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AMPHILOCHIUS — AMULETTE


vers traites concernant les messaliens sont perdus. Théodoret, H. E., iv, 10, P. G., t. lxxxii, col. Il 14 ; Hæret. fab., iv, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 429.

En 394, et commencement de 395, nous retrouvons Amphilochius à Chalcédoine et à Constantinople. Puis le silence se fait. Il dut mourir peu après. Les ménologes vantent sa piété, sa science, ses services, ses vertus, et célèbrent sa fête, le 23 novembre.

La correspondance de Basile de Césarée et de Grégoire de Nazianze permet de constater dans quelle haute estime il était tenu pour la délicatesse de son amitié, le charme de sa vertu, l’activité de son zèle, l’étendue de son érudition. La postérité a ratifié les jugements portés par ces docteurs. Malheureusement nous ne possédons pas toutes les œuvres d’Amphilochius. A part une Lettre synodale et un très petit nombre d’Homélies, il ne reste que des fragments, cités par des écrivains ecclésiastiques : fragments de Lettres à Séleucus, neveu du préteur Trajan, à Pancharins, diacre de Side, aux fidèles de Syedra sur la Trinité ; — fragments de traités contre les ariens, sur les livres apocryphes en usage chez les hérétiques, sur lsaïe ; — et fragments d’Homélies sur le Fils-Verbe, sur la génération selon la c’nair, et sur divers passages de l’Écriture relatifs à la Christologie. Malgré la perte de son traité sur le Saint-Esprit et de ses autres œuvres, il est facile de se faire une idée de la place éminente qu’il occupa auprès des Cappadociens et de l’objet de son activité littéraire. La Trinité, la divinité et la consubstantialité du Fils et du Saint-Esprit constituèrent les points principaux de son enseignement. — Quant à la question de savoir si les ïambes à Séleucus, neveu de sainte Olympiade, petit poème de 333 vers à un jeune homme sur la vie chrétienne, sont de lui, elle ne paraît pas encore définitivement tranchée. Ils se trouvent insérés parmi les œuvres de saint Grégoire de Nazianze, mais on s’accorde à ne pas y voir une œuvre du grand théologien.

Basile, Epist., loc. cit., De Spiritu sancto, 1 sq., P. G., t. xxxii ; S. Grégoire de Nazianze, Epist., loc. cit., P. G., t. xxxvii ; Holl, Amphilochius von Ikonium in seinem Verhaltus zu den grossen Kuppadoziern, Tubingue et Leipzig, 1904.

G. BARE1LLE.

AMSDORF (d’) Nicolas, théologien luthérien, né à Zsehoppau près de Wurzen le 3 décembre 1483, mort à Eisenach le li mai 1565. Il étudia à Wittenberg et, en 151 1, y devint professeur de théologie et chanoine de la cathédrale. Partisan déclaré de Luther, il approuva les thèses de ce dernier contre la papauté et l’accompagna aux conférences de Leipzig et de Worms en 1519 et 1521. Il prêcha les nouvelles doctrines en diverses villes d’Allemagne et obtint de l’électeur de Saxe l’abolition de la messe. En 1524, il était superintendant de Magdebourg et prenait part dix ans plus tard à la conférence de Smalkahle. Sur l’invitation de Luther et de l’électeur de Saxe, il s’empara en 1512 du siège épiscopal de Naumbourg-Zeitz où il se maintint plusieurs années ; il dut toutefois se retirer devant l’évêque légitimement élu. Il se rendit alors à Magdebourg et eut à soutenir de nombreuses controverses avec ses coreligionnaires. Il avilit embrassé avec ardeur toutes les doctrines de Luther el ni’souffrait pas qu’on y apportât aucun changement. Adversaire déclaré de l’Intérim, il s’opposa de toutes ses forces aux concessions que beaucoup en Allemagne se [imposaient de faire au catholicisme. En 1552, il fut nommé conseiller ecclésiastique et superintendant d’Eisenach. Il concourut à la fondation de l’université d’Iéna et aida Luther dans sa traduction de la Bible en langue vulgaire. Il écrivit la préface des œuvres de cet hérésiarque publiées à léna en 1556. Ses nombreux écrits polémiques sont maintenant tombés dans l’oubli. Son plus célèbre est celui où il nie la, nécessité des bonnes ouvres, allant même jusqu’à prétendre qu’elles sont nuisibles pour le salut. Il a pour litre : Dass die Pro pnsitio : gute Werke sind zur Seligkeit schadlich, eine redite, ivahre, christliche Propositio sel, durch die heiligen Paidlum und Lutherum gelehret und geprediget, in-4°, Magdebourg, 1559. Il eut un assez grand nombre de disciples qui reçurent le nom d’amsdor/iens.

Walch, Bibliotheca theologica, léna, 1757 sq., t. ii, p. 595, 613, 618, 623, 628, 629, 638, 639 ; G. Bergner, Programmata II de Nicolao de Amsdorff, in-4° Magdebourg, 1718 ; P. Ekerrnan, Dissertatio Amsdorfflum.Ttate, anima, meritis Luthero propiorem sistens, in-4° Upsal, 1718.

B. Heurterize.

AMUCCIUS Félicien, Italien, entra dans l’ordre des servîtes et mourut archevêque d’Avignon en 1576. Il écrivit Explicationes catholiese, ouvrage excellent où Bellarmin puisa souvent pour réfuter les hérétiques.

Hurter, Nomenclator literarius, 2° édit., Inspruck, 1892, t. i, col. 17.

A. Vacant.

AMULETTE. — I. Notion. II. Moralité. III. Différence avec les croix, médailles, images et reliques portées par les catholiques.

I. Notion. « On appelle amulettes, dit Bergier, Dictionnaire de théologie, Lille, 1844, t. i, p. 99, certains remèdes superstitieux qu’on porte sur soi ou qu’on s’attache au cou, pour se préserver de quelque maladie ou de quelque danger. »

Ce genre de superstition vient directement du paganisme. C’était en effet la croyance commune chez les peuples anciens, et ce l’est encore dans les nations païennes de notre temps, que les enchanteurs, sorciers, magiciens, peuvent, par des paroles ou des signes, jeter des maléfices, c’est-à-dire causer des maladies et autres dommages, quelquefois la mort, aux personnes à qui ils ont résolu de nuire. On se protège contre ces maléfices par d’autres signes ou objets préservateurs, morceaux de pierre, d’os, de métal, de parchemin, de toute substance et de toute forme, qu’on porte avec soi. Ces objets étaient appelés par les Grecs, u).axT>ipta, phylactères ou préservatifs ; par les Latins, amolimenta ou amoleta, d’où le mot français amulette, qui paraît dériver du verbe amoliri, éloigner. Les Orientaux emploient dans le même sens le mot talisman. Et les fétiches des nègres africains sont-ils autre chose ? Voir de Mirville, Des esprits et de leurs manifestations, Paris, 1863, t. iii, p. 247 sq.

D’origine païenne, cette superstition a persisté dans les sociétés chrétiennes. Nous constatons que les Pères de l’Église eurent souvent à réprimander les fidèles sur ce point. Voir Thiers, Traité des superstitions, Paris, 1741, t. i, p. 327 sq. Et nous savons par saint Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xevi, a. 4, qu’au xiiie siècle existait encore la coutume suivante, déjà condamnée par saint Jean Chrysostome : on écrivait sur des fragments de parchemin, de plomb ou d’étain, des mots de l’Évangile, et ces objets suspendus au cou étaient censés préserver celui qui les portait des maladies et autres dangers. On trouve —jusqu’au XVIIIe siècle, dans les conciles provinciaux et dans les statuts synodaux de beaucoup de diocèses, des défenses et condamnations de l’usage des amulettes. Thiers, op. cit., t. i, p. 337. C’est donc que cet usage n’avait pas complètement disparu. Et pourrions-nous dire qu’il n’en reste plus trace de nos jours ? « Sur ce point, écrit Bergier, loc. cit., les hommes, dans tous les temps et dans tous les lieux, ont poussé la faiblesse et la crédulité à un excès incroyable. »

IL Moralité. — La superstition des amulettes se rattache selon les cas, ou à la magie, ou à la vaine observance. Il y a magie, quand celui qui porte des amulettes entend par là faire appel à l’assistance du démon et se lier en quelque sorte avec lui pour obtenir sa défense. Il y a vaine observance, quand sans vouloir se lier avec le démon, sans penser même à son intervention, on emploie ces objets et ces signes inefficaces par eux-mêmes, pour obtenir des résultats évidemment disproportionnés.