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ANGLICANISME — ANICET


dans l’adresse synodale, d’accepter les Écritures canoniques, et de se garder des superstitions introduites dans les derniers temps, notamment en ce qui regarde les prétentions de Pévêque de Rome, et l’exaltation de la Vierge Marie comme médiatrice à la place de son divin Fils. Les autres conciles anglicans qui se sont réunis depuis n’ont pas réussi à donner quelque chose de précis en fait de doctrine. Il y eut, en 1873, une controverse importante au point de vue doctrinal, qui fut jugée par la convocation dans l’esprit compréhensif que nous avons donné comme le véritable esprit de l’Église anglicane. Les latitudinariens voyaient avec peine la rubrique du Frayer book ordonner la récitation du symbole de saint Athanase à certains jours ; ils étaient offusqués par les clauses terribles qui dans ce symbole menacent de damnation éternelle ceux qui n’ont pas la foi catholique. Ils proposaient donc qu’on le retranchât, ou qu’on en rendit au moins la récitation facultative ; tandis que les autres partis demandaient avec instance qu’on le maintint. La convocation trouva un moyen terme. Le symbole fut maintenu, mais on déclara que les menaces de damnation ont été insérées dans ce symbole pour montrer le grand danger qu’il y a à ne pas recevoir la foi catholique, et qu’elles doivent être entendues dans le même sens que celles qu’on trouve dans l’Écriture. Quel est ce sens ? On ne le dit pas, mais qu’on se rappelle le jugement sur les Essays and reviews, et on verra qu’une grande latitude est laissée au point de vue des croyances.

Nous croyons inutile de parler des différents jugements rendus de temps en temps au sujet des rubriques et cérémonies ; ils sont souvent contradictoires, et les ritualistes continuent à faire ce qu’ils faisaient auparavant. Le dernier prononcé dogmatique de quelque importance a été la charge ou discours pastoral de l’archevêque de Cantorbéry, prononcée au cours de sa visite diocésaine en 1898. Il prétend y donner la doctrine de l’Église anglicane sur certains points controversés. D’après lui, cette Église permet d’admettre soit la doctrine de Calvin, soit celle de Luther au sujet de l’eucharistie ; celle de Zwingle n’est pas admise, non plus que la transsubstantiation. Tout culte qui ne s’adresse pas à Dieu directement est prohibé ; de même il est défendu d’offrir des prières à tout autre qu’à Dieu. La prière pour les morts est permise dans une certaine limite ; il en est de même de la contession, pourvu qu’elle ne soit pas rendue obligatoire, et qu’on en use modérément. L’évêque a autorité pour interpréter les rubriques, et on doit se soumettre à sa décision. — Il taut dire que cette exposition de la doctrine anglicane a trouvé dans le clergé beaucoup plus de critiques que d’admirateurs ; chacun a continué, comme par le passé, à croire et à pratiquer ce qui lui semblait bon.

De tout ceci nous croyons être en droit de conclure que la réponse à la question posée au commencement de ce dernier paragraphe est celle-ci : l’Église anglicane admet toute doctrine qui peut se dire chrétienne ; elle rejette cependant, d’un côté, le socinianisme, et, de l’autre, ce qu’elle appelle les corruptions de l’Église de Rome ; et encore trouve-t-on dans son sein des sociniens et des gens qui admettent toutes les doctrines romaines.

I. Ouvrages embrassant toute i, a période depuis Henri VIII jusqu’à nos jours. — On trouvera des détails dans toutes les histoires de l’Église et de l’Angleterre. Nous indiquons spécialement : Perry, A history of the English Church, Londres, 1881-1887, 3 vol, t. il et ni (bibliographie abonde dans les notes au bas des pages) ; Hunt, Religions Thought in England from the Reformation to the end of the last century, Londres, 18701873, 3 vol. ; là., In the nincteenth century, 1 vol., Londres, 1896.

H. PÉRIODE QUI A PRÉCÉDÉ IMMÉDIATEMENT LA RÉFORMATION. — Gasquet, The Eue of the Reformation, Londres, 1900.

III. PÉRIODE DE LA RÉFORMATION PROPREMENT DITE, DE

Henri VIII a Charles II. — Bossuet, Histoire des variations ;

Gasquet, Henry VIII and the Englinh Monasterics, Londres, 1889, 2 vol., traduction française par J. Lugné-Phlipon, Paris, 1894 ; Doreau, Henry VIII et les martyrs de la Chartreuse de Londres, Paris, 1890 ; Bishop et Gasquet, Edward VI and the Book of common praxjer, Londres, 1891 ; A du Boys, L’Église et l’État en Angleterre depuis la conquête des Normands jusqu’à nos jours, Paris, 1887 ; Burke, Historical portraits of the Tudor dynasly and the Reformation period, Londres, 18791883, 4 vol. ; Dixon, History of the Church of England from theabolition of the Roman jurisdiclion, Londres, 1878-1891, 4 vol. ; Strype, Historical Works, Oxford, 1822-1840, 27 vol. comprenant : Annals of the Ueformation ; Ecclesiastical Memorials, et les vies des archevêques Parker, Cranmer, Whitgift, Grindal, et de plusieurs autres personnages ; on pourra consulter aussi les publications de la Parker Society, Cambridge, 1841-1855, 55 vol., qui comprennent les ouvrages d’un certain nombre de théologiens anglicans depuis Henri VIII jusqu’à la fin du règne d’Elisabeth. On a choisi ceux qui ont une teinte de protestantisme plus prononcée. Hardwick, History of the Articles of Religion, Londres, 1884 ; Fuller, The Church History of Britain, from the Birth of J. C, until the year 1648, Londres, 1837, 3 vol., t. ii.iii ; Foxe, Acts and Monuments, Londres, 1843-49, 8 vol., . t. iv sq. ; Collier, An Ecclesiastical History of Great Britain from the flrst planting of Christianity to the end of the reign of Charles II, Londres, 1859, 9 vol. ; Burnet, History of the Reformation ofthe Church of England, édition Pocock, Oxford, 1865, 7 vol. L’éditeur a ajouté un nombre considérable de documents qui rendent son édition précieuse. Hook, Lives of the Archbishops of Canterbury, Londres, 1860-1873, 11 vol., t. VI sq. ; Dodd, Church History of England with notes and continuation by Rev. M. A. Tierney, Londres, 1839, 5 vol. ; Library of AngloCatholic Theology, Oxford, 1841-1867, 88 vol. Collection des écrits des théologiens anglicans dont les principes se rapprochaient de ceux de la Haute Église. Voyez aussi U. Chevalier, Répertoire des sources historiques, topo-bibliograpltie, Montbéliard, 1894, v* Angleterre.

IV. Temps modernes.

Tracts for the times, Oxford, 18331841, 6 vol. ; Liddon, Life of E. B. Pusey, Londres, 1894-1898, 4 vol. ; Thureau-Dangin, La renaissance catholique en Angleterre au xixe siècle, I* partie, Newman et le mouvement d’Oxford, Paris, 1899 ; bibliographie abondante. Voir aussi les collections du British Critic, du British Magazine et des principaux journaux anglicans, tels que le Church Times pour la Haute Église, le Record pour la Basse Église, et le Guardian dont les tendances sont plutôt larges : on y suit le mouvement des idées dans notre siècle.

V. Documents.

Les assertions des historiens anglicans cités plus haut, surtout des plus anciens, demandent à être contrôlées de très près par l’examen des documents originaux. Voir : Wilkins, Concilia Magnse Britannix et Hibernix, Londres, 1737, 4 vol. in-fol. ; et surtout la magnifique collection publiée par les soins du gouvernement anglais, sous le titre de Calendars of State Papers ; plus de 120 volumes ont trait aux temps qui suivent la Réformation ; ils renterment une mine de renseignements sur l’histoire de l’anglicanisme.

A. Gatard. ANGLUS Thomas, voir White (de) Thomas.

ANICET (Saint), pape, dixième successeur de saint Pierre, Irénée, Cont. hær., iii, 3, P. G., t. iiv col. 851, et successeur immédiat de saint Pie I er, milieu du ne siècle. Eusèbe, H.E., iv, U, 19, P. G., t. xx, col. 329, 377. Le Liber ponti/icalis lui prête un pontilicat de onze ans, quatre mois, trois jours, ce qui ne concorde pas avec les dates qu’il lui assigne, du consulat de Glabrio Gallianus et Vêtus, 150, à celui de Bruttius Præsens et de Junius Rufinus, 153.

Anicet a régné à une époque où Rome était le rendezvous de toutes les célébrités. Valenlin et une femme de la secte de Carpocrate y étaient depuis Hygin ; Marcion, « le vieux loup du Pont, » comme l’appelle Tertullien, et « le premier né de Satan », comme le qualifia Polycarpe, y était depuis Pie. La gnose battait son plein ; mais elle était déjà fortement prise à partie par saint Justin, sur le terrain de la philosophie. Hégésippe, accouru d’Orient, y dressa la liste des évêques, opposant la tradition apostolique à toutes les nouveautés. Le vieil évêque de Smyrne, Polycarpe († 155), vint à Rome, vers 154, vraisemblablement accompagné de deux de ses disciples, Irénée, qui, 13 ans plus tard, occupa le siège de