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ANIEN — ANIMATION

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Évangélus, son ami, il offre les panégyriques de saint Paul, où est défendue, dit-il, la pure vérité, quam in nobis traducianus oppugnat : ce mot traducianus désigne tout fidèle croyant au péché originel, mais surtout Augustin que Julien appelait : traducianse genlis primatem. Cf. S. Augustin, Opus imperf. contra Julianum, l.I.c. lxvi, P.L., t. xlv, col. 1805 ; t. lxxv, col. 1181. Isaac Habert, Concordia Patrum latinorum et grsecorum de gvatia, c. il, s’est donc trompé quand il a cru à l’orthodoxie d’Anianus. — Mais d’autre part, les critiques s’accordent, après Huet, à reconnaître, dans ces traductions, un véritable mérite non seulement d’élégance et de clarté, mais même d’exactitude. Cf. Baillet, Jugements des savants, 1722, t. iii, p. 11. Looshorn, op. cit. infra, p. 793, a remarqué que pour plusieurs homélies de saint Chrysostome, insérées au bréviaire romain, la traduction en a été empruntée à Anianus. Le même critique, p. 789, observe qu’Anianus n’emprunte point à la Vulgate la traduction du texte scripturaire, il en fait une nouvelle qui conserve certaines réminiscences de Yltala.

Le Répertoire de Chevalier indique les sources générales, Cave, Dupin, Oudin, Fabricius. Mais il faut consulter surtout : Garnerius. S. 3., De vitæt scriptis Aniani, dans Dissertatio de primis auctoribus hæresis pelagianx, qui sert d’introduction aux Opéra Marii Mercatoris, P. L., t. xlviii, col. 298-305 ; H. Norisius, Historia pelagiana, l. I, c. xix, dans Opéra omnia, Vérone, 1729, t. i, col. 183-192 ; Pagi, Crilica… in… annales Baronii, ad annum 417, n. xi, et adannum419, n. xxxii, Anvers, 1705, p. 134, 169 ; Looshorn, Les traductions latines de saint Jean Chrysostome… d’après les manuscrits des bibliothèques de Munich, dans Zeitschrift fur katholische Théologie (Inspruck), 1880, p. 788 ; Bardenhewer, Patrologie, édit. allem., § 57, n. 15, p. 328 ; trad. franc, par P. Godet et C. Verschaffel, Paris, 1899, t. ii, p. 205.

E. P.ORTALIÉ.



ANIMATION.
I. Position de la question.
II. Historique de la question.
III. Arguments en faveur de l’animation médiate et réponses des adversaires.
IV. Arguments en faveur de l’animation immédiate et réponses des adversaires.
V. Conclusions.

I. Position de la question.

1° Les vivants sont composés d’un corps organisé et d’une âme. L’animation chez les vivants est donc le fait de l’union de l’âme à un corps organisé. Le corps est animé dès que l’âme vient en lui. Pour l’homme, l’animation a lieu quand l’âme créée par Dieu est unie aux éléments matériels organisés, aptes à la recevoir et à lui fournir les conditions de sa vie et de ses fonctions.

L’animation a lieu en un instant. — « En effet, si l’on considère le principe vital comme constituant l’être qui est propre à une substance vivante, on ne peut pas plus le faire naître successivement qu’aucun autre principe substantiel. Un corps peut bien grandir et diminuer peu à peu, mais il ne peut pas devenir peu à peu minéral, plante ou animal… La préparation de la matière peut bien progresser successivement, mais la naissance de l’être nouveau, c’est-à-dire la vivification (l’animation) ne peut être qu’instantanée, au moins pour que cet être soit substantiel. » Kleutgen, La philosophie scolastique, diss. VII, c. vi, n. 744, trad. C. Sierp, t. iii, p. 455, Paris, 1870. Cf. S. Thomas, Quæst. disp., De potentia, q. iii, a. 9, ad 9um ; a. 12. — Cet instant précis de l’animation, quel est-il ?

3° Évidemment on ne saurait le placer avant la conception, alors que l’âme n’a pas encore été créée et que le corps humain n’existe pas dans son individualité propre. — Nous n’indiquons ici que pour mémoire les philosophes et les naturalistes, comme Bonnet, Swammerdam, Leibniz, Buffon, Malebranche, Haller et Cuvier, qui ont voulu faire remonter toute animation à la création même du monde. Leur théorie de la préexistence ou de l’emboîtement des germes a vécu. Saint Thomas l’avait réfutée d’avance. Sum. theol., I a, q. cxix, a.

2° Les observations de la science expérimentale et le raisonnement lui ont porté le dernier coup. Cf. A. Flourens, De la longévité humaine, IIe part., c. iii, § 2, Paris, 1860, p. 166 sq. ; A. Farges, La vie et l’évolution des espèces, c. vi, Paris, 1888, p. 146 sq.

4° On ne saurait davantage placer l’instant de l’animation pendant ou après la naissance sans encourir l’anathème lancé par Innocent XI contre ceux qui considéraient comme probable que tout enfant, tant qu’il est dans le sein de sa mère, n’a pas d’âme raisonnable, et commence seulement à la posséder lorsqu’il est enfanté, en sorte qu’aucun avortement ne serait un crime d’homicide. Videtur probabile omnem fœtum, quamdiu in utero est, carere anima rationali et tune primum incipere eamdem liabere, cum paritur ; ac consequenter dicendum erit, in nullo abortu homicidium committi. Propositio XXXV inter LXV ab Innoce.ntio XI, die 2 niarlii 1610, damnatas, Denzinger, Enchiridion, n. 1052.

5° Mais entre le temps qui précède la conception et la naissance, il y a un intervalle considérable au cours duquel il est difficile d’indiquer le moment précis où l’âme sortie des mains du créateur s’est emparée du corps humain. — Les partisans de Yanimation immédiate affirment que c’est au moment même de la conception que l’âme est créée et unie au corps. — Les partisans de Yanimation médiate retardent l’entrée de l’âme dans le corps et la fixent à l’époque — variable pour les deux sexes, suivant les uns — où le corps est construit, du moins dans ses organes principaux.

II. Historique de la question.

L’animation et Aristote.

Le problème de l’animation tel qu’il vient d’être posé n’a été envisagé, dans l’antiquité, que par Aristote, en particulier dans le Traité de la génération des animaux, l. II, c. iv, trad. Barthélémy Saint-Hilaire, Paris, 1887, t. ii, p. 35 sq. Le philosophe de Stagyre est assez obscur. Cependant il paraît défendre la succession des âmes telle que la soutiendront pluj tard la plupart des scolastiques. On peut donc le considérer à juste titre comme le premier défenseur de l’animation médiate.

— 1. Pour lui toutes les âmes sont d’abord en puissance dans la matière destinée à devenir un corps humain. « Évidemment, dit-il, il faut supposer que les spermes et les embryons qui ne sont pas encore séparés (des parents) possèdent l’âme nutritive en puissance, mais qu’ils ne l’ont pas en fait avant que, comme les germes qui sont une fois séparés, ils ne prennent leur nourriture et ne fassent acte de cette espèce d’âme… Il est, du reste, bien entendu qu’après cette première âme, nous aurons à parler de l’âme sensible et de l’âme douée d’entendement, car il faut nécessairement que les êtres aient toutes ces sortes d’âmes en puissance avant de les avoir en réalité. »

— 2. C’est l’âme nutritive qui sort la première de la puissance à l’acte. « Au premier moment tous ces êtres ne semblent avoir que la vie de la plante. » Elle passe à l’acte dè3 l’instant de la conception. « Il est impossible, en effet, de considérer l’embryon comme étant sans âme et absolument privé de toute espèce de vie, car les spermes et les embryons des animaux vivent tout aussi bien que les graines des plantes… Il est donc évident qu’ils ont l’âme nutritive. »

— 3. L’âme sensitive lui succède peu après, mais ne vient pas en même temps. « Bientôt aussi ils ont l’âme sensible qui fait l’animal. Que l’âme nutritive soit de toute nécessité celle qu’on doit supposer la première, c’est ce qu’on voit clairement de ce que nous avons ailleurs dit de l’âme. Ce n’est pas d’un seul coup que l’être devient animal et homme, animal et cheval ; et ceci s’étend à toutes les espèces également. »

— 4. Enfin l’intelligence, c’est-à-dire l’âme humaine, arrive après l’âme végétative et l’âme sensitive. « D’où vient l’intelligence, à quel moment, de quelle manière vient-elle dans les êtres qui participent à cette sorte d’âme, c’est là une question des plus diffl-