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ANGE DANS LES CONCILES

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ou au moins sans témérité que les anges sont des êtres corporels, ou même que ce sont des esprits unis à des corps éthérés. Cependant la spiritualité absolue des anges n’est point un dogme de foi catholique. Ce n’était point en effet cette vérité que le quatrième concile de Latran avait l’intention de définir, dans son chapitre Firmitcr, puisqu’il était dirigé contre la doctrine dualiste des albigeois. Au chapitre I de la constitution Dei Filins et dans les canons qui l’accompagnent, le concile du Vatican n’avait pas non plus l’intention de définir la nature des anges, mais seulement leur création. Voir Mazzella, De Deo créante, n. 278, 279, 2e édit. ; Rome, 1880, p. 193.

4. Date de la création des anges.

Dans le même passage, les deux conciles de Latran et du Vatican font des déclarations relatives à l’époque de la création des anges. Ils disent en effet : 1° que cette création a été antérieure à celle de l’homme, ac deinde humanam ; 2° qu’elle a eu lieu au commencement du temps, ab initio temporis ; 3° qu’elle a eu lieu avec la création des corps, simul. Ces déclarations ne sont point de foi catholique ; car la définition qu’avaient en vue l’un et l’autre conciles ne portait pas sur ces points. Cependant les théologiens s’accordent généralement à dire qu’on ne saurait sans témérité contester ce qu’il y a de clair dans ces déclarations de deux conciles œcuméniques.

Seulement le sens de la troisième déclaration, c’est-à-dire le sens du mot simul, offre une véritable difficulté. Il semble bien que le texte affirme la simultanéité de temps des deux créations. C’est ainsi que la plupart des théologiens l’interprètent. Aussi plusieurs d’entre eux comme Suarez, De angelis, l. I, c. iii, n. 13-15, et aussi, à ce qu’il semble, Mazzella, De Deo créante, n. 258, 259, traitent-ils de téméraires ceux qui contesteraient cette simultanéité. Cependant le texte qui nous occupe paraît reproduire ce passage de l’Ecclésiaste, XVIII, 1 : Creavit omnia simul. Or, dans ce passage, le mot simul, qui traduit le grec xoîvvj, est entendu par beaucoup d’interprètes en ce sens que Dieu a créé également (et suivant un plan unique) toutes choses. Jungmann, De Deo creatore, 4e édit., Ratisbonne, 1883, n. 77 ; Hurter, Theolog. dogmat., 9e édition, Inspruck, 1896, t. ii, ii, 401, p. 329 ; Tanquerey, Theolog. dogmat. specialis, De angelis, n. 58, Baltimore, 1894, t. i, p. 282. Aussi quelques auteurs ont-ils cru que le même sens pouvait être donné au mot simul dans le décret Firmiter. Saint Thomas est favorable à cette interprétation dans son commentaire sur cedécret, opusc. XXIII, Expositioprims : decretalis, dans Opéra, Anvers, 1612, t. xvii, fol. 197 ; car il remarque que ce décret condamne l’erreur d’Origène (admise, comme nous l’avons vii, par les albigeois) suivant laquelle la création des corps aurait été la conséquence de la chute des anges et ne serait pas entrée dans le plan primitif de la création. Aussi le saint docteur enseigne-t-il, dans sa Somme théologique, I*, q. lxi, a. 3, qu’il n’est pas probable que les anges ont été créés à part avant les autres créatures, mais que le sentiment contraire n’est pas erroné. Au concile du Vatican, dans une dissertation lue à la députation de la foi au sujet de la rédaction de la constitution Dei Filius, dont cette députation était chargée, le futur cardinal Franzelin lit remarquer que le passage dont nous parlons était emprunté au décret du concile de Latran. Il ajouta qu il n’était pas certain que le mot simul exprimât en ce passage une simultanéité de temps. Voici ses propres paroles, d’après les actes du concile, Acta et décréta concilii Vaticani, Fribourg-en-Brisgau, 1892, col. 1625, not. 2 : Non est apud ommes adeo certum in Lateranensi particida simul exprimere simullancum temporis ; potest enim significare paritatem creationis ut Eccles., xviu, i, dicitur : Deus creavit omnia simul, xoevrj (S. Thomas, In I Décrétaient ; Vasquez, I part., disp. CCXXIV, c. iv). Il résulte de cette observation de Franzelin que

les rédacteurs de la constitution Dei Filius n’ont pas eu l’intention de trancher les doutes indiqués par le savant rapporteur au sujet du sens du mot simtd. Il n’est donc pas certain que par ce terme les conciles de Latran ou du Vatican aient entendu affirmer que la création des anges et celle des corps avaient eu lieu simultanément. Toutefois en disant que cette double création s’est faite au commencement du temps, ab initio temporis, avant celle de l’homme, ces conciles ont déclaré que la création des anges n’a pas eu lieu longtemps avant celle des corps, supposé qu’elle ait eu lieu auparavant. Hurter, loc. cit.,’n. 401, pense qu’il y aurait témérité à le contester et nous partageons son opinion. Mais nous ajouterons que la brièveté de cet intervalle, s’il y en a eu un entre les deux créations, est une brièveté relative à la longueur du temps employé pour la création. En effet, ceux-là mêmes qui entendent simul du concile, d’une simultanéité de date, regardent cette simultanéité comme relative. Ils reconnaissent tous aujourd’hui qu’on est libre de penser que les corps ont été créés en six jours-périodes, correspondant à plusieurs siècles. Or le mot simul du concile s’applique aussi bien à la création des anges qu’à celle des corps. On ne voit donc pas pourquoi la même latitude ne serait pas laissée pour fixer la date de la création qu’il s’agisse des anges ou des créatures corporelles.

VIL Conciles particuliers du xviip et du xixe siècle.

— Les conciles œcuméniques qui se tinrent depuis le quatrième concile de Latran jusqu’au concile du Vatican ne s’occupèrent point des anges. Ils se bornent à répéter dans leurs professions de foi les formules des conciles précédents. Les conciles particuliers de cette période ne portent non plus aucun décret important à leur sujet. Nons ferons connaître cependant les prescriptions ou déclarations des conciles du xviiie et du xixe siècle qui sont relatives aux anges. Ces prescriptions sont d’ordre pratique, mais elles montrent quelle est la doctrine de 1 Église relativement au culte des anges et à l’existence des anges gardiens.

1. xviii’siècle.

Le concile de Fermo (1726) veut qu’on empêche les peintres de représenter les anges au service des reliques ou des images des saints, honneur qui doit être réservé à Dieu et à la sainte Vierge ; qu’on les empêche aussi de donner aux images des saints ou des anges une beauté lascive et qu’ils ne laissent jamais paraître à nu les parties du corps qu’une pudeur modeste a coutume de couvrir, tit. xiv. Acta et décréta sacrorum conciliorum recentiorum, collectio lacensis, Fribourg-en-Brisgau, 1869 sq., t. i, col. 60k — Ces dernières prescriptions ont également été faites, pour les saints en général, par le concile maronite du mont Liban (1736), part. I, c. v, n. 7. Collectio lacensis, t. ii, col. 112.

2. xixe siècle. — Le concile de Beims (1853) rappelle, dans un chapitre distinct, les enseignements du catéchisme du concile de Trente au sujet des anges gardiens et recommande leur culte. C. 12, Collectio lacensis, t. iv, col. 173, 174. Cette dernière recommandation se retrouve dans le concile de Vienne (1858), c. 8, Collée ! i > lacensis, t. v, col. 186 ; dans le concile de Prague (1860), c. 5, Collectio lacensis, t. v, col. 473 ; dans le concile de Colocsa (1863), tit. VI, c. 12, Collectio lacensis, t. v, col. 711 ; dans le concile d’Utrecht (1865), tit. v, c. 6, Collectio lacensis, t. v, col. 859 ; dans le concile de Bavenne (1855), part. III, c. v, n. 3, Collectio lacensis, t. vi, col. 179 ; dans le concile d’Urbin (1859), part. III, t. viii, n. 217, Collectio lacensis, t. vi, col. 71 ; dans le concile plénier de Baltimore (1866), tit. x, c. 3, n. 478, Collectio lacensis, t. iii, p. 527.

VIII. Doctrine de l’Église sur les anges. — Parmi les enseignements relatifs aux anges qui ont été exposés dans cet article et dans les articles précédents, un grand nombre sont des sentiments théologiques plus ou moins