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ANASTASE I er — ANASTASE III


connaissance sommaire qu’il avait des théories d’Origène et les dénonciations de Théophile d’Alexandrie, expliquent les expressions vagues de la lettre à Vénérius demandant que les évoques, ses frères, soient avertis quatenus Origenes cum suo dogmate ab omnibus damnaretur. Plus tard, Léon le Grand dit seulement qu’Origène a été condamné à bon droit pour sa théorie de la préexistence des âmes. Toutes ces atténuations sont cause qu’Origène n’a jamais été rangé parmi les liéréliques, encore que certaines de ses doctrines soient explicitement réprouvées comme contraires à la loi catholique. La personne de Butin était ménagée par le pape Anastase, mais sa conduite expressément blâmée. La lettre à Vénérius, tenue longtemps pour perdue et retrouvée par Ruelens en 1871, contient un éloge de Libère qui offre une preuve très sérieuse que ce pape ne s’est jamais laissé gagner à l’hérésie arienne.

Les évêques d’Afrique ayant envoyé une ambassade à Rome pour y exposer l’état de dépérissement de leur Église, Anastase leur écrivit en les exhortant à la vigilance contre les donatistes. Les évêques, réunis en synode à Carthage, décidèrent d’agir leniter et pacifiée envers les hérétiques, de permettre que les enfants baptisés par les donatistes fussent admis dans le clergé et de conserver leur situation et leurs honneurs aux clercs donatistes qui reviendraient à l’Église (synode du 13 septembre 401).

Suivant le Liber pontificalis, le pape Anastase aurait tranché une discussion entre prêtres et diacres en déclarant applicable aux prêtres l’ancien usage, Const. apost., il, 57, de se tenir debout et inclinés pendant la lecture de l’Évangile. Ce pape confirma l’évêque de Thessalonique dans la charge de vicaire apostolique pour l’Illyricumdont l’avaient investi plusieurs de ses prédécesseurs.

Le pseudo-Isidore a rapporté deux prétendues lettres, .Ta lié, n. 277-278, du pape Anastase à qui le décret de Gratien impute aussi deux dispositions apocryphes. Jallé, n. 279-280.

S. Jérôme, Eplst., Vin, ad Demetriadem ; xvi, ad Principiam ; Jaffé, Regesta, t. i, p. 42 ; Liber pontificalis, édit. Duchesne, t.l, p. 218. — Lesletlres à Simplicianus et à Jean sont imprimées dans P. L., t. xx, col. 68 sq. — La lettre à Vénérius a été publiée, avec beaucoup de fautes, par Ruelens dans le Bibliophile belge, t. VI, 1871, p. 121-129 ; en la réimprimant en 1885, le cardinal Pitra, Analecta novissima, 1. 1, p. 462-464, commit des fautes de transcription et attribua la lettre au pape Anastase II. Une édition plus correcte a été publiée par Van den Gheyn dans la Revue d’htst. et de Hit. relig., 1809, p. 1-12.

H. Hemmer.

2. ANASTASE II (Saint), pape, successeur de saint Gélase, consacré très probablement le 21 novembre 496, mort en novembre 498 et enseveli à Saint-Pierre le 19 du même mois.

C’est au début de son pontificat qu’eut lieu la conversion de Clovis, roi des Francs. On a longtemps tenu pour authentique la lettre de félicitation au roi franc mise en circulation sous le nom d’Anastase par l’oratorien Jérôme Vignier. Julien Ilavet a démontré que cette lettre, Jallé, n. 745, ne mérite pas plus de confiance que les autres pièces du dossier « découvert » par Jérôme Vignier.

Au moment où Anastase moulait sur le siège de Rome, les querelles déchaînées en Orient par le monophysisme cl par l’empereur Zenon duraient encore. Le successeur de Zenon, l’empereur Anastase (491-518) avail bien promis de respecter les décisions du concile de Chalcédoine ; mais il croyait devoir maintenir par politique l’édit de 482 connu sous le nom d’IIénotique (voir ce mot). Le pape Anastase, prévoyant les fâcheuses conséquences de ruptures prolongées enlre l’Orient et l’Occident, noua des négociations avec l’empereur. Il lui envoya deux députés, les évêques Cresconius et Germanus, avec une lettre conciliante ei des instructions probablement plus conciliantes encore. La lellre demandait que les noms du patriarche Acacc et des partisans avoués du schisme

fussent rayés des diptyques. Le pape reconnaissait d’ailleurs la valeur des sacrements conférés par les schismatiques, et il consentait que les clercs ordonnés par eux conservassent leur situation : idla eos ex nomme Acacii portio lœsionis altingat. Quant aux légats, ils entrèrent en rapport avec les envoyés de l’évêque d’Alexandrie qui leur remit une apologie. Les concessions du pape rencontrèrent une forte opposition dans le clergé de Rome. A en croire les récits du Liber pontificalis, beaucoup de clercs et de prêtres se seraient séparés de la communion d Anastase à l’occasion de l’arrivée à Rome du diacre Photin de Thessalonique, que le pape aurait admis dans sa communion malgré qu’il fut un partisan d’Acace. Ces reproches ont trouvé créance puisqu’ils ont valu au pape Anastase une flétrissure dans le décret de Gratien (c. vin et ix, dist. XIX), comme s’il avait fait à l’empereur des concessions contraires à son devoir. Le fait d’une scission dans le clergé de Rome paraît avéré ; mais il n’est pas douteux que les adversaires d’Anastase n’aient été emportés par un excès de zèle et aveuglés par une fausse appréciation des choses. Sur le fond même des questions débattues entre l’Orient et l’Occident, Anastase conserve en somme l’attitude de ses prédécesseurs. Il était naturel que Félix III, qui avait dû combattre les personnes mêmes d’Acace de Constantinople et des patriarches schismatiques d’Antioche et d’Alexandrie, ait été contraint de montrer plus de vigueur et d’énergie qu’Anastase dont la mission était de panser les blessures. Mais Félix III lui-même, dès qu’il eut à traiter avec un successeur d’Acace sur le siège de Constantinople, prit garde d’envenimer le schisme en se montrant trop sévère pour les personnes. Il mande à Flavita, évêque de Constantinople, qu’il consent ut eorum quos ordinavit vel baptizavit Acacias, salva confessione catholica, pro caritatis Ecclesim redinlegralione nihil pereat. Jaffé, n.613 ; /— 1. L., X. lviii, col. 974. Tout pareil est le langage de Gélase. Jallé, n. 620. On voit ce qu’il faut penser de la prétendue opposition entre la politique conciliante d’Anastase et la politique intransigeante de ses deux prédécesseurs : thèse de l’art. Anastasius dans le Dictionary of Christian Biography, par W. Smith et H. Wace. Quant à l’évêque de Thessalonique, ancien partisan d’Acace, il s’était séparé des schismatiques et avait accepté et fait lire dans son église une lettre du pape Gélase. Jaffé, n. 746. Anastase n’a donc fait qu’accentuer les dispositions indulgentes déjà manifestées par Félix III et par Gélase. Il se montrait ainsi plus prévoyant que les cercles intransigeants de sa propre ville épiscopale. Il mourut trop tôt pour voir la fin du schisme qui dura trente-cinq années. Le consulaire Festus, envoyé du roi Théodoric à Constantinople, s’était fait fort auprès de l’empereur d’amener Anastase à signer l’Hénotique. Des faits de ce genre ont dû contribuer aux bruits défavorables à Anastase. Mais aucun fait attesté ne permet de soupçonner le pape d’avoir manqué réellement d’énergie. Fn revanche, il est tout aussi hasardé d’attribuer la mort prématurée d’Anastase aux agissements de Festus.

Dans une lettre aux évêques de la Gaule, Anastase les exhorte à combattre la fausse doctrine d’après laquelle les parents n’engendreraient pas seulement les corps, mais procréeraient aussi en quelque sorte les âmes île leurs enfants. Jallé, n. 751.

Jaffé, Regesta, t. I, p. 95 ; Duchesne, Liber pontificalis, Paris. 1886, t. i, p. 258. Outre les diverses histoires générales de l’Église, et de l’Église romaine, voir : Viani, Vitedei due ponteftci s. Gelasio Ie S. Anastasio II, Modène, 1880. Sur la lettre à cinvis, voir Julien Ilavet, Questions mérovingiennes, dans la litbl. de l’École des chartes, t. xi.vi, Paris, 1885, ou dans les Œuvres, t. I, p. 69, Paris, 1896. Lettres dans Thiel, Epislolx Roman, pontif., t. i, Braunsberg, 18C8. p. 82. 614.

II. Hemmer. 3. ANASTASE III, pape, successeur de Sergius III, consacre vers juin 911, mort vers août 913.