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ANASTASE III — ANASTASE D’ANTIOCHE


Ce pontife était originaire de Rome ; il occupa le saint-siège à l’époque de la plus grande influence du marquis Albéric de Camerino, comte de Tusculum, époux de la trop célèbre Marozie. Anastase n’eut donc aucun rôle politique à jouer durant son court pontificat.

Après l’avènement de l’empereur Alexandre en Orient, il reçut une lettre du patriarche Nicolas Mysticus de Constantinople qui cherchait à justifier son opposition acharnée au quatrième mariage du précédent empereur Léon VI (mort dès le 11 mai 912). La discipline de l’Église grecque était en effet contraire aux quatrièmes mariages que l’Église latine permettait sans difficulté. On ne connaît pas de réponse d’Anastase ; s’il répondit, il ne dut point s’écarter de la conduite suivie déjà par Sergius III, qui avait engagé le prélat grec à accorder une dispense à l’empereur, ou à le considérer comme l’ayant obtenue.

Il reste une seule bulle de ce pontife, Jaffé, n. 3550, qui concède à l’évêque de Verceil l’usage du pallium. L’autre bulle, Jaffé, n. 3551, qui contient un privilège très étendu pour les archevêques de Hambourg, n’est pas authentique.

Jaffé, Regesta pontificum, 1’édit., Leipzig, 1888, t. I, p. 448 ; Duchesne, Liber pontifîcalis, Paris, 1892, t. ii p. 281. Outre les histoires générales de l’Église et celles des papes, voir Gregorovius, Geschichte der Stadt Rom im Mittelalter, t. iii, Stuttgart, 4’édit., p. 242 ; Baxmann, Die Polilik der Pdpste, Elberfeld, 1868, t. I, p. 82 ; Lettres de Nicolas Mysticus, dans Mai, Spicilegium Romanum, t. x6, p. 287, Rome, 1844.

H. Hemmer.

4. ANASTASE IV, pape, successeur d’Eugène III, consacré le 12 juillet 1153, mort le 3 décembre 1154.

Conrad, dit de Suburra, du quartier de Rome où il naquit, était devenu chanoine régulier, abbé de SaintRuf au diocèse d’Orléans, puis cardinal-évéque de Sabine sous Honorius II. Électeur du pape Innocent II, il fut son vicaire en Italie après la fuite de ce pape en France (1130-1133). Il était déjà avancé en âge lorsqu’il devint pape, et suivit une politique conciliante. Eugène III avait contesté l’élection de Wichmann de Naumbourg au siège de Magdebourg ; Anastase, sur les instances de Frédéric I er, consentit à le reconnaître lorsqu’il vint à Rome, à condition qu’il prendrait lui-même le pallium sur l’autel s’il se croyait légitimement élu. Jaffé, n. 9924. Eugène avait déposé Guillaume d’York, reconnu par Lucien II, mais précédemment rejeté par Innocent II et par Célestin II ; Anastase lui accorda aussi le pallium et mit fin à la querelle. Il écrivit aux évêques, Jaffé, n. 9937, et au roi de Suède, Jaffé, n. 9938, pour leur recommander de payer le cens annuel au Saint-Siège ; il reçut à Rome avec honneur, en novembre 1154, le légat que son prédécesseur avait envoyé en Suède et qui lui succéda bientôt sous le nom d’Adrien IV. Anastase accorda des privilèges aux hospitaliers de Saint-Jean et aux chanoines réguliers du Latran. Jaffé, n. 9930. Il fut un père pour les pauvres qu’il secourut dans une disette.

Jaffé, Regesta pontifîcum, 2’édit., Leipzig, 1888, t. ii, p. 89 ; Duchesne, Liber pontifîcalis, t. ii Paris, 1894, p. 281 ; Watterich, Pontifîcum Romanorum vitæ, Leipzig, 1862, t. H, p. 321 ; Gregorovius, Geschiclite der Stadt Rom im Mittelalter, t. iv, 4 édit., Stuttgart, 1890, p. 495 ; von Reumont, Geschichte der Stadt Rom, Berlin, 1870, t. ii p. 442 ; Hefele, Histoire des conciles, traduction Leclercq, Paris, 1911, t. v, §619 ; Otto de Freising, G esta Friderici, Hanovre, 1867, t. ii, p. 10, dans les Monumenta Germanise, Scriptores, t. xx.

H. Hemmer.

5. ANASTASE, apocrisiaire de l’Église romaine, distinct de son compagnon de martyre, le moine Anastase qui mourut le 24 juillet G62. Arrêté à Rome avec saint Maxime et conduit à Constantinople par ordre de Constant II, il fut d’abord banni à Mésembrie en G55, ramené ensuite à la capitale en 662 et traîné devant un conciliabule ; il eut la langue arrachée et la main droite coupée, puis fut exilé à Thusuni, au pied du Caucase, où il mourut pour la foi le 11 octobre 666. On connait

de lui une lettre à Théodose de Gangres sur les souffrances des trois confesseurs, suivie de passages des Pères contre le monothélisme, P. G., t. xc, col. 173194 ; une lettre inédite aux moines d’Ascalon contre ! e monophysisme et le monothélisme. P.G., t. xc, col. 1191.

S. Vailhé.

6. ANASTASE (Saint), bénédictin, né à Venise au commencement du XIe siècle, mort à Doydes, ancien diocèse de Rieux, vers l’an 1086. D’une riche famille, il quitta son pays pour embrasser la vie religieuse au Mont-Saint-Michel ; mais l’abbé de ce monastère ayant été convaincu de simonie, Anastase se retira dans une lie voisine pour y mener la vie érémitique. Saint Hugues, abbé de Cluny, informé de sa sainteté, l’invita à venir habiter son monastère. Il y vécut sept années et fut envoyé par Grégoire VII prêcher la foi aux musulmans restés en Espagne. De retour à Cluny, il obtint de son abbé la permission de vivre en ermite dans une solitude des Pyrénées. Au bout de trois ans, saint Hugues le rappela : il se mit aussitôt en route, mais fut arrêté par la mort au village de Doydes. C’est à tort que quelques auteurs ont rangé ce saint moine parmi les disciples de Dérenger. Il a composé, en forme de lettre, uq petit Traité sur l’eucharistie que dom Luc d’Achery publia parmi les œuvres de Lanfranc de Cantorbéry.

Mabillon, Acta sanctorum ord. S. Benedicti, sœc. vi, pars II, p. 487 ; Acta sanct., t. vu oct, p. 1125 ; dom Celllier, Histoire gén. des auteurs ecclésiastiques, 2’édit., Paris, 1863, t. xiii, p. 407 ; P. h., t. cxlix, col. 433.

B. Heurtebize.

7. ANASTASE Louis Guichard, religieux du tiersordre de Saint-François, était né à Sens, et l’un de ses travaux demeurés manuscrits est une histoire de sa ville natale ; il laissa pareillement en manuscrit un traité canonique sur les livres défendus. Le seul ouvrage qu’il ait publié est VHistoire du socinianisme divisée en deux parties, où l’on voit son origine et les

progrès que les sociniens ont fait dans différents royaumes de la chrétienté, avec les caractères, les aventures, les erreurs et les livres de ceux qui se sont distinguez dans la secte des sociniens, in-4°, Paris, 1723. Cet ouvrage devait comprendre trois parties, mais l’auteur donne dans son introduction les motifs qui lui ont fait ajourner l’impression de la troisième, renfermant « l’exposition suivie des dogmes des sociniens », partie déjà écrite et approuvée, mais qui ne parut jamais. Le P. Anastase mourut dans son couvent de Picpus, le 15 août 1737. Feller, Biographie uyiiverselle, Paris, 1817, t. xix, art. Guichard. P. Edouard d’Alençon.

8. ANASTASE D’ANTIOCHE, né en Palestine et moine au Sinaï, devint patriarche d’Antioche, en 559, repoussa en 565 l’édit dogmatique de Justinien sur l’aphthartodocétisme, fut banni à Jérusalem en 570 par Justin II et remplacé par Grégoire, abbé du Sinaï. A la mort de ce dernier, 593, Maurice le rétablit sur la chaire d’Antioche ; il mourut en 599. Nous avons de lui cinq opuscules dogmatiques sur la Trinité et l’Incarnation, écrits durant son exil, De nostris redis dogmalibus veritatis, P. G., t. lxxxix, col. 1310-1361 ; quatre homélies, dont la quatrième n’est pas authentique, les trois autres sont douteuses ; une homélie à son peuple lois de son retour, le 25 mars 593, Pitra, Juris ecclesiastici Grxcorum historia et monunwnta, in-4°, Rome, 1868, t. ii p. 251-257, et divers fragments. Il a, de plus, écrit des traités, aujourd’hui perdus, contre Justinien, Jean Philopone, etc. D’après M. Ehrhard, Geschicltte der by : antinischen Literatur, in-8°, Munich, 1897, p. 60, l’ouvrage De la Providence, contenu dans un manuscrit de Reims, serait peut-être de lui. Souvent cité par les théologiens grecs postérieurs, Anastase est regardé à cause de son argumentation rigoureuse comme un des précurseurs de la scolastique. S. Vailhé.