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ABRAHAM (PROMESSE DU MESSIE FAITE A)

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col. 375, 383. Ces deux derniers écrivains distinguent même la postérité charnelle d’Abraham, comparée à la poussière de la terre et au sable de la mer, de sa postérité spirituelle, brillante comme les étoiles du ciel et aspirant à l’héritage céleste. — 2° Promesse de faveurs insignes. — « Je te bénirai. » Cette bénédiction divine apportera à Abraham les richesses et la prospérité temporelles, que les patriarches regardaient à juste titre comme un effet de la bénédiction céleste sur eux. Gen., xxx. 27 ; xxxix, 5. Elle produisit ses fruits pour Abraham, qui était favorisé dans ses biens et dans toutes ses entreprises, ainsi que le constatait Abimélech, roi de Gérare. « Dieu est avec toi en tout ce que tu fais, » disait-il à Abraham. Gen., xxi, 22. Mais suivant la remarque de l’abbé Rupert, De Trinitate, xv, 5, P. L., t. cxlvii, col. 370, la bénédiction de Dieu conférera à Abraham les bienfaits spirituels, la grâce du Saint-Esprit, qui est supérieure à la multiplication delà race et à l’abondance des richesses de ce monde. — 3° Promesse d’une grande gloire. — « Je rendrai ton nom célèbre. » Le nom même d’Abraham qui lui avait été donné par Dieu, Gen., xvii, 5, (’lait significatif et rappelait la promesse divine d’une nombreuse postérité. Il est devenu populaire et fameux dans le monde entier. Le personnage qui le portait a été partout honoré. Il n’a pas eu son pareil en fait de gloire. Eccli., xliv, 20. Les Juifs se glorifiaient de l’avoir pour père. Matth., iii, 9 ; Luc, iii, 8 ; Rom., xi, 1 ; II Cor., xi, 22. Les Arabes qui se flattent de descendre de lui, par Ismaël, l’ont surnommé Kalil-Allah, « l’ami de Dieu, » et les païens eux-mêmes dont les témoignages ont été recueillis par Josèphe, Ant. jud., I, vii, 2, et par Eusèbe de Césarée, Præpar. ev., ix, 16-20, P. G., t. xxi, col. 705-713, ont connu le célèbre patriarche. — 4° Promesse d’être une source de bénédictions. — Selon l’hébreu : « Sois bénédiction. » L’impératif est mis pour le futur. Cette parole signifie donc : « Tu seras comme la bénédiction divine incarnée sur la terre, comme une source de salut qui s’épanchera sur les autres. » Elle est en effet expliquée par le verset suivant : « Je bénirai ceux qui te béniront ; je maudirai ceux qui te maudiront, et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » Gen., xii, 3. Abraham réglera pour ainsi dire les affections de Dieu, qui bénira ou maudira les hommes d’après la conduite qu’ils tiendront eux-mêmes à l’égard du patriarche. Dieu accordera ses faveurs à ceux qui voudront et feront du bien à Abraham ; il frappera ses ennemis. Cette promesse s’est réalisée durant la vie mortelle d’Abraham. A la suite d’une expédition heureuse, Abraham a arraché son neveu Lot aux mains de Chodorlahomor. Gen., xiv, 16. Ismaël, le fils qu’il avait eu d’Agar, est béni par le Seigneur à sa prière. Gen., xvii, 20. Pharaon, Gen., xii, 17, et Abimélech, Gen., xx, 7, 17, ont été châtiés à cause d’Abraham. La bénédiction divine, ainsi attachée à sa personne, devait s’étendre à tous les hommes, puisque Jéhovah a ajouté aux promesses précédentes : « Et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » On a voulu, il est vrai, la restreindre aux tribus chananéennes et aux populations voisines, qui étaient en relations avec Abraham ou au moins connaissaient sa renommée. Mais outre que rien ne justifie la restriction, Dieu, en renouvelant sa promesse, a substitué, nous le verrons, l’expression « tous les peuples » à celle de ce passage « toutes les familles ». Les deux expressions sont donc synonymes et désignent l’universalité des hommes. D’ailleurs, les tribus chananéennes, qui devaient être dépossédées et en partie exterminées par les descendants d’Abraham, n’ont pas eu à se féliciter de sa venue au milieu d’elles et de son voisinage. Quant à la bénédiction qui se répandra par Abraham sur le monde entier, elle doit à première vue, en raison de son extension universelle et en raison aussi de ce qu’elle suit et complète les précédentes, leur être supérieure. Or les précédentes se rapportaient principalement à l’ordre temporel. La dernière concernera donc l’ordre spirituel. Le verbe bâraq, qui signifie « bénir, saluer, souhaiter bonheur et prospérité », est employé ici à la forme niphal ou passive. Cette forme se retrouve dans les passages parallèles, Gen., xviii, 18 ; xxviii, 14, et pas ailleurs dans l’Écriture. Mais dans les autres répétitions de la promesse, Gen., xxii, 18 ; xxvi, 4, le verbe est à la forme ithpaél ou réfléchie. Comme ces deux formes s’emploient souvent l’une pour l’autre, il y a lieu de se demander si le verbe bdraq a ici le sens passif, « seront bénis, » ou le sens réfléchi, « se béniront. » Les interprètes ne sont pas d’accord. Les uns comme Gesenius, Thésaurus philologico-criticus linguæ hebrscx et chaldaicx, Leipzig, 1829, t. i, p. 242, adoptent partout la forme réfléchie et traduisent : « Toutes les tribus de la terre désireront pour elles ton sort heureux et celui de ton peuple. » La plupart acceptent le sens passif, reconnu par les Septante, les targums, la version syriaque, la Vulgate, les Pères grecs et latins et cité par saint Pierre, Act., iii, 25, et saint Paul, Gal., iii, 8. Cependant saint Chrysostome, In Gen., homil. xxxi, n.4, P. G., t. un, col. 288, adopte le sens réfléchi. La forme passive du verbe étant admise de préférence à la forme réfléchie, il reste à déterminer quelle bénédiction divine les nations de la terre recevront par Abraham. La préposition hébraïque 3 qui, unie aux verbes passifs, désigne l’auteur ou l’instrument, signifiera ici en toi ou par toi. La bénédiction divine qui se répandra sur tous les peuples, sera donc en la personne d’Abraham ou viendra par son intermédiaire. L’apôtre saint Paul a expliqué le sens de la promesse divine faite à Abraham. Gal., iii, 7-9. Ce patriarche ayant été justifié par la foi, Gen., xv, 6 ; Rom., iv, 3 ; Jac, il, 23, tous les croyants sont lils d’Abraham. Rom., iv, 11, 12. Or l’auteur de l’Ecriture, décidant de justifier les gentils par la foi, a annoncé d’avance à Abraham que toutes les nations seront bénies en lui. Donc tous les croyants seront bénis avec le grand croyant, Abraham. Ce raisonnement de l’apôtre nous aidera à déterminer le sens de la promesse, qu’il cite en substituant, d’après Gen., xviii, 18, « toutes les nations » à « toutes les familles de la terre », et sur laquelle il argumente pour démontrer que les promesses de Dieu sont indépendantes de l’observation de la loi mosaïque. Le sens général est donc celui-ci : tous les gentils qui sont lils d’Abraham, qui partagent sa foi, auront part à sa bénédiction. Cf. J. Bœhmer, Dasbiblische « 1m Namen », in-8°, Giessen, 1898, p. 50. Le P. Palmieri, Comment, in Epist. ad Galatas, in-8°, 1886, p. 121, estime quel’objet de cette bénédiction est la justification. Mais le P. Cornely, Comment, in Epist. ad Cor. alteram et ad Galatas, Paris, 1892, p. 480, pense que la justification, tout en étant la principale des bénédictions divines, n’est pas la seule et que la bénédiction que les gentils doivent recevoir par Abraham, comprend dans son intégrité le salut messianique, que les judaïsants voulaient rattacher à l’observation de la loi mosaïque. Or cette bénédiction, les gentils la recevront par Abraham, non pas seulement en raison du Christ, son rejeton, comme le prétendent plusieurs commentateurs, car saint Paul ne mentionne pas ici la descendance d’Abraham, mais dans et par sa personne elle-même. Mais comment la recevront-ils ? Sera-ce seulement en lui ressemblant, en imitant sa foi et en participant ainsi à ses bénédictions et aux promesses que Dieu lui avait faites ? Plusieurs Pères et écrivains ecclésiastiques l’ont admis. Ainsi, Marins Victorinus, In Epist. Pauliad Gal., i, P. L., t. viii, col. 1169 ; S. Augustin, Epist. ad Gai. exposit., U.23, P. L., t. xxxv, col. 2121 ; S. Cyrilled’Alexandrie, De adorai. inSpiritu, II, P. G., t. i.xviii, col. 217 : tô 6é, « bi o-o’; , » <Tv)|iav) ; av tô, x « 0’Ô|ao16tï)T0( ttjv ct-^v ; Théodoret, Tmterpret. Epist. ad Gal., P. G., t. i.xxxii, col. i"7, 480 ; Théopln lacté, E.rposil. in Epis t. ad Gal., P. G..t. ex xiv, col. 985 ; (Ecuméni us,