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ANABAPTISTE —ANACHORÈTES

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son chancelier Krechting, furent tenaillés avec des pinces rougies au feu (23 janvier 1536). La population de Munster revint au catholicisme.

Les anahaptistes furent poursuivis et traités partout avec une rigueur sanglante ; Mélanchthon lui-même avait déclaré qu’on pouvait employer contre eux le fer et le feu. Néanmoins on ne parvint pas à les exterminer ; mais ils renoncèrent à leurs rêves temporels pour ne conserver que leurs idées religieuses.

IV. Quatrième période ; formation des sectes anabaptistes pacifiques. — L’esprit de révolte et de sédition n’était pas essentiel à Yanabaptisme. Quelquesuns des disciples de Storch entreprirent de réunir les anabaptistes dispersés et de former une société purement religieuse : tels furent par exemple Hutter et Gabriel fondateurs des frères moraves, et le curé Menno Simonis, de Wittmarsum, dans la Frise, dont les disciples prirent le nom de Mennonites. Ils furent très nombreux en Frise, en Westphalie, en Gueldre, en Hollande, en Brabant ; mais ils ne tardèrent pas à se diviser. Au xviie siècle, ils se partagèrent sur la question de la divinité de Jésus-Christ. Les galénites (du nom de Galenus, médecin et prédicant) la nièrent, tandis que les mennonites purs restèrent fidèles à cette croyance essentielle (1664-1669). On compta un très grand nombre de sectes parmi les anabaptistes allemands, hollandais, ilamands, suisses : citons les apostoliques, qui prêchaient sur les toits ; les taciturnes, qui se taisaient obstinément lorsqu’on les interrogeait sur la religion ; les parfaits, qui ne souriaient jamais, en vertu de la parole : Malheur à vous qui riez ; les impeccables, qui croyaient qu’après la régénération il est très difficile de pécher ; les frères libertins, qui prétendaient toute servitude contraire à l’esprit du christianisme ; les sabbataires, qui croyaient qu’il fallait observer le jour du sabbat et non le dimanche ; les clanculaires, qui disaient qu’il fallait parler en public comme le commun des hommes en matière de religion, et ne dire qu’en cachette ce que l’on pensait ; les manifestaires, dont le sentiment était diamétralement opposé à ceux des clanculaires ; les pleureurs, qui s’imaginaient que les larmes étaient agréables à Dieu et s’exerçaient à pleurer facilement, mangeant leur pain trempé de larmes ; les réjouis, qui estimaient au contraire que la joie était le plus grand honneur que l’on pût rendre à Dieu, etc.

En général, toutes les sectes anabaptistes condamnaient, outre le baptême des enfants, la prestation de serment, le service militaire, l’exercice des fonctions civiles, la comparution devant les tribunaux ; mais ils reconnaissaient la nécessité d’obéir aux magistrats.

Notons qu’en 1660 les anabaptistes d’Alsace se rangèrent à la confession de foi des mennonites flamands.

Aujourd’hui les anabaptistes, ou mennonites, ont des adhérents surtout en Hollande, en Allemagne et dans le nord de l’Amérique.

Les baptistes se rattachent par certains liens à l’anabaptisme. Originaires d’Angleterre, où leurs commencements sont très obscurs, ils se sont répandus depuis 1633 en Amérique. Ils y comptent actuellement près de quatre millions de fidèles et il y en a à peu près dans tous les pays où il y a des protestants.

L’anabaptisme a été fort étudié, surtout en Allemagne ; on n’indiquera ici que les ouvrages les plus importants.sans mentionner les histoires générales de la Réforme. Disons cependant que Mgr Janssen, dans son Histoire du peuple allemand (t. m et iv de la traduction française : L’Allemagne et la Réforme, 1521-1525 « t 1525-1555) a donné tout l’essentiel sur cette question. Mélanchthon.Die historié von Th.Mùntzer, 1525 ; Strobel, Leben, Schriften, und Lehren Thomas Mùntzer’s, 1795 ; Original-Aktenstùche der Mùnst. Wiederstzeufer-Gesch., Francfort, 1808 ; Reiswitz et Wadzeck, Deitràge zur Kentniss der Mennoniten Gemeinden in Europa und America, Berlin, 1824 ; Hunzinger, Kirchen undSchulwesen der Taufgesimter, Spire, 1831 ; Hast, Geschichte der Wiedertiiufer, Munster, 1835 ; J. R. Leidemann, Thomas

Mxïnzer, nach den in Dresdener Archiv vorhandenen Quellen, Dresde et Leipzig, 1842 : Erbkham, Geschichte der protestantischen Sekten im Zeitalter der Reformation, Hambourg et Gotha, 1848 ; Hase, Neue Propheten, Leipzig, 18C0 ; C.A.Cornélius (catholique), Geschichte des munster ischer Aufruhrs, 2 vol., Leipzig, 1855-1860 ; Die Niederlândischen Wiedertàufer warend der Belagcrung Munsters, 1531-1535 (publication de l’Académie royale de Bavière, 1869) ; Bouterwenk, Zur Literatur und Geschichte der, Wiedertàufer, Rome, 1864 ; L. Keller, Geschichte der Wiedertiiufer und ihres Reiches zu Munster, Munster, 1880.

A. Baudrillart.

ANACHORÈTES. - I. Orient. II. Occident. III. Congrégations d’ermites. IV. Reclus. V. Stylites. VI. Pasteurs.

I. Orient.

Les anachorètes ou ermites sont des religieux qui vivent seuls, en dehors de toute communauté religieuse. Leur genre de vie est, avec celui des ascètes, la première forme connue de la vie religieuse. Leur présence est constatée en Egypte dès le milieu du IIIe siècle. Saint Paul, surnommé le premier ermite, est le plus ancien de ceux que l’on connaît. Il se retira dans la solitude pendant la persécution de Dèce (vers 250). Sa vie a été écrite par saint Jérôme. Vingt ans plus tard, saint Antoine rencontra des solitaires qui étaient déjà fort âgés, mais ils n’osaient affronter la profondeur du désert. Antoine ne craignit pas de s’y enfoncer. Ses exemples et ses miracles lui attirèrent dans la suite de nombreux imitateurs. Voir Antoine (Saint).

La vie érémitique se répandit bientôt dans l’Egypte entière. Tous ceux qui l’embrassaient ne se retiraient pas à une grande distance des pays habités. Quelquesuns cherchaient cependant un isolement absolu et ne voulaient aucun compagnon de leur solitude. Beaucoup en acceptaient volontiers un. Pour la plupart, ils tenaient à ne point trop s’éloigner les uns des autres. Cela leur permettait de se réunir les samedis et les dimanches pour entendre la messe, communier, assister à une conférence ou même prendre leur repas en commun. Ils se faisaient de temps à autre des visites dans le but de s’édifier mutuellement. La cellule de l’ancien que recommandaient la doctrine et la vertu, s’ouvrait plus souvent que les autres. Celles du voisinage étaient généralement occupées par quelques jeunes moines, qui se qualifiaient ses disciples. Les grottes naturelles ou creusées de main d’homme que l’on rencontre sur les coteaux escarpés qui bordent la vallée du Nil, offraient un refuge à un grand nombre d’anachorètes. D’autres se construisaient de pauvres cabanes. La prière et le travail des mains remplissaient leurs journées et une grande partie de leurs nuits. Leur régime était très frugal. La présence d’un hôte ou la célébration d’une fête les autorisaient à prendre un léger adoucissement. Aucune règle écrite ne déterminait leurs observances. Des traditions orales, religieusement conservées, les exemples et les maximes des anciens leur en tenaient lieu. On essaya d’en rédiger quelques-unes dans la suite, en puisant leurs éléments dans les vies et les écrits vrais ou supposés des solitaires les plus en renom, tels que saint Antoine, saint Macaire ou l’abbé Isaïe. S. Benoît d’Aniane, Codex regularum, P. L., t. ciii, col. 423-452.

La cellule d’un anachorète devint souvent le noyau autour duquel se forma soit un cœnobium (monastère), soit un groupe érémitique. Il y eut de ces groupes qui prirent une importance considérable, par exemple, celui de Nitrie, fondé par saint Amon, qui compta jusqu’à cinq mille religieux, et, dans sa dépendance, des cellules, où il pouvait y avoir six cents solitaires ; celui de Scété, où vécurent les deux Macaire. Ces groupes correspondaient aux réunions connues en Palestine sous le nom de taures. Ils atténuaient, en partie du moins, les inconvénients de la vie érémitique, qui frappaient certains esprits sérieux au point de leur faire préférer la vie cénobitique.

Saint Hilarion (f371) (dont la vie a été écrite par saint