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ABRAHAM (PROMESSE DU MESSIE FAITE A)

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Comment. inEpist. ad Gal., P. G., t. cxviii, col. 1121 ; llervée, Comment, in Fpist. Pauli, ad Gal., P. L., t. clxxxi, col. 1 152 ; Pierre Lombard, Collectanea inEpist. Pauli, ad Gal., P. G., t. cxcii, col. 121. La foi, pareille à celle d’Abraham, est assurément une condition nécessaire pour avoir part au salut messianique ; mais elle n’est pas indiquée par les mots : en toi ou par toi. Si on veut laisser à l’argumentation de saint Paul toute sa force, il faut prendre ces mots dans leur signification naturelle et les entendre de la personne même d’Abraham. La raison pour laquelle les gentils seront bénis réside donc dans la personne du patriarche. Quelle est-elle ? Comme le disent Théodore de Mopsueste, In Epist. ad Gal., xxxiii, sous le nom de saint llilaire, dansPitra, Spicilegium Solesmense, Paris, 1852, t. i, p. 67, et saint Jean Chrysostome, In Epist. ad Gal., c. iii, P. G., t. lxi, col. 651, c’est parce qu’il est le père des croyants ; si le père est béni, ses fils sont bénis en lui et avec lui. Or Abraham est le père des gentils, non par le sang, mais par la foi. Ceux qui croient lui ressemblent et appartiennent à sa famille. C’est pourquoi saint Paul conclut : « Donc ceux qui ont la foi sont bénis avec le croyant .Abraham. » Gal., iii, 9. Et la bénédiction d’Abraham est descendue sur les gentils par le Christ Jésus. Gal., ni, 14. L’ensemble des biens promis par Dieu à Abraham, a été accordé aux nations païennes, grâce aux mérites de Jésus. Cornely, Comment, in Epist. ad Cor. alteram et ad Galatas, p. 480-482, 490-491.

II. Renouvellement de la promesse a Abraham, a Isaac et a Jacob. — « A A braham. — La promesse par laquelle Dieu veut faire d’Abraham la source de bénédictions spéciales pour les gentils est rappelée deux fois dans la Genèse. Elle l’est indirectement à l’occasion de la destruction des villes de la Pentapole. Dieu ayant résolu de les ruiner à cause de leurs crimes, s’ouvrit de son dessein à Abraham. Il ne pouvait laisser ce projet caché à un homme qui devait être le chef d’un peuple très grand et très puissant et en qui devaient être bénies toutes les nations de la terre. Gen., xviii, 17-18. Notons seulement la substitution de l’expression « nations », qui désigne les gentils, à celle de « familles » ou tribus, qui aurait pu convenir à Israël seulement. Exod., vi, 14 ; Josué, vii, 17. Quand le patriarche eut généreusement offert son fils unique, Dieu, pour le récompenser de ce sacrifice volontaire, lui réitéra en termes solennels et par serment pour lui et pour Isaac la promesse temporelle de la multiplication de sa race et la promesse spirituelle d’être pour les nations païennes une source de bénédiction. Gen., xxii, 16-18. Cette dernière promesse reçut alors une explication importante. La personne d’Abraham n’était pas seule la cause ou l’instrument des bénédictions divines pour les nations. Sa race aussi, sa postérité, zéra’, sera cause ou instrument de ces bénédictions. Comme le mot hébreu zéra’désigne ou bien tous les descendants, la postérité entière, ou bien un descendant en particulier, un rejeton déterminé, il s’est produit deux courants d’interprétation de ce passage. Beaucoup de commentateurs l’ont entendu d’un rejeton illustre d’Abraham, du Messie, qui a procuré aux nations païennes la connaissance et le culte du vrai Dieu, qui sont la plus grande des bénédictions divines. Ils s’appuient principalement sur l’explication authentique de la promesse, donnée par saint Pierre et saint Paul. Dans le discours qu’il tint aux Juifs sous le portique de Salomon, saint Pierre a cité la promesse réitérée à Abraham, Gen., xxii, 18, en remplaçant l’expression « les nations » par celle « les familles » empruntée à la première révélation. Gen., xii, 3. La citation fait partie intégrante du raisonnement suivant du prince des apôtres. Tous les prophètes depuis Samuel ont annoncé les jours du prophète prédit par Moïse. Deut., xviii, 15. Quiconque ne l’écoutera pas sera exterminé du milieu du peuple juif. Or les auditeurs de saint Pierre sont les fils des prophètes ; c’est à eux que se rapportent leurs oracles ; ils sont aussi les fils de l’alliance que Dieu a contractée avec leurs ancêtres, quand il a dit à Abraham : Et en ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre. Act., iii, 23-25. On pourrait conclure que cette postérité, ce sont les fils de l’alliance eux-mêmes, les Juifs enfants d’Abraham, si l’orateur n’ajoutait aussitôt : « Dieu, suscitant son fils pour vous premièrement, l’a envoyé pour vous bénir, e-JXoyoOvta û|xà ; , » Act., iii, 26 ; il l’a envoyé répandant sur vous les bienfaits du règne messianique en exécution de la promesse faite à Abraham. Le Messie est donc le descendant d’Abraham, en qui tous les hommes, Juifs et gentils, seront bénis. H. J. Crelier, Les Actes des apôtres, Paris, 1883, p. 4516 ; J. T. Beelen, Comment, in Acla apost., Louvain, 1850, t. i, p. 66 ; J. A. Van Steenkiste, Actus apostolorum, 4e édit., Bruges, 1882, p. 96. Afin de prouver que les promesses divines faites à Abraham n’ont pas été changées par la promulgation de la loi mosaïque, saint Paul raisonne d’après les testaments qui une fois confirmés ne peuvent plus être annulés. Qr, dit-il, les promesses divines ont été faites à Abraham et à sa postérité, car l’Écriture ne dit pas : « Et à ses descendants, » comme s’ils étaient nombreux, mais elle dit comme à un seul : « Et à ton descendant, » qui est le Christ. Ce testament est donc confirmé par Dieu. Gal., m, 15-17. Plusieurs Pères ont pensé que saint Paul citait ici la réitération de la promesse faite à Abraham après le sacrifice d’Isaac, Gen., xxii, 18, et ils en ont conclu que, d’après l’interprétation de l’Apôtre, le descendant unique par qui les nations païennes devaient recevoir les bénédictions divines était le Messie, rejeton insigne d’Abraham. Ainsi Tertullien, De carne Christi, 22, P. L., t. ii, col. 789 ; S. Augustin, Contra Faustum, xii, 6, P. L., t.XLii, col. 257 ; Primasius, In Epist. ad Gal., P. L., t. lxviii, col. 591-592 ; Pseudo-Ambroise, Comwierc<. in Epist. ad Gal., P. L., t.xvii, col.355 ; S. Jérôme, Comment, in Epist. ad Gal., i, P.L., t. xxvi, col. 378-379 ; S. Jean Chrysostome, In Epist. ad Gal., c. iii, P. G., t. lxi, col. 653 ; Théodore deMopsueste, In Epist. ad Gal., xxxvii, dans Pitra, Spicileg. Solesmense, t. i, p. 69 ; Theodoret, Int. Epist.ad Gal., P. G., t. Lxxxii, col. 480-481 ; Théophylacte, Exposit. in Epist. ad Gal., P. G., t. cxxiv, col. 789 ; Haymond’Halberstadt, Exposa, in Epist. S. PauliadGal., P.L., t. cxvii, col. 681. Desexégètes ont partagé ce sentiment. Lamy, Comment, in librum Geneseos, Malines, 1884, t. ii, p. 6 ; Fillion, La Sainte Bible, t. i, Paris, 1888, p. 58 ; Maunoury, Comment. desÊpîtres de saint Paul aux Galates, etc., Paris, 1880, p. 66 ; Van Steenkiste, Comment, in omnes S. Pauli epist., 4e édit., Bruges, 1886, t. i, p. 548-549. Mais d’autres (’cri vains ecclésiastiques ont remarqué avec raison que dans la citation faite par saint Paul, Gal., iii, 16, la particule xoù, et, fait partie du texte cité et que le mot semen est au datif et non à l’ablatif avec in. Par conséquent, les mots : xa -(’6 a-nép[j.aTi <tou, sur lesquels l’apôtre argumente, ne peuvent se rapporter ni à Gen., xii, 2, ni à Gen. xxii, 18, ni à des passages analogues, mais à d’autres promesses comme celle, par exemple, de la possession du pays de Chanaan, dans l’énoncé de laquelle les mots cités se lisent textuellement. Gen., xili, 15 ; xviii, 8. Saint Irénée, Cont. heer., v, 32, n. 2, P. G., t. vii, col. 12101211, appliquait déjà la parole de saint Paul aux Galates à la promesse de la possession du pays de Chanaan, promesse qu’il interprétait spirituellement de la résurrection des corps. De même, Origène, Comm. inEpist. ad Rom., iv, 6, P. G., t. xiv, col. 979-983 ; S. Jérôme, Comment. inEpist. ad Gai, i, P. L., t. xxvi, col. 379-380, tenait cette application pour admissible. Cependant des commentateurs modernes l’ontreprise. Reithrnayr, Commenta »’zum Briefe an die Galater, Munich, 1865, p. 261266 ; Palmieri, Comment. inEpist. ad Gal., 1886, p. 132140 ; Cornely, Comment, in S. Pauli epist. ad Cor.