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AMMIEN MARCELLIN — AMORT

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nière de voir et ces innombrables synodes qui désorganisent le service des postes impériales.

La même réprobation se trouve exprimée indirectement par Aminien Marcellin, sans distinction d’orthodoxes ni d’ariens, lorsqu’il raconte que Julien l’Apostat rappela les exilés (parmi lesquels se trouvaient beaucoup de catholiques) afin de ranimer les querelles théologiques : « Il savait, dit l’historien, que les chrétiens étaient pires que des bêtes féroces quand ils disputaient entre eux, » xxii, 5.

Ammien Marcellin est un sage, dont la philosophie religieuse, réduite à quelques principes très simples, porte encore le vêlement des formes et des images païennes. Il fréquente une société très mêlée, où païens et chrétiens commencent à se souffrir les uns les autres. Il reste à l’extérieur du christianisme ; il le voit par le dehors ; mais il le juge bien, avec impartialité et indépendance, autant qu’il est possible à un écrivain qui reste étranger au détail de la doctrine et au mécanisme des institutions. Le témoignage qu’il leur rend est toujours indirect, mais d’autant plus précieux à recueillir qu’il n’est point influencé par un esprit de parti.

Éditions : L. XIV-XXVI, par Sabinus, Rome, 1474 ; 1. XIV-XXX, par Gelenius, Baie, 1533 ; 1. XTV-XXXI, Fr. Lindenbrog, Hambourg, 1609 ; Henri et Adrien Valois, Paris, 1636 et 1C81 ; Jacques Gronovius, Leyde, 1693 ; Ernesti, Leipzig, 1773 ; Wagner, Leipzig, 1808 ; Eyssenhardt, Berlin, 1871 ; Gardtliausen, 2 vol., Leipzig, Bibl. Teubner, 1874 sq. — Cf. Claud. Chifflet, De Ammiani M. vita et libris rerum gestarum rnonobiblion, Louvain, 1627 ; G. A. Cart, Quæstiones Ammianese, Berlin, 1868 ; Teulïel, Histoire de la litt. romaine, traduction Bonnard et Pierson, t. iii, Paris, 1883, p. 183 sq.

IL Hemmer.

AMOLAZ (de) François, secrétaire de Jean d’Autriche, publia Deiparse triumphus ab originali, in-4°, Barcelone, 1655.

Hurter, Nomenclator literarius, 2° édit., Inspruck, 1892, 1. 1, col. 382.

A. Vacant.

AMOLON. Voir Amulon.

AMORT Eusèbe, né à Bibermuhle, près de Tolz, en Bavière, le 15 novembre 1692, entra fort jeune chez les chanoines réguliers de Pollingen, y fit profession et enseigna tour à tour, dans ce même couvent, les diverses branches de l’enseignement ecclésiastique, hilosophie, théologie et droit canon. Sa vive et brillante intelligence, ne pouvant se confiner dans cet horizon d’études abstraites, s’appliquait alors simultanément à la culture des lettres et des sciences naturelles. C’était d’ailleurs de ce côté que devait un jour briller la gloire du jeune et zélé professeur qui, pour faire partager à ses élèves ses goûts littéraires et établir parmi eux un courant d’émulation, institua une sorte d’académie, destinée à être plus tard le modèle de celle qui se fonda à Munich et dont il fut nommé membre en 1735. Sa réputation naissante le désigna au choix du cardinal Leccari qui se l’attacha comme théologien, l’emmena à Borne et lui donna ainsi la facilité de compléter ses vastes connaissances dans les riches et célèbres bibliothèques de cette ville, aussi bien que dans le commerce des hommes les plus instruits de son temps. C’est là qu’il noua d’intimes relations avec ce que Borne avait de plus remarquable en science et en dignité, comme le témoignent ses échanges de lettres intimes avec les papes Benoit XIII et Benoît XIV, avec les cardinaux Leccari, Galli, Orsi, etc., et les éminents théologiens Concilia et Alphonse de Liguori. De retour dans sa patrie en 1735, après une absence de deux ans, Amort fut élu doyen du couvent de Pollingen et employa tout son temps et tout son savoir à faire (leurir en Bavière une sorte de renaissance littéraire et scientifique dont il devint comme le centre d’action. Il défendit aussi avec énergie l’autorité du pape et publia, jusqu’à sa mort, 5 février 1775, une foule d’ouvrages de tous genres : poèmes, hypothèses astronomiques, philosophie, théologie, mystique, critique et droit canon, qui, réunis ensemble, formeraient comme une vaste encyclopédie. On comprend dès lors que son savoir soit moins profond qu’étendu encore qu’il reste très estimable et qu’il soit digne des éloges que Benoit XIV et saint Alphonse de Liguori lui ont prodigués. En morale, Amort enseigne le probabilisme avec beaucoup de chaleur et de logique, tout en gardant dans la pratique un peu trop de sévérité. Voici ses principaux traités : Theologia eclectica moralis et scliolastica, 4 vol. in-fol., Augsbourg, 1752, et Bologne, 1753, revue par Benoît XIV avant d’être imprimée ; — Ethica cltristiana, in-8°, Augsbourg, 1758 ; Theologia moralis inter rigorem et laxitatem média, 2 vol. in-4°, Augsbourg, 1739 ; — Systema doctrinal circa duo præcepta spei et caritatis, in-8°, Augsbourg, 1749 ;

— Moralium actionum régula in opinabilibus, in-4°, Venise, 1756 ; — Traduction latine du Dictionnaire des cas de conscience, de Pontas, épuré des doctrines gallicanes et rigoristes de son auteur, 2 vol. in-fol., Venise, 1733 ; — Controversiæ morales ou justification du précédent écrit, Augsbourg, 1739 ; — Disquisitiones theologicæ de controversiis in theologia morali insignibus, in-8°, Venise, 1745 ; — ldea amoris divini, dissertation sur le premier commandement, in-8°, Augsbourg, 1739 ; — Responsio ad scrupulos G. Linhard primi ac maximi mandati : Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo, Augsbourg, 1746.

Il a laissé en droit canon, Elementa juris canonici veteris et moderni, 3 vol. in-4°, Ulm, 1757 ; Ferrare, 1763, défense de la juridiction ecclésiastique contre les tentatives agressives des politiciens de son temps ; — Reflexiones et principia meliora de jurisdictione ecclesiaslica, in-i », Francfort, 1757, sans nom d’auteur : c’est une réponse au livre de P. de la Borde, Principes sur l’essence des deux puissances ; — Velus disciplina canonicoruni regularium et secularium d’après des manuscrits inédits, 2 vol. in-4°, Venise, 1748 ; — enfin une réfutation anonyme des arguments de von Lochstein contre l’immunité ecclésiastique, Verschiedene Fragen ùber Ver. von Lochstein Grande, Strasbourg, 1766. — En philosophie nous avons de lui : Philosophia pollingana, 4 vol. in-12, Augsbourg, 1730 ; — Wolfiana judicia de philosoplda et leibnitiana pltysica, in-4°, Francfort, 1746.

— Quant aux ouvrages de dogme et d’apologétique, il faut citer : Demonstratio critica religionis catholicx nova, modesta, facilis, in-fol., Venise, 1744 ; — Abliandlung von Anrufung der Heiligen, in-8°, Venise, 1756, apologie du culte des saints ; — De origine, progressu, valore et f’ructu indulgentiarum accurata notilia historica, dogmalica, critica, in-fol., Augsbourg, 1735. Notons aussi qu’il combattit les doctrines jansénistes.

Il a enrichi la mystique d’un précieux travail : De revelalionibus, visionibus et apparitionibus privalis régulai lutse ex Scriptura, Conciliis, Sanclis Patribus aliisque oplimis auctoribus collectée, explicatse atque exemplis illustratæ 2 vol. in-4°, Augsbourg, 1744. A signaler également ses recherches sur le véritable auteur de l’Imitation de Jésus-Christ : Scutum Kempense, in-4°, Cologne, 1725 ; Plena et succincta informatio de statu totius controversise, in-8°, Augsbourg, 1725 ; Ccrtitudo moralis pro Th. Kempensi, in-4°, Batisbonne, 1764. Toutes ces dissertations, dirigées contre les gersénistes, sont d’une rare érudition et d’une très judicieuse critique. Amort s’est encore illustré dans plusieurs questions scripturaires. Voir Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, 1892, 1. 1, col. 512. Ses observations astronomiques sont consignées dans : Nova philosophia planetarum et artis critica : systemata, in-i", Nuremberg, 1723, et ses œuvres littéraires dans Parnassusboicus, in-4°, Munich, 1722. On a gravé son portrait avec cette inscription : Lillerarunt, maxime sacrarum, per Bavariam restau-