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ANTILOGIES BIBLIQUES


du principe du mal, et la religion chrétienne celle du principe du bien. S. Épiphane, Adv. hier., 1. I, ha ? r. xxvi, 6, P. G., t. xlii, col. 340 ; hær. xxxni, 3, ibid., col. 557. Ainsi, suivant Saturnin et Basilide, les prophéties de l’Ancien Testament émanaient, en partie, des sept esprits planétaires, les Élohim des Juifs, qui ont créé le monde terrestre sur le domaine de Satan. S. Irénée, Cont. hæres., I, xxiv, P. G., t. iiv col. 674 ; Tertullien, De præscript., 46, P. L., t. ii, col. 62 ; S. Épiphane, Adv. hær., 1. I, hær. xxiii, P. G., t. XLI, col. 297-301 ; Théodoret, Hasret. fabul., i, 3, 4, P. G., t. lxxxiii, col. 348-349 ; Philosophumena, iiv 28, P. G., t. xvi c, col. 3322-3323 ; S. Augustin, De hæres., 3, P. L., t. xlii, col. 26. D’après les valentiniens, la loi et les prophètes ne parlaient que du démiurge, créateur du monde visible. S. Irénée, Cont. hæres., I, iiv 3, P. G., t. iiv col. 516 ; Philosoph., vi, 35, P. G., t. xvi c, col. 3247. Pour réfuter ces erreurs, les Pères de l’Église démontrèrent l’accord des deux Testaments et affirmèrent qu’ils étaient l’œuvre du même Dieu, du Dieu véritable et souverainement bon, qui a parlé par la bouche de Moïse et des prophètes. S. Irénée, Cont. hæres., III, xii, 11, P. G., t. iiv col. 905 ; IV, ix-xiii et xxxiv-xxxvi, ibid., col. 996-1010, 1083-1099 ; Tertullien, Adv. Praxeam, 24, P. L., t. ii, col. 186 ; Adv. Hermogenem, 20, ibid., col. 216 ; Clément d’Alexandrie, Pœdagogus, i, 7, P. G., t. iivi col. 264 ; Origène, In Joa., i, 3, 15, P. G., t. xiv, col. 33-36, 48 ; De principiis, ii, 4, P. G., t. xi, col. 198203.

Cerdon et Marcion rejetaient les livres de l’ancienne loi. S. Augustin, De hæres., 21 et 22, P. L., t. xlii, col. 29. L’idée fondamentale du système de Marcion était l’antagonisme des deux Testaments, antagonisme tel qu’ils devaient être regardés comme œuvres de deux principes différents. Tertullien, Adv. Marcionem, I, 19 ; iv, 6, P. L., t. ii, col. 267-268, 368. Marcion exposa ses objections contre les écrits de l’ancienne alliance dans son livre des Antithèses, qu’Hahn a essayé de reconstituer. Antithèses Marcionis gnostici, liber deperditus, nunc quoad fieri potuit restitutus, Kœnigsberg, 1823. Il y relevait toutes les contradictions qu’il lui semblait apercevoir entre les enseignements de JésusChrist et ceux de Moïse et des prophètes, et il mettait le démiurge, auteur de la loi mosaïque, en contradiction avec lui-même dans ses propres préceptes. Selon lui, le véritable Messie ne ressemblait pas à celui que les prophètes avaient annoncé, et tous les efforts de JésusChrist ont eu pour but de renverser le démiurge juif et d’attester ainsi l’opposition qui existait entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Tertullien a écrit cinq livres Adversus Marcionem, P. L., t. ii, col, 243-524. Il ne nie pas qu’il existe des différences entre les deux lois, puisque la nouvelle complète, perfectionne et achève l’ancienne ; il nie la contradiction et il réfute successivement les diverses objections de Marcion.

Apelles, disciple de Marcion, modifia plusieurs des idées de son maître. Il n’admit qu’un seul principe, mais il resta l’adversaire de l’Ancien Testament et publia des livres contre les Écritures hébraïques. Un de ses ouvrages avait pour titre : Syllogismes. Tertullien, De prœscript., 51, P. L., t. ii, col. 71 ; A. Harnack, Sieben neue Bruchst’ùcke der Syllogismen des Apelles, dans Texte und Vntersuchungen, Leipzig, 1890, t. vi, 3, p. 111-120 ; Id., Miscellen, ibid., nouv. série, sous le titre d’Archivfûr die aller en christlxchen Schrifsteller, Leipzig, 1900, t. v, 3, p. 93-100. Il y soutenait que tout ce que Moïse disait de Dieu était faux ; les Écritures des Juifs lui paraissaient être un tissu d’inconséquences. Origène, Cont. Ccls., v, 34, P. G., t. xi, col. 1265 ; In Gènes., hom. ii, 2, ibid., t. xii, col. 164-165 ; Philosophion., iiv 38, P. G., t. xvi c, col. 3346 ; x, 20, ibid., col. 3438. Au témoignage de Rhodon, Eusèbe, /L E., v, 13, P. ( ; ., t. xx, col. 460-401, il enseignait que les prophéties juives

émanaient du mauvais principe, parce qu’elles étaient contradictoires et fausses. Lucien soutenait les mêmes erreurs. Origène, Cont. Celsum, II, 27, P. G., t. xi, col. 848. Tatien, devenu encratite, admit qu’il y avait contradiction entre l’Ancien Testament et le Nouveau. S. Irénée, Cont. hæres., I, xxviii, 1, P. G., t. iiv col. 690 ; Philosoph., x, 18, P. G., t. xvi c, col. 3435.

Manichéens.

Les manichéens conservèrent la plupart des idées marcionites sur les saintes Écritures et rejetèrent tout l’Ancien Testament. Manès le tenait comme l’œuvre de Jéhovah, le dieu des Juifs, qui, à ses yeux, n’était que le principe du mal et des ténèbres. Acta disputationis S. Archelai cum Manete, 10, P. G., t. x, col. 1445. Saint Augustin, qui avait été pendant huit ans séduit par les erreurs manichéennes, les réfuta ex professa dans deux traités, Contra Faustum, P. L., t. xlii, col. 207-602 ; Contra adversarium Legis et Prophetarum, ibid., col. 603-666. Il affirma plusieurs fois, en passant, que les deux Testaments avaient le vrai Dieu pour seul et même auteur et qu’ils étaient d’accord. Enarrat. in Ps., lxxiii, n. 2, P. L., t. xxxvi, col. 931 ; Enarrat. in Ps., cxlv, n. 14, ibid., t. xxxvii, col. 1893 ; Serm., i, P. L., t. iixxxvi col. 23-26 ; Contra duas epist. Pelag., iii, 4, n. 6-10, ibid., t. xliv, col. 591-594.

Le manichéisme persévéra longtemps. On en trouve des traces en Orient jusqu’au vue siècle. En Occident, il se perpétua comme secte organisée jusqu’au VIe siècle ; toutefois il ne disparut pas complètement à cette époque et ses erreurs ressuscitèrent en divers lieux et sous diverses formes. En Espagne, les priscillianistes conservèrent, du ive au vie siècle, certaines spéculations dualistes et gnostiques qu’ils avaient empruntées aux manichéens. Le concile de Tolède, tenu en 447, les condamna et anathématisa l’erreur par laquelle ils prétendaient qu’autre était le Dieu de l’ancienne Loi, autre celui de l’Évangile, can. 8. Dem ger, Etichiridionsynibolorum et definitionum, 5e édi t., Wurzbourg, 1874, n. 121, p. 36. Les pauliciens, qui avaient leur centre principal en Arménie et se rattachaient aux manichéens, rejetaient l’Ancien Testament tout entier comme l’œuvre du démiurge. A la fin du Xe siècle, les bogomiles en Bulgarie attribuaient les livres historiques de l’ancienne loi, en particulier ceux de Moïse, au dieu Satan, qu’ils appelaient Satanaél. C’est à cause de ces erreurs que saint Léon IX, dans le symbole proposé à l’évêque Pierre, mentionna la croyance que « le Dieu et Seigneur toutpuissant est l’unique auteur du Nouveau et de l’Ancien Testament, de la loi, des prophètes et des apôtres ». Denzinger, op. cit., n. 296, p. 111. Au xie siècle, les cathares en Italie soutenaient que les faits racontés et les paroles rapportées dans le Pentateuque étaient du diable. Pour les prophéties de l’ancienne alliance, les unes avaient été révélées par l’Esprit de Dieu, les autres par l’esprit malin. Bonacursus, un de leurs adeptes converti au catholicisme, nous l’apprend, Libellus contra calharos, P. L., t. cciv, col. 776-777 ; il les réfute et prouve par le Nouveau Testament que la loi de Moïse a été donnée par Dieu tout-puissant. Ibid., 3, col. 779-780. Les albigeois et les vaudois qui, à la même époque, étaient répandus dans le midi de la France, ne recevaient pas l’Ancien Testament. Raoul Ardent, Homil., xix, P. L., t. clv, col. 2011. Au concile de Lombers, près d’Albi, tenu en 1165, les « bonshommes « avouèrent cette erreur, et quand les évêques leur eurent démontré par des textes du Nouveau Testament qu’il fallait accepter l’ancienne alliance, ils répliquèrent qu’ils reconnaissaient les témoignages de l’Ancien Testament, invoqués par Jésus et ses apôtres, mais non les autres. Les évêques les condamnèrent, en affirmant qu’on devait croire à l’Ancien Testament tout entier ou n’en recevoir aucune partie. Mansi, Sac. Concil. nova et amplissima collectio, Venise, 1768, t. XXII, p. 159-160. Dans la profession de foi imposée en 1210 par Innocent III aux vaudois qui