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ANGE D’APRES LES PÈRES

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t. lxxxiii, col. 889. En revanche, Grégoire de Nazianze y avait ajouté les splendeurs, les élévations, ce qui donnait un total de onze. Orat., xxviii, 31, P. G., t. xxxvi, col. 72.

Saint Jérôme parle des principautés et des vertus dans son commentaire sur la lettre aux Ephésiens, mais les supprime dans sa liste. Cont. Jov., il, 28, P. L., t. xxiii, col. 325. Saint Augustin, qui semble croire que saint Paul a épuisé la liste de tous Jes ordres célestes, dans son Epitre aux Colossiens, Enchir., 58, P. L., t. xl, col. 259, en publie une de huit, où ne manquent que les trônes. Coll. cum Max., 9, P. L., t. xlii, col. 727.

La différence du nombre provenait non seulement de l’incertitude dans laquelle se trouvaient les Pères pour trancher une question de précision si délicate, mais encore de ce que l’on crut voir un double emploi dans quelques-uns de ces termes, de sorte que les mêmes esprits célestes pouvaient avoir été désignés sous des noms différents. C’est ainsi que saint Grégoire de Nysse s’attache à défendre l’énumération fournie par saint Paul, bien qu’elle ne contienne le nom ni des chérubins, ni des séraphins ; car ce nom est implicitement remplace par un synonyme. Qui dit trône dit chérubin ; qui dit vertu dit séraphin : Paul, s’adressant à des grecs, a laissé les vocables hébraïques. Cont. Eunom., I, P. G., t. xlv, col. 318. Augustin a de même identifié les chérubins et les trônes, In Psal., xcviii, 3, P. L., t. xxxvii, col. 1259 ; et Théodoret, les séraphins et les vertus. Grsec. affect. cur., iii, P. G., t. lxxxiii, col. 889. Saint Hilaire, In Psal., cxxxv, 8, P. L., t. ix, col. 773, et saint Chrysostome, Cont. anom., ii, 31, P. G., t. xlviii, col. 713, prirent le mot vertus pour un terme générique. Augustin croyait encore à l’identification probable des archanges et des vertus. Enchir., 58, P. L., t. XL, col. 259.

Rang assigné à chaque ordre.

Incertitude quant au nombre, incertitude également quant à la place à assigner à chaque ordre. Paul cite, d’une part, les trônes, les dominations, les principautés, les puissances, Col. i, 16, et, d’autre part, les principautés, les puissances, les vertus, les dominations. Eph., i, 21. Quel ordre adopter ? quel rang fixer ? On l’ignore. Saint Basile donne deux classifications qui diffèrent par le nombre et par la place des ordres. De Spir. Sancto, xvi, P. G., t. xxxii, col. 136, et Homil., xv, 1, P. G., t. xxxi, col. 465. Saint Chrysostome prouve contre les anoméens que la nature de Dieu est incompréhensible à toute intelligence créée, même à celle des chérubins et des séraphins, Cont. anom., i, 6, P. G., t. xlviii, col. 707 ; plus bas il ajoute les anges, les archanges, les trônes, les dominations, les principautés, les puissances et autres légions de vertus immatérielles. Cont. anom., ii, 4, col. 714. Eusèbe de Césarée, laissant de côté les chérubins et les séraphins, avait cependant compté neuf ordres angéliques, en introduisant dans la liste les esprits et les armées. Prsep. evang., xii, d, P. G., t.xxi, col.557. Chrysostome compte lui aussi, neuf ordres et les range de la manière suivante : anges, archanges, vertus, trônes, dominations, principautés, puissances, chérubins et séraphins. In Gènes., homil. xv, 5, P. G., t. lui, col. 44. Cyrille de Jérusalem enseigne que les esprits célestes voient Dieu proportionnellement à la place qu’ils occupent. Cat., vi, 6 ; xvi, 23, P. G., t. xxxiii, col. 548, 919. Finalement, il s’arrête à la liste suivante, telle qu’il la trouve dans la liturgie de son Église : anges, archanges, vertus, dominations, principautés, puissances, trônes, chérubins et séraphins. Cat., xxiii, 6, P. G., t. xxxiii, col. 1113. La liste s’allège ainsi des esprits, des éons, des armées, des élévations, etc. Arrêtée au nombre neuf par Chrysostome et Cyrille de Jérusalem, c’est celle qui va triompher avec le Pseudo-Denys et Grégoire le Grand, sauf à subir quelques modifications dans la place assignée à chacun des ordres angéliques.

Le Pseudo-Denys.

C’est, en effet, au PseudoDenys que nous devons une théorie complète sur la hiérarchie céleste. Venu après les Pères, dont nous avons rappelé les opinions, il a imaginé une organisation du monde angélique, harmonieusement coordonnée selon une échelle descendante, qui va des séraphins aux anges. La voici : tous les esprits célestes sont de même nature et ne diffèrent que par la place qu’ils occupent. Or cette place leur a été assignée à raison de l’ordre sacré dont ils sont revêtus, de la science qu’ils possèdent, de l’action qu’ils exercent. De csel. hier., iii, 1, P. G., t. iii, col. 164. Cela ressemble, observe Pachymère, à la hiérarchie ecclésiastique. Ibid., col. 173. Saint Maxime (580-662) affirme, dans son Commentaire, que le sentiment de l’Eglise était (de son temps) que tous les anges n’appartiennent qu’à une seule essence. De csel. hier., v, P. G., t. iv, col. 60.

Le but de la hiérarchie étant la ressemblance et l’union avec Dieu aussi étroites que possible, chaque ordre doit, selon sa capacité, réaliser l’imitation de Dieu, se faire le coopérateur de Dieu et prouver en soi-même l’efficacité de l’action divine. Quant à la pureté, à l’illumination et à la perfection reçue de Dieu, chaque ordre en profite d’abord personnellement, puis les communique à l’ordre inférieur, celui-ci au suivant, et ainsi de suite jusqu’au dernier. De csel. hier., iii, 2, P. G., t. iii, col. 165.

Sans expliquer la raison d’être de chacun des neuf ordres, le Pseudo-Denys, d’après l’enseignement qu’il prétend tenir de saint Paul, se contente d’une description. Il les divise en neuf chœurs, et ces neuf chœurs en trois hiérarchies superposées : la première plus rapprochée de Dieu, mieux inhérente et plus immédiatement unie à l’Être divin, se compose des séraphins, esprits brûlant de feu et d’amour, dont ils enllamment les autres ; des chérubins, remplis de la science divine, qu’ils reflètent et dont ils illuminent les autres ; et des trônes, dont le nom indique un état suréminent. De csel. hier., vu, 1, P. G., t. iii, col. 265. — La seconde, intermédiaire entre la précédente et la dernière, comprend les dominations, esprits libres de toute oppression qui, sans la moindre crainte servile, s’empressent auprès de Dieu, se tiennent incessamment à son service et dominent les autres esprits ; les vertus qui, douées d’une forte et invincible virilité qu’elles manifestent dans tous leurs actes déiformes, empêchent toute diminution de la lumière divinement infuse et prêtent aux inférieurs la force qui leur est nécessaire ; les puissances qui, incapables d’abuser tyranniquement de leur pouvoir et toujours invinciblement dirigées vers les choses de Dieu, prêtent aux autres leur bienveillant concours. — La troisième, plus éloignée de Dieu et plus rapprochée de l’homme, compte les principautés, les archanges et les anges, ceux-ci en relation immédiate avec les hommes.

Ces trois hiérarchies sont liées les unes aux autres par un point de contact entre le dernier ordre de l’une et le premier ordre de la suivante ; et, dans chacune, l’ordre du milieu sert d’intermédiaire au premier et au dernier, à la manière d’un anneau dans une chaîne. De csel. hier., IX, P. G., t. iii, col. 257. Ces ordres, par situation hiérarchique, outre leurs perfections propres, possèdent éminemment celles des ordres inférieurs ; et ceux-ci, sans pouvoir atteindre à la perfection des ordres supérieurs, s’appliquent cependant à l’imiter du mieux qu’ils le peuvent. Le premier ordre de la première hiérarchie est dans le voisinage immédiat de Dieu, et le dernier ordre de la dernière hiérarchie dans le voisinage immédiat de l’homme.

Saint Grégoire le Grand.

Saint Grégoire le Grand, pendant qu’il était apocrisiaire à Constantinople, a entendu parler de l’œuvre du Pseudo-Denys ; mais il ne l’a lue ni dans le texte, car il ne savait pas le grec, ni dans une version, car il n’en parle que par ouï-dire. In Evang., homil. xxxvi, 12, P. L., t. lxxvi, col. 1254. Il sait qu’il