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ANSELME — ANSELME D’HAVELBERG


exemple l’idée du mouvement le plus rapide qu’on puisse concevoir pour une roue qui tourne. Ce— mouvement que nous croyons parfaitement concevoir est impossible, et quand on y regarde de près, on découvre que, en fait, nous n’en avons pas vraiment l’idée. Méditations sur la connaissance, etc., dans l’édition de P. Janet, t. ii, p. 516, 517. Ainsi donc de l’idée seule de Dieu, telle que nous pouvons nous la faire ici-bas, il est impossible de conclure avec certitude à l’existence de Dieu ; ce passage de l’ordre idéal à l’ordre réel ne serait légitime que si, dans l’idée, nous atteignions la réalité de l’objet (ce qui est l’ontologisme), ou du moins si nous avions de Dieu une idée propre, que nous n’avons pas. Mais il reste que, connue par ailleurs l’existence de Dieu, l’argument ontologique nous aide à mieux comprendre comment cette existence est per se nota quoad se, comme dit saint Thomas, comment elle est l’essence même de l’acte pur ; il reste que la preuve anselmienne, suivant le désir du grand génie qui la trouva, nous amène à tirer de l’idée même de Dieu tout ce que nous pouvons connaître de « Celui qui est » par essence.

I. Ouvrages généraux.

La plupart des auteurs cités à l’article précédent parlent de l’argument ontologique ; quelques-uns fort longuement, Morin, par exemple, et Van Weddingen.Aux auteurs déjà cités dans le présent article (S. Thomas, S. Bonaventure, Scot, Descartes, Leibnitz, Kant, Nourrisson, etc.), il faut joindre les philosophes ou théologiens qui ont traité de Dieu, boit dans des cours, soit dans des ouvrages spéciaux. En particulier Hontheim, Institutiones thcodicem, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 53 ; Kleutgen, La philosophie scolastique, Paris, 1869, t. IV, n. 937 ; Farges, L’idée de Dieu, Paris, 1894, p. 208 ; J. Simon, La religion naturelle, I" part., c. i, Paris, 1856 ; A. de Margerie, Théodicée, Paris, 1874, note A, t. I, p. 359. — Joindre les études sur l’idée de Dieu ou sur les preuves de l’existence de Dieu, par exemple Bouchitté, Introduction et histoire des preuves de l’existence de Dieu, 1° et 2’mémoires, dans le Becueil de l’Institut ; cf. Morin, p. 450, n. 136 ; J. Kôstlin, Die Beweise fur das Dasein Gottes, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1875, p. 611 ; J. Janda, Kritisch. histor. Entwickelung des Gottesbegriffs, Dissert., Bostock, 1868. — Joindre enfin aux histoires du dogme et de la philosophie déjà citées : W. G. T. Shedd, History of Christian doctrin, New-York, 1864, t. ii p. 111, 263.

II. Travaux spéciaux.

Plusieurs pièces dans les Mémoires de Trévoux’ : Du P. Lamy, 0. S. B., Lettre à M. l’abbé Brillon, pour la défense d’une démonstration cartésienne de l’existence de Dieu, janvier et février 1701, p. 187 ; de Leibnitz, Extrait d’une lettre sur ce qu’il y a dans les Mémoires de janvier et de février touchant la démonstration cartésienne de l’existence de Dieu, par le R. P. Lamy, bénédictin, sept, et oct. 1701, p. 203 ; de Tournemine, Nouvelle preuve de l’existence de Dieu, juillet 1702, p. 108 ; d’un anonyme, Éclaircissement sur la démonstration cartésienne de l’existence de Dieu, prise de son idée, octobre 1742, p. 1732 ; Em. Saisset, De varia S. Anselmi pi Proslogio argumenli fortuna, Paris, 1840 ; R. Hasse, De ontologico Anselmi pro existentia Dei argumento, Bonn, 1849 ; A. Stôckl, De argumento, ut vocant, ontologico, Munich, 1862 ; Em. Herwig, Ueber den ontologischen Beweis, dissert., Rostock, 18C3 ; Jahnke, Ueber den ontol. Beweis von Dasein Gottes, mit besonderer Berùcksichtigung von Anselm und Descartes, Progr., Stralsund, 1874 ; G. Runze, Der ontol. Gottesbeiveis, kritisrhe Darstellung seiner Gescliichte seit Anselm bis auf die Gegenwart, Halle, 1882 ; Montet, De argumento S. Anselmi, Genève, 1884 ; J. Kdrber, Das ontologische Argument, Gymn. Progr., Bamberg, 1884 ; J. M. Piccirelli, Dissertatio de mente S. Anselmi in Proslogio, Paris, 1885 (appendice à son De Deo ; cf. M. E. Rivière, Annales de phil. clirét., 1885, G. t. xii, p. 480) ; Ragey, L’argument de saint Anselme, Paris, 1893 ; H. Ziedtke, Die Beweise fur Dasein Gottes bei Anselm und Descartes, diss. inaug., Heidelberg, 1893 ; Combe, An ex ordine logico demonstrari possit existentia Dei, au début d’un livre intitulé : Le pantliéis>ne moderne ; cf. Bévue thomiste, 1897, p. 139 ; dans les Annales de philosopliie chrétienne, outre l’article à propos de Piccirelli, ci-dessus : L. Guyeton, L’argument de S. Anselme, 1894, t. xxxi, p. 52, 263 ; Bertin, La preuve de l’existence de Dieu par l’idée que nous en avons, 1895, t. xxxii, p. 155, 277 ; Domet de Vorges, Rapport lu à l’Académie de Saint-Thomas, séance du 2 mars 1900, ibid., juillet 1900, p. 463 ; dans la Science catholique, Gayraud, L’argument de saint Anselme, 1894, p. 784 ; dans la Revue thomiste, Hur taud, L’argument de saint Anselme et son récent apologiste, 1895, p. 326 ; dans les Comptes rendus des Congrès scientifiques des catholiques, 1888, II* sect., p. 398 ; 1894, m* sect., p. 77, 710 ; 1897, in" sect., p. 114 ; dans le Philosophisclies Jahrbuch der Gorresgesellschaft, Adlhoch, Der Gottesbeweis des hl. Anselm, t. viii, 1895 ; t. x, 1897 ; L. Heinrichs, Die Genugluungstheorie des h. Anselmus von Canterbury, 1909.

J. Bainvel.

2. ANSELME D’HAVELBERG. L’origine de ce personnage est inconnue. On a supposé qu’il naquit en Lotharingie ou sur les bords du Rhin, qu’il reçut sa formation : littéraire à Laon et fut une des premières conquêtes de saint Norbert (Winter, p. 56). L’amitié qui l’unit à Wibald dès sa jeunesse (Wibald, Epist., cl, dans Jaffé, Bibl. rer. gertn., t. I, p. 241), ce qu’il dit de Rupert de Deutz {Epist. ad abb. Huisb., P. L., t. clxxxviii, col. 1120) permettent de conjecturer qu’il appartenait au pays de Liège. Disciple de saint Norbert, il fut établi par lui évêque d’Havelberg, dans la première moitié de 1129 (Winter, p. 300). Partisan, comme Norbert et Wibald, d’une politique de conciliation, il fut grandement mêlé aux affaires politiques de son temps, suivit Lothaire III en Italie, fut chargé par ce prince et plus tard par Frédéric I er, d’une ambassades Constantinople, et, en 1417, lors de la croisade contre les Wendes, exerça la fonction de légat pontifical. On le retrouve fréquemment dans l’entourage de l’empereur, notamment à Spire où saint Bernard le délivre d’un mal de gorge. VitaBern., 1. VI, c. v, n. 19, P. L., t. clxxxv, col. 381 ; Jaffé, Gesch. des deulschen Reichs unter Conrad III, passim ; Dettlof, Der erste Bômerzung Friedriclis I, Gœttingue, 1877, p. 26 ; Bernhardi, passim. Il déploya une grande activité en faveur de son ordre, qui travaillait alors à la christianisation du pays des Wendes, plaça des prémontrés dans son chapitre cathédral et coopéra à la fondation du monastère de Jérichow. Gest. arch. Magd., dans Mon. German. histor., t. xiv, p. 417 ; Winter, p. 148-168 ; 312313. En 1155, Frédéric I er le fit nommer au siège archiépiscopal de Bavenne, .4nnaZ..Z-WaL, dans Mon. German, histor, , t. xvi, p. 89, et usa de ses services dans ses négociations avec le pape. Anselme mourut dans le camp impérial, devant Milan, le 12 août 1258. Vinc. Prag., dans Mon. German. histor., t. xviii, p(_671, 673-674.

Comme écrivain, Anselme d’Havelberg appartient à l’école dite mystique du xiie siècle et se rattache aux prévôts de Reichersperg et à Rupert de Deutz. Janssen, Wibald von Stablo, p. 12-13. On a de lui : 1° trois livres’AvTtxétuivujv ou Dialogi. D’Acliery, Spicil., 1. 1, p. 161207 ; P. L., X. clxxxviii, col. 1139-1248. C’est l’exposé fait à la demande d’Eugène III des conférences qu’il eut, lors de son premier voyage à Constantinople, en 1136, avec Nicétas, archevêque de Nicomédie, sur la procession du Saint-Esprit, la primauté romaine et autres points controversés entre les Églises d’Orient et Rome ; ces dialogues sont précédés d’une petite dissertation sur l’unité de la foi dans l’Église ; 2° lettre à l’abbé Egbert d’Huisbourg, au sujet de la prééminence des chanoines réguliers sur les moines. Amort, Vet. dise, canon., Venise, 1747, t. ii p. 1018-1065 ; P. L., t. clxxxviii, col. 11191140 ; Spieker, p. 95-120. Se basant sur ce traité, Friedberg, dans son édition du traité de Gratien (can. 2, caus. XIX, q. ni), attribuée Anselme une influence sur la rédaction du décret d’Innocent II, qui interdit aux chanoines réguliers profès le libre passage dans un autre ordre, mais cette opinion est combattue par Pùckert, Aniane und Gellone, Leipzig, 1899, p. 57-59, notes38, 396 ; 3° Tractattis de ordine pronuntiandx litanise ad Fridericum Magdeb. arc liiep., dont Pez projetait la publication (27îesau », t.vi, præf., p. x), et qui a été édité par Fr. Winter, Zeitschrift f. K. G., de Brieger, t. v, 1882, p. 144-145 ; 4° lettres à Wibald de Stavelot, éditées par Martène, Ampl. coll., t. ii et Jaffé, Bibl, rer. germ., passim ; 5° Wibald dans sa lettre clix (Martène, p. 112) fait mention d’un travail sur la justice positive, qu’Anselme