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4203 ANGE PARMI LES AVERROISTES LATINS — DANS LES CONCILES 1264

p. clxxxvii, 96 sq. C’est ainsi qu’il y a une âme qui meut éternellement les corps célestes, leur donne leur nature, prop. 74, 83, 95, 213, et s’en sert comme d’organes, prop. 102. Dieu donne aux intelligences inférieures l’être, prop. 81, ainsi que la connaissance, prop. 82, 83, 112, non par lui-même, mais par des intelligences intermédiaires, prop. 81. Il ne le peut faire sans celles-ci, prop. 53, 63. Les intelligences supérieures produisent les âmes raisonnables (sans doute en les rendant les moteurs des corps) ; les intelligences inférieures produisent l’âme végétative et sensitive par le moyen du mouvement du ciel, prop. 30, 73. C’est à l’aide des corps que l’ange produit des effets corporels, prop. 75. L’intelligence qui meut le ciel influe sur l’âme raisonnable, prop. 74. Les intelligences séparées ne sont nulle part par leur substance, prop. 218, 219 ; elles sont dans le lieu et se meuvent d’un lieu à l’autre par leur opération, prop. 204.

Mandonnet, Siger de Brabant et l’averroïsme latin au xiw siècle, in-4° Fribourg (Suisse), 1899.

NI. Angélologie DES AVERROÏSTES LATINS AU {{rom-maj|XIV)e SIÈCLE.

— L’averroïsme continua à être défendu à Paris et à Oxford pendant le {{rom-maj|XIV)e siècle. Il garda même des partisans en Italie jusqu’au {{rom|xvii)e siècle. Mais la plupart se bornèrent à répéter les doctrines de leurs devanciers et à suivre servilement les enseignements d’Averroès, sans y rien ajouter de personnel. De Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, n. 345-347, Louvain, 1900, p. 371.

i. Jean de Baconthorpe. — Indiquons ici les vues d’un des averroïstes les plus célèbres de cette époque, le carme anglais Jean de Baconthorpe, surnommé le docteur résolu († 1346). Tout en suivant Averroès, il ne manque pas d’originalité. Voici quelques-unes de ses opinions. Dieu produit une première intelligence ; celleci à son tour en produit plusieurs autres d’où en émanent d’autres toujours moins parfaites. IV Sent., 1. II, dist. I, q.i, a. 3, §2. Par rapport à toutes les intelligences ainsi produites, Dieu et les intelligences supérieures ne sont pas causes efficientes mais causes finales, et c’est à ce tilre qu’ils leur donnent l’être. I V Sent., LU, dist. I, q.i a. 3, a. 4, §.2. Les intelligences séparées sont des actes purs, non en ce sens qu’il n’y a pas de différence entre leur substance et leurs actes, ce qui a été condamné à Paris en 1277, mais en ce sens qu’elles sont constamment en acte second et jamais en puissance. IV Sent., 1.11, dist. V, q. i, a. 3. Les intelligences supérieures ne connaissent qu’elles-mêmes ; car elles s’abaisseraient en prenant connaissance de ce qui est au-dessous d’elles. Les intelligences inférieures connaissent les intelligences supérieures et se connaissent elles-mêmes. L’ange ne connaît ce qui lui est inférieur que dans sa propre essence et d’une façon consécutive à cette essence, comme on pourrait connaître les conséquences contenues dans un principe, en se bornant à considérer ce principe. I V Sent., 1. II, dist. V, a. 5 ; dist. VI, a. 2.

Les intelligences meuvent les sphères célestes selon les diverses manières dont elles considèrent et comprennent l’intelligence première et son action qui est la plus noble desactions. 1 V Sent., 1. II, dist. V, a.2. Jean de Baconthrope n’admet pas comme les averroïstes condamnés en 1277 que la matière et la quantité sont le principe d’individuation, prop. 96, 81 ; il prétend même qu’on prête à tort ce principe à saint Thomas d’Aquin qui, selon lui, aurait fait de la quantité le principe non de l’individuation mais de la division et de la multiplication des individus. Pour lui, il place le principe de l’individuation dans la (orme. IV Sent., 1. III, dist. XI, q. ii, a. 2, § 2.

Ainsi Jean de Baconthorpe ne suit pas toutes les opinions de Siger de Brabant et de Boèce de Dacie. Il fait même profession de rejeter les propositions de ces auteurs qui ont été coudamm es par l’autorité ecclésiastique.

2. Jean de Jandun. — Un non moins célèbre averroïste qui enseignait à la même époque à Paris, Jean de Jandun, affiche une soumission plus complète encore à l’autorité de l’Église. Il proclame qu’il adopte et soutient la doctrine catholique, mais se déclare incapable de la prouver et en laisse le soin à de plus habiles. Il expose en même temps, avec complaisance et de la façon la plus servile, la doctrine d’Averroès avec toutes les réponses que ce philosophe a faites ou pouvait faire aux théologiens. Il ajoute que les enseignements du commentateur arabe offrent beaucoup moins de difficultés que les enseignements de la foi. Quœstiones in 1res libros de anima, Venise, 1507, passim, et spécialement, 1. III, c. vii, fol. 58-61 (cf. de Wulf, op. cit., p. 373) ; Metaphysica, Venise, 1525, passim. C’était une manière détournée d’enseigner l’averroïsme, que Jean de Jandun n’osait professer directement.

Karl Werner, Die nachscotistiche Scholastik, Vienne, 1883, p. 144 sq., 190 sq. ; Id._, Der Averroismus in d. christlich-peripatetischen Psychologie, dans Sitzungsber. dervkad. Wien., Phil. hist. KL, 1881, p. 175 sq.

A. Vacant.

IX. ANGÉLOLOGIE dans les conciles et DOCTRINE DE L’ÉGLISE SUR LES ANGES. — I. Conciles du {{rom|iv)e siècle : création et culte des anges. II. Anathème contre Origène (vi « siècle). III. Sixième concile œcuménique, troisième de Constantinople (680, 681) : nature de l’immortalité des anges. IV. Septième concile œcuménique, second de Nicée (787) : en quel sens certains auteurs entendaient l’incorporéité des anges. V. Synode romain de 745 et concile d’Aix-la-Chapelle de 789 : noms des anges. VI. Douzième concile œcuménique, quatrième de Latran (1215) et concile du Vatican (1870). VII. Conciles particuliers du xvine et du {{rom|xix)e siècle. VIII. Doctrine de l’Église sur les anges.

Les textes des conciles relativement aux anges sont peu nombreux. La plupart formulent la doctrine de l’Église ; quelques-uns donnent lieu au contraire à des objections contre cette doctrine. Nous allons étudier ces divers textes ; puis nous essayerons de déterminer quels sont les enseignements que l’Église nous impose au sujet des anges. Nous n’avons pas à nous occuper des décrets des papes relativement à la matière ; car ils n’en n’ont guère porté sur ce sujet que dans les conciles dont il va être parlé.

I. Conciles du {{rom|iv)e siècle : création et culte des anges. — Le symbole de foi promulgué au concile de Nicée (325), et renouvelé au second concile œcuménique, premier de Constantinople (381), affirme contre les doctrines dualistes la création de toutes les choses, soit visibles soit invisibles, par un même Dieu. Le Père y est appelé en effet l’auteur de toutes les choses soit visibles soit invisibles, 7tâvTiv ôpatwv te xat àopaTiov 7101T)Tïiv. Denzinger, Enchiridion symbolorum, 6e édit., Wurzbourg, 1888, n. 17, 47, p. 9, 14 ; Hahn, Bibliothek der Symbole und Glaubensregeln der alten Kirche, 3e édit., Brestau, 1897, § 142, 144, p. 161, 162. Cette dénomination se retrouve dans presque tous les symboles de l’Orient, Hahn, ibid., passim, et dans plusieurs formes occidentales du symbole soit avant le concile de Nicée, Hahn, ibid., § 31, p. 34 (interrogation sur la foi en usage dans l’Église romaine au commencement du ine siècle), soit après, Hahn, ibid., § 158, p. 209 (symbole du premier concile de Tolède vers 400). Le symbole du concile de Nicée affirme encore que par le Christ ont été faites toutes les choses, et celles qui sont dans le ciel, et celles qui sont sur la terre, rà te èv tû oùpavéo xa rà èv trj yr. Denzinger, ibid., n. 17 ; Hahn, ibid., p. 161. Ces derniers mots ne sont pas reproduits dans le symbole de Constantinople ; mais, dans un grand nombre de formes orientales du symbole de foi, il est dit expressément du Fils que par lui ont été faites les choses visibles et invisibles. Hahn, ibid., p. 136, 138, 140, 149, 152, 187,