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ANTILOGIES BIBLIQUES


étaient revenus à l’Église, on lit la croyance que le Seigneur, qui a créé toutes choses, est l’unique et le même auteur du Nouveau et de l’Ancien Testament. Denzinger, Enchiridion, n. 367. Le dominicain Moneta réfuta au me siècle les albigeois et écrivit contre eux une véritable Somme, Adversus Catharos et Valdenses libri Y, in-fol., Rome, 1743, dans laquelle il discute toutes leurs objections et montre que le Dieu de l’Ancien Testament est le Dieu bon, le même que celui du Nouveau. En raison de la persistance des erreurs manichéennes contre l’ancienne alliance, l’autorité ecclésiastique continua à exiger des évêques la profession de foi explicite en l’origine divine de cette alliance et à renouveler dans ses conciles les anciens anathèmes. La confession de foi proposée à Michel Paléologue par Clément IV en 1267, et présentée par cet empereur au second concile œcuménique de Lyon en 1274, contenait l’article de croyance imposé aux vaudois en 1210. Denzinger, Enchirid., n.386. Le pape Eugène IV dans sa bulle Cantate Domino, promulguée au concile œcuménique de Florence, affirme aux jacobites que la sainte Église romaine croit, très fermement, professe et enseigne que l’unique et même Dieu est l’auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament, c’est-à-dire de la loi et des prophètes et de l’Évangile, parce que les saints de l’un et l’autre Testaments ont parlé sous l’inspiration du même Saint-Esprit. Il anathématise aussi la folie des manichéens, qui ont admis deux principes, l’un des choses visibles, l’autre des invisibles, et qui ont prétendu qu’autre était le Dieu du Nouveau Testament, autre le Dieu de l’Ancien. Denzinger, Enchirid., n. 600.

3. Antisémites contemporains.

Quelques antisémites renouvellent de nos jours, à leur insu peut-être et pour d’autres motifs certainement, plusieurs erreurs des manichéens. En attaquant les Juifs, ils attaquent parfois les livres de l’Ancien Testament qu’ils mettent en opposition avec ceux du Nouveau, et même Jéhovah, le Dieu des Juifs, comme s’il différait du Dieu des chrétiens. S’ils veulent demeurer fidèles à la foi catholique, s’ils ont uniquement le souci de la vérité historique, ils ne doivent pas oublier que Jéhovah est le vrai Dieu, le créateur du ciel et de la terre, souverainement bon et juste. Ils doivent se rappeler que Jésus n’est pas venu abolir ou abroger la Loi mosaïque et les prophètes, mais les perfectionner et les développer. Matth., v, 17. En effet, 7cXï)pô5(70u ne signifie pas précisément « accomplir », ni « consolider », mais bien « parachever ». Fillion, Évangile selon S. Matthieu, Paris, 1878, p. 109-110 ; Knabenbauer, Comment, in Ev. sec. Matth., Paris, 1892, p. 204-206. La suite du sermon sur la montagne, Matth., v, 21-48, est le commentaire authentique de la parole précédente et montre comment Jésus a perfectionné la loi ancienne. D’ailleurs, suivant la doctrine de saint Paul, Rom., x, 4, « le Christ est la fin de la Loi, » le but auquel elle tend et le terme auquel elle atteint son entier perfectionnement. Cornely, Epistola ad Bomanos, Paris, 1896, p. 515-546. Enfin, chacun sait que « le christianisme est sorti du judaïsme ou, pour employer le langage de saint Paul et parler plus exactement, la foi chrétienne a été greffée sur le vieil arbre de la synagogue. L’Ancien Testament et le Nouveau sont dans des rapports si étroits, qu’il est impossible de connaître l’un et d’ignorer l’autre ». Card. Meignan, L’Ancien Testament dans ses rapports avec le Nouveau. De l’Éden à Moïse, Paris, 1895, p. v.

IL ANTILOGIES DE TOUS LES LIVRES DE LA BlBLE OU DE

quelques-uns seulement. —1° Aloges. — De 165 à 175, il parut en Asie Mineure une secte, celle des aloges, qui rejetait tous les écrits de saint Jean. Saint Épiphane, Adversus hæreses, ha ? r. li, n. 3, 22, P. G., t. xli, col. 892, 928, nous fait connaître quelques-uns des motifs pour lesquels les aloges repoussaient le quatrième Evangile : il n’est pas d’accord avec les écrits des

autres apôtres ; il ne groupe pas les faits de la même façon que les synoptiques et il adopte un autre ordre chronologique ; il est donc dissonant et inharmonique. Voir Aloges. Saint Épiphane, loc. cit., col. 893-945, réfute longuement leurs objections critiques. Cf. Camerlynck, De cjuarli Evangelii auctore, Louvain, 1899, p. 153-154, 159-160. Ils prétendaient que l’Apocalypse était ridicule et fausse. Mais le prêtre romain Caius, qui leur a emprunté leurs arguments contre ce dernier livre, ajoute que les prophéties eschatologiques de l’Apocalypse ne peuvent être d’accord avec la doctrine de Jésus-Christ et de saint Paul, ni avec tout le reste de l’Écriture. Camerlynck, op. cit., p. 80-83. Cf. Zahn, Geschichte des iVeutestamentlichen Kanons, Erlangen et Leipzig, 1892, t. ii p. 973-980. Saint Denys d’Alexandrie, qui a connu l’opinion de Caius et en est tributaire, Camerlynck, op. cit., p. 83-88, déclare que l’Apocalypse est tout à fait étrangère à l’Évangile et aux Épitres de saint Jean ; il en conclut qu’elle n’est pas l’œuvre de l’apôtre. Eusèbe, II. E., iiv 25, P. G., t. xx, col. 701, 704. Voir Apocalypse.

Païens.

Les écrivains païens, qui ont attaqué la Bible par la plume, ont fait ressortir contre elle les contradictions qu’ils croyaient y découvrir. Dans la première partie de son Discours véritable, publié en 178, Celse mettait en scène un Juif qui prétendait prouver que le christianisme ne répondait pas à l’idéal qu’en donnent les prophètes. Il relevait des contradictions dans le récit des évangélistes. Origène, Contra Celsum, v, 52, P. G., t. xi, col. 1261. Dans sa réfutation dont le titre vient d’être cité, Origène montre que l’Ancien Testament prépare le christianisme spécialement par les prophéties et qu’il n’y a pas de contradictions dans le Nouveau. On pense que les Apocrilica de Macaire de Magnésie contiennent une bonne partie des objections que Porphyre avait opposées aux Évangiles dans ses Discours contre les chrétiens, 290-300. Or il relevait des contradictions dans les divers récits de la passion. Blondel, Macarii Magnetis quæ supersunt, in-4°, Paris, 1876, p. 20-21. Dans son premier livre, où il parlait du dissentiment de saint Pierre et de saint Paul, S. Jérôme, Epist., cxi, n. 11, P. L., t. xxii, col. 923 ; Comment, in Isa., lui, 12, P. L., t. xxiv, col. 513 ; Comment, in epist. ad Galat., prolog., P. L., t. xxvi, col. 310-311, Porphyre avait probablement recueilli toutes les contradictions prétendues des Livres saints pour en ébranler l’autorité. Hiéroclès, au commencement du ive siècle, dans ses Discours véridiques aux chrétiens, s’efforçait d’établir la fausseté de l’Écriture, comme si elle était toute remplie de contradictions. Il exposait les chapitres qui paraissent en désaccord entre eux ; il les énumérait en si grand nombre et avec une telle connaissance du sujet qu’on croirait parfois qu’il avait été chrétien. Lactancé, Inst. div., v, 2, P. L., t. vi, col. 555. Eusèbe, qui l’a réfuté, nous apprend que Hiéroclès n’était qu’un plagiaire de Celse et de Porphyre. Cont. Hieroclem, 1, P. G., t. xxii, col. 796-797. Dans le second livre de son Discours contre les chrétiens, l’empereur Julien relevait toutes les antilogies des Évangiles, S. Cyrille d’Alexandrie, Contra Julianum, iiv iivi P. G., t. lxxvi, col. 833, 900, en particulier au sujet de la résurrection. Neumann, Juliani imperatoris librorum contra christianos quæ supersunt, dans Script, græc. qui christianam impugnaverunt religionem, fasc. ni, in-8°, Leipzig, 1880, n. 18, p. 70. Il cherchait aussi à montrer que le monothéisme des Juifs excluait la divinité du Messie. Les Pères ont souvent réfuté les objections de ces adversaires du nom chrétien. Ils ont écrit contre eux des traités spéciaux, et ils ont expliqué à l’occasion les dissonances des Évangiles. Origène, In Joa., x, 2, 3, 15, P. G., t. xiv, col. 309, 312, 345 ; S. Ambroise, In Lucam, iii, 1, P. L., t. xv, col. 1589 ; x, 22, ibid., col. 1809-1810 ; S. Jérôme, In Matth., i, P. L., t. xxvi, col. 21 ; S. Chrysostoine, In