Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/617

Cette page n’a pas encore été corrigée
1175
1176
ANCYRE (CONCILES D’)


chorévêques par rapport aux prêtres de ville comme sujets de l’ordination. La traduction française donnée ci-dessus tranche la question dans le premier sens, mais l’interprétation contraire a ses défenseurs et ses auto rites. Rackham cite, p. 196 et 215, deux anciennes versions, l’une syriaque et l’autre arménienne, qui la contiennent. On la trouve dans les commentateurs grecs Zonaras, et Balsamon, P. G., t. cxxxvii, col.ll60-U61. Dom Chardon la soutient dans son Histoire des sacrements, part. III, c. iii, en donnant comme sens du canon « qu’il est permis aux chorévêques d’ordonner des prêtres et des diacres dans les endroits du diocèse qui sont confiés à leur soin, mais nullement les prêtres de la ville et des autres cantons ». D’une façon générale, Routh dans ses Reliquise sacrse, t. iii, p. 432 sq., et Rackham, p. 192, voient dans les TrpeuouTÉpouç itôXew ; les sujets, et non les ministres de l’ordination. Dans cette interprétation, assurément probable, la difficulté proposée disparaît pleinement.

Il faut cependant reconnaître que la première interprétation a pour elle la plupart des versions et des commentateurs, mais ils ne s’accordent pas dans l’explication qu’ils donnent du canon 13. Beaucoup, et parmi eux Tillemont, dom Ceillier, Van Espen, Beveridge, s’appuient sur plusieurs anciennes versions, notamment celle d’Isidore, P. L., t. cxxx, col. 264, l’ancien manuscrit romain des canons, Codex canonum, P. L., t. lxvii, col. 52, et le recueil ou Breviatio canonum de Fulgence Ferrand, diacre de Carthage au vie siècle, P. L., X. cxxx, col. 954, pour déclarer le texte grec actuel défectueux en ce qui concerne la seconde moitié du canon ; il faudrait ajouter 71oieîv ti, ce qui donnerait ce sens : Il n’est pas permis aux prêtres de ville de rien faire dans d’autres paroisses que la leur, sans la permission écrite de l’évêque du lieu ; ou, pour ceux qui lisent èv ixiez^ Tiapoixi’a, de rien faire dans leurs paroisses en dehors des fonctions ordinaires, sans la permission écrite de l’évêque. Solution qui résout encore la difficulté proposée, mais qui semble avoir quelque chose d’arbitraire, car l’addition moieïv tt ne se trouve dans aucun des manuscrits grecs que nous possédons, ni même dans toutes les versions latines, par exemple, dans celle de Denys le Petit, P. L., t. lxvii, col. 165 ; celles qu’on invoque semblent moins une traduction du texte qu’une interprétation dont la valeur ne s’impose point.

Reste denc à expliquer la leçon grecque courante qui, dans l’état présent de la critique textuelle, est encore, en substance, la meilleure. Dans la seconde édition allemande de sa Conciliengeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1873, 1. 1, p.232-233 ; trad.Leclercq.l’aiis/léOT.t. i, p.3 ! 4315, Ilefele a signalé l’opinion qui consiste à entendre le mot yeipoTOvscv non de l’ordination proprement dite, mais de l’institution. Dans l’un et l’autre membre du canon il s’agit d’un pouvoir que les chorévêques et les prêtres de ville semblent pouvoir exercer librement dans leur paroisse ou diocèse propre, tandis qu’une permission écrite de l’évêque du lieu est requise en dehors du territoire soumis à leur juridiction ; ce pouvoir, commun aux chorévêques et aux prêtres de ville, ne peut être que celui d’élire, de déléguer, d’établir. Cette solution serait fort simple, mais il faudrait légitimer dans le cas présent cette acceptation restreinte du mot yeipoToveïv, contraire à l’interprétation commune et à l’usage des synodes postérieurs qui ont parlé des chorévêques et de leurs pouvoirs en matière d’ordination.

Aussi, dans la seconde édition du Kirchenlexikon de Wetzer et Welte, Fribourg-en-Brisgau, 1882, t. i, col. 807, le même Hefele a proposé une autre solution, signalée par.1. Peters, professeur d’histoire ecclésiastique au séminaire de Luxembourg, dans la Tlteologische (Juartalsclirift de Tubingue, 1874, p. 520. Les prêtres de ville mis ici en opposition avec les chorévêques et supérieurs

à ceux-ci en matière d’ordination, seraient non pas de simples prêtres, mais les évêques, prêtres de ville revêtus du caractère épiscopal et jouissant pleinement de la juridiction attachée à ce titre. Il leur serait simplement défendu d’ordonner des prêtres et des diacres dans d’autres diocèses que le leur, sans l’autorisation écrite de l’évêque du lieu, tandis que défense générale serait faite aux chorévêques d’ordonner des prêtres ou des diacres, discipline maintenue au synode d’Antioche in cncœniis. Petau a dit quelque chose de fort approchant, De ecclesiast. hierarchia, 1. II, c. xi, mais on peut surtout invoquer l’autorité de Photius, Synlagma canonum, tit. i, c. xxix, P. G., t. civ, col. 552 ; il oppose, en effet, aux chorévêques les évêques mêmes : XwpEmax<5tioi ; u.rj è^eîvai 7tpE<7ë’jTÉpou ; y, Staxôvouç yEpoToveïv àX).’à HV nr)5È ËTiKTxÔTroiç nô).eto ; … Avec cette interprétation, préférable peut-être à toutes les autres, la difficulté proposée disparait, même à s’en tenir au texte grec courant sans rien changer ni ajouter.

Du reste, quoi qu’il en soit de ces diverses explications et de leur valeur respective, aucune n’autorise à soutenir que les Pères du concile d’Ancyre aient supposé dans de simples prêtres le pouvoir d’ordination sacerdotale ou diaconale, et l’antiquité n’a jamais attribué ce sens à leur 13 « canon.

IL Synode semiarien en 358. — Réunie à l’instigation de l’évêque Georges de Nicomédie, cette assemblée eut pour président Basile d’Ancyre. Autour de lui se rangeaient Eustathe de Sébaste, Hyperechius et autres du même parti, en tout une douzaine d’évêques de ce petit groupe qui formait comme l’aile droite du semiarianisme. L’importance et la grande signification de cette assemblée fut d’être une réaction officielle contre l’arianisme strict et une sorte de transition entre cette erreur et la doctrine orthodoxe de Nicée. Dans une lettre synodale conservée par saint Épiphane, Hser., lxxiii, 2-11, P. G., t. xlii, col. 403-426, les membres de cette réunion déclarent nettement que le Verbe est le Fils de Dieu dans le sens strict du mot, qu’en conséquence il n’est pas une créature, mais semblable au Père en substance, ojxoio ; xar’oùat’av ; puis dans une série de dix-huit anathèmes, ils rejettent tout à la fois la séparation trop grande établie entre le Père et le Fils par les anoméens, l’identité entre le Père et le Fils, et, en particulier, l’uîouctTa)p des sabelliens, enfin le terme de consubstantiel, l’ôu-oo-jaio ; du concile de Nicée. Dans le synode de Sirmium, tenu en la même année 358, les députés d’Ancyre firent prévaloir leur sentiment et donnèrent ainsi lieu à la troisième formule de Sirmium. C’est aux évêques du synode semiarien d’Ancyre que s’adresse saint Hilaire dans son livre De synodis, n. 12-25, 88-91, soit pour approuver la plupart de leurs anathèmes, soit pour répondre à leurs difficultés au sujet du terme ôfxoo^ioç. P. L., t. x, col. 489-500, 540-515.

III. Conciliabule arien en 375. — Cette assemblée, réunie après la mort de l’empereur Valentinien par Démosthène, vicaire du préfet du prétoire dans le Pont et la Cappadoce, est sans importance. Les ariens y déposèrent, pour leur substituer de leurscréatures, plusieurs évêques, entre autres saint Grégoire de Nysse. Voir S. Basile, Epist., ccxxxvii et ccxxxix, P. G., "t. xxxii, col. 887, 892.

I. Textes.

Collections conciliaires, surtout celles de LablieColeti et de Mansi où l’on trouve avec le texte grec les anciennes versions latines d’Isidore, de Denys le Petit et de Gentianus Hervetus ; Beveridge, HvvûSixov « t/ « Pandectm canonum, Oxford, 1072, in-fol., t. I, p. 375 sq., texte grec et traduction latine avec les commentaires faits au moyen âge par les Grecs Balsamon, Zonaras et Aristène, le tout reproduit dans Mi^ne, P. G., t. cxxx vu ; Bruns, Biblioth. écoles., Berlin, 1839, t. i, p. 00 sq., et Bouth, Rcliqui.T sacrm, Oxford, 1840, in-8°, t. iii, p. 406 sq., texte grec avec diverses Dotes ; Pitra, Analecta sacra, t. iv, p. 215 sq., 444 sq., version syriaque et traduction latine ; H. B. Backiiam, op. cit., texte grec suivi d’une otude, et traduction latino des versions syriaque et arménienne.