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ANICET — ANIEN


Lyon et composa une réfutation de la gnose, surtout au point de vue de l’exégèse, et Florinus, qui devait passer à la secte valentinienne. Divers motifs l’y appelaient : peut-être le désir de voir la grande Église, à coup sûr certaines difficultés, entre autres la question de la Pique, déjà soulevée en Orient. L’usage d’Asie ne se heurta pas à l’intransigeance d’Anicet ; car celui-ci fit le meilleur accueil à Polycarpe et le pria, en signe de paix, d’offrir à sa place le sacrifice dans l’église de Rome. Eusèbe, H. E., v, 24, P. G., t. xx, col. 508.

Nous ignorons l’attitude d’Anicet vis-à-vis des gnostiques. Le Liber pontificalis ne lui attribue qu’une seule prescription, d’ordre disciplinaire : ut clerus cornant non nutriret ; ce qui ne peut pas s’entendre de la tonsure qui, encore au commencement du vi c siècle, était un insigne épiscopaljluchesne, Lib. pont., t.i, p.l31, n.3, mais plutôt de l’usage mentionné par saint Jérôme : denwnstratur nec rasis capilibus, sicut sacerdotes cidtorcsque Isidis atque Serapidis, nos esse debere, nec rursus comam demitlere, quod proprie luxuriosum est. In Ezech., P. L., t. xxv, col. 437.

Le pseudo-Isidore lui attribue une lettre aux évêques de la Gaule : De electione et ordinatione archiepiscopi, etc., qui s’appuie sur celles d’Anaclet et est aussi fausse qu’elles. Au comam non nutriant, il ajoute cette autre prescription, qui n’est point plausible : desuper caput in modum sphæræ radant, ce qui désigne la tonsure en forme de couronne.

La fête de saint Anicet est marquée au 17 avril.

G. Bareille.

ANIEN ou ANNIEN (Anianus, Annianus), disciple et collaborateur de l’hérésiarque Pelage au début du ve siècle. — Le P. Garnier et, après lui, le cardinal Noris (ouvr. cités infra) ont mis hors de doute sa personnalité distincte des autres pélagiens avec lesquels Jansénius d’Ypres, Vossius et Baronius l’avaient confondu, et en même temps son identité avec Anianus le traducteur de nombreuses homélies de saint Jean Chrysostome. Nous ferons connaître son rôle : I. comme pélagien ; II. comme traducteur.

I. Amen, propagateur du pélagianisme. — Ce que nous savons de plus précis sur lui est renfermé dans une lettre de saint Jérôme à saint Augustin et Alypius, Epist., cxliii, P.L., t. xxii, col. 1181 ; t. iixxxi col. 928 : Quod autem quæritis, utrum rescripserim contra libros Anniani, pseudodiaconi Celedensis, qui copiosissime pascitur, ut aliénée blasphemise verba frivola subminislret : sciatis me ipsos libros in schedulis missos a fratre Eusebio presbylero suscepisse, non an te multum temporis ; et exinde vel ingruentibus morbis, vel dormitione sanctæ et venerabilis filial vestrse Eustochii, ila doluisseut propemodum contemnendos putarem. Ineodem enim htto hœsitat, et exceplis verbis tinnulis atque emendicalis, nihil aliud loquitur. Tamen multum egivi us, ut, dum epistolee mese respondere conatur, apertius se proderet, et blasphemias suas omnibus pâte faceret. Quidquid enim in illa miserabili synodo Diospolilana dixisse se denegat, in hoc opère profitetur, nec grande est ineptissimis nseniis respondere. De ce texte comparé avec les documents contemporains, se dégagent les conclusions suivantes : 1° Anien est bien un personnage distinct de Pelage qui l’entretient et le paye ; ce n’est point non plus un pseudonyme de Julien d’Éclane trop fortuné pour être aux gages d’un autre. Faut-il ajouter qu’il n’a rien de commun avec Anianus, le conseiller du roi Alaric, avec lequel Sigebert l’a confondu ? Cf. Fabricius, Bibliolheca média ; et infimes lalinilatis, l. i, p. 107. — 2° Anien n’était point prêtre, comme le dit Hoefer dans la Nouvelle biographie universelle, mais seulement diacre, pseudo-diaconus, dil saint Jérôme, sans doute à cause de son hérésie. L’Eglise désignée par h ? mot Celedensis est inconnue : on conjecture qu’il s’agit de Celenna en Campanie. En

tous cas, Anien est Italien : il l’affirme lui-même dans sa lettre à Évangelus, P. G., t. l, col. 472. — 3° Son rôle dans la diffusion du pélagianisme fut secondaire : il n’essaya pas, comme Julien d’Éclane, de compléter le système du maître. Écrivain habile et disert, il mit sa connaissance des langues grecque et latine, son style visant à l’effet, et une certaine érudition (verbis tinnidis et emendicatis) au service des erreurs de Pelage qui le payait largement. Paul Orose nous apprend en effet dans son Liber apologeticus contra Pelagium de arbitrii Ubertate, c. xxix, que Pelage était incapable d’écrire et signait les élucubrations des secrétaires qu’il inspirait : s’adressant à Pelage, au sujet de sa lettre à Démétriade, il lui parle de ces dictatoribus tuis, qui miserum sensum miserrimo sermone conscribunt, et te legendum cachinnis quasi titulum confusionis exponunl. P. L., t. xxxi, col. 1198. Aussi le P. Garnier attribue-t-il à Anianus la composition de cette lettre de l’an 413. P. L., t. xxxiii, col. 1099. —4° Anien avait assisté au synode de Diospolis (décembre 415), puisque saint Jérôme affirme qu’il persévère dans les mêmes erreurs, qu’il les formule seulement avec plus de franchise qu’autrefois. Le P. Garnier se trompe, semble-t-il, quand il croit le texte mutilé et fait dire à saint Jérôme : quidquid dixisse se Pelagius denegat, iste (Anianus) in hoc opère profitetur. D’après une conjecture mieux fondée du même critique, Anien est cet interprète de Pelage qui, dans l’assemblée de Jérusalem devant l’évêque Jean, avant le synode de Diospolis, traduisait infidèlement les documents : d’après Paul Orose, op. cit., c. vi, P. L., t. xxxi, col. 1178, Pelage était là habens post se armigerum suum, qui, etsi ipse non dimicat, cuncta tamen œris et ferri suffragia subminislrat. — 5° De la controverse d’Anien avec saint Jérôme, en dehors du passage cité, il ne reste aucun document : ni l’opuscule d Anien, dans lequel il se vengeait de la condamnation de Diospolis en attaquant la lettre de saint Jérôme à Ctésiphon contre les pélagiens, ni la lettre de saint Augustin sur ce sujet ne nous sont parvenus ; la réfutation que promet saint Jérôme fut sans doute empêchée par sa mort en 420.

IL Le traducteur de saint Jean Chrysostome. — 1° Œuvres traduites par Anianus. — l.La traduction des sept homélies en l’honneur de saint Paul est incontestablement de lui, l’épître dédicatoire en fait foi : elle est insérée dans l’édition de Montfaucon, P. G., t. L, col. 470-514. — 2. Il en est de même des 26 premières homélies sur saint Matthieu : la dédicace à l’évêque Oronce est encore d’Anianus. Les huit premières étaient seules connues jusqu’ici, dansf. G., appendice au t. lviii, col. 975-1057. Mais d’après Looshorn, cf. infra, le codex lat. 5398 de la bibliothèque royale de Munich renferme les 26 homélies et justifie les affirmations de Montfaucon dans sonDiarium ltalicum, et de Bichard Simon, Lettres choisies, n. ix. — 3. Le P. Garnier lui attribue aussi d’autres traductions de saint Jean Chrysostome dont l’auteur est inconnu, par exemple celle de l’homélie Adneophytos qui fut le sujet de longues discussions entre saint Augustin et Julien d’Éclane. Cf. S. Augustin, Contra Julianum, 1. I, c. vi, n. 21-28, P. L., t. xliv, col. 631-660. — 4. W. Schmitz lui attribue encore la traduction latine des deux livres de saint Chrysostome sur la componction du cœur, qu’il a publiée dans les Monumenta lachygraphica codicis L’arisioisis latini 21 18, fasc. 2, Hanovre, 1882.

Critique.

Les intentions pélagiennes du traducteur et une violente animosité contre saint Augustin se trahissent dans ses deux épîtres dédicatoires. Écrivant à l’évêque Oronce, pélagien déclaré et condamné plus tard dans le concile d’Éphèse, il se proclame heureux de traduire, sur son ordre, les homélies de Jean, ce « détenseur de notre nature et de la liberté adversus Manichxi rabicm ». P. G., t. lviii, col. 975. Au piètre