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ANTILOGIES BIBLIQUES — ANTIMENSION

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meneutica bWlica catholica, 3’édit., Inspruck, 1846, p. 164-179 ; J. Danko, De sacra Scriptura, Vienne, 1867, p. 300-301 ; F. X. Patrizi, Inslitutio de interpretalione Bibtiorum, 1’édit., Rome, 1876, p. 119-122 ; U. Ubaldi, Introductio in sac. Script., Rome, 1881, t. iii, p. 248-256 ; R. Cornely, Introductio generalis, 2’édit., Paris, 1894, p. 597-600 ; V. Zapletal, Hermeneutica biblica, Fvibourg, 1897, p. 107-111 ; C. Chauvin, Leçons d’introduction générale, Paris, 1898, p. 522-527. Nous avons publié dans le Dictionnaire de la Bible de Vigouroux, t. i, col. 668-669, une liste d’ouvrages modernes, dans lesquels les contradictions apparentes de l’Ecriture sont résolues. Nous pouvons y ajouter ici : Dominique Baltanas, 0. P., Concordantias de muchos passos difficiles de la divina historia, in-8°, Séville, 1556 ; Cori, Concordantiæ morales locorum pugnantium tam Vet. quam N. T., Viterbe, 1653 ; François Carrière, Commentarius in universam Scripturam… cum… principalium totius codicis biblici antilogiarum numéro quinquagentarum conciliatione, in-fol., Lyon, 1663 ; Marc de Bérulle, Continuation de l’ouvrage sur la sainte Bible, in-fol., Grenoble, 1679, t. iii, dans lequel se trouvent : …3° la concordance des passages qui semblent opposés ; Jean Mancebon († 1660), Discordise concordes, 15 vol. sur l’Ancien Testament et 3 sur les Évangiles ; Joseph-Ange de la Nativité, carme, Lector biblicus, 1725 ; Tobie Ferentzy, 0. M., Selecti sacrse Scripturse textus, in-8°, 1744 ; Wenceslas Krauss, S. J., Verbum Dei scriptum verbis et doctrinis Patrurn, interpretationibus doctorum, ab apparentibus contradictionibus defensum, in-8° Olmutz, 1750 ; Léonard de Saint-Martin, Summa scripturistica, 3 in-12, Gand, 1774-1776 ; J.-B. Jaugey, Dictionnaire apologétique de la foi catholique, Paris, 1889, Antilogics du Nouveau Testament,

col. 161-187.

E. Mangenot.

ANTIMENSION. - I. Ce que c’est. II. Du ix « au xvin siècle. III. Pratique actuelle. IV. Grecs unis.

I. Ce que c’est. — L’antimension, appelé aussi quelquefois Opôvoç. xaôilpaxjt ; et même eïXï)t6v, est un linge consacré et renfermant des reliques, en usage dans l’Église grecque et destiné primitivement à convertir en autel une simple table sur laquelle on le déposait.

Dans les circonstances où manquait l’autel ordinaire, fixe, muni de reliques et oint du saint chrême, comme sur les navires, dans les camps, dans les oratoires, le respect dû à l’eucharistie fit imaginer l’autel portatif. Nous n’avons pas à en faire ici l’histoire : bornons-nous à rappeler que tous les rites orientaux se servent aujourd’hui encore d’autels portatifs en bois, excepté le rite byzantin qui les a pourtant connus aussi jadis, comme en témoignent saint Théodore le Studite et Nil Kérameus dans les passages cités plus loin, mais qui les a depuis longtemps remplacés par l’antimension.

On trouvera la description d’un magnifique antimension dans Mai, Biblioth. nova Patrurn, t. v, prcef., p. viii, et de quelques antimensia modernes dans notre article L’antimension chez les Grecs, Échos d’Orient, avril 1900, p. 193 sq. Sur un carré de 50 à 60 centimètres de côté, bien plus souvent en lin qu’en soie, malgré l’affirmation contraire de Brightinan, Liturgies eastern and western, t. I, p. 569, sont imprimés en noir de nombreux dessins, dont les principaux figurent toujours la descente de croix ou la mise au tombeau : les autres représentent la Trinité, les prophètes, les évangélistes, les saints docteurs, les instruments de la passion, etc. Au revers, une pochette renferme quelques fragments de reliques. L’antimension est souvent doublé d’une étoffe de couleur pour éviter une usure trop rapide ; mais on néglige d’y joindre, comme le demandait justement Syméon de Thessalonique, un diminutif des nappes de l’autel : tout au plus y voit-on coudre parfois les quatre petits linges qui portent l’image ou le nom des quatre évangélistes.

II. Du ix « au xviiie siècle. — Saint Théodore le Studite, P. G., t. xcix, col. 1056, nous parle déjà d’autels portatifs en étoffe : mais c’est vers la fin du xiie siècle que nous trouvons les antimensia signalés pour la première fois sous ce nom, dans une réponse longtemps attribuée à Jean, évêque de Kitros, et adressée à Constantin Cabasilas, métropolite de Durazzo. Rhalli et Potli, S-jvTayu, » tù>v ispwv y.avdvtov, t. V, p. 413, 41’t. Ils

sont exclusivement consacrés le jour de la dédicace d’une église, en même temps que l’autel où ils restent ensuite déposés pendant sept jours, et servent enfin aux prêtres qui n’ont pour célébrer qu’un autel non consacré. On peut les transporter d’un diocèse à l’autre. Jean de Kitros écrit àvnuivaiov, qu’il prétend venir de uivo-o ; , mets, en souvenir des mets qui constituent la table sainte du Seigneur. Cette étymologie, malgré son symbolisme recherché, ne nous paraît pas devoir remplacer l’explication acceptée plus communément par les liturgistes modernes : ceux-ci rattachent en général antimension au latin mensa.

Balsamon, In can. 7 conc. Vil œcam., P. G., t. cxxxvii, col. 912, ne fait que répéter l’évêque de Kitros. Il en est de même du can. 95 publié par Pitra, Juris ecclesiast. Grsec, t. ii p. 337, sous le nom de saint Nicéphore. Quatre autres canons, ibid., et p. 329, sont aussi relatifs aux antimensia. Mais tous les cinq sont attribués ailleurs tantôt à saint Théodore le Studite, tantôt au concile de Chalcédoine, tantôt à saint Jean Chrysostome. Cf. entre autres Mansi, Concil., t. xiv, col. 323 ; Mai, Biblioth. nova Patr., t. v, p. 14 ; P. G., t. c, col. 856, 861 ; Cotelier, Ecoles, grjec. monum., Paris, 1677, t. i, p. 140, etc. Pitra, Spicil. Solesm., t. iv, p. 385, 464 ; Jxiris eccles. Grsec, t. i, p. 536. Ne seraient-ils pas du patriarche Nicéphore II (1260-1261) ? Ils nous apprennent qu’on ne lavait pas les antimensia, du moins en public, et condamnent à la pénitence le prêtre qui célébrerait sans eux hors d’un véritable autel.

D’une réponse de Manuel II (1240 ou 1242), plutôt que de Manuel Charitopoulos (1215-1222), à Romain, métropolite de Durazzo, Rhalli et Potli, op. cit., t. v, p. 114 sq., nous concluons qu’on préparait alors les antimensia avec le linge qui enveloppait l’autel le jour de la dédicace, linge ensuite coupé en morceaux, peint ou signé par l’évêque, et distribué aux prêtres. Inutile, fait observer déjà le patriarche, de placer l’antimension sur un autel consacré.

Matthieu Blastarès, P. G., t. cxliv, col. 1060, 1288, ne nous fournit qu’un seul détail nouveau, mais qui s’accorde mal avec le texte de Manuel : d’après lui, les antimensia sont placés sur l’autel pendant sa consécration ; ils sont, comme lui, oints du saint chrême.

Une ordonnance du patriarche Nil Kérameus (13801388), Rhalli et Potli, op. cit., t. v, p. 141, 142 ; M. Gédéon, Kavovtxat Sta-râ^eiç, t. ii, p. 57-59, règle l’usage de l’a71timension : on ne peut s’en servir que dans un local décent, séparé par un mur ou des tentures ; il doit y avoir sur la gauche une prothèse comme aux autels véritables.

Un peu plus tard, janvier 1400, le patriarche Matthieu, dans une lettre au métropolite d’Héraclée, M. Gédéon, op. cit., t. ii p. 61-62 ; Miklosich et Mùller, Acla et diplom. grseca, t. ii p. 340, 341, renouvelle la défense d’employer l’antimension sur un autel consacré.

Syméon de Thessalonique, P. G., t. clv, col. 313, 332, 333, parle avec détails de l’antimension, qui figure, dit-il, le saint suaire : tous les liturgistes grecs modernes ont adopté ce symbolisme. Au temps de Syméon, on a soin de coudre sur l’antimension une réduction des linges et nappes qu’on place sur les autels. En cas de nécessité, il peut être consacré en dehors d’une dédicace d’église, et même par un simple prêtre avec l’autorisation de l’évêque.

Rien à recueillir dans les rares documents postérieurs aux ouvrages de Syméon. Nous voyons, le 2 août 1726, le patriarche Païsios II permettre à l’archevêque de l’Ibérie supérieure de célébrer dans sa maison avec l’antimension, à cause de la peste qui empêchait ce prélat de se rendre à l’église,’EXXïjvtxb ? qu), o)oy. <rj), Xoyoç, supplém. à t. xx-xxii, p. 116. C’est qu’en effet les évoques grecs ne disent que des messes solennelles, par conséquent dans des églises pourvues d’un autel consacré, et