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ABLUSIIS — ABLUTION DE LA MESSE

sonne, il fit preuve d’une grande fermeté. Il eut beaucoup à souffrir des habitants irrités contre lui. A la fin de sa vie, Geoffroy dut, pour ce motif, abandonner Carcassonne et se retirer à Lyon ; il mourut dans cette dernière ville entre 1315 et 1319. Il a composé un ouvrage intitulé : Commentaria in IV libros Sententiarum.

Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, Paris, 1719, t. i.

V. Oblet.

1. ABLUTION (Baptême par).

2. ABLUTIONS de ta messe.

I. Histoire. II. Oraisons. III. Pratique.

Il n’est question ici que des ablutions qui se pratiquent à la tin de la messe, après la communion. Nous en parlons parce qu’elles témoignent du respect de l’Église pour l’eucharistie, et de sa foi en la présence réelle. Elles sont au nombre de deux : la première faite avec du vin pur pour purifier le calice et la bouche du prêtre, et la seconde avec du vin et de l’eau pour purifier les doigts de la consécration. Toutes deux sont consommées par le prêtre, à moins qu’il ne doive célébrer une autre messe le même jour, comme cela se présente en cas de binage et le jour de Noël. Les évêques et les prélats qui ont l’usage des pontificaux y ajoutent encore le lavement des mains qu’on trouve indiqué dans le VIe ordo romain (xie siècle), P. L., t. i.xxviii, col. 994, usage qui était d’ailleurs pratiqué îiussi au moyen âge par les simples prêtres, comme en témoignent Yves de Chartres, De convenientia vêler, et novi sacrif., P. L., t. clxii, col. 560 ; Innocent III, De sacrif. missx, l. VI, c. viii, P. L., t. ccxvii, col. 910 ; Alexandre de Haies, part. IV, q. xxxvii, m. v, 1I « p., a. 21, S’ ; , 1482, i-ans pagin. ; Durand de Mende, Jlationale divinor. offic, l. IV, c. lv, p. 315, Naples, 1859, in-4° ; les Coutumes de Cluny, Martène, De antiquis monach. ritib., l. II, c. iv, § 3, n. 15, p. 182, de saint Bénigne de Dijon, ibid., p. 183, et de Citeaux. lbid., p. 186.

I. Histoire.

Ni les plus anciens ordos romains, ni les liturgisles antérieurs au xie siècle, ne font mention de ces ablutions qui ont été pratiquées diversement, suivant les coutumes locales, jusqu’à l’introduction du missel de saint Pie V (1570), où elles ont été établies définitivement dans leur forme actuelle. Les liturgistes du moyen âge se servent ordinairement du terme perfundere ou perfusio pour désigner l’ablution du calice ou des doigts, après la communion. La purification du calice est indiquée dans saint Pierre Damien, l. V, Epist., xviii, adUbertum presb., P. L., t. cxuv, col. 370, et dans saint Thomas, Sum. theol., III a, q. lxxxiii, a. 5, ad 10um, qui s’appuie à ce propos, sur un texte d’Innocent III, c. Ex parte, de celebratione missx. D’après ce texte, l’ablution était consommée par le prêtre, nui cum eodem die aliam missam debuerit celebrare. Dans ce cas il la réservait pour la dernière messe, ou la faisait prendre à une personne à jeun, comme l’ordonne un concile de Cologne (1280), vel clet honestse pcrsonx jejunai quant noverit ad hoc esse paratam. Cf. Sala, t. iii, p. 428. Le Xe ordo romain vers (1200) mentionne une ablution du calice pour deux circonstances particulières, le vendredi saint et aux messes des morts, P. L., t. lxxviii, col. 1014 ; c’est seulement dans le XIVe ordo (commencement du xive siècle) qu’elle est prescrite sous forme de rubrique : Quo (scilicet sanguine Christi) sumpto, recipiat episcopus rnodicum de vino in calice, hifundente illud xiibiliarutio, et illud sumal ad abluendum os suum. Ibid., p. 1168. L’ablution du calice était généralement pratiquée aussi dans les ordres religieux. Cf. Martène, loc. cil.

Pour l’ablution des mains ou des doigts, en elle-même,

est certain qu’elle se pratique au moins depuis le

xie siècle, comme nous l’avons dit plus haut, mais les

usages ont beaucoup varié suivant les lieux. D’aprèsYves

de Chartres, Alexandre de liai’s, Innocent III et Durand de Mende, loc. sup. cit., elle avait lieu avec de l’eau que l’on jetait dans un lieu propre et honnête, appelé la piscine ou le lavoir (lavatorium), selon le P. Le Brun, t. i, p. 618. Dans certains endroits, l’ablution des doigts était pratiquée avec du vin dans un calice spécial. Ainsi en est-il dans le rite de la messe décrit par Jean d’Avranches (xie siècle) pour le diocèse de Rouen, cf. Bona, l. II, c. xx, p. 372, et Sala, t. iii, p. 427 ; ainsi que dans les Coutumes de Cluny et de saint Bénigne de Dijon. Martène, loc. cit. Après avoir pris cetle ablution, le prêtre purifiait encore le calice avec du vin qu’il prenait aussi. Outre l’ablution des doigts sur le calice, on se lavait généralement les mains à la piscine que l’on voit encore près de l’autel, du côté de l’épître, dans certaines églises. Cela ressort des ordonnances ecclésiastiques, prescrivant d’avoir à cet effet une piscine près de l’autel, cf. Sala, loc. cit., p. 428, et de quelques anciens missels, ibid., qui indiquent des prières à réciter en se rendant de l’autel à la piscine : aginius tibi grattas, etc., et le cantique Nunc dimillis. Actuellement ce lavement des mains a disparu de la messe privée pour les simples prêtres ; il est remplacé par l’usage communément reçu de se laver les mains, après avoir déposé les vêtements sacrés, usage déjà pratiqué au temps de Durand de Mende, loc. cit., pour mettre selon lui une démarcation visible entre la fonction sacrée et les occupations journalières.

On a encore appelé ablution, le vin non consacré que le diacre donnait aux fidèles après la communion, lorsque l’euchristie cessa d’être administrée sous les deux espèces. Au siècle dernier, on donnait encore l’ablution aux fidèles, à Notre-Dame de Paris, aux communions générales de Noël, Pâques, la Pentecôte, l’Assomption et la Toussaint, et à Saint-Martin de Tours également aux communions générales. Cf. Le Brun, t. I, p. 635 ; de Moléon [Lebrun des Marettes], Voyages liturg. de France, in-8 », Paris, 1718, p. 127, 246. Au témoignage du P. Le Brun, on la donnait encore dans bien d’autres endroits, dans diverses circonstances, soit au clergé seul, soit au clergé et aux laïques. Loc. cit., p— 636. Aujourd’hui cette ablution est presque partout tombée en désuétude, sauf aux messes d’ordination pour les ordinands seulement. Cependant elle est de droit commun à toute communion, même pour les simples fidèles. Cf. Miss. rom. rit. celeb. missam, x, 6, 9 ; Cxrcm. episcop. , l. II, c. xxix, 4. Dans l’ordre bénédictin, elle est encore présentée dans quelques circonstances solennelles, par exemple : aux messes pontificales quand les ministres sacrés y communient, à la consécration des vierges, aux professions monastiques et aux vêtures novitiales.

IL Oraisons. — Les deux ablutions sont accompagnées de deux oraisons secrètes, toutes deux très anciennes. La première Quod ore sumpsimus, se trouve comme postcommunion, avec une légère variante, dans le sacramentaire léonien, Mense jul. orat. et prec. diurn., ser. xvin e, messe 20 e, P. L., t. lv, col. 75 ; dans le sacramentaire gélasien, fer. vii, hebd. lll, Quadrag., P. L., t. lxxiv, col. 1078 ; dans le sacramentaire grégorien, fer. v, hebd. Passion., p. 50 ; et alia missaquotid., édit. Muratori, Venise, 1748, t. a, p. 178 ; dans le Missale got/iicum, iii, in vigil. Natal. Dhi, P. L., t. lxxii, col. 226 ; dans le sacramentaire ambrosien (xi c siècle) du Trésor de la cathédrale de Milan, in ordine missx, p. 195 v° (cf. notice lxxiv dans Delisle, Mémoire sur d’anciens sacramentaires, in-4°, Paris, 1886, et dans Tlte Leofric Missal (XIe siècle), 6e des Missx colidianx, édit. Warren, in-4< Oxford, 1883, p. 248. Le IVe ordo romain, P. L., t. lxxviii, col. 984, l’indique comme postcommunion, et le Micrologue la marque comme devant être dite secrètement, selon l’ordre romain, P. /, ., t. ci.i, c. xix, col. 990 ; c. xxiii, col. 995. D’après les Heures