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ABLUTION DE LA MESSE — ABRAHAM (VOCATION D')

dites de Charles le Chauve (ixe siècle), les fidèles disaient cette oraison après avoir communié, et comme chacun se l’appliquait en particulier, on y lit au singulier : Quod ore sumpsi, Domine, mente capiam, etc., ainsi que dans plusieurs anciens missels. Cf. Le Brun, loc. cit., p. 620, not. 11.

La deuxième ablution est accompagnée de l’oraison : Corpus tuum Domine quod sumpsi, etc., empruntée avec de légères variantes au Missale gothicum (loc. cit. Missa dominical., Postcommunion, col. 315) ; elle se trouve aussi dans la Missa latina de Flaccus Illyricus, P. L., t.cxxxviii, col. 1333, et dans le missel de Hereford (1502) in canon, miss., p. 195. Cf. Will. Maskell, The ancient Lit. of the Church of England, 3e édit., in-8o, Oxford, 1882. Jusqu’à l’introduction du missel officiel de saint Pie V, il y eut une grande variété d’usages, notamment pour les oraisons. Ainsi, outre les deux oraisons actuelles, il y en avait parfois une troisième, à laquelle on ajoutait encore les paroles suivantes : Vidi Dominum facie ad faciem, et salva facta est anima mea, etc. Lutum fecit Dominus ex sputo, et linivit oculos meos, et abii, et lavi, et vidi et credidi Deo. En disant ces mots, le prêtre, selon un usage très répandu, se touchait les yeux avec les doigts de l’ablution, pour exprimer les effets merveilleux de guérison et d’illumination que le Sauveur produit sur L’âme par la communion. Cf. Thalhofer, t. ii, p. 292. Actuellement encore, les dominicains ne disent l’oraison Quod ore sumpsimus, qu’à l’ablution des doigts. La liturgie milanaise pratique les ablutions comme l’Église romaine, avec une oraison différente pour l’ablution des doigts : Confirma hoc Deus, etc., et la liturgie mozarabe aussi, avec une seule oraison : Domine Deus, Pater et Filius et Spiritus Sanctus, etc. Cf. P.L., t lxxxv, col. 566, in nota, 567.

III. Pratique.

D’après les rubriques du missel (rit. celeb. miss., x, 5, et in corp.) le prêtre en disant : Quod ore sumpsimus, présente le calice au servant, qui y verse un peu de vin avec lequel il se purifie ; puis avec du vin et de l’eau il se lave, sur le calice, les pouces et les index, les essuie avec le purificatoire, prend l’ablution, et après s’être essuyé la bouche, purifie le calice. D’après de Herdt, Sacr. lit. praxis, in-12, Louvain, 1852, t. i, p. 304, il faut autant que possible, pour la seconde ablution, prendre autant de liquide que pour la première, mais toujours plus d’eau que de vin, sans doute pour être bien certain que l’espèce du vin a cessé d’exister. Se servir du vin ou d’eau seulement, pour l’ablution des doigts, est une faute vénielle en soi, mais le manquement à cette rubrique n’est jamais que véniel ; une cause raisonnable accidentelle excuse complètement, de telle sorte qu’à défaut de vin, on peut se servir d’eau seulement pour la purification. Cf. Lehmkuhl, Theologia moralis, Fribourg-en-Brisgau, 1898, t. ii n. 245, 4, p. 183.

D. Joan. Bona, Opera omnia, Rerum liturgicarum libri II ; l. II, c. xx, in-fol., Anvers, 1694, p. 372 ; id. Rerum liturgicarum libri duo cum notis et observ. R. Sala, in-fol., Turin, 1753, p. 427 sq. ; Domin. Giorgi, De liturgia Romani pontifias, l. III, c. xxi, in-4o, Rome, 1744, p. 196 sq. ; Martène, De antiguis monachor. rilib., l. II, c. iv et vi, in-fol., Anvers, 1738 ; P. Le Brun, Explication littérale, historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe, in-8o, Paris, 1777, t. i, p. 618 sq. ; Dr  Valentin Thalhofer, Handbuch der katholischen Liturgik, in-8o, Fribourg-en-Brisgau, 1890, t. ii, p. 291, 292.

V. Maurice.


ABLUVIIS (de) Geoffroy. Voir Ablusis, col. 90-92.


ABRA DE RACONBS (d’) Charles-François naquit vers 1680 au château de Raconis, diocèse de Chartres. Sa famille, qui était calviniste, passa tout entière au catholicisme en 1592. Il enseigna successivement la philosophie au collège du Plessis (1609), la théologie au collège de Navarre (1615) ; en 1618, il fut nommé prédicateur et aumônier du roi. A cette époque, il s’occupait aussi de polémique contre les protestants et publiait divers ouvrages de controverse : 1o  Réponse aux quatre ministres de Charenton et à deux autres écrits de Pierre du Moulin, in-8o, Paris, 1617 ; — 2o  Triomphe de la vérité forçant le sieur du Moulin à confesser sa fuite en la conférence qu’il a eue avec le sieur de Raconis, Paris, 1618 ; — 3o  Les actes de la conférence du sieur de Raconis, professeur en théologie, et du sieur du Moulin, ministre de Charenton, en la maison du sieur du Moulin, signés de part et d’autre, in-8o, Paris, 1618 ; — 4o  Traité pour se trouver en conférence avec les hérétiques, in-12, Paris, 1618 ; — 5o  La confession de foy des ministres percée à jour et son bouclier mis en pièces ou l’Examen de la confession de foy des ministres, 2 vol., Paris, 1620, 1621. Désigné en 1637 pour l’évêché de Lavaur, il ne séjourna pas longtemps dans son diocèse ; en 1643, il était de retour à Paris. La polémique contre les jansénistes l’occupa jusqu’à la fin de sa vie. Saint Vincent de Paul l’excitait et l’encourageait. En 1644, il fit paraître un Examen et jugement du livre de la fréquente communion fait contre la fréquente communion, et publié sous le nom du sieur Arnauld, 3 in-4o, Paris; en 1645, une Briève anatomie du libelle anonyme intitulé:Réponse au livre de Mr  l’évêque de Lavaur, in-4o, Paris ; une Continuation des examens de la doctrine de l’abbé de Saint-Cyran et de sa cabale, in-4o, Paris ; La primauté et souveraineté singulière de saint Pierre, contre l’hérésie des deux chefs de l’Église, formulée par Martin de Barcos. Cette attitude valut à Raconis les colères et les rancunes du parti. Vers la fin de cette même année 1645, le bruit se répandit à Paris que l’évêque de Lavaur avait dénoncé au pape les dangereuses doctrines contenues dans le livre de la Fréquente communion et l’avait averti que des évêques français toléraient et approuvaient ces impiétés. L’évêque de Grasse informa de ce fait l’assemblée générale du clergé. Les prélats s’en montrèrent d’autant plus émus que quelques-uns avaient publiquement recommandé l’ouvrage d’Arnauld ; ils s’en plaignirent au nonce, puis ils firent demander à Raconis s’il avait réellement écrit cette lettre, et, malgré sa réponse négative, ils adressèrent à Innocent X une protestation commune contre les accusations dont ils étaient l’objet. Collection des procès-verbaux des assemblées générales, t. iii. Abra de Raconis mourut quelques mois après, le 16 juillet 1646.

Launoy, Regii Navarræ gymnasii Parisiensis historia, Paris, 1677 ; dom Liron, Bibliothèque générale des auteurs de France, Bibliothèque chartraine, Paris, 1719 ; Moreri, Dictionnaire historique ; Feller, Biographie universelle ; Hœfer, Nouvelle biographie générale ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii; Wetzer et Welte, Kirchenlexicon, Fribourg, 1882.

V. Odlet.


1. ABRAHAM. Parmi les questions qui regardent le patriarche Abraham, nous nous contenterons d’étudier celles qui intéressent plus particulièrement les théologiens. Nous allons consacrer des articles:
1o  à la vocation ;
2o  au sacrifice d’Abraham ;
3o  à la promesse du Messie faite à Abraham; enfin,
4o  au séjour des justes désigné sous le nom de sein d’Abraham.

I. ABRAHAM (vocation d’). Nous étudierons successivement le fait, l’objet et les raisons de cette vocation.

I. Fait.

Abraham, qui se nommait d’abord Abram, était fils de Tharé et vraisemblablement frère puiné de Nachor et d’Aran, quoiqu’il soit nommé le premier en sa qualité d’ancêtre du peuple hébreu. Gen., xi, 26, 27. Il était né à Ur en Chaldée, la Mughéir actuelle, où sa famille, qui était de race sémitique, semble avoir occupé une des premières places et s’être trouvée à la tête d’une tribu importante. Il y épousa Sara, sa parente. Gen., xi, 29. Or, Tharé, son père, le prit avec Lot et les fit sortir d’Ur pour les conduire dans la terre de Chanaan. Ils