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AMULETTE — AMYRAUT

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avec le moyen employé, comme la guêrison d’une maladie ou la protection contre un danger grave et imminent.

Or, de l’avis commun des théologiens, la magie et la vaine observance sont, l’une et l’autre, des péchés mortels de leur nature. Marc, Institutiones morales, n. 567, 572, Rome, 1889, t. i, p. 393-395. Mais entre les deux nous devons faire cette différence : l’invocation du mauvais esprit est formelle et explicite dans la magie ; aussi ne peut-on guère excuser ou atténuer ce péché sous prétexte d’ignorance. Au contraire, le recours au démon n’est qu’implicite dans le cas de vaine observance. Le moyen employé ne peut produire par lui-même l’effet voulu ; pour que cet effet soit produit, il faut une intervention préternaturelle. Là est l’invocation implicite du démon. Mais l’homme du peuple ne se rend pas compte d’ordinaire, croyons-nous, de cette invocation implicite ; il agit pur ignorance et ne croit pas faire acte d’irréligion. Il arrivera donc que son péché considéré subjectivement ne sera que véniel ; peut-être même n’y aura-t-il pas du tout péché formel. S. Liguori, Theologia moralis, 1. III, n. 15, Paris, 1878, t. ii p. 16 ; Did’iot, Vertu de religion, Paris et Lille, 1899, p. 487.

On peut voir dans le Traité des superstitions de J.-B. Thiers, t. I, p. 329-337, de nombreuses condamnations portées par l’autorité ecclésiastique contre l’usage des amulettes. Qu’il nous suffise de rapporter ici le canon 61e du concile de Constantinople in Trullo (706) : « Soient aussi excommuniés pendant six ans, sexennii canoni subjiciantur, ceux qu’on appelle chasseurs de nuées, enchanteurs, fournisseurs d’amulettes, amulelorum præbitores, devins. Et s’ils persistent dans leurs fautes, qu’ils soient chassés pour toujours de l’Église, comme les saints canons l’ordonnent. » Hardouin, Acta conciliorum, Paris, 1714, t. iii, col. 1689.

III. Différence avec les croix, médailles, images

ET RELIQUES PORTÉES PAR LES CATHOLIQUES. — Les protestants ont taxé de vaine observance la coutume des catholiques de porter sur eux des objets bénits, croix, médailles, images, reliques, agnus Dei, etc. Tout cela, d’après eux, est sous une forme nouvelle, sanctionnée par l’Église romaine, la superstition des amulettes. Voir Jaugey, Dictionnaire apologétique, art. Superstition, Paris, 1889, col. 3012.

Nous répondons : Ce qui constitue le caractère superstitieux de l’amulette, c’est que celui qui la porte lui attribue une efticacité mystérieuse qu’elle ne peut avoir par elle-même, et cherche à obtenir par ce moyen vulgaire des résultats disproportionnés et naturellement impossibles.

Or, que pensent et que veulent les catholiques qui portent sur eux des croix, des reliques ou d’autres objets religieux et bénits ? Ils veulent honorer Notre-Seigneur Jésus-Christ mort en croix pour nous et les saints qui, après nous avoir donné l’exemple de la vertu ici-bas, sont maintenant nos patrons dans le ciel. Ils invoquent l’appui de ces protecteurs puissants, et leur adressent .comme une continuelle prière pour obtenir leur défense. Il n’y a pas en cela croyance à l’efficacité d’un moyen disproportionné avec la fin à obtenir ; il n’y a qu’une forme spéciale de la prière et de l’invocation des saints. Donc pas de vaine observance ; pas de superstition. Et c’est à bon droit que l’Église encourage cette forme de la piété catholique, par les nombreuses indulgences qu’elle accorde à ceux qui portent avec esprit de dévotion des objets bénits. Voir Béringer, Les indulgences, Paris, 1893, t. i, p. 326-418.

Cf. Thiers, Traité des superstitions, I" part., 1. V, Paris, 1741, t. i, p. 327-424 ; Le Brun, Histoire critique des pratiques superstitieuses, 1. III, Paris, 1741, t. i, p. 365-433 ; Bergier, Dictionnaire de théologie, art. Amulette, Superstition ; Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. i, col. 1784-1860.

A. Beignet.

AMULON. D’après des notes marginales d’un manuscrit de Bède conservé à la bibliothèque vallicellane à Rome, Amolon ou mieux Amulon, diacre d’Agobard, lui succède le 16 janvier 841. Pertz, Monum. Gernian. scriptor., 1. 1, p. 1 10. Vers 843 il reçoit de Wénilon, archevêque de Sens, et du comte Gérard, une lettre lui demandant d’ordonner Bernus et Godelsadus comme évêques d’Autun et de Chalon. Loup de Ferrières, Epist., lxxxi, P. L., t. exix, col. 513. Il préside, à la fin de 448, un concile (à Lyon ?) où le prêtre Godelgarius est déclaré innocent de certaine accusation. Id., Epist., Lxxx, col.541. Ce concile est peut-être le même que le synode de Lyon de 844-846, où on fait des canons qui servirent plus tard pour les capitulaires d’Épernay. Baluze, Capitul., t. ii p. 29. On trouve trois diplômes de LothaireI er restituant à Amulon ou à l’Église de Lyon des biens qui avaient été dérobés à cette dernière. D’Achery, Spicileg., t. xii, p. 107-1 10 ; 2e édi t., t. m. p. 339-340. L’archevêque de Lyon mourut en852 ; les Bollandistes (oct. t. xii, p. 701-702) ont consacré un article à son culte. Il reste trois opuscules sortis sûrement de la main d’Amulon et deux qui sont douteux : 1° Lettre à Théodbold ou Thiébaut, évêque de Langres, au sujet de certaines reliques de saints inconnus, lettre dans laquelle l’auteur ordonne sagement d’écarter ces reliques douteuses. — 2° Lettre à Gothescale sur la prédestination ; l’archevêque reproche au moine plusieurs erreurs et l’invite à se soumettre. Il y a controverse entre les savants pour savoir si vraiment Gothescale a enseigné ces erreurs et si Amulon n’a pas plutôt été induit en erreur sur son compte par Hincmar, archevêque de Reims. D’une part les jésuites Sirmond, Opéra varia, t. n ; Duchesne, Le prédestinatianisme, et de Buck dans les Acta SS. Bolland., tiennent pour l’hérésie de Gothescale ; d’autre part Mauguin, Veter. auctor. prxdest., et les bénédictins de l’Histoire littéraire, t. v, p. 107-108, estiment qu’Hincmar a chargé outre mesure et faussement Gothescalc. — 3° Autre traite’sur ta grâce, la prescience, la prédestination, le libre arbitre, l’espoir et l’assurance du salut, traité non signé, mais qui certainement est d’Amulon. D’après Mauguin. loc. cit., et Baluze, Agobardi opéra, t.n.append., p. 150, ce serait la suite de la lettre à Gothescalc. — 4 » Recueil de sentences extraites de saint Augustin sur les matières de la grâce et de la prédestination. Comme ces extraits se trouvent dans le manuscrit à la suite des œuvres d’Amulon, il est probable qu’il en est l’auteur. — 5° Traité contre les juifs attribué, par Chifflet, à Raban Maur et, par Martène, à Ilratganus, évêque, mais qui plus vraisemblablement est d’Amulon. L’auteur s’y plaint que la ville où il habite possède une nombreuse colonie de juifs intrigants et il montre le danger pour les chrétiens de relations fréquentes avec ces juifs.

Sur Amulon, outre les sources citées : Cave, Scriptor. ecclesiast., t. n. p. 29 ; Ceillier, Hist. des auteurs ecclésiast., 2’édit., t. XII, p. 429-433 ; Chevalier, Répertoire, t. i, p. 105 ; Chittlet, Script, veter. upuscula quinque, Dijon, 1656, in-4° ; Colonia, Hist. litt. de Lyon, t. ii, p. 127-134 ; Dupin, Bibliothèque, 1697, t. IX, p. 505 ; Fabricius, Bill, médise xtatia, 1734, t. i, p. 227228 ; Galland, Biblioth. Patrum, t. XIII, p. xiv ; Le Cointe, Annal., t. VIII, p. 650 ; Mabillon, Acta Bened., t. iv, 2° part. ! p. 39 ; Martène, Thésaurus anecdot., t. v, p. 402 ; P. L., t. cxvi, col. 77 ; Péricauddans, Archives du Rhône, 1825, t. I, p. 355-357.

J.-B. Martin.

AMYRAUT moïse, théologien protestant, né à Bourgueil en septembre 1596, mort à Saumur en juillet 1664. Pour satisfaire aux désirs de sa famille, il étudia le droit à Poitiers ; mais dès qu’il eut été reçu licencié, il vint à Saumur pour y apprendre la théologie sous le célèbre Caméron. En 1626, il était pasteur dans cette ville et publia une suite de thèses théologiques qui furent réunies avec celles de ses collègues et amis Louis Cappel et Josué de la Place, dans le célèbre recueil Syntagma thesium theologicarum in Academia Salmuriensi dispulalarum, in-4°, Saumur, 1660. Comme dé-