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ANGE DANS LES CONCILES — ANGE DE PÉTRICCA

probables qui n’ont jamais été sanctionnés par l’autorité de l’Église. Ceux que l’autorité de l’Église nous impose d’admettre à des titres divers sont ceux-là mêmes que nous venons d’entendre formuler par les conciles, soit qu’ils aient été exprimés par un concile œcuménique, soit qu’ils soient affirmés par le magistère ordinaire de l’Église dont nous trouvons un écho dans les actes des conciles particuliers.

1. Enseignements des conciles œcuméniques. — Pour connaître les enseignements de la première catégorie, il suffit de nous reporter à ce que nous avons dit au sujet du symbole de Nicée, du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican. Bornons-nous à rappeler brièvement les conclusions auxquelles nous nous sommes arrêtés : II est de foi que les anges ont été créés par Dieu (symbole de Nicée et concile du Vatican). Leur spiritualité est certaine ; il y aurait aujourd’hui témérité à prétendre qu’ils ont un corps éthéré, bien que leur mcorporéité absolue n’ait été l’objet d’aucune définition directe de l’Église (quatrième concile de Latran et concile du Vatican). Il est certain qu’ils ont été créés avant les hommes. Il est certain aussi qu’ils l’ont été au commencement du temps, avec les êtres corporels. Nous avons cherché plus haut à déterminer d’une façon un peu plus précise le sens de ces déclarations du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican.

2. Enseignements complémentaires du magistère ordinaire de l’Église. — Le ministère de gardiens exercé par les anges auprès des hommes est affirmé par la sainte Écriture et par tous les représentants de la tradition ; l’Église a fait entrer la dévotion envers les anges gardiens dans son culte public en établissant une fête en leur honneur le 2 octobre ; nous avons vu aussi qu’un grand nombre de conciles particuliers récents ont recommandé cette dévotion. Aussi les théologiens regardent-ils la fonction des anges gardiens auprès de nous, comme une doctrine qui appartient à la foi. Maz7clla, De Deo créante, n. 447, 474, 2e édit., Rome, 1880, p. 307, 329. Mais qu’un ange particulier soit assigné à la garde de chaque homme en particulier, c’est un enseignement courant aujourd’hui, qui pendant longtemps n’a pas été admis unanimement, et qui n’est pas nécessaire pour justifier la dévotion aux anges gardiens. Cependant, dit Mazzella, ibid., n. 447, p. 308, s’il est question des fidèles prédestinés, cet enseignement est tiré avec une si grande certitude du consentement unanime des Pères qu’on ne pourrait le nier sans témérité.

Nous avons déjà dit qu’il est de foi, suivant Suarez, que les anges ne sont pas égaux en dignité, mais qu’il y en a parmi eux de supérieurs et d’inférieurs. C’est en effet une vérité clairement exprimée dans la sainte Écriture et qui a toujours été crue dans l’Église, bien qu’elle ait été rarement exprimée dans les conciles. Mazzella, ibid., n. 292, p. 28. Mais l’opinion dyonisienne qui partage les anges en trois hiérarchies et en neuf chœurs n’a point la même certitude, Mazzella, ibid., bien qu’elle soit courante depuis longtemps.

Ajoutons que la doctrine de l’Église sur la création et sur le culte des saints et de leurs images doit être appliquée aux anges, qui sont des créatures et qui forment l’Église triomphante avec les saints.

Hefele, Histoire des conciles, traduction Leclercq, 24 vol. in-8o, Paris, 1908 sq. ; pour les décrets du quatrième concile de Latran et du concile du Vatican. Vacant, Études sur les constitutions du concile du Vatican, a. 42, 43, Paris, 1895, t. i, p. 217-228.

A. Vacant.

2. ANGE CARLETTI DE CHIVASSO (Bienheureux) (en latin de Clavasio), franciscain de la stricte observance, né à Chivasso (Piémont) d’une noble et riche famille, théologien et jurisconsulte, fut plusieurs fois élu vicaire général de son ordre en Italie, et reçut des souverains pontifes Sixte IV et Innocent VIII le titre de légat avec mission de recueillir des subsides pour la croisade contre les Turcs. Il mourut au monastère de Sainte-Marie-des-Anges, à Coni, le 12 avril 1495, en grande réputation de science et de sainteté. Il est honoré comme bienheureux dans l’ordre de saint François ; son culte a été approuvé par le pape Benoit XIII (1724-1730), et sa fête est fixée au 12 avril. — Le bienheureux Ange de Chivasso est connu comme théologien par une « Somme des cas de conscience » dans laquelle les matières sont disposées selon l’ordre alphabétique. Cet ouvrage, très estimé et très en vogue autrefois, est généralement désigné dans la bibliographie théologique sous le titre de Summa angelica, du nom de l’auteur. Voici le titre exact et complet, tel qu’on le lit dans la première édition publiée à Venise, en 1486 : Summa casuum conscientiæ compilata per sanctæ theologiæ et juris pontificii doctorem fratrem Angelum de Clavasio ordinis minorum impressa Venetiis per Christophorum Arnoldum, MCCCCLXXXVI. Le succès de cet ouvrage fut très grand, en raison de sa doctrine exacte, de sa clarté, de sa brièveté et de son usage facile, toutes qualités qui en faisaient un manuel très pratique de théologie morale et de droit canonique. Hain, Repertorium bibliographicum, t. ii, p. 157-160, compte jusqu’à 20 éditions de la Summa angelica qui se succédèrent dans le court intervalle de 1486 à 1500, entre autres celles de Venise, 1487, 1490, 1491, 1492, 1495, 1499 ; de Nuremberg, 1488, 1492, 1498 ; de Strasbourg, 1489, 1491, 1495, 1498 ; d’Alost, 1490, 1496. D’autres éditions parurent, nombreuses encore, dans le cours du xvie siècle. On cite parmi les meilleures et les plus connues, celles de Lyon, 1513, de Venise 1569, de Nuremberg, 1588. Luther n’aimait point l’œuvre du moine franciscain : il l’appelait « diabolique » ; et quand cet hérésiarque brûla, en place publique de Wittenberg (10 déc. 1520), la bulle d’excommunication portée contre lui, la collection des décrétales et la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, il jeta dans le même bûcher la Somme des cas de conscience du bienheureux Ange de Chivasso. — Les bibliographes citent encore, comme ouvrages du bienheureux, deux traités intitulés, l’un Arca fidei, l’autre De restitutionibus, qui furent publiés ensemble longtemps après la mort de l’auteur, Alcala, 1562, in-4o.

Bellarmin, De scriptoribus ecclesiasticis, Louvain, 1678, p. 302 ; Wharton, Appendix ad historiam litterariam Guilielmi Cave, Genève, 1705, p. 127 ; Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ ætatis, Padoue, 1754, t. i, p. 100 ; Hain, Repertorium bibliographicum, Stuttgart, 1827, t. ii, p. 157-160 ; Hurter, Nomenclator literarius recentioris theologiæ catholicæ, Inspruck, 1899, t. iv, col. 897.

A. Beugnet.

3. ANGE DE LA PASSION. Son nom de famille était Béritaut. Il entra dans l’ordre des carmes, y enseigna la théologie et mourut le 3 juillet 1731, à l’âge de 72 ans. Il a publié : 1° Le disciple pacifique de saint Augustin sur la liberté, la grâce et la prédestination, avec une dissertation de l’autorité de saint Augustin dans lesdites matières, 2 vol. in-4o, Paris, 1715-1729 ; 2° La théologie des pères des premiers siècles de l’Église, 3 vol. in-8o, Rennes, 1728.

Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., Inspruck, 1893, t. ii, col. 1037.

A. Vacant.

4. ANGE DE PÉTRICCA, des mineurs conventuels, fut vicaire du patriarche de Constantinople et mourut le 10 décembre 1673. Il a laissé : 1° Turris David, seu de militante ac triumphante Ecclesia disputationes adversus hujus temporis hæreticos, en 12 livres, in-fol., Rome, 1647 ; 2° De appellationibus omnium Ecclesiarum ad Romanam, Rome, 1649 ; 3° Disputationes adversus hæreses et aliquorum græcorum errores ac etiam contra gentes, in-fol., Rome, 1650 ; 4° De potestate apostolorum dispulationes adversus Gabrielem