait duré quatre-vingt-cinq ans.

VI. Conciles d’Éphèse et de Chai.cédoine. Perte de Chypre, de la Palestine et de la Perse. — Nestorius (tait Syrien et condisciple de Jean, évêque d’Antioche (428-441), qui soutint avec trop d’ardeur la cause désespérée de son ami. Pendant que Cyrille, Juvénal et Memnon condamnaient à Epbèse, le 22 juin 431, l’adversaire de l’union hypostatique du Verbe, Jean et quarante-trois évêques du diocèse d’Orient tenaient un conciliabule qui prononçait la déposition de Cyrille et Memnon et l’absolution de Nestorius. Jean s’obstinail alors, par dépit ou par ambition, dans une rivalité sourde aux visées du « pharaon égyptien », dont l’ascendanl croissait chaque jour. Après des négociations pénibles, et sous la menace d’une excommunication, le prélat d’Antioche souscrivit la formule proposée et

écrivit en termes affectueux à son collègue d’Alexandrie (433). Le 13 avril de la même année, saint Cyrille communiquait à son troupeau la joyeuse nouvelle de cette réconciliation, qui fut approuvée par le pape Sixte III. L’exemple du métropolitain ne fut pas suivi par tousses suffragants. Helladede Tarse, Eulhyre de Tyane, Alexandre de Hiérapolis, les évêques des deux Ciliciesse séparèrent de Cyrille et de Jean ; d’autres, plus modérés, se contentèrent de blâmer la déposition de Nestorius. Jean usa de tous les moyens, même de la force séculière, pour les faire rentrer dans l’obéissance. Les écrits des hérétiques furent brûlés, Nestorius banni en Egypte et ses partisans contraints de se réfugier à Edesse.

Le concile d’Éphèse régla une autre question pendante depuis un siècle entre l’île de Chypre et le primat d’Antioche, et il la régla en défaveur de ce dernier. Alexandre, évêque d’Antioche (413-421), s’était plaint au pape Innocent I er de voir son autorité méconnue par les prélats de Chypre qui consacraient eux-mêmes leur métropolitain. La réponse du pape avait été favorable à ces revendications d’Alexandre qui n’aboutirent pas. En 431, à la mort de Troïle, archevêque de Salamine, les évêques chypriotes lui donnèrent Rheginus pour successeur, malgré l’opposition de Jean d’Antioche. Rheginus partit aussitôt pour Éphèse avec trois de ses suffragants. Au concile, ils eurent l’intelligence de voter en faveur de l’orthodoxie et prièrent les Pères de confirmer l’autonomie de leur île, menacée par l’ambition de Jean. Les Pries y consentirent mais avec des réserves formelles. Si Jean pouvait dans la suite prouver que la juridiction de son Église sur Chypre était antérieure à saint Épiphane, il rentrerait en possession de tous ses droits. Plus tard, Pierre le Foulon tentait encore de courber l’île sous l’autorité d’Antioche, lorsqu’on découvrit près de Constantia le corps de saint Barnabe, le premier apôtre de Chypre (488). Dès lors, les réclamations du Foulon étaient mal venues, puisque Constantia pouvait se glorifier d’être une Église apostolique ; en définitive, l’île de Chypre resta en possession de son autocéphalie que, depuis, elle n’a jamais perdue. Théodore le Lecteur, Histor., ii, 2, P. G., t. lxxxvi, col. 181 ; Alexandre le Moine, Laudalio in apost. Barnabcuii, P. G., t. lxxxvii, col. 4101.

Un extrême en appelle toujours un autre. Nestorius avait nié l’unité de la personne du Christ, Eutychès l’exagéra au point de soutenir l’unité de nature. Domnus, évêque d’Antioche (441-449), neveu de Jean et disciple de saint Euthyme en Palestine, se signala d’abord par sa ferme orthodoxie, il présenta même à Eutychès quelques justes observations ; puis, se laissant emporter par le courant monophysite qui entraînait tout en Syrie, il signa tout ce qu’on voulut au brigandage d’Éphèse (449), et n’en fut pas moins déposé comme suspect de tiédeur. Maxime fut consacré à sa place par l’évêque de Constantinople, Anatole, à l’encontre des prescriptions des anciens canons.

Le concile de Chalcédoine, si funeste à tant de titres aux Églises syriennes, consacra l’usurpation de Juvénal, évêque de Jérusalem, qui venait d’enlever à Césarée de Palestine son titre de métropole et de soustraire les trois provinces de Palestine à l’autorité de Maxime. Le prélat peu scrupuleux, catholique au concile d’Ephèse, hérétique au brigandage et de nouveau catholique à Chalcédoine, selon que ses intérêts le poussaient dans l’un ou l’autre camp, venait enfin de réaliser les désirs d’agrandissement que les évêques de Jérusalem nourrissaient depuis un siècle. Il faillit même obtenir l’Arabie et la Phénicie et rogner ainsi de moitié le diocèse de son voisin. En vain, Maxime d’Antioche, qui avait cédé dans la crainte de perdre davantage, se plaignit-il, après le concile, au pape saint Léon ; en vain celui-ci promit-il de le soutenir envers et contre tous, le temps qui légitime tout lit oublier ce coup de force et les titulaires de