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ANGE D’APRES LES PERES

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qui gubernet, qui pro actibus nostris corrigendis et rniseralionibus exposcendis, quotidie videat fac’tem Patris, quiincœlis est, In Num., homil. xx, 3, P. G., t. xii, col. 733, ou seulement aux convertis, Cont. Cels., v, 57, P. G., t. Xi, col. 1272 ; aux fidèles De princ, 1. II, c. x, 7, P. G., t. xi, col. 210 ; aux chrétiens qui se conduisent bien, c’est-à-dire aux justes, aux saints, qui doivent être sauvés, In Ezech., i, 7, P. G., t. xiii, col. 674 ; In Num., homil. v, 3, P. G., t. xii, col. 606 ; d’où cette conclusion que les non-baptisés, les infidèles et les chrétiens pécheurs n’ont pas d’ange gardien. Enfin il admet que le monde et l’homme ont en même temps un démon et un ange. De princ, 1. III, c. ii, 4, P. G., t. xi, col. 309-310 ; 7n/os., homil.xxin, 3, P. G., t.xii, col. 937 ; InLuc, homil. xii, xxxv, P. G., t. xiii, col. 1829 ; Inepist. Boni., i, 18, P. G., t. xiv, col. 866.

Sur la plupart de ces points, qui n’avaient pas été tranchés par l’autorité ecclésiastique et ne se trouvaient pas dans la règle de foi, Origène s’est trompé. Il a subi l’influence des idées platoniciennes, du Pseudo-Énoch, du Pseudo-Barnabe, d’Hermas ; mais il n’a engagé que sa responsabilité personnelle ; ces problèmes se présentant à son esprit, il les a résolus comme il a pu, en prenant soin de déclarer qu’il ne prétendait pas à l’infaillibilité et qu’il ne donnait pas le fruit de sa pensée comme un dogme défini. Mais ses téméraires spéculations, sans s’imposer dans leur ensemble, furent loin de passer inaperçues.

Les Pères, en général, se bornent à indiquer le rôle de l’ange gardien. Pour Eusèbe de Césarée, l’ange gardien est un tuteur et un curateur, Dem. evang., iv, 6, P. G., t. xxii, col. 268 ; pour Hilaire, un intermédiaire qui préside aux prières des fidèles et les offre à Dieu par le Christ Sauveur, In Malth., xxiii, 5, P. L., t. ix, col. 1020 ; pour Basile, un aide pacifique, un compagnon de route, Epist., xi, P. G., t. xxxii, col. 273 ; pour Grégoire de Nazianze, un guide, qu’il demande au Christ, pour être à l’abri des dangers du jour et de la nuit, pouvoir rentrer sain et sauf et obtenir une fin heureuse, Poem. dogm., xxxvi, 20-25, et Poem. de seipso, iii, 5-8, P. G., t. xxxvii, col. 519, 1020 ; pour Grégoire de Nysse, un bouclier semblable à celui qui entoure et protège la tour, In Cant. cant., homil. vii, P. G., t. xliv, col. 933 ; pour Siméon Métaphraste, un mur d’enceinte opposé de tous côtés aux assauts de l’ennemi, Serm., vii, 2, P. G., t. xxxii, col. 1198 ; pour l’auteur des Dialogues attribués à saint Césaire, un médecin qui cautérise les plaies, un agriculteur qui arrache les mauvaises herbes, un vigneron qui prend soin de la vigne, Dial, i, q. xliv, P. G., t. xxxviii, col. 913 ; pour Cyrille d’Alexandrie, un précepteur qui nous enseigne le culte et l’adoration que nous devons à Dieu. Cont. Julian., iv, P. G., t. lxxvi, col. 689. En un mot, c’est l’ange gardien, tel que nous le connaissons, toujours prêt à nous défendre, à nous protéger, à nous condrire, à nous conseiller, etc.

Mais, à la suite d’Origène, saint Basile, In Psal., xxxiii, 5 ; xlviii, 9, P. G., t. xxix, col. 363, 453 ; Cont. Eunom., ni, 1, P. G., t. xxix, col. 656 ; saint Cyrille d’Alexandrie, De adorât, in Spir., iv, P. G., t. lxviii, col. 314, 326 ; In Gènes., iv, 4, P. G., t. lxix, col. 190 ; In Isai., l, orat., iv, P. G., t. lxx, col. 181, et Siméon Métaphraste, Serm., su, 2, P. G., t. xxxii, col. 1198, limitent la faveur de l’ange gardien aux fidèles, exclusivement. Cette resiriction ne se trouve ni dans Tertullien, De anima, 37, P. L., t. il, col. 713 ; ni dans l’auteur des Questions aux orthodoxes, q. xxx, P. G., t. vi, col. 1277, ni dans Grégoire de Nysse, Vita Moysis, P. G., t. xliv, col. 337, ni dans Théodoret, InGenes., c. iii, P. G., t. lxxx, col. 81. Saint Chrysostome semble lui être favorable, In Malth., homil. lix, 4, P. G., t. lviii, col. 579 ; InCol., homil. iii, 3, P. G., t. lxii, col. 322 ; mais sa pensée est que tout homme a un ange gardien ; elle ressort du langage qu’il tient. De laud. S. Pauli, homil. vii, P. G., t. L, col. 509 ; In Act. Apost., homil. xxvi, P. G., t. lx, col. 201 ; In Hebr., homil. xiv, P. G., t. lxiii, col. 116.

Parmi les Pères latins, saint Augustin enseigne que les anges ont une action sur la vie sensitive, sur toute volonté, De Gen. ad litt., viii, 23, 44, P. L., t. xxxiv, col. 390 ; sur les puissances aériennes, In Psal., oui, serm. iv, 9, P. L., t. xxxvii, col. 1385 ; sur les peuples étrangers à Israël, In Psal., lxxxviii, serm. i, 3, P. L. t. xxxvii, col. 1121 ; qu’ils agissent comme intermédiaires et ministres de Dieu, De civ. Dei, vii, 30, P. L., t. xli, col. 220 ; mais quant à dire quel est leur mode d’action, il avoue l’ignorer. De Gen. ad Ut., ix, 16, 29, P. L., t. xxxiv, col. 405. On a prétendu, qu’à cause de sa théorie sur la grâce, grâce portant au bien par un attrait irrésistible, saint Augustin n’avait admis de la part des anges auprès des hommes que des messages passagers, transitoires, n’indiquant aucune relation privée et permanente ; et on a signalé certains passages de ses œuvres qui semblent, en elfet, permettre de le conclure : De civ. Dei, vii, 30, P. L., t. xli, col. 220, et In Psal., lxii, 6, P. L., t. xxxvi, col. 751. Cependant, bien que nulle part ne se trouve l’affirmation catégorique que tout homme a un ange gardien, il est difficile de nier qu’elle ne se dégage de l’ensemble de sa doctrine. Il nous apprend, en effet, que du sein du bonheur ils veillent sans cesse sur nous pendant notre terrestre pèlerinage, In Psal., lxii, 6 ; qu’ils offrent nos prières à Dieu, In Psal., lxxviii, 1, P. L., t. xxxvi, col. 1009 ; qu’ils nous sont envoyés, De civ. Dei, ix, 23, 3, P. L., t. xli, col. 276 ; qu’ils nous aident, De div. qusest., q. lxvii, P. L., t. xl, col. 69 ; que le précepte concernant l’amour du prochain regarde aussi ces esprits a quibus tarda nobis misericordise impendunhir officia, De doct. christ., i, 30, 33, P. L., t. xxxiv, col. 31 ; enfin qu’ils sont chargés de restituer notre àme à Dieu. Collât, cum Max., 9, P. L., t. xlii, col. 727. Un tel langage ne permet pas de ranger Augustin parmi ceux qui refusent à l’homme un ange à titre personnel et permanent.

Quoi qu’il en soit, saint Jérôme a parlé clairement quand il a dit : Magna dignitas animarum ut unaquseque habeatab ortu nalivitalis in custodiam sui angelum delegatum ! In Malth., xviii, 10, P. G., t. xxvi, col. 130. Et Cassien, qui a été son disciple et le disciple de saint Chrysostome, n’est pas moins formel. Coll., viii, 17 ; xiii, 12, P. L., t. xlix, col. 750, 929. Il n’avait pas à sauver la doctrine des anges gardiens : il n’a été qu’un écho de l’enseignement de ses maîtres et de la croyance de son temps.

Signalons, avant de terminer, l’opinion de saint Basile, d’après laquelle l’ange gardien fuit le pécheur comme l’abeille fuit la fumée, In Psal., xxui, 5, P. G., t. xxix, col. 363 ; opinion qui fut aussi celle de saint Jérôme, In Jerem., xxx, 12, P. L., t. xxiv, col. 869, et de Siméon Métaphraste. Serm., vii, 2, P. G., t. xxxii, col. 1197. Signalons également celle de saint Ambroise d’après laquelle Dieu nous prive quelquefois de notre ange sardien pour nous laisser combattre seuls, In Psal., xxxvii, 43 ; xxxvin, 32, P. L., t. xiv, col. 1031, 1054 ; et enfin celle d’Hermas, qui donne à chaque homme un ange bon, ou de justice, et un ange mauvais, ou d’iniquité, Mand., vi, 2, 1, P. G., t. ii, col. 928, opinion que nous retrouvons dans saint Grégoire de Nysse, De vita Moysis, P. G., t. xliv, col. 337, 340, et dans Cassien, Coll., viii, 17, P. L., t. xlix, col. 750.

Nous avons déjà vu que le Pseudo-Denys met la troisième hiérarchie, et plus spécialement le dernier ordre, celui des anges, en relation avec le monde : il l’appelle, en effet, iuptxô<T[Aioi ; , et dit que les anges sont à la tête de chaque nation, xaô’é’xokttov s’ôo ; , Decsel. hier., ix, 2, 3, 4, P. G., t. iii, col. 260, 261, en relation avec les hiérarchies humaines, tocï ; àvOptoTOc’au ; kpap/t’acç. Ibid. La loi a été donnée par les anges ; quant à nos pères, ceux d’avant la loi et ceux d’après, les anges les condui-