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ANTHROPOMORPHISME — ANTHROPOMORPH1TES


ses lèvres : ls., xi, 4 ; sa langue est un feu dévorant : Is., xxx, 27 ; aux méchants qui l’abandonnent il tourne le dos : Jer., xviii, 17 ; et il montre sa face à ceux qu’il veut sauver : Ps. lxix, 4, 8, 20 ; sa main, sa droite, son bras peut tout et fait tout : Ps. xvi, 14 ; xvii, 36 ; xix, 7 ; xx, 9 ; Is., xix, 25 ; xxix, 23 ; xlv, 11 ; xlviii, 13 ; LUI, 8 ; lxiv, 8 ; Jer., xxi, 5 ; xxxii, 21 ; Hab., H, 16 ; il élève la main pour prêter serment : Is., lxii, 8 ; il étend son bras pour rappeler les pécheurs : Is., lxv, 2 ; il porte dans ses bras ou sur ses épaules la brebis errante : Is., xl, 11 ; Ose., xi, 3 ; la terre est l’escabeau de ses pieds : Is., lxvi 1 ; ses entrailles et son cœur sont émus de regret, de pitié et d’amour : Gen., vi, 6 ; Jer., xxxi, 20 ; il habite au ciel et dans son temple : Is., viii, 18 ; xxxiii, 5 ; iilv 15 ; Zach., viii, 3 ; il est assis sur un trône : Is., vi, 1 ; xvi, 5 ; xxxvii, 16 ; Dan., m, 54 ; il s’élève : Amos, iiv 9 ; s’avance pour combattre : Zach., xiv, 3 ; descend : Gen., xi, 7 ; parcourt les montagnes : Amos, iv, 13 ; Mich., i, 3 ; la^ terre et la mer : Hab., iii, 12, 15 ; porté sur une légère nuée : Is., xix, 1. Il met son bras à nu : Is., iil 10 ; tend son arc, envoie sa (lèche, brandit la lance et l’épée : Is., xxvii, 1 ; Jer., XII, 12 ; xxv, 29 ; Thren., ii, 4 ; iii, 12 ; Ezech., v, 2 ; xii, 14 ; xxi, 9 ; Hab., iii, 11 ; brise les nations ennemies : Is., xiv, 25 ; il frappe et guérit : Is., vi, 10 ; xxx, 26 ; Jer., xxx, 17 ; abat et relève, détruit et édifie : I Reg., ii 6-8 ; Is., v, 2 ; ix, 14 ; li, 16 ; . 3° La sainte Écriture nous montre également en Dieu une âme : Hebr., x, 38, avec des sentiments humains : l’amour et la haine : Is., i, 14 ; xlii, 1 ; xlviii, 14 ; Jer., xii, 8 ; xxxi, 3 ; le désir et la joie : Is., xlii, 1 ; lxii, 5 ; lxv, 19 ; la douleur : Gen., vi, 6 ; l’attente : Ose., iii, 3 ; l’impatience : Zach., xi, 8 ; la colère : Ps. ii, 12 ; v, 11 ; lxxix, 5 ; lxxxiv, 6 ; Jer., iv, 8 ; xxx, 24 ; xlii, 18 ; Ezech., vi, 12 ; iiv 8 ; ix, 8 ; Dan., xi, 36 ; le repentir : Gen., vi, 6 ; Ps. cix, 4 ; Jer., iv, 28 ; xviii, 10 ; Zach., viii, 14-15. L’anthropomorphisme qui prête à Dieu les sentiments, les passions de l’àme humaine, prend aussi le nom spécial d’anthropopathisme, avOpwrco ; , homme, 7uà60ç, passion. — 4° Enfin les activités et états de l’intelligence humaine sont encore employés pour décrire les actes de l’intel’igence divine. C’est ainsi que l’on dit que Dieu se souvient : Tob., iii, 3 ; Ps. xix, 4 ; iilxxxvi 51 ; cxin, 12 ; II Esd., xiii, 22 ; qu’il prévoit : IV Reg., xix, 27 ; Ps. cxxxviii, 4 ; qu’il oublie : Ps. xii, 1 ; Eccli., xxiii, 19 ; qu’il pense : Sap., iv, 17 ; Zach., I, 6 ; Mich. IV, 12 ; qu’il réfléchit. Jon., I, 6.

V. EN PARTICULIER DANS L’ANCIEN TESTAMENT. — C’est

surtout dans l’Ancien Testament que se rencontrent les anthropomorphismes. Trois causes principales les y ont produils. D’une part, la nécessité de parler aux races primitives un langage imagé plus à leur portée, d’où les nombreux anthropomorphismes que l’on trouve dans le Pentateuque et dans les livres inspirés les plus anciens. D’autre part, les visions sous lesquelles Dieu se manifestait et qui remplissent les livres prophétiques, en particulier celui d’Isaïe, de locutions anthropomorphites. Enfin le caractère poétique de certains livres, comme les Psaumes, qui exigeait l’emploi fréquent du style métaphorique.

VI. Sens de ce langage.

Les— exemples que nous avons cités montrent que la sainte Écriture n’attribue pas indistinctement à Dieu les éléments de la nature humaine ou ses activités. Jamais on ne donne à Dieu un corps. Si, à son sujet, on parle de membres, c’est manifestement à cause des activités dont ils sont les organes : le plus souvent ce sont les actions mêmes que l’on prête à Dieu. Jamais non plus on ne lui rapporte d’actions vicieuses ou de passions mauvaises. Les sentiments imparfaits ne lui sont supposés qu’à cause des qualités qu’ils peuvent contenir ou manifester. « Dieu a un zèle sans envie, il s’irrite sans se troubler, il a pitié sans souffrir, il se repent sans avoir besoin de se

reprendre d’aucun mal, il est patient sans pâtir. « Augustin, De palienlia, c. i, n. 1, P. L., t. xl, col. 611. Il oublie nos péchés, non parce qu’il en perd le souvenir, mais parce qu’il n’en poursuit plus la vengeance : il interroge Caïn, Gen., iv, 9, non parce qu’il ignore son fratricide, mais pour lui arracher un aveu et produire sur lui l’effet salutaire qu’occasionnent habituellement sur un coupable la présence et l’interrogatoire d’un juge. Ces anthropologies doivent être prises au sens figuré. Les entendre au sens propre c’est tomber dans l’hérésie des anthropomorphites (voir art. suivant) ; c’est aller contre le contexte, car d’ordinaire l’ensemble de ces passages en montre le caractère métaphorique ; c’est enfin contredire les endroits nombreux de l’Ancien Testament qui affirment l’invisibilité de Dieu, son infinie spiritualité, son omniprésence, le déclarent incomparable et en défendent toute représentation sensible. « Quand donc nous entendrons parler des ailes de Dieu, comprenons qu’il s’agit de sa protection, ses ailes signifient ses opérations, ses pieds sa présence, ses yeux la vue qu’il a de nous-mêmes, sa face la connaissance qu’il nous donne de lui ; et tout ce que la sainte Écriture rappelle de semblable doit être entendu spirituellement. » S. Augustin, Epist., cxlviii, ad Fortunalianum, c. iv, xiii, xix, P. L., t. xxxiii, col. 628.

S. Augustin, De divers, qnxst. ad Simplicianum, 1. I, q. ii, P. L., t. xli, col. 110 sq. ; De civit. Dei, 1. XVI, c. v, P. L., t. xli, col. 483 (cf. Novatien, De Trinitate, 1. VI, P. L., t. iii, col. 800 ; Heinrich, Dogm. theol., § 105, Mayence, 1879, t. iii, p. 378 ; Fremling, De anlhropomorpliitis, Lund, 1787) ; S. Eucher, Liber formularum spiritualis intelligentix, P. L., 1. 1, col. 727 ; Glassius, Philologia sacra, 1. V, c. iiv de àv6p(i>7ro7r(x0£iï, Leipzig, 1743, p. 1530-1658 ; Kriigling, Ueber den Anthropomorphismus der Bibel, Dantzig, 1806 ; Gelpe, Apologie der anthropomorphischen und anthropopathischen Darstellung Gottes, Leipzig, 1842 ; Kirchenlexikon, Fribourg-en-Brisgau, 1886, et Dictionnaire de la Bible, Paris, 1892.

A. ClIOLLET.

ANTHROPOMORPHITES. L’anthropomorphisme devint une erreur chez ceux qui prêtaient à Dieu les sens, les passions et les affections de l’homme, parce qu’ils prirent au pied de la lettre les expressions de l’Lcriture sainte, en particulier celles de l’Ancien Testament. La Bible, en effet, est pleine d’anthropomorphismes, et cela s’explique. Car, bien qu’inspirée par Dieu, elle a été écrite par des hommes, pour des hommes, à l’aide du langage humain. Se faire comprendre, voilà le but ; de là ses métaphores : Dieu voit, entend, parle, agit, s’irrite, se repent, menace, etc., à la manière de l’homme. Ce n’est pas à dire que Dieu ait réellement, comme l’homme, des sens, des passions, des affections, toutes choses qui impliqueraient une nature sensible et inférieure, et qui dès lors ne sauraient convenir à la spiritualité absolue et à l’infinie perfection de Dieu. Aussi tous les interprètes ont-ils eu soin de dégager le sens qui se cache sous la lettre, d’avertir qu’il ne faut pas entendre littéralement les expressions bibliques sur la nature de Dieu, mais y voir des comparaisons rendues nécessaires par l’imperfection de notre intelligence et l’infirmité de notre langage (voir l’art, précédent). Malgré tout il s’est rencontré, même au sein du christianisme, des esprits assez simples ou assez bornés pour s’en tenir au sens littéral et prêter à Dieu la forme humaine.

Ce ne fut pas le cas de Tertullien, bien qu’il affirme que Dieu a un corps. Adv. Praxe., iiv De carne Christi, P. L., t. ii, col. 162, 774. En prenant les termes au sens qu’il leur donne dans sa langue théologique, parfois si incorrecte, corps signifie substance ; et Tertullien n’a pas mis en doute la spiritualité de Dieu. On n en saurait dire autant du pseudo-Clément ; car voici comment il raisonne : Dieu pour se faire aimer doit posséder la beauté parfaite. Or il n’y a pas de beauté sans forme sensible. Donc Dieu a une forme sensible. Horn. Cle-