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ANTIDICOMARIANITES

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mier concile de Tolède, de l’an 400, a précisé, sur ce point, la doctrine catholique en posant comme règle de foi que le Fils de Dieu a sanctitié le sein de la Vierge Marie, et qu’elle l’a conçu, vrai homme, sans le concours de l’homme : Filium Dei… sanctificasse uterum Mariée Virginis, atque ex ea veruni hominem sine virili generatum semine, suscepisse. Mansi, Concil., Paris et Leipzig, 1901, t. III, col. 1003.

/L virginité IN partu. — Au ive siècle, vers 388, un moine que ses doctrines relâchées ont fait surnommer par saint Jérôme l’Épicure des chrétiens, christianorum Epicurus, Jovinien, quittait son monastère de Milan pour répandre toutes sortes d’erreurs et surtout pour ravaler les conseils évangéliques et l’état de virginité. Il soutint donc que Marie, bien qu’elle fût demeurée vierge dans la conception de son divin Fils, ne resta pas telle dans l’enfantement du Sauveur : Virgo concepit, disait-il, non virgo peperit. Et voici la raison étrange qu’il invoquait : c’est que les chrétiens sembleraient adhérer à la doctrine manichéenne d’un corps fantôme dans le Christ, s’ils croyaient encore à la virginité de Marie après la naissance de Jésus. La thèse de Jovinien fut reprise au viie siècle par un certain Pelage et par Helladius en Espagne. Au xiv c siècle, Lochardinos et ses partisans, puis ensuite quelques protestants avec Bucer et du Moulin, soutinrent la même opinion.

Contre ces novateurs, les Pères, non contents de faire valoir la fameuse prophétie d’Isaïe sur la vierge qui doit enfanter : Ecce virgo… pariet filium, rappelaient les formules des premiers symboles. Elles affirment que si le Christ a été conçu du Saint-Esprit, il est bien né de la vierge Marie. Cf. S. Augustin, EncliiricL, c. xxxiv, n. 10, P. L., t. xl, col. 249 : Quis enim hoc solum congruentibus explicet verbis, quod Verbum caro factum est et habitavit in nobis (Joa., i, 14), ut crederemus in Dei Palris omnipotentis unicuni Filium natum de Spiritu Sanctoet Maria Virgine ? Aussi le pape Sirice, dès l’an 390, convoqua-t-il à Rome un synode de tout son clergé. Jovinien, luxuriæ magïster, et ses sectateurs y furent condamnés pour leur erreur touchant la virginité de Marie, et le pontife prit soin de notifier la sentence à l’Église de Milan. P. L., t. xvi, col. 1121 sq. Aussitôt saint Ambroise réunit en sa ville épiscopale un concile des évêques d’Italie et des Gaules ; tous souscrivirent à la condamnation portée par le pape. Cf. Epistola synodica, parmi les lettres de saint Ambroise, epist. xlii, n. 5, P. L., t. xvi, col. 1124 sq. Le synode constate que Marie a réalisé la prophétie d’Isaïe, lequel a prédit non seulement qu’elle concevrait, demeurant vierge, mais encore que, vierge, elle enfanterait : Heec est Virgo quae in utero concepit, Virgoque peperit ; sic enim scriptum est : ecce virgo in utero accipiet et pariet filium : non enim concepturam tantummodo Virginem, sed et parituram Vh-ginem dixit. Au concile d’Ephèse, Théodore d’Ancyre put déclarer dans son discours, aux applaudissements unanimes de l’assemblée : « Comme la parole, quand elle se prononce, ne corrompt aucunement l’esprit qui la produit ; de même Dieu le Verbe substantiel, en prenant naissance humaine, ne saurait détruire l’intégrité de sa mère : Neque enim noslrum verbum, cum paritur, corrumpil mentem ; neque Deus Verbum substantiale, parlum cligens, peremit virginilatem. » Et le concile de Chalcédoine approuvait ce mot de saint Léon le Grand : « Marie a donné naissance au Christ, demeurant vierge, comme elle l’a conçu, vierge : Conceplus quippe est de Spirilu Sancto intra uterum Virginis, quae illum ita salva virginitate edidit, quemadmodum salva virginitate concepit. » S. Léon, Epist., xxviii, c. ii, P. L., t. liv, col. 759.

; /L virginité post partu m. — Il y eut de bonne

heure des adversaires de la virginité de Marie post partum. Ils admettaient bien la conception et la naissance miraculeuses de Jésus, mais ils soutenaient en même

temps que Marie et Joseph avaient eu ensemble plusieurs enfants après la naissance du Christ. On a attribué cette opinion à Tertullien, et plus tard Helvidius en a appelé à son témoignage. Pourtant, il faut le reconnaître, rien dans les ouvrages de cet écrivain ecclésiastique n’autorise à l’incriminer de ce chef, pas même le chapitre vi, De monogamia, P. L., t. ii col. 936 sq., que Schrockh a dû mal lire pour y trouver une expression opposée à la virginité de Marie. Cf. Schrockh, Histoire de l’Église, t. ix, p. 219. Hefele dans Kirchenlexikon, art. Anlidicomarianiten. — D’ailleurs Origène nous apprend qu’il y avait déjà de son temps des ennemis de la virginité permanente de Marie. In Luc, homil. iiv P. G., t. xiii, col. 1818. Le professeur Kuhn, dans son travail sur les frères de Jésus, applique aux ébionites les paroles d’Origène. Cf. Annales de Gicsscn, t. iii, p. 7, dans Kirchenlexikon, loc. cit. Mais avec raison M9 r Hefele, ibid., remarque qu’il fait erreur. Car, si les ébionites tenaient Jésus pour le fils naturel de Joseph et de Marie, ils devaient croire et enseigner que Marie a épousé Joseph avant, et non après, la naissance de Jésus : Mariam nupsisse anle partum Christi, mais non post partum. — L’on rencontre de nouveaux adversaires de la virginité de Marie parmi les ariens, notamment Eudoxius et Eunomius. Cf. Philostorge, Hist. eccles., 1. VI, c. ii P. G., t. lxv, col. 524. Mais, vers la fin du ive siècle ils deviennent plus nombreux. C’est Jovinien qui pousse jusqu’au bout son hérésie première. C’est Helvidius, ce disciple du fameux arien Auxence. Il vint à Rome à l’époque où saint Jérôme s’y trouvait lui-même sous le pape Damase. Là il composa et répandit un méchant libelle dans lequel, d’accord sans doute avec les ariens, il prétend que la très sainte Vierge eut de Joseph, son mari, plusieurs enfants, après la naissance du Sauveur. Ce sont eux que l’Évangile appelle les frères du Seigneur, fratres Domini. Simultanément Helvidius niait la supériorité de l’état de virginité sur celui de mariage. Saint Jérôme ne voulait d’abord pas faire à l’impie l’honneur d’une réfutation qui lui apporterait toujours quelque notoriété. Bientôt cependant, à la demande de ses frères, il se décida à écrire son bel opuscule De perpétua virginitate B. Mariie adversus Helvidium, P. L., t. xxiii, col. 183 sq. C’est une réplique nerveuse, écrasante, aux multiples arguties du novateur. Saint Jérôme y montre, en outre, que le libelle hérétique fourmille de fautes de langue et de style. Aussi traite-t-il de haut son adversaire : « un paysan, … qui connaît à peine les premiers éléments des lettres, … un homme turbulent, seul au monde à se trouver tout à la fois laïc et prêtre, prenant la loquacité pour l’éloquence, et tenant pour le signe d’une bonne conscience de déverser la médisance sur tous… Hominem ruslicanum, … vix primis qaoqite imbutum lilleris… Homo turbidentus, et solus inuniversomundo sibi et laicus et sacerdos qui loquacilatem facundiam existimat et maledicere omnibus, bonx conscientiæ signum arbitratur. Op. cit. initio, col. 183-184. Bonose, probablement évêque de Sardique, en Italie, adopta lui aussi la doctrine d’IIelvidius, et c’est lui que saint Ambroise a en vue lorsqu’il combat cette hérésie au chapitre v de son De inslitutione virginis et sanctae Mariæ virginitate perpétua, P. L., t. xvi, col. 314, et la déclare un énorme sacrilège. Fuerunl, dit-il, gui cam (Mariam) negarent virginem persévérasse. Hoc lantum sacrilegium silere jamdudum maluimus, sed quia causam vocavit in médium, ita ut ejus prolapsionis eliam <’i>iscopus arguerctur, indemnatum non putamus rclinquendum. Le cas de Bonose fut d’abord discuté à un concile des évoques italiens réuni à Capoue en 389 ou 391, et les Pères italiens conclurent à une enquête à faire par les évêques d’Illyrie. Ceux-ci s’acquittèrent de leur tâche, l’année suivante, au concile de Thessalonique, sous la présidence du métropolitain Anysius.