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ANGE DANS LES CONCILES

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207, 208, 259, 263. La profession de foi de l’Église d’Ancyre, vers 372, développe même cette affirmation en disant : « Les choses visibles et les invisibles, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances, tout a été créé par lui et pour lui. » Hahn, ibid., § 193, p. 263. Il n’est pas douteux du reste que les anges ne soient rangés parmi les choses invisibles. Toutes ces formules établissent donc clairement la foi de l’Église en la création des anges et en leur infériorité vis-à-vis du Fils.

Nous ne parlerons pas ici du canon 35 du concile de Laodicée sur le culte des anges, puisque le sens de ce canon a été expliqué plus haut (voir à l’article Angélologie d’après les Pères, col. 1222).

IL Anathèmes contre Origène (vie siècle). — Quinze anathèmes contre Origène (voir ce mot) furent découverts à la fin du XVIIe siècle dans la bibliothèque de Vienne. On pensa qu’ils avaient été portés au cinquième concile œcuménique tenu en 553, et ils ont été publiés comme des actes de ce concile dans les collections de llardouin, t. iii, p. 283 sq., et de Mansi, t. ix, p. 395 sq., ainsi que dans 1 Enchiridion synibolorum de Denzinger, n. 187-201. Il y a en effet d’excellentes raisons de les attribuer à ce concile. Elles ont été exposées en particulier dans une dissertation que Ballerini a ajoutée à l’édition des œuvres complètes de Noris, Opéra omnia, Vérone, 1729-1732, Dcfensio dissertationis norisianæ de synodo V, c. v, t. iv, p. 104 sq., et nous ne croyons pas que l’on ait démoli jusqu’ici cette démonstration. Cependant Hefelea soutenu que ces quinze anathèmes n’ont pas été promulgués par le cinquième concile œcuménique. Sa principale preuve, c’est que ces anathèmes ne se lisent dans aucun des manuscrits qu’on a retrouvés des actes de ce concile. D’après ces manuscrits, Origène aurait été simplement nommé au milieu d’autres hérétiques dans le onzième anathème qui termina le concile. Mansi, t. îx, col. 385. Dans quel concile auraient donc été portés les quinze anathèmes contre Origène ? Hefele conjecture, sur divers indices, que ce fut au concile de Constanlinople tenu par le patriarche Mennas en 543, ou peut-être en 538. Hefele, Histoire des conciles, § 257, trad. H. Leclercq, Paris, 1908, t. il, p. 1187. Quoi qu’il en soit, Mennas avait reçu précédemment une lettre de l’empereur Justinien qui lui signalait et l’invitait à condamner les principales erreurs d’Origène. Mansi, t. ix, col. 487 sq. La condamnation qui donna satisfaction à cette demande de Justinien se trouve dans les quinze anathèmes dont nous venons de parler. Les erreurs condamnées regardent l’incarnation et la doctrine d’Origène sur la préexistence, la déchéance et la réintégration en leur état originel des âmes qui, selon lui, sont de même nature que les anges. Voir articles Ame, col. 996 sq. ; Angélologie d’après les Pères, col. 1193, 1203 ; Démon ; Origène. L’anathème 1 condamne la théorie de la préexistence et de la réintégration des âmes ; l’anathème 2, la doctrine de l’identité originelle de tous les esprits, et cette théorie que les noms de chérubins, séraphins, archanges, puissances, dominations, trônes et anges auraient éfé donnés à ces esprits en raison de la différence des corps pris par eux dans leur déchéance. L’anathème 3 condamne ceux qui, conformément à cette doctrine, feraient du soleil, de la lune et des étoiles des esprits déchus ; l’anathème 4, ceux qui diraient que les hommes peuvent devenir des anges et des démons, comme les âmes des anges et des archanges étaient devenus des âmes d’hommes et de démons. L’anathème 6 frappe cette erreur qu’un seul esprit serait resté fidèle et qu’il serait devenu le Christ ; l’anathème 7, cette autre erreur que le Christ pour réparer la déchéance universelle aurait pris toutes les natures, qu’il se serait fait ange parmi les anges, puissance parmi les puissances, comme il s’est fait homme parmi les hommes.

Les anathèmes 12-15 sont dirigés contre cette hérésie que toutes les puissances célestes, tous les hommes et le démon doivent s’unir au Logos comme le Christ l’a fait, être placés comme lui à la droite de Dieu, ne faire qu’un, tous ensemble, et reprendre la même vie spirituelle qu’ils avaient avant leur déchéance.

Si ce n’est point le cinquième concile œcuménique qui a porté ces anathèmes, il y a néanmoins tout lieu d’admettre qu’il les avait en vue en mentionnant Origène parmi les hérétiques énumérés dans son onzième canon.

III. Sixième concile œcuménique, troisième de Constantinople (680-681) : Nature de l’immortalité des anges. — Dans la onzième session de ce concile, on lut, comme l’expression de la doctrine orthodoxe, une longue profession de foi de saint Sophrone de Jérusalem, qui était mort depuis 638. Cet écrit portait que le cinquième concile avait condamné en détail les erreurs origénistes, Mansi, t. xi, col. 496 ; il résumait ces erreurs telles que nous les avons trouvées un peu plus haut dans les quinze anathèmes dirigés contre Origène. Mansi, t. xi, col. 492, 494. Un peu auparavant saint Sophrone avait fait cette observation : « Un seul Dieu a produit tous les êtres, non seulement les êtres visibles, mais aussi les êtres invisibles… ; il les a tirés du néant pour qu’ils existent… les êtres sensibles pour une fin temporelle ; quant aux êtres intellectuels et invisibles, il a daigné leur accorder une dignité plus haute ; ils ne meurent pas, ils ne se corrompent pas comme les êtres sensibles s’évanouissent et passent ; cependant ils ne sont pas immortels par nature, ils ne se transforment pas non plus en une essence incorruptible ; mais il leur a accordé une grâce qui les préserve de la corruption et de la mort. Ainsi les âmes des hommes demeurent sans corruption, ainsi les anges restent immortels, non comme je l’ai dit qu’ils aient une matière incorruptible ou une essence proprement immortelle, mais parce qu’ils ont reçu de Dieu une grâce qui leur donne l’immortalité et leur assure l’incorruption. » Mansi, t. ix, col. 492. Ces paroles, on le voit, semblent nier que les anges, aussi bien que les âmes humaines, soient naturellement immortels. Aussi sont-elles invoquées par les scotistes qui soutiennent la même opinion. Voir par exemple Boyvin, Philosophia Scoti, Venise, 1734, Metapltysica, part. III, c. iii, q. i, t. ii, p. 165.

Nous étudierons le fond de cette question au mot Immortalité. Contentons-nous de faire observer que dans le passage qu’on vient de lire, saint Sophrone exprime simplement sa manière de voir ; car il ne condamne pas la doctrine contraire, comme il condamne aussitôt après les doctrines origénistes. A cette époque, le problème de la nature de l’immortalité ne se posait pas d’ailleurs avec la même netteté qu’au xviiie siècle. Saint Sophrone et ses contemporains sachant que la béatitude éternelle est un don de la grâce pour les âmes bienheureuses et pour les bons anges, ont voulu surtout affirmer que cette béatitude est surnaturelle, qu’elle n’est pas due à la nature. Ils n’examinaient pas si une immortalité naturelle et toute différente n’aurait pas été donnée à tous les esprits, au cas où ceux-ci n’auraient pas reçu la vision éternelle de Dieu.

IV. Septième concile œcuménique, second de Nicée (787) : En quel sens certains auteurs entendaient l’incorporéité des anges. — A la cinquième session du second concile de Nicée, on lut, en témoignage de la foi de l’Église, un écrit d’un auteur du vue siècle, Jean, évéque de Thessalonique. A cette objection qu’on ne devrait point faire, ni honorer d’images des anges, altendu qu’ils ne sont pas des hommes, mais des êtres intelligibles et incorporels, cet écrit répondait : « Au sujet des anges, des archanges et des vertus supérieures ainsi que de nos âmes humaines, l’Église catholique et apostolique sait qu’ils sont des êtres spirituels, mais