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ANATHÈME — ANCILLON


mus et damnatum cum diabolo et angelis ejus et omnibus reprobis in ignem seternum judicamus, donec a diaboli laqueis resipiscat et ad emendationem et pa>nilentiam redeat, etc. Tous les assistants répondent : Fiat, Fiat, Fiat. L’évêque et les prêtres jettent à terre les cierges allumés qu’ils tenaient à la main, et l’on écrit aux curés et aux évêques voisins le nom de l’excommunié et la cause de son excommunication, afin que personne ne communique avec lui par ignorance. Cet anathème dévoue l’excommunié à l’enfer ; mais ce n’est que pour le cas où il ne s’amenderait pas. La formule d anathème le dit expressément ; d’ailleurs, à la suite de l.i cérémonie de l’anathème, le pontifical donne celle de la réconciliation de celui qui a été ainsi anathématisé.

La cérémonie liturgique de l’anathème est très ancienne. Elle est déjà prescrite dans un canon inséré au second livre de Gratien.can. 106, caus. XI, q. iii, dont l’origine est incertaine. Catalan, Pontificale romanum prolegonienis et commentariis illustralum, 2e édit., Paris, 1852, t. iii, p. 255, voit dans ce canon une lettre écrite à saint Boniface par le pape Zacharie, au milieu du vine siècle. Mais Friedherg, Corpus juris canonici, Leipzig, 1879, croit y reconnaître un fragment de Réginon, abbé de Prùm, à la fin du ix° siècle. Réginon rapporte du reste une formule d’anathème fort semblable à celle qui se trouve dans le pontifical actuel. De ecclesiasticis disciplinis, 1. II, c. ccccix, P. L., t. cxxxii, col. 360. Les rites de notre pontifical furent aussi observés par le concile de Quintilinebourg de 1085, pour l’anathème qu’il porta contre l’antipape Guibert et ses partisans. Mansi, t. xx, col. 608.

Outre les cérémonies actuelles du pontifical, on s’est servi parfois d’autres rites et d’autres formules, en particulier de la récitation du psaume cvm dirigé contre le traître Judas et les autres ennemis du Sauveur, récitation à laquelle il est fait allusion dans divers conciles. Voir Catalan, op. cit., t. iii, p. 257 sq., et dom Martène, De antiquis Ecclesiæ. ritibus, Rouen, 1700, 1. III, c. IV.

Anathème et Maranatha.

A la fin de sa première Épitre aux Corinthiens, I Cor., xvi, 22, saint Paul dit : « Si quelqu’un n’aime pas Notre Seigneur JésusChrist, qu’il soit anathème, Maran Atha, » introduisant dans son texte deux mots araméens qui signifient : « NotreSeigneur vient. » Quelques commentateurs ont considéré cette locution comme exprimant l’excommunication la plus sévère des juifs. Mais cette opinion n’est pas fondée. Voir Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 519, art. Anathème. Ce sentiment a fait donner le nom de Maranatha à une excommunication plus sévère encore que l’anathème et qui remettait le coupable au jugement de Dieu. Benoit XIV, De synodo diaxesana, 1. X, c. i, n. 7, en rapporte divers exemples, empruntés notamment à des conciles de Tolède du VIIe siècle. Il ne semble pas cependant que Yanalhème maranatlia ait eu des effets différents du simple anathème ; car il ne remettait au jugement de Dieu que ceux qui ne s’amenderaient pas avant la mort. C’est du moins ce que nous lisons dans un concile de Rennes de l’an 900. Mansi, t. xviii, col. 181. Cf. Réginon de Prûm, De eccles. disciplinis, 1. II, c. ccccxii, P. L., t. cxxxii, col. 361.

Sur l’anathème dans la Bible, Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, art. Anathème, t. i, col, 545 sq. ; sur l’anathème dans l’Église, Kirchenlexikon, art. Anathema, 2e édit., Fribourg, 1882, 1. 1, p.794sq. ; Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. I, col. 1926-1940 ; sur l’anathème dans le pontifical, Catalan, I’ontifleale Romanum, 2’édit., Paris, 1852, t. iii, p. 253 sq.

A. Vacant.

ANATOLE D’ALEXANDRIE, évéque de Laodicée, en Syrie (lin du III » siècle), est un alexandrin, qui a puisé dans le milieu intellectuel du Didascalée toute la science de son temps et qui a joui parmi ses contemporains de la plus haute renommée. Eusèbe, qui l’a connu, le place sans hésitation au premier rang parmi

les plus doctes, vante son érudition encyclopédique et affirme qu’il a poussé aux dernières limites la connaissance de l’arithmétique, de la géométrie, de l’astronomie, de la physique, de la dialectique et de la rhétorique. Eusèbe, H. E., iiv 32, P. G., t. xx, col. 724. Saint Jérùme, dans sa lettre à Magnus, Epist., lxx, P. L., t. xxii, col. 667, le range au nombre des Grecs qui ont su faire marcher de front et avec succès l’étude de l’Écriture sainte et la culture des sciences profanes. Aussi ses concitoyens le prièrent-ils d’ouvrir une école aristotélicienne ; mais il ne paraît pas qu’il ait été donné suite à une telle demande.

En 264, étant de passage en Palestine, Anatole fut retenu par l’évêque de Césarée, Théotece, qui en fit son coadjuteur et lui destinait sa succession. Mais, en 269, comme il se rendait à Antioche pour le dernier synode, convoqué contre Paul de Samosate, les fidèles de Laodicée l’élurent pour leur évêque, en remplacement de son compatriote et ami, Eusèbe, qui venait de mourir. Eusèbe, H. E., iiv 32, P. G., t. xx, col. 729. C’est à Laodicée qu’Anatole acheva sa vie, on ne sait au juste à quelle époque, mais sûrement après 276, car c’est l’année où il composa l’un de ses plus importants travaux, le Ilep’i toj Ildcir/a.

Bien que très érudit, il a peu écrit. Les quelques ouvrages de lui qu’Eusèbe de Césarée a pu lire portaient l’empreinte irrécusable de son éloquence et de sa vaste érudition. Ibid., col. 725. Nous ignorons s’ils traitaient des sujets dogmatiques ou moraux et continuaient les travaux d’exégèse ou de controverse, en honneur à l’école d’Alexandrie. Ceux qui nous sont signalés sont d’ordre purement scientifique, tel que celui en dix livres sur l’Arithmétique. Son traité sur la Pâque a été surtout célèbre. Il n’en reste qu’une citation, assez longue, il est vrai, qu’Eusèbe a insérée dans son Histoire, H. E., vu, 32, P. G., t. xx, col. 728, mais qui ne nous permet pas de nous faire une idée exacte et complète de ce comput ecclésiastique en dix-neuf années sur la fixation du jour de la Pâque.

Il était encore vanté, un siècle plus tard, par saint Jérôme. De vir. ill., lxxiii, P. L., t. xxiii, col. 685. On y voit qu’Anatole avait soigneusement consulté la tradition juive et iil sur la question, les travaux de Philon, de Josèphe, de Musée, des deux Agathobule et d’Aristobule ; que la Pâque devait se célébrer après l’équinoxe du printemps, au moment de la pleine lune. Le Cation paschalis publié à Anvers, en 1624, par Bûcher, P. G., t. x, col. 209-222, est beaucoup plus explicite, bien qu’il ne résolve pas la question d’une manière satisfaisante et définitive. Malheureusement il n’est pas au-dessus de tout soupçon, comme authenticité. Bûcher, y retrouvant le long fragment cité par Eusèbe, ne douta pas que la traduction latine qu’il avait trouvée ne fût l’œuvre complète d’Anatole. Son opinion fut longtemps partagée par la plupart des critiques. Or, dans la première moitié de notre siècle, Ideler a démontré que cetle traduction ne pouvait pas représenter l’œuvre originale d’Anatole, parce qu’elle est en opposition, sur des points importants de chronologie, avec le fragment grec déjà connu, mais qu’elle était l’œuvre d’un inconnu du viie siècle, assez peu instruit. Manuel de chronol., t. ii, p. 266, et Éléments de chronol., p. 361. En 1880, Krusch a réédité le Liber Anatoli de rations paschali, à Leipzig, n’y ajoutant pas plus de foi qii’ldeler et le regardant comme un apocryphe du vi° siècle.

Pour les rares fragments qui nous restent d’Anatole, voir P. C, t. x, col. 231-236 « i t. xx, col. 728-729.

(i. Bareille.

ANCILLON David, protestant, né à Metz le 17 mars 1617, mort à Berlin le 3 septembre 1692. Fils d’un jurisconsulte protestant, il fut cependant élevé par les jésuites ; mais il n’en persévéra pas moins dans l’erreur. Il alla à (jenee étudier la philosophie et la théologie, et se lit