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ANTECHRIST ~ ANTERE

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Augustin, on avait émis une opinion semblable. L’évêque d’Hippone nous dit : Quid detineat scitis, et, mysterium opcrari iniquitatis, non putant dictum nisi de malis et ftctis qui sunt in Ecclesia, donec perveniant ad tant uni numerum qui Antichristo magnum populum faciat. Ibid. D’autres pensèrent, comme nous l’avons déjà dit, que l’Antéchrist était venu au temps de Julien l’Apostat ou de Mahomet. Cependant, ces deux dernières opinions ne trouvèrent jamais grand crédit dans la tradition.

VI. Son origine.

On n’a que très peu de données sur ce sujet. Certains Pères crurent que l’Antéchrist sortirait de la tribu de Dan. Nous trouvons ce sentiment dans saint Irénée et saint Grégoire le Grand. L’évêque de Lyon dit : Jeremias autem non solum subitaneum ejus adventum, sed et tributum [tribu] ex qua veniet, manifestavit dicens : Ex Dan audiemus vocem velocitatis ejus, iivi 16, n. 2, P. G., t. iiv col. 1205. Saint Grégoire le Grand s’exprime ainsi : Nonnulli enini de tribu Dan venire Antichristum ferunt, pro eo quod hoc loco, Gen., xlix, 17, Dan et coluber asseritur et mordens. Unde et non immerito dum Isræliticus populus terras in castrorum partitione susciperet, Dan ad Aquilonem castrametatus est, Num., ii, 25 ; Muni scilicet signans, qui in corde suo dixerat : Sedebo in monte testamenti, in lateribus Aquilonis ; ascendam super altitudinem nubium, similis ero Altissimo. Is., xiv, 13. De quo et per prophetam dicitur : A Dan auditus est fremitus equorum ejus. Jer., iivi 16. Qui non solum coluber, sed etiam cérastes vocatur. Klpata enini grœce cornua latine dicuntur, serpensque hic cornulus esse perhibetur, per quem digne Antichristi adventus asseritur, quia contra fidelium vitani cum morsu pestiférée prœdicationis armatur etiam cornibus potestatis. Moral., xxxi, 24, P. L., t. lxxvi, col. 596. Trois raisons avaient porté certains auteurs à penser que l’Antéchrist sortirait de la tribu de Dan. La première ce sont les paroles de Jérémie que viennent de citer saint Irénée et saint Grégoire. Mais ce texte ne s’applique nullement à l’Antéchrist. Dans ce chapitre Jérémie parle des malheurs que Dieu enverra au peuple à cause de son idolâtrie et de ses prévarications. La deuxième c’est le texte de Gen., xlix, 17 : Fiat Dan coluber in via, cérastes in semita, mordens ungulas equi, ut cadat ascensor ejus rétro. Nous avons entendu saint Grégoire faire allusion à ce passage. Mais on répond que cette raison n’a aucune valeur, car le texte de la Genèse s’applique à Samson et non à l’Antéchrist. Enfin la troisième raison est tirée du silence de saint Jean. En énumérant les tribus dans l’Apocalypse, iiv 5-8, saint Jean ne fait pas mention de la tribu de Dan. On a répondu que cette raison n’est pas non plus concluante, car l’omission d’une tribu se présente dans d’autres endroits de l’Écriture. Ainsi la tribu de Lévi est omise dans les Nombres, xiii, 5-16, et la tribu de Siméon dans le Deutéronome, xxxin.

Ce sont là toutes les données, vraiment sérieuses, que nous fournissent le Nouveau Testament et la tradition relativement à l’Antéchrist. Nous croyons qu’il est impossible d’aller plus loin sans entrer dans le domaine de l’imagination.

Voir l’écrit du pseudo-Hippolyte intitulé rUçî im-iùiïn ;  ; Adson, De ortu, vita et moribus Antichristi, in-4° 1505, P. L., t. ci, col. 1289-1298 ; Malvenda, De Antichristo libri XI, in-fol., Borne, 1604 ; Bible de Vence (édition de Drach), t. XXIII ; Bossuet, Commentaire sur l’Apocalypse, in-8°, Paris, 1689, Calmet, Dissertation sur l’Antéchrist, dans son Commentaire littéral, S. Paul, 1716, t. ii p. xxvi-lviii ; Bousset, Der Antichrist, Gcettingue, 1885 ; Chauvin, Histoire de l’Antéchrist, Paris, 1903.

V. Ermoni.

ANTELMI ou ANTHELMI Joseph naquit à Fréjus (Var), le 25 juillet 1648, d’une famille dans laquelle le canonicat et l’étude des gloires antiques locales semblaient être héréditaires. Se destinant à l’état ecclésias tique, Joseph alla étudier la théologie à Lyon, où il suivit les cours du célèbre Père Lachaise. Revenu en Provence, il devint à son tour chanoine dans l’église cathédrale de Fréjus, malgré les répugnances que sa modestie et ses goûts de travail et d’austérité lui avaient fait exprimer pour cette dignité, dans un traité resté inédit et intitulé : De periculis canonicorum. A l’exemple de ses oncles, Pierre et Nicolas, qui ont fourni à la Gallia christiana la liste des évêques de Fréjus, il s’appliqua particulièrement à l’histoire ecclésiastique de son pays et se proposa de faire celle de sa ville et de son diocèse d’origine. Il débuta par De initio ecclesiæ Forojuliensis dissertalio chronologica, critica, profano-sacra, in-4°, Aix, 1680. Dans le cours de son travail, Antelmi fut obligé d’entrer dans l’examen des questions semipélagiennes des moines de Provence et de rechercher le véritable auteur du livre de la Vocation des gentils, des Capitules sur la grâce, et de la Lettre à Démétriade. Il opta pour saint Prosper, à rencontre du P. Quesnel, qui attribuait ces ouvrages à saint Léon le Grand. Les deux savants échangèrent des lettres à ce sujet dans le Journal des savants, en août 1689. Finalement, le docte partisan de saint Prosper fit paraître en latin : De veris operibus SS. Patrum Leonis et Prosperi Aquitani dissertationes criticse, in-4 », Paris, 1689. La lutte se reporta ensuite sur le symbole de saint Athanase. Tandis que Quesnel en faisait l’œuvre de Vigile de Tapse, évêque d’Afrique, vers la fin du ve siècle, Antelmi, au contraire, faisait revivre la conjecture de P. Pithou, qui met en avant le nom de saint Vincent de Lérins, Nova de symbolo Athanasiano disquisitio, in-8°, Paris, 1693. Ce livre se divise en quatre parties : la première prouve que ce symbole ne peut être de saint Athanase ; la deuxième, qu’il a été composé au Ve siècle ; la troisième examine la nationalité de l’auteur, son origine française et non africaine ; enfin, il conclut, dans la quatrième, que cet auteur français est saint Vincent de Lérins. Ses conjectures se fondent sur la conformité d’expressions entre le style du moine provençal et nombre de passages du symbole, mais principalement sur le dessein qu’il manifeste, dans un de ses écrits, de retoucher plus au long la confession des mystères de la Trinité et de l’Incarnation. Dans la même année, Antelmi publia encore une lettre au P. Pagi touchant l’âge, les actions et l’année de la mort de saint Martin de Tours. On lui est redevable de divers autres travaux historiques qui ont été recueillis et livrés à l’impression par son frère Charles, évêque de Grasse. Joseph Antelmi est mort le 21 juin 1697, à l’âge de 49 ans, à Fréjus, où il était revenu peu auparavant rétablir une santé compromise par trop d’application à l’étude. Dès 1694, en effet, il était vicaire général de l’évêque de Pamiers qui l’avait appelé pour apaiser les troubles occasionnés dans son diocèse par l’affaire de la régale. C’était un homme de beaucoup d’esprit, de prudence, de douceur et d’érudition.

Feller, Biographie universelle, Paris, 1845, t. ii p. 193 ; Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, 1811, t. ii p. 243 ; Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, Paris, 1868, t. i, p. 114 ; Hurter, Nomenclator literartus, Inspruck, 1893, t. H, col. 540 ; Élie Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du xvii’siècle, Paris, 1719, t. iv, p. 344.

C. Toussaint.

ANTÈRE (Saint), pape. Il étaitGrecd’origine, etmonta sur le siège apostolique le 21 ou le 24 novembre 235, après le pape saint Pontien. Il y a de sérieuses raisons d’admettre qu’il mourut martyr. Sa mort arriva le 3 janvier 236. On a retrouvé son épitaphe. Durant son court pontificat, il s’occupa de faire recueillir les actes des martyrs. On lui a attribué une décrétale permettant la translation des évêques d’un siège à un autre ; mais ce document est apocryphe.

De Rossi, Borna sotterranea, Rome, 1867, t. ii p. 55-58, 180-184 ; Duchesne, Liber poulificalis, Paris, 1885, t. I, p. xcv, c, 147 ;