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ANGE CHEZ LES SYRIENS

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un « silence qui parle ». Ibid., l. I, serm. xi, p. 24, 25. « Dans le ciel… tous les anges s’empressent au service de Dieu : les séraphins proclament sa gloire sainte et volent de leurs ailes légères, portant des vêtements blancs et glorieux. Ils voilent leurs faces devant son éclat, et courent plus rapide que le vent. » Apliraate, Démonstr., xiv, 35, p. 663. « Des myriades et des milliers. .. acclament, sanctifient, exaltent sa grandeur ; vigilants, prêts, rapides à la course, glorieux, beaux, splendides et désirables, ils s’empressent à sanctifier et accomplir son commandement, ils montent et descendent à travers les airs, comme des foudres très rapides. » Démonstr., xviii, 4, p. 827. Je ne sais si Apliraate, converti du paganisme et de la religion des Mages, s’inspire ici d’une tradition quelconque, mais les juifs font usage dans leurs prières liturgiques de formules semblables, et comme l’enseignement des chrétiens de Perse au vie siècle emprunta beaucoup aux écoles juives de Mésopotamie, il semble qu’un rapprochement de lieu et de temps s’impose entre les passages ci-dessus et ce texte de l’office du matin : « Tous ses ministres se tiennent au lieu le plus élevé du monde ; tous d’une seule voix et avec crainte proclament les paroles du Dieu vivant et du roi du monde. Tous sont aimés, tous choisis, tous forts ; tous accomplissent avec crainte et tremblement la volonté de leur créateur. Tous ouvrent leur bouche avec sainteté et pureté ; par leur chant et leur mélodie, ils louent, célèbrent, glorifient, sanctifient et font régner le nom de Dieu, le roi grand, fort et terrible. Il est saint. Et tous reçoivent l’un de l’autre le joug du roi du ciel ; l’un donne à l’autre la puissance de sanctifier leur créateur, d’un cœur tranquille et d’une langue épurée. Tous ensemble chantent le cantique de la sanctification, disant avec crainte : Saint, saint, saint, est le Seigneur des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire. » Thepliillim, Rœdelheim, 1875, p. 49, 50. Suivant une ancienne tradition d’origine syrienne, consignée dans les Constitutions apostoliques, l. VII, c. xxxv, le Sanclus est attribué aux séraphins et aux chérubins, et le verset d’Ézéchiel, Ht, 12 : « Bénie soit la gloire du Seigneur du lieu saint où il réside, » aux anges des autres ordres. Les auteurs postérieurs ont amplifié cette donnée. Nous la retrouvons comme il suit dans le Livre des Pères, traité nestorien des hiérarchies céleste et ecclésiastique, Bibliothèque impériale de Berlin, collection Sachau, n. 108, Catalog., p. 360, que nous attribuons à Siméon de Shankelawa, moine nestorien du xiie siècle (voir R. Duval, Littérature syriaque, Paris, 1899, appendice, p. 22, 33) : « Louanges diverses des anges. La louange des premiers, c’est-à-dire des chérubins, des séraphins et des trônes, est celle-ci : Tu es terrible, Dieu Très Haut, dans ton sanctuaire, dans les siècles des siècles. Amen. Bénie soit la gloire du Seigneur dans le lieu où il réside. — Louange des [anges] intermédiaires : Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu fort. Le ciel et la terre sont pleins de ses louanges. — Louanges des [anges] inférieurs : Gloire à Dieu au plus haut du ciel, paix sur la terre et aux hommes bonne espérance. » (Luc, il, 14.) Voir Le livre des Pires, extrait de La science catholique, mai-juin 1890, p. 11.

3° Manifestations des anges et rôle de ces esprits auprès des hommes. — Beaucoupde Pères syriens admettent dans les théophanies (voir ce mot) de l’Ancien Testament la manifestation de Dieu sous une forme angélique. L’ange qui lutta avec Jacob était le Fils de Dieu. Ephrem, Comment. inGen., Opéra syriac, t.i, p. 181. L’ange qui parla au peuple d’Israël (Jud., il, 2) était peut-être un homme. Ephrem, Comment, in Jud., t. i, p. 309. Au sujet des « (ils de Dieu » qui se joignirent aux tilles des hommes, Gen., vi, 2, les syriens adoptèrent lis ImIiIcs apocr plies qui les représentent comme des anges : voir J.-B. Chabot, Chroniquede Michel leSyrien, Ii IV, Paris, 1899, t. i, p. 7 ; mais l’interprétation plus

saine qui les donne pour les fils de Seth prévaut chez les historiens. Ibid., p. 13.

Les anges sont constitués les gardiens des hommes durant leur vie et des âmes après la séparation du corps. Salomon de Bassora (xme siècle), Livre de l’Abeille, c. v, dans Assémani, Bibliotheca orientalis, t. iii, p. 311 ; cf. Aphraate, v, 22, p. 227 ; liturgie syriaque de saint Basile, Renaudot, t. ii, p. 546. Ils sont de même les gardiens des peuples et des royaumes. Aphraate, iii, 14, p. 131 ; Ephrem, Comment, in Dan., dans Assémani, Bibliotheca orientalis, t. i, p. 71 ; t. iii, p. 93. En ce sens, leprince du royaume des Perses », Dan., x, 13, qui résiste à Michel, « prince du peuple juif, » est, suivant Aphraate, un esprit de l’ordre des bons anges. Démonstr. , ni, 15, p. 134. Intermédiaires entre Dieu et les hommes, ils portent au ciel nos prières, ibid., 14, p. 130, et en font descendre la paix. Démonstr., ix, 4, p. 415. Il faut prier la nuit, à l’heure des trois vigiles canoniques, « car alors les anges visitent l’église. » Testament du Seigneur, I, xxii, Mayence, 1899, p. 31, 33. Les anges interviennent dans les révélations ou autres faveurs divines procurées aux hommes soit d’une manière corporelle et sensible, soit par le moyen des sens extérieurs. Les anges en sont les instruments, et ces sortes de visions se font par leur ministère. Livre des Pères, I, v, 4, p. 11. A la résurrection dernière, ils amèneront les hommes au jugement. Aphraate, vi, 6, 14, p. 267, 295.

IV. Hiérarchie des anges.

Les anciens auteurs syriens énumèrent, d’après l’Écriture, Coloss., 1, 16 ; Ephes., i, 20, différentes catégories d’anges. Outre les chérubins, les séraphins et les vigilants, déjà mentionnés, saint Ephrem nomme les trônes, les dominations, serm. i, De diversis, t. iii, p. 607 ; les archanges, sirmal’akê, les vertus, haxjltânwâlà, les puissances, sultane. Ibid., passim. Aphraate ne connaît que les anges, les vigilants, Démonstr., xx, 11, p. 910, les séraphins, xiv, 35, p. 663, la milice céleste ou les vertus des cieux, d’après Deut., iv, 17 ; Démonstr., xvii, 6, p. 794 ; xxi, 7, p. 951, et les princes, sallitê, préposés à la garde des peuples. Pour lui le Chérub est à part, v, 7, 9, p. 198-203. Il faut citer aussi le Testament du Seigneur, document grec, connu par sa traduction syriaque, qui nous donne, avec les anges, p. 121, 125, les archanges, les dominations, les trônes, les vertus, les chérubins, les séraphins, les phalanges célestes, p. 41, 61, 1231, et cinq autres appellations très particulières, qui ne trouveraient leur analogie que dans des apocryphes grecs : les gloires, ëubhè, les vêtements, IbûSc, les lumières, nûhârê, les joies, hadwâiâ, et les délices, bùsâmê, p. 41, 55. En ajoutant ici les princes, risdnê, p. 123, nous obtenons une nomenclature de treize termes, où manquent les vigilants,’ire, parce que le document n’est pas d’origine syrienne.

A la suite de la tradition juive mentionnée plus haut, les syriens insèrent parfois dans les énumérations angéliques les roues, les yeux et les animaux symboliques d’Ézéchiel, i, 5, 15 ; et ces diverses données, moins peut-être celles du Testament du Seigneur, ont aussi leur place dans les prières et les hymnes liturgiques. Remarquons que les auteurs anciens n’instituent nulle part une énumération hiérarchique complète, et le fait que celle-ci manque en particulier dans les liturgies nestorienncs, aussi bien que dans le canon éthiopien, constitue pour ces documents une note d’antiquité à joindre à celles qu’on relève par ailleurs.

Les écrivains ascétiques postérieurs donnèrent la division des esprits angéliques en neuf ordres et trois hiérarchies, subordonnées l’une à l’autre. L’ordonnance hiérarchique la plus commune chez les syriens, consignée dans le Testament d’Adam, Journal asiatique, 1853, n. 17, Salomon de Bassora, Livre de l’Abeille, c. v, dans Assémani, Bibliotheca orientalis, t. in a, p. 31 1,