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ANTICONCORDATAIRES — ANTIDICOMARIANITES


et plusieurs évêques français. Cf. M. Duc, Une mission à Rome en 1869, Lyon, 1870.

La cause de la Petite-Église fut présentée au concile du Vatican par Ms r Colet, évêque de Luçon, et Mar Deschamps, archevêque de Malines, et elle fut l’objet de deux postulata bien différents. Le 19 février 1870, Mar Colet exposait sommairement l’état du schisme dans la Vendée et il demandait au concile de rechercher les moyens les plus propres à convertir les dissidents. Il joignait à sa demande les deux écrits imprimés par les anticoncordataires et quelques observations critiques. Il espérait que quelques paroles bienveillantes des Pères du concile suffiraient à ramener les schismatiques à l’unité catholique. Le 25 du même mois, M9 r Deschamps demandait une condamnation formelle du schisme anticoncordataire et il disait que ses adhérents, appelés stévénistes, du nom de leurs chefs, les deux prêtres Stevens, cf. Grégoire, Histoire des sectes religieuses, t. ii, p. 442-417, étaient encore au nombre d’environ quatre cents dans son archidiocèse. Cf. Acta et décréta conc. Vaticani. Collectio Lacensis, Fribourg-en-Brisgàu, 1890, t. iiv p. 851-857. Ces deux projets furent propos’s comme amendements au chapitre De primatu. Ma 1’Deschamps voulait faire affirmer le pouvoir du souverain pontife d’éteindre des diocèses et rappelait l’exemple de Pie VII en 1801. Mo"— Colet désirait qu’on ne fît pas une définition dogmatique sur la Petite-Église, mais que le secrétaire du concile écrivit aux adhérents que les évêques de l’Église universelle, réunis à Rome, communiquaient avec ceux de la France et de la Belgique, qu’ainsi ces derniers étaient évidemment en communion parfaite avec le souverain pontife et toute l’Église catholique et que, par conséquent, les schismatiques seraient hors de la voie du salut, tant qu’ils n’obéiraient pas à leurs évêques. Ibid., p. 313-31i. La députation de la foi examina les projets, le 26 juin, et déclara qu’il fallait chercher si la proposition de Ms r Deschamps ne serait pas mieux placée ailleurs ; que celle de Mar Colet n’était pas de son ressort. Ibid., p. 1690. Les amendements furent distribués à la congrégation générale du 30 juin et discutés le 1 er juillet. Ma r Colet et Ms r Maret parlèrent de la Petite-Église à cette dernière séance. Le 5 juillet, le rapporteur de la députation de la foi, Ma r Zinelli, rejeta l’amendement de M9 r Deschamps qui se rapportait mieux à l’institution des évêques qu’à la primauté pontificale. Il ne proposa pas celui de Mgr Colet qui, d’ailleurs, n’exprimait qu’un simple désir et ne présentait pas une formule positive. Quand on vota, le premier amendement fut rejeté par presque tous les Pères, et le second ne fut pas mis aux voix. Ibid., p. 755, 757, 361, 368. Si le concile du Vatican n’a pas explicitement condamné la Petite-Église, il a nettement affirmé la primauté de juridiction du pape dans le gouvernement de l’Église et ainsi improuvé les gallicans qui ne reconnaissaient au souverain pontife qu’une primauté d’honneur. Le mouvement d’idées qui, depuis lors, s’est produit parmi les dissidents, a ramené à la communion catholique les chefs laïques et les membres les plus influents du schisme. Sur les touchantes exhortations que Léon XIII leur adressait dans une. lettre du 19 juillet 1893 à Mo r Juteau, évêque de Poitiers, Marius Duc et les principaux anticoncordataires de Lyon revinrent à l’unité de la foi en 1894, ainsi que trente-quatre habitants de Courlay.

Le schisme anticoncordataire, qui languit depuis longtemps dans l’obscurité, achève de s’éteindre. Le nombre de ses adhérents est peu considérable. On connaît quelques personnes dans les diocèses de Luçon et d’Agen, une seule famille à La Rochelle, plusieurs dans le sudest de la France, dans le diocèse de Grenoble et à Lyon. La paroisse de Fareins, diocèse de Belley, compte encore deux cents dissidents environ. Le centre le plus important est la commune de Courlay, au diocèse de Poitiers,

DICT. DE THÉ0L. CATIIOL.

Un millier de fidèles à peu près se réunissent dans la chapelle de la Plainelière et y font de maigres offices. Depuis que les chefs se sont convertis, seuls l’ignorance et l’entêtement maintiennent dans le schisme les derniers adeptes qui perdent de plus en plus l’esprit catholique.

Fret, A rmenac ou le diseur de vérit es, 1836 ; Fleury, Mémoires sur la Révolution, le premier Empire et les premières années de la Restauration, 2e édit., par dom Piolin, Paris, 1874 ; Rabouin, La Petite-Église dans le Vendômois, dans le Bulletin de la Société archéologique du Vendômois, 1887 ; E. Drochon, La Petite-Église. Essai historique sur le schisme anticoncordalaire, Paris, 1894.

E. Mangenot.

ANTIDIAPHORISTES. Voy. Adiaphoristes.

ANTIDICOMARIANITES. On désigne généralement, sous ce nom, les adversaires, quels qu’ils soient, de la virginité.perpétuelle de la très sainte vierge Marie. Au début, ce nom s’est appliqué tout spécialement à une secte hérétique d’Arabie, dont les partisans soutinrent que la très sainte Vierge eut plusieurs enfants de Joseph, son époux, après la naissance de Jésus-Christ. L’histoire appelle encore les uns et les autres antidicomarites, anlimarianiles, antimariens.

La virginité perpétuelle de Marie est une vérité dogmatique imposée à notre foi. Elle enveloppe non seulement une parfaite chasteté d’esprit, de cœur et de corps, mais encore une intégrité corporelle absolue chez la très sainte mère du Verbe incarné. L’Église l’a définie avec précision, en déclarant que Marie fut toujours également vierge, avant, pendant comme après la naissance du Sauveur. Or l’honneur de la mère se trouve si étroitement lié à celui du Fils, que les ennemis du Christ n’ont pas manqué de poursuivre Marie de leurs attaques immondes, au triple point de vue que nous venons de marquer.

L virginité ante partum. — Dès l’origine, les Juifs répandirent sur la vierge Marie les calomnies les plus honteuses, et Celse se fit un malin plaisir de les recueillir pour les jeter à la face des chrétiens. Elles ont été consignées en des ouvrages rabbiniques comme le traité Sanhédrin du Talmud de Babylone et le Toledoth Jeschuah ou les origines de Jésus. — Parmi les premiers adversaires de l’honneur virginal de Marie, nous rencontrons encore de vieux hérétiques ; Carpocrate, Ébion, Cérinthe, Photin, et leurs partisans. Ils osèrent soutenir que la conception de Notre-Seigneur Jésus-Christ n’a pas été l’œuvre du Saint-Esprit, mais que la nature humaine du Sauveur est le fruit des mutuelles relations de Joseph et de Marie, son épouse. A leur avis Notre-Seigneur est un hommené comme tousles hommes, etMarieestunemère comme toutes les mères. — Ces blasphèmes du premier âge ont eu leur6 échos dans les temps modernes, et l’on a vu les ébionites reparaître sous des formes diverses. Ce furent d’abord les sociniens, pour qui Notre-Seigneur n’est qu’un homme ordinaire. Puis vinrent les naturalistes ; avec l’auteur du Christianisme dévoilé, . ils ont prétendu ranger parmi les fables et les inventions de la poésie la naissance de Jésus d’une vierge. Enfin ont paru les rationalistes et les critiques bibliques modernes, comme Paulus de Heidelberg, Ammon, Strauss, Venturini, Renan, et ils ont enseigné que l’histoire évangélique de la conception miraculeuse de Jésus ne peut et ne doit avoir d’autre interprétation qu’une explication mythique. Cf. Knoll, Institut, theoh, Turin, 1892, t. i, p. 415.

La révélation tout entière proteste contre une telle incrédulité et de telles infamies. Avec Isaïe, elle proclame que l’Emmanuel devait être conçu, devait naître d’une vierge, Is., iiv 14 ; avec l’Évangile, dans tous ses symboles, elle professe que le Christ a été conçu du Saint-Esprit, qu’il est né de la vierge Marie ; et le pre I. — 41