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AMOUR (FRÈRES DE L’) — AMPHILOCHIUS

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était la même : ils se prétendaient incapables de pécher, et se livraient sous ce prétexte à toutes les infamies.

Blunt, Dictionary of secls, hérésies, ecclesiastical parties and schools of religions thought, 1874 ; Strype, Anmtls of the Heformation, 1824 ; Wilkins, Concilia Magnse Britannise, t. iv, Londres, 1736.

A. Gatard.

AMOUR (DE SAINT-), voir Saint-Amour.

AMOUR-PROPRE. Il y a lieu de distinguer divers sens dans l’usage de cette expression. Il est évident que l’appréciation de l’amour-propre par le moraliste, sera différente selon le sens auquel il s’arrêtera.

1° Dans un sens que nous pourrions appeler littéral, et qui est l’ordinaire dans nos anciens auteurs, amourpropre signifie amour de soi. « Aucune distinction entre ces deux termes n’existait au XVII e siècle, » dit Littré, Dictionnaire de la langue française, Paris, 1876, t. I, p. 13i. — L’amour de soi peut être bon ou mauvais, selon qu’il reste ou non dans l’ordre voulu par la raison et la charité. Voir l’article Charité.

2° Dans un sens plus spécial et qui parait avoir prévalu aujourd’hui dans notre langue, l’amour-propre est « l’opinion trop avantageuse qu’on a de soi-même ». Larive et Fleury, Dictionnaire des mots et des choses, Paris, 1888, t. i, p. 55. Parce qu’on a de soi-même cette opinion trop avantageuse, on se complaît avec exagération dans la considération de ses mérites et de ses avantages personnels, on se montre dédaigneux, défiant et susceptible à l’égard d’autrui. L’amour-propre, ainsi entendu, est une des formes de l’orgueil ; c’en est comme le premier degré, nous voulons dire le degré inférieur et moins grave. Voir art. Orgueil. — Cet amour-propre est péché, puisqu’il implique une exagération, partant un désordre moral ; mais ce désordre, de par la définition même, n’est pas en matière grave, et par conséquent le péché n’est que véniel de sa nature. Voir Génicot, Theologiœ moralis instituliones, n. 177, Louvain, 1898, t. i, p. 149.

3° La même expression est encore employée dans le sens du respect de soi-même qui inspire une légitime fierté et une sage émulation. L’amour-propre, si on le comprend ainsi, n’a rien de blâmable ; c’est plutôt une vertu digne de tous éloges. Aussi des moralistes identifiant, semble-t-il, l’amour-propre avec l’amour de la gloire et l’ambition, disent-ils que c’est un sentiment qui a un bon comme un mauvais côté, et qu’il peut assurer parfois des avantages précieux, comme il entraîne, d’autres fois, de fâcheuses conséquences. Poujol, Dictionnaire des facultés, Migne, Paris, 1849, p. 222223. Voir Ambition, col. 940.

S. Thomas, Sum. theol., II « II », q. cm, De superbia ; Bossuet, Traité de la concupiscence. Œuvres complètes, Bar-le-Duc, 1879, t. XI, p. 653-684 ; Bourdaloue, Pensées sur divers sujets, De l’humilité et de l’orgueil, Œuvres complètes, Bar-le-Duc, 1871, t. IV, p. 405-440 ; Poujol, Dictionnaire des facultés intellectuelles et affectives de l’âme, dans Migne, Encyclopédie théologique, I" série, t. xxxix, Paris, 1849.

. A. Beugnet.

AMOUR PUR, voir Charité.

AMPHILOCHIUS, évêque d’Iconium, en Pisidie, iv e siècle. Né à Césarée, en Cappadoce, vers 339, il fut d’abord rhéteur, puis avocat, enfin moine. Mais « Dieu, qui sait choisir en tout temps les vases d’élection et s’en sert pour le ministère des saints, le prit dans les filets •de sa grâce et l’amena au sein de la Pisidie afin de sauver par une pêche spirituelle ceux que le démon tenait captifs ». S. Basile, Epist., clxi, P. G., t. xxxn, col. 629. Forcé d’accepter l’épiscopat (373), il eut à gouverner toute la Lycaonie. Dès lors, grâce à sa vertu, à sa science, à son activité, il prend place à côté des grands Cappadociens, ses amis, Basile de Césarée et

DICT. DE THÉOL. CATH.

Grégoire de Nazianze, et, de concert avec eux, travaille eflicacement à apaiser les troubles suscités par l’arianisme et le semi-arianisme, à refaire l’unité de la foi à promouvoir la renaissance catholique, en Orient.

L’Isaurie, province voisine, manque d’évêques. Il se préoccupe de lui en donner, mais consulte auparavant Basile qui lui répond qu’une telle question demande de la prudence, qu’il faut des hommes capables pour ne pas exposer la religion à être avilie et pour ne pas créer de nouveaux embarras, si celui, qu’on mettrait dans la capitale de cette province, venait dans la suite afficher des prétentions exagérées. S. Basile, Epist., cxc, P. G., t. xxxn, col. 697. Il se préoccupe surtout d’étouffer les erreurs nouvelles qui menacent de s’ajouter aux anciennes. C’est pourquoi il prie Basile de composer un traité sur le Saint-Esprit et, une fois en possession de ce traité qui lui est dédié, il convoque un synode en 377, pour ramener certains évêques de Lycie. S. Basile, Epist., ccxvm, P. G., t. xxxn, col. 809. Ceux-ci demandaient pourquoi, le concile de Nicée n’ayant rien décidé touchant le Saint-Esprit, on les obligeait à confesser sa divinité et sa consubstantialité. C’est dire qu’ils penchaient vers l’hérésie de Macédonius. Amphilochius de répondre:à Nicée, à cause d’Arius, la seule question agitée et tranchée a été celle du Fils ; néanmoins le symbole de Nicée suffit pour associer le Saint-Esprit au Père et au Fils ; la question du Saint-Esprit se trouvant maintenant soulevée, il convient de la résoudre dans’le sens de la tradition et de l’Écriture. Or Jésus-Christ ayant ordonné de baptiser au nom du Saint-Esprit comme au nom du Père et du Fils, sabelliens, ariens, anoméens et macédoniens se trouvent condamnés. Car c’est là la formule d’un seul Dieu, d’une seule nature divine en trois hypostases, formule consacrée par la doxologie en usage. A cette réponse, Amphilochius joignit le traité du Saint-Esprit de Basile ; il en composa un lui-même, qui est perdu. S. Jérôme, De vir. ill. 133, P. L., t. xxm, col. 715.

Amphilochius ne veillait pas seulement aux besoins des églises voisines au point de vue administratif et doctrinal, il portait encore une attention particulière à l’administration des sacrements, spécialement à la réconciliation des pécheurs. De là ses demandes adressées à saint Basile ; de là aussi la réponse en trois lettres de saint Basile, Epist., clxxxviii, cxcix, ccxvn, si importantes touchant la législation canonique et le régime pénitentiel en usage dans la Cappadoce. P. G., t. xxxn, col. 633 sq., 716 sq., 793.

En 381, Amphilochius assiste au concile œcuménique de Constantinople. Il y signe, le premier, le testament de son ami, Grégoire de Nazianze, et voit son siège désigné comme l’un des centres nouveaux de la communion catholique, dans le diocèse d’Asie.

En 383, il se trouve encore à Constantinople. Dans une visite célèbre à Théodose, il néglige à dessein de saluer son fils, Arcadius. Colère de l’empereur devant un tel manque d’égards. Amphilochius en profite pour glisser une leçon de théologie ; Dieu ne devant pas éprouver moins d’horreur envers ceux qui blasphèment son Fils, Jésus-Christ, que Théodose envers ceux qui négligent de saluer son fils, Arcadius. La leçon fut comprise et l’empereur, faisant droit à la requête de l’évéque, signa deux lois portant défense à tous hérétiques, ariens, macédoniens, etc., de tenir aucune assemblée. Théodoret, H. E., v, 16, P. G., t. lxxxii, col.l229; Sozomène, #.£., vii, 6, P.G., t. lxvii, col. 1428.

Les messaliens, hérétiques qui rejetaient les sacrements, proclamaient la prière seule efficace pour débarrasser l’âme du démon et recevoir le Saint-Esprit, et prétendaient voir clairement la Trinité, menaçaient la foi et suscitaient des, troubles. Amphilochius réunit un concile de vingt-cinq évêques, à Side, en Pamphilie, et y condamne cette secte. La lettre synodale ainsi que di I. — 36