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ANGE CHEZ LES SYRIENS

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et le Livre des Pires, I, I, fol. 150 b, p. 8 : chérubins, séraphins, trônes ; dominations, vertus, puissances ; principautés, archanges, anges, est, sauf la transposition des deux premiers ordres des chérubins et des séraphins, l’arrangement de la hiérarchie aréopagitique, De cœlest. hierarch., c. vii, viii, ix, et de saint Jean Damascène, De fuie ortliodoxa, ii, 3. Abdiésu s’en éloigne plus dans l’ordonnance de la seconde hiérarchie, qu’il constitue ainsi : vertus, puissances, dominations. Perle, m, 8, Mai, Vet. script., t. x b, p. 329, 355. De même plusieurs liturgies syriennes : celle de Dioscore, Renaudot, Lilurgise orientales, t. il, p. 491, 192, celle de saint Jacques, Missale syriacum, Rome, 1843, p. 105 ; Missel maronite, Beyrouth, 1888, p. 67, 68, celle dite de Marc, ibid., p. 94, 95. Dans les fragments syriaques des commentaires sur Ézéchiel, attribués à saint Hippolyte et édités jadis sous le nom de saint Éphrem, cette disposition est intervertie, et nous avons : trônes, séraphins, chérubins ; vertus, puissances, dominations ; anges, archanges, principautés. Pitra, Analecla sacra, Spicil. Solesrn., t. iv, p. 42, 311.

Jean de Dara, évêque nestorien du IXe siècle, commentateur de l’Aréopagite, fournit des énumérations variées. On trouve en particulier les trônes placés entre les chérubins et les séraphins. Voir le reste dans Morin. De sacra ordinalione, Paris, 1655, p. 494.

Ces diverses ordonnances des hiérarchies célestes dépendent sans doute des traités aréopagitiques, produits en 533 par les monophysites, traduits du grec en syriaque par Serge de Reshayna, prêtre monophysite (536), et répandus dans la Syrie, où ils furent lus, commentés et défendus. En somme, toute la doctrine aréopagitique se lit dans les auteurs syriens, et l’inlluence s’en manifeste jusque dans certaines explications liturgiques. Ainsi il est dit, dans le rituel de l’ordination syrienne, que le diacre ne fléchit qu’un genou parce qu’il ne possède que le ministère de la purification, mais que le prêtre iléchit les deux genoux parce qu’il purifie et illumine. C’est la doctrine dionysienne, Deeccles. hierar., c. v, alors que le même rite chez les nestoriens est expliqué par l’idée que le prêtre reçoit deux talents et le diacre un seul. Jésuyab, dans Abdiésu, Epitome canonum, VI, i. Mai, Vet. script., t. x a, p. 105. Toutefois, les syriens eux-mêmes se tiennent souvent dans une grande indépendance des données pseudo-dionysiennes et les livres rituels spécialement présentent de la hiérarchie céleste les ordonnances les plus différentes, voire même des énumérations rétrogrades plaçant l’ordre des anges au sommet de la hiérarchie, et celui des séraphins, le plus élevé dans la conception occidentale, au degré inférieur. C’est ainsi que l’ordinal syrien, dans une comparaison du sacerdoce ecclésiastique et des degrés angéliques, comparaison antérieure, vraisemblablement, à celle de Jésuyab, loc. cit., p. 106, et à la traduction des écrits aréopagitiques, présente par deux fois les anges comme les premiers en dignité, les séraphins comme un ordre intermédiaire et les vigilants au dernier rang (ordination du lecteur et du sous-diacre ; voir Morin, op. cit., p. 390, 395) ; et deux fois encore les anges au premier degré, les vigilants au second et les séraphins au troisième seulement (ordination du prêtre et de l’archiprêtre, p. 407, 411). L’assimilation des prêtres et des ascètes aux anges, dont ils imitent la vie ou exercent le ministère, est courante dans la littérature syriaque. Aphraate, vi, 1-6 ; xxii, p. 250, 270, 1026 ; Jacques de Sarug, Actamart., t. il, p. 237, 238 ; Pair, vit., p. 350. Les écrivains l’ont exagérée jusqu’à mettre le prêtre au-dessus de l’ange. L’ordinal nestorien s’exprime dans ce sens. Voir Morin, De sacr. ordin., p. 453.

Les explications très variées fournies par les auteurs sur les fonctions angéliques reposent sur les étymologies <les désignations syriaques des anges. C’est pourquoi, dans la distribution des fonctions et la détermination des

caractères spéciaux à chacun des ordres angéliques, l’enseignement des Orientaux s’éloigne souvent de celui des auteurs grecs. Le Livre des Pères concorde, dans la plupart des détails, avec le Testament d’Adam, et emploie parfois les mêmes termes, par exemple dans la description des deux derniers ordres. La principale différence à signaler est l’attribution faite par le livre gnostique aux dominations de l’office assigné par l’auteur nestorien aux vertus, et réciproquement. « Le chérubin, nous disent ces auteurs, est une intelligence Zaw’d, o mouvement, faculté, » revêtue de lumière qui contemple, Gstopù, ou inspecte tout ce qui fut ou sera, et porte le trône de la divinité. » Ezech., x, 14 ; Dan., ni, 55 ; Ps. lxxix, 2. Cette conception a motivé peut-être le déplacement des deux premiers ordres dans les nomenclatures syriennes. « Cet ordre des chérubins est à la tête de toutes les autres intelligences ; il contemple perpétuellement les ordres placés au-dessous de lui, et il est constitué médiateur entre Dieu et la création. Leur prince est Gabriel, placé sans intermédiaire au-dessous du créateur. » Livre des Pères, I, VI, fol. 155 a, p. 12 ; Salomon de Bassora, Abeille, I, v, dans Assémani, Bibliolheca orienlalis, t. ni a, p. 311. « Le séraphin est une intelligence ignée, qui enflamme du feu de l’amour divin les intelligences inférieures. Ces intelligences de feu ont le pouvoir d’aller et venir dans la fournaise où toutes choses sont façonnées. Ces esprits volent six par six, ainsi que le dit le prophète. (Isaïe, vi, 2 ; Apoc, iv, 8, disent que ces anges ont six ailes, et non qu’ils volent six par six.) Ils se font connaître les uns aux autres les révélations qu’ils reçoivent du créateur et les transmettent aux hommes. — Les trônes, intelligences fermes et immobiles, président, croit-on, aux mouvements de toutes choses dans le ciel et sur la terre et supportent sans fléchir l’effort des tentations qui les assaillent. — Les dominations sont des intelligences royales, préposées au trésor pour distribuer le salaire aux ordres inférieurs. Leur fonction est aussi de contenir l’ordre des démons et d’empêcher que, dans leur malice, ils ne nuisent aux créatures. — Les vertus, intelligences fortes et agiles à la fois, manifestent et inculquent la science à toute créature visible, selon son désir. Ces intelligences sontles ministres des volontés du Seigneur ; elles secourent les empires et les royaumes et procurent les victoires et les défaites suivant la volonté de Dieu. — Les puissances sont de nobles intelligences… elles gouvernent le soleil, la lune et les étoiles. — Les principautés sont préposées au soin des créatures corporelles ; elles en pénètrent à fond les mystères et connaissent la force cachée en elles. Ces intelligences ont le gouvernement de l’élher supérieur, des nuages, des pluies, des vents, des tonnerres et des éclairs. — Les archanges, intelligences agiles et actives, observent ce qui est au-dessous d’eux et font subsister les créatures inférieures, animaux, oiseaux et tout être vivant, excepté l’homme.

— Les anges connaissent de science spirituelle tout ce qui existe au ciel et sur terre. Un ange de cet ordre est commis au soin de chaque homme depuis l’heure de sa création jusqu’à son dernier soupir. » Livre des Pères, loc. cit., fol. 155 a, 156 a, p. 12-13.

V. Nombre des anges.

Les mêmes auteurs déclarent que le nombre des anges de chacun de ces neuf ordres égale le nombre de tous les hommes qui auront existé depuis Adam jusqu’à la résurrection. Salomon de Bassora, Abeille, I, v, dans Assémani, Bibliolheca orientatis, t. m a, p. 311 ; Livre des Pères, fol. 156 b, p. 13. Sévère Bar-Shakako, évëque jacobite du XIIIe siècle, rapporte la création de cent ordres d’anges et les fables de Sataniel. On mentionne aussi chez les syriens, comme chez les coptes, Uriel ou Suriel, avec plusieurs autres noms empruntés aux livres apocryphes et dont la recherche pour le présent ne serait d’aucune utilité. Il est plus intéressant de constater que, dans l’Église copte,