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ANASTASE DE LA CROIX — ANATHÈME — 1168

. ANASTASE DE LA CROIX, carme allemand, né à Munster le 9 avril 1701 et mort en 1761, étant à la fois poète distingué, graveur habile et bon théologien, enrichissait lui-même de dessins et d’épigrammes choisies les éditions de ses ouvrages. Il a ainsi illustré : 1° sa Theologia sacra, in-fol., Augsbourg, 1738 ; 2° un in-8° intitulé Trinum imperfection ex perfecto, ou collection de thèses scolastiques sur la grâce et le péché, suivant la doctrine de saint Thomas et l’esprit des professeurs de Salamanque ; 3° Effigies Romanorum pontificum ou biographie des souverains pontifes d’après des documents anciens, in-fol., Augsbourg, 1751.

Veith, Bibliothcca augustana, alphab. X, p. 1 sq. ; Hurter, Nomenclatur literarius, Inspruck, 1893, t. H, col. 1283.

C. Toussaint.

10. ANASTASE DE PARIS, capucin, entré dans l’ordre en 1625, fut un prédicateur actif et zélé. Il fit paraître le récit d’une controverse avec le ministre Pasquier sous ce titre ( ?) : Collatio P.Anaslasii cum ministre) Pasquerio, in-8°.

Bernard de Bologne, Biblioteca scriptor. capuccinor., Venise 1747.

P. Edouard d’Alençon.

11. ANASTASE LE StNAlTE, prêtre et higoumène du mont Sinaï, vécut au viie siècle. Il quitta très souvent sa solitude pour combattre en Egypte et en Syrie les monophysites, les sévériens et les juifs. Il se trouvait à Alexandrie avant 640, puis sous le patriarche hérétique Jean III, 678-685 ; il parle de l’empereur Maurice dans son commentaire sur le psaume VI et survécut au moins vingt ans au VIe concile général, 680681. Il mourut donc dans les premières années du viiie siècle. Voici lis principaux ouvrages théologiques et scripluraires du « nouveau Moyse ». 1° L’Hodégos ou Vise Dux en 21 chapitres, titre bien choisi par ce controversiste pérégrinant. P. G., t. lxxxix, col. 35-309. Bien qu’il ait cru découvrir les sources du monophysisme dans les catégories d’Aristote, Anastase explique d’une manière orthodoxe les définitions péripatéticiennes et accorde la première place aux arguments de raison, qui dans l’exposition de sa doctrine précèdent fréquemment les textes de l’Écriture et des Pères. — 2° Trois traités fragmentaires Hip Toû xaT’Etxôva, De Mo qui secundum imaginent Dei creatus est, contre les monophysites. — 3° Trois écrits perdus qu’il cite dans VHodégos. —4° Un traité sur YHexaméron en 12 livres, dont le dernier seulement nous est parvenu dans le texte original. P. G., t. lxxxix, col. 851-1078. Anastase y néglige généralement le sens littéral pour interpréter l’Écriture au point de vue mystique et allégorique et rapporter à Jésus-Christ et à l’Église l’idée fondamentale du récit génésiaque. — 5° Des lnterrogationes et responsiones, recueil de difficultés et d’objections auxquelles il répond par des textes des Pères et de la Bible. Dans sa forme actuelle, cet ouvrage n’est pas de notre Anastase, puisqu’on y trouve cités des auteurs qui ont vécu après lui, comme Nicéphore de Constantinople ; plusieurs manuscrits l’attribuent à Anastase, archevêque de Nicée, mais le fond paraît bien appartenir à notre auteur. — 6° La Disputatio adversus Judseos, dont Mai lui fait honneur, n’est certainement pas de lui, car elle fut écrite plus de 800 ans après la destruction de Jérusalem par Titus. — 7° VOralio in psaU muni VI, plusieurs sermons et traités ascétiques sur des sujets divers, mais dont l’authenticité n’est pas toujours suffisamment garantie. —8° Le P. Edm. Bouvy pense, Échos d’Orient, Paris, 1898, p. 262-261., que le célèbre « cantique funèbre d’Anastase » serait de notre auteur. D’autres poésies qui portent le nom d’Anastase pourraient aussi lui appartenir.

P. G., t. lxxxix, col. 1-1288 ; Pitra, Juris ecrlrsiastici Grircorum hisloria et monumenta, in-8°, Rome, 1808, t. ii, p. 257, 275 ; Papadripoulos-Kerameus,’Avoc).exT0( TEpoo-oXuiJ.CT’.xr, : a : axuo).OYi’aç, in-S-, Saint-Pétersbourg, 1891, t. i, p. 400-404 ;

Kampfmiiller, De Anastasio Sinaïta dissertatio, in-8’, Wurzbourg, 1805.

S. Vailhé. ANASTASI Martin, bénédictin, né à Palerme, et profès du monastère de Saint-Martin de cette ville, exerça la charge de prieur dans presque tous les monastères de son pays. Il fut revêtu de la dignité abbatiale et mourut dans son monastère de profession en 1664. Nous avons de lui un ouvrage : De monogamia B. Année parentis Deiparse seu veritas vindicata, in-4°, Inspruck, 1639. En outre, sont restés manuscrits les travaux suivants : Concordia quatuor Evangelistarum ; De septem sacramentis ; De censuris ecclesiasticis.

Armellini, Bibliolheca Benedictino— Cassinensis, Assise, 1752, pars II, p. 95 ; D. François, Biblioth. génèr. des écrivains de l’ordre de S. Benoit, Bouillon, 1774, t. I, p. 52 ; Ziegelbauer, Hist. rei litterarise ord. S. Benedicti, Augsbourg, 1754, t. IV, p. 46, 403, 070.

B. Heurtebize.

ANASTASIO Philippe professa à l’université de Naples le droit civil et le droit canon. Élevé par Innocent XII à l’archevêché de Sorrente, il s’en démit en 1724 et devint patriarche d’Antioche. On a de lui : 1° Prselectio ad ep. decr. Lucii III, et soleninis recitatio ad c. Si aliquis de electione, in-4°, Naples, 1689 ; 2° Suprema Rom. pontificis in Ecclesia potes tas propugnata, réponse polémique aux quatre évêques français qui en appelèrent de la bulle Unigenitus au futur concile, in-4°, Bénévent, 1723 ; 3° Lucubrationcs in surrentinorum ecclesias civilesque antiquitates, 2 vol. in-4°, Borne, 1731. Né à Naples le 25 janvier 1656, il est décédé le 10 mai 1735.

Hurter, Numenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii col. 1181.

C. Toussaint.

ANATHEME, du mot àvà6e(j.a, en grec classique àvâÛT)fj.a, offrande consacrée à la divinité, est employé avec cette signification, Judith, xvi, 23 ; II Mach., ix, 16 ; Luc, xxi, 5 ; mais a des sens notablement différents dans d’autres passages de la Bible et dans le langage de l’Église chrétienne.

I. Dans la Bible.

1° Dans l’Ancien Testament àvàŒp.a traduit le terme hébreu hêrém, du verbe hâram, « retrancher, séparer, maudire ». Il désigne, dit M. Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, Paris, 1892, t. I, col. 515, « ce qui est maudit et condamné à être retranché ou exterminé, » Deut., xiii, 12-17, soit parla volonté de Dieu, surtout en raison du crime d’idolâtrie, Deut., vu, 26, soit par la volonté des hommes qui vouaient une chose à Dieu et s’obligeaient à n’en plus user et à la détruire. Lev., iixxvi 28, 29. Les peuples, Deut., iiv 1-6 ; xx, 16, 18 ; 1 Beg., xv, 3, 18 ; Is., xxxiv, 2 ; xliii, 28 ; Matth., iv, 6 ; les villes, Num., xxi, 2, 3 ; les particuliers, Exod., xxii, 19 ; Deut., xiii, 12, 17 ; les animaux et les objets inanimés, Lev., xxvii, 28, 29, pouvaient devenir anathème. Le champ et quelques autres objets anathématisés appartenaient par suite aux prêtres de Jéhovah. Lev., xxvii, 21 ; Num., iixvi 14 ; Ezech., xliv, 2, 9. Si quelqu’un violait l’anathème, en épargnant ce qui devait être exterminé, ou en s’en emparant, il devenait à son tour anathème. Deut., xiii, 12-17 ; Jos., iiv 1, 13, 25 ; I Beg., xv, 9-10-23 ; II Mach., xii, 40. Il y avait des degrés dans l’anathème. Quand il était tout à fait rigoureux, tous les hommes devaient être exterminés, les villes brûlées sans qu’on put jamais les rebâtir, les richesses offertes à Jéhovah. Jos., VI, 17, 19, 21, 24, 26 ; iivi 28 ; I Beg., xv, 22, 22 ; III Beg., xvi, 34. S’il était moins strict, tous les hommes devaient être mis à mort, mais les troupeaux et les biens étaient partagés entre les vainqueurs. Jos., iivi 2, 21, 27 ; x, 28, 40 ; xi, 10-15 ; Deut., ii 32-35 ; ni, 3-7. L’obligation de massacrer toutes les créatures humaines comportait parfois des exceptions en faveur des jeunes filles à qui on accordait la vie mais qui tombaient en esclavage. Num., xxxi, 18 ; Jud., xxi, 11, 12. Voir dans Vigouroux, Dictionnaire de la Bible,