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ABJURATION DANS L’EGLISE GRECQUE

Quant aux points de doctrine, auxquels les protestant doivent donner leur adhésion, ils ont été parfaitement exposés par le synode de Jérusalem,’tenu en 1672, sous le patriarcat de Dosithée, précisément dans le but de réfuter le calvinisme. Kimmel, Libri symbolici Ecclesise orientalis, in-8°, Iéna, 1843, p. 325-488. La Confession dite de Dosithée, ibid., p. 425, passe, aux yeux des orthodoxes, pour le meilleur formulaire à présenter aux néophytes protestants ; aussi, quand, au mois de septemhre 1723, le saint synode de Constantinople répondit au clergé de la Grande-Bretagne pour lui exposer sa croyance, il ne trouva rien de mieux que de reproduire cette fameuse confession. Voir le curieux petit recueil. Lettres du très pieux empereur et îles très saints patriarches sur l’institution du très saint synode (en grec), in-8°, Saint-Pétersbourg, 1810, p. 12-48. Lauchert en a donné récemment une traduction allemande, accompagnée de notes, dans la Revue internationale de théologie, Berne, 1893, p. 206-236. C’est évidemment à l’aide de cette confession qu’a été élaboré le rituel usité de nos jours pour l’admission des réformés dans l’orthodoxie ; à défaut d’édition grecque de ce rituel, , je vais en donner un résumé très succinct, d’après la dernière édition officielle du saint synode russe. Le lecteur ne manquera pas de remarquer les nombreuses ressemblances qu’offre cette pièce avec le formulaire employé pour les latins.

Une fois instruit de sa nouvelle croyance, le néophyte fait une confession générale de ses péchés, mais ne reçoit pas l’absolution. Au jour fixé pour son abjuration, il se présente devant le prêtre, à la porte de l’église, où, après une prière, il renonce solennellement à ses « fausses doctrines », à mesure que le célébrant les lui énumère. Naturellement, cette énumération varie suivant que le récipiendaire est luthérien ou réformé, pour employer les termes mêmes du rituel. Tous deux abjurent leur commune erreur sur la procession du Saint-Esprit, mais seul le réformé répudie sa doctrine de la « prédestination des hommes au salut et de leur damnation, fondées non point sur la prescience que Dieu a de leur foi et de leurs bonnes œuvres, de leur incrédulité et de leur impiété, mais sur un inéluctable destin ». Tous deux rejettent leurs théories, légèrement dillérentes, sur la présence réelle, sur le nombre des sacrements et sur le sacerdoce en particulier ; tous deux encore renoncent à leur commune erreur sur la tradition, le culte des saints, les prières pour les défunts. Après quoi ils affirment leur croyance par la récitation du symbole de Nicée-Constantinople ; ils déclarent accepter les canons des apôtres, des premiers conciles œcuméniques ou provinciaux, et les autres traditions ou prescriptions de l’Église orthodoxe ; ils promettent d’interpréter l’Écriture d’après le sentiment des Pères, des docteurs, et de toute l’Église orthodoxe, reconnaissent les sept sacrements, le dogme de la présence réelle, la légitimité de la prière adressée aux saints, des honneurs rendus à leurs reliques, et du culte des images « autorisées par l’Église orthodoxe ». Enfin, ils affirment que Jésus-Christ est le chef de l’Église, qu’il a donné aux pasteurs le pouvoir des clefs, et terminent par une promisse d’obéissance à la hiérarchie ecclésiastique.

Introduit dans l’église par le célébrant, le néophyte jure sur l’Évangile de rester fidèle, jusqu’à son dernier soupir, à la foi qu’il vient d’embrasser. Aussitôt après, le prêtre l’absout de ses péchés et lui donne sur-le-champ la confirmation. Cf. A. v. Maltzew, Die Sacramente, etc., p. 128-146.

IX. Abjuration des princesses impériales or royales. — Je donne ici, à leur place naturelle, quelques renseignements sur les abjurations qui se produisent en Russie comme en Grèce, à l’occasion du mariage des princesses hétérodoxes avec les héritiers du troue. On sait, en effet, que ces nobles recrues de l’or thodoxie sortent toutes, ou peu s’en faut, du protestantisme allemand ou anglais. Aucune loi officielle n’exige, dans les unions de ce genre, la communauté de religion entre les conjoints ; ce n’en est pas moins un usage, auquel les princesses allemandes n’ont garde de se soustraire. Pour elles, la confession religieuse n’est qu’un article de mode.

Le rituel usité en Russie a été publié par le saint synode, en 1866, lors du mariage de la princesse Marie-Sophie-Frédéric-Dagmar de Danemark avec le tsaréwitch Alexandre Alexandrowiteh. Au lieu de procéder comme dans les autres abjurations, par questions et réponses, le formulaire est lu d’un seul trait par la néophyte elle-même, sur une simple invitation de l’évêque. Il s’ouvre, comme toujours, par la récitation du symbole de Nicée-Constantinople. Le reste de la profession de foi est visiblement imité de celle de Pie IV : c’est, de part et d’autre, le même ordre dans l’exposé des doctrines, et, quand la théologie orthodoxe le permet, ce sont des expressions identiques. La princesse déclare embrasser les traditions des apôtres, les canons des premiers conciles, les règlements de l’Église orthodoxe, recevoir la sainte Écriture comme la reçoit l’Église orthodoxe, admettre les sept sacrements, sources de la grâce ; elle professe le dogme de la présence réelle, de l’invocation des saints, du culte rendu à leurs reliques et aux saintes images, des suffrages pour les défunts ; elle reconnaît à l’Église le pouvoir de remettre les péchés et n’accepte d’autre chef de cette Église que Jésus-Christ, son divin époux, tout en promettant une obéissance parfaite au saint synode dirigeant de toutes les Russies et à la hiérarchie établie. Elle prête ensuite le serment d’usage, reçoit l’absolution (le rituel ne parle pas de la confession), puis la confirmation et la sainte communion. Voir A. v. Maltzew, Die Sacramente, etc., p. 164-181.

L’Eglise du royaume de Grèce ne possède pas, pour ces sortes d’abjurations, de rituel particulier. Lorsque le 20 avril (vieux style) 1891, jour du samedi saint, la princesse Sophie, épouse du duc héritier Constantin, abjura le luthéranisme pour devenir orthodoxe, le métropolite d’Athènes se contenta de lui poser, au début de la cérémonie, les trois questions : « Voulez-vous embrasser le dogme orthodoxe ? — Embrassez-vous le symbole sacré de la foi orthodoxe ? — Promettez-vous de rester à l’avenir dans le sein de la foi orthodoxe ? » Sur les réponses affirmatives de la royale néophyte, le métropolite l’invita à réciter le symbole. Aussitôt après, elle reçut la confirmation et la sainte communion. Ce fut tout. A dater de ce jour, l’Église de Grèce, au lieu de prier pour la très pieuse Sophie (btoas.êt(jxâzr l), comme précédemment, multiplia des oraisons pour la très religieuse princesse (s-JaeëefffaTï ; ) : le protocole orthodoxe découvre, entre ces deux épilhètes, une différence de religion. On peut voir les circulaires du saint synode d’Athènes relatives a cette affaire dans tous les journaux de l’époque, parexemple, dansl’Anatolikosvstir, X. XXX, (1890-1891), p. 150. En général, l’Église grecque proprement dite est restée fidèle, pour ces sortes de cas, au cérémonial du synode de 1484. C’est ainsi qu’elle n’exige pas seulement une profession de foi orale ; elle la veut encore par écrit. La princesse Sophie remit la sienne, signée de sa main, au métropolite d’Athènes, avant de recevoir la communion. Analolicos Astir, loc. cit., p. 158.

X. Arjuration des nestoriens.

Au début de celle l’Inde, j’ai cité le nom des nestoriens parmi les hérétiques que l’on admettait dans l’Eglise par la simple onction du chrême ; quant à l’abjuration qu’ils devaient faire, aucun document ne nous l’a conservée. Un événement tout récent, dont les publicistes européens n’ont guère parlé, nous oblige à compter désormais les nestoriens au nombre des plus importantes recrues de l’or-