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ANTILOGIES BIBLIQUES


Matth., homil. xxviii, 1-2, P. G., t. i.vii, col. 319-352 ; 7n Joa., homil. xxiii, 2, P. G., t. lix, col. 139 ; homil. xlii, ibid., col. 210 ; In paralyticum, 4, P. G., t. li, col.51> De cruce et la trône, homil. ii, 2, P. G., t. xlix, col. 411 » S. Augustin, In Joa., tr. XVIII, c. v, 7, P. L., t. xxxv, col. 1516 ; Serm., li, 4, 5, P. L., t. xxxviii, col. 336 ; In Psal., lxiii, 5, P. L., t. xxxvi, col. 763. Ce Père a composé un traité De consensu evangelistarum, P. L., t. xxxiv, col. 1041-1230, dans lequel il réfute, pense-t-on, les objections de Porphyre. — Les écrivains ecclésiastiques ont continué à résoudre les antilogies apparentes de l’Écriture, soit en répétant les réfutations des anciens, soit en cherchant à mieux expliquer le texte sacré. On a attribué à saint Grégoire le Grand, qui affirme que l’Écriture ne peut se contredire, Moralia in Job, iv, 1, P. L., t. lxxv, col. 633-634, une Concordia quorumdam teslimoniorum Sacrse Scripturas, P. L., t. lxxix, col. 659-678. Saint Julien de Tolède a écrit Antikeimenon, hoc est, contrariorum sive contrapositorum librï duo, P. L., t. xcvi, col, 595-704. Richard de Saint-Victor, Declarationes nonnullarum dif/icultatum Scripturae, P. L., t. exevi, col. 255-266.

Rationalistes modernes.

Les incrédules du xvine siècle et les rationalistes du xixe ont prétexté les apparentes contradictions des Livres saints pour nier leur origine divine et leur autorité historique. John Toland, Nazarenus or Jewish and Mahornetan Christiantty, in-8°, Londres, 1718, p. 24, signalait la dissidence entre Pierre et Paul et la justifiait par cette raison que Paul avait perverti le vrai christianisme. Lord Bolingbroke, Essay the fourlh, § iiv Works, t. iii, p. 307, trouvait la prédication de saint Paul en contradiction avec la doctrine de Jésus-Christ et voyait dans le Nouveau Testament deux Évangiles opposés. Voltaire a souvent noté les antilogies des livres de la Bible et s’en est servi comme d’armes pour les attaquer. Les apologistes catholiques n’ont pas failli à leur devoir et n’ont pas laissé ces objections sans réponse. Citons seulement Laurent Veith, Scriptura sacra contra incredulos propugnata, 101n-8 «, Augsbourg, 1780-1787 ; 5 in-12, Malines, 1824 ; Turin, 1840-1841, reproduit dans le Script, sac. cursus complelus de Migne, in-4°, Paris, 1837, t. iv. — Chacun sait que les contradictions apparentes des Livres saints servent d’appui plus ou moins solide à tous les systèmes de critique biblique, imaginés au xixe siècle. L’école de Tubingue a abusé des antinomies de doctrine qu’elle découvrait entre la prédication de saint Pierre et celle de saint Paul, pour fonder sa critique tendancielle des livres du Nouveau Testament. Le système documentaire fait appel aux contradictions des écrits historiques de l’Ancien Testament et aux diverses rédactions des mêmes lois en vue de reconstituer les documents primitifs dont ils ont été formés. Beaucoup de rationalistes discutent la vérité historique des Évangiles, parce que les synoptiques leur paraissent inconciliables et que le quatrième Évangile les contredit manifestement. L’Église catholique ne laisse pas ébranler sa foi par les coups réitérés de ses adversaires. Elle maintient sa doctrine sur l’inerrance absolue des Livres saints. Le 18 novembre 1893, dans l’encyclique Providentissimus Deus, Léon XIII affirmait encore que les écrivains sacrés, excités à écrire par la vertu surnaturelle du Saint-Esprit et assistés par lui quand ils écrivaient, ont exprimé exactement et avec nue infaillible vérité tout ce que Dieu leur ordonnait d’écrire. Soutenir donc que l’Écriture authentique contient des erreurs ou de réelles contradictions serait pervertir la notion catholique de l’inspiration divine, ou faire de Dieu l’auteur même de l’erreur. Aussi, continue le souverain pontife, les Pères et les Docteurs « s’étudiaient avec autant de finesse que de religion à harmoniser et à concilier entre eux les textes bibliques qui, en assez bon nombre, semblaient présenter des contradictions ou des dissemblances, et qui sont à peu près les

mêmes qu’aujourd’hui l’on objecte au nom de la science nouvelle ». Cette doctrine de l’Eglise se justifie aisément. Dieu étant l’auteur de l’Écriture, et deux propositions contradictoires ne pouvant être simultanément vraies, la Bible, œuvre du Saint-Esprit, ne peut contenir de contradictions réelles. Les antilogies qu’on y remarque ne sont qu’apparentes ; une sage critique et une saine exégèse suffisent à les faire disparaître. Faute de pouvoir résoudre ici toutes les prétendues contradictions de la Bible, indiquons au moins les principes de solution.

III. Règles pour la. solution des antilogies bibliques. — Quand l’exégète se trouve en présence des passages bibliques qui paraissent contradictoires il doit, avant tout, se demander avec saint Augustin, Ejnst., lxxxii, 3, P. L., t. xxxiii, col. 277, si le manuscrit est fautif, et déterminer la véritable leçon des textes. En transcrivant les manuscrits de la Bible, les copistes ont certainement commis des erreurs. Dans les cas particuliers, il faut le constater avec prudence et n’admettre que celles dont l’existence est démontrée. La restitution du texte, quand elle sera possible, suffira souvent à faire disparaître une contradiction réelle résultant alors d’une fausse leçon. Mais lors même que la critique verbale n’aurait pas le moyen de rétablir le véritable texte, la seule constatation d’une faute détruirait toute conclusion contre la véracité de l’écrivain sacré et la vérité de la Bible. Quand des textes authentiques resteront apparemment contradictoires, il sera nécessaire de recourir aux règles de l’herméneutique pour les concilier. S’agira-t-il d’harmoniser des récits historiques, on devra considérer si les passages opposés concernent le même fait ou des événements différents. Dans ce dernier cas, la contradiction est aussitôt levée. Mais dans le premier, il faudra tenir compte du but, de la méthode et du style des différents historiens. Plusieurs narrations du même fait varieront dans les détails plus ou moins circonstanciés, sans qu’elles soient opposées, chaque narrateur disant seulement ce qui va à son sujet ou ce qui l’a frappé le plus vivement. Elles ne seraient en contradiction que si elles affirmaient positivement le contraire sur la même personne, le même objet ou le même événement. Lesdivergences des passages doctrinaux s’expliqueront, ou par la différence de significations données à un même terme, ou par l’aspect spécial auquel le même point de doctrine peut être envisagé’. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que, sous l’ancienne alliance, la révélation a été progressive et que la manifestation de la doctrine ebrétienne a été successive et, pour ainsi dire, occasionnelle. On ne verra pas une contradiction là où il n’y a que développement, progrès ou éclaircissement. Les passages clairs serviront à expliquer les endroits obscurs, et ceux où la doctrine est exposée ex professo donneront le sens de ceux où elle n’est affirmée qu’en passant. On conciliera les lois divergentes en tenant compte de l’ordre de leur promulgation et des modifications qu’elles ont subies. Les prophéties peuvent paraître en contradiction entre elles ou avec l’histoire. Si elles semblent se contredire, c’est peut-être qu’elles concernent des personnages ou des événements futurs différents. Si elles se rapportent à un seul individu ou au même fait, c’est qu’elles ont trait à des situations ou à des circonstances diverses et successives. Quand elles ne se sont pas réalisées, c’est qu’elles n’étaient que conditionnelles ; ainsi le repentir des Ninivites a détourné d’eux les châtiments, prédits par Jonas. Enfin, lors même que la conciliation de textes bibliques, en apparence contradictoires, ne serait pas possible avec les ressources actuelles de la critique et de l’exégèse, le catholique devrait avouer humblement son ignorance et attendre de l’avenir une solution satisfaisante sans laisser ébranler ou diminuer sa foi en la vérité totale et absolue de la parole de Dieu.

F. Vigoureux, Les Livres suints et lu critique rationaliste, ï> in-12, i’édit., Paris, 1890-1801, paasim ; c. Untçrkircher, lier